PARIS: Le secteur du numérique (éditeurs logiciels, entreprises de services numériques, conseil en technologie) continue de connaître une croissance soutenue en France malgré les tensions économiques, selon le bilan annuel de Numeum, l'organisation professionnelle du secteur.
Les ventes cumulées des entreprises du secteur devraient croître de 7,5% en 2022 à 60,9 milliards d'euros, puis de 5,9% l'année suivante, selon ses dernières prévisions publiées jeudi.
"Nous sommes revenus à des niveaux de croissance d'avant le Covid, qui sont incroyablement bons", a indiqué à l'AFP Geoffroy de Bentzmann, le co-président de Numeum.
La croissance est portée notamment par la mutation vers le "cloud", ces infrastructures informatiques mutualisées qui permettent aux entreprises de ne plus entretenir elles-même de coûteux parcs informatiques.
La croissance est également tirée par le e-commerce, la dématérialisation, la collecte et l'analyse de données, les objets connectés, la sécurité informatique.
Pour Numeum, la croissance, bien qu'en léger ralentissement, restera forte en 2023 (+5,9%), en raison du caractère incontournable des investissements numériques.
"En 2023, quelque soit l'impact de la prime énergie, de l'inflation, nos clients n'auront pas le choix", a indiqué M. de Bentzmann.
Pour eux, "le numérique est devenu un enjeu de performance de leur modèle d'affaires, quand il ne devient pas le modèle d'affaires lui-même", a-t-il indiqué.
Selon Numeum, 55% des directions informatiques des entreprises (DSI) prévoient une hausse de leur budget en 2023, 15% entrevoyant une hausse de plus de 10%.
En 2022, ce sont les éditeurs de logiciels qui connaissent la performance la plus forte, avec une croissance estimée de 11,3% (+9,5% en 2021).
Les entreprises d'ingénierie et de conseil en technologie, qui retrouvent des couleurs après le violent trou d'air au moment des confinements, affichent une croissance de 7,4%, contre 5,9% l'an dernier.
Les entreprises de services numériques (ESN), du géant Capgemini aux petites sociétés locales, croissent de leur côté de 5,1%, contre 4,4% l'an dernier.
Le vrai point noir du secteur reste les difficultés de recrutement, du fait d'un vivier de personnes qualifiées trop étroit.
"On n'est pas au bout de nos peines" sur ce point là, avec "une inflation des salaires, et des jeunes qui restent quelques mois et partent ensuite" vers un nouveau travail, "avec une hausse de 10% de leur salaire", a indiqué M. de Bentzmann.
Les effectifs salariés du numérique représentaient 572.126 personnes en 2021, avec 34.000 créations nettes d’emplois salariés sur l'année.
M. de Bentzmann s'inquiète également de la proposition de loi sur les cabinets de conseil privés, qui vise à mieux contrôler le recours de l'Etat aux consultants extérieurs comme ceux de l'américain McKinsey.
Numeum souhaite que les entreprises de services informatiques soient sorties du champ d'application de cette proposition de loi, adoptée en première lecture par le Sénat.
"On voit très bien que des projets (numériques) sont arrêtés dans les ministères en ce moment", par peur de recourir aux services d'entreprises de conseil informatique, a-t-il indiqué.