Mondial: Macron, «  immensément fier », «  assume totalement  » sa visite au Qatar

Emmanuel Macron célébrant la victoire des Bleus à Doha au stade A;-Bayt. "Jamais deux sans trois. Donc Didier Deschamps est là avec sa 'baraka". (AFP).
Emmanuel Macron célébrant la victoire des Bleus à Doha au stade A;-Bayt. "Jamais deux sans trois. Donc Didier Deschamps est là avec sa 'baraka". (AFP).
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Publié le Jeudi 15 décembre 2022

Mondial: Macron, «  immensément fier », «  assume totalement  » sa visite au Qatar

  • Emmanuel Macron a salué nommément Olivier Giroud, Antoine Griezmann et sa "générosité inouïe", mais aussi Kylian Mbappé et les buteurs du soir Théo Hernandez et Randal Kolo Muani
  • Le sélectionneur Didier Deschamps a apprécié "le mélange de qualité, d'expérience, et l'état d'esprit de conquérants" de l'équipe de France

AL KHOR: "Immensément fier" de la qualification des Bleus en finale de la Coupe du monde, le président Emmanuel Macron leur a rendu mercredi soir un hommage appuyé et a souligné le rôle du sélectionneur Didier Deschamps, s'exprimant en zone mixte du stade Al-Khor auprès d'un petit nombre de médias.

Le chef de l'État a salué une équipe qui est "un mélange de plusieurs générations".

"Jamais deux sans trois. Donc Didier Deschamps est là avec sa 'baraka", a-t-il commenté.

Emmanuel Macron a salué nommément Olivier Giroud, Antoine Griezmann et sa "générosité inouïe", mais aussi Kylian Mbappé et les buteurs du soir Théo Hernandez et Randal Kolo Muani.

 

Deschamps salue "l'état d'esprit de conquérants" des Bleus

Le sélectionneur Didier Deschamps a apprécié "le mélange de qualité, d'expérience, et l'état d'esprit de conquérants" de l'équipe de France contre le Maroc (2-0), mercredi en demi-finale du Mondial, avant d'affronter l'Argentine de Lionel Messi, "vraiment étincelant".

QUESTION: Vous êtes de nouveau en finale, quatre ans après. Qu'est-ce qui vous rend le plus fier ?

RÉPONSE: "C'est toujours une immense fierté quand on obtient les résultats qu'on veut. Cette qualification, c'était la dernière étape pour accéder à cette finale dimanche. Ça n'a pas été simple, mais il y a eu un mélange de qualité, d'expérience, un état d'esprit de conquérant, même dans les périodes difficiles. En tant que sélectionneur, c'est surtout de la fierté par rapport aux joueurs. Je ne pense pas spécialement à moi, c'est surtout pour eux."

Q: Emmanuel Macron souhaite vous voir prolonger, avez-vous un message pour lui ?

R: "Si j'ai un message à faire passer au président, je lui dirai directement. Il est passé dans le vestiaire, désolé je ne passerai pas par vous mais c'est très gentil de sa part."

Q: Pensez-vous pouvoir récupérer en finale Adrien Rabiot, forfait, et Dayot Upamecano, également malade ces derniers jours ?

R: "Dayot était là, il était disponible mais pas complètement à 100%, c'est la raison pour laquelle il n'a pas débuté. Depuis le dernier match il a eu trois jours compliqués, il était dans un état fébrile avec une incidence sur l'aspect musculaire. J'ai choisi +Ibou+ Konaté, je savais qu'il avait la qualité pour être à ce niveau-là. Adrien a été malade un peu plus tard, il est resté à l'hôtel pour ne pas prendre de risque. Le prochain match est dans quatre jours, il devrait logiquement être disponible. Pourquoi faire entrer (en jeu) Randal Kolo Muani ? Kingsley (Coman) aurait pu entrer mais lui aussi a senti un peu de fébrilité dans l'après-midi. Pour revenir à Randal, c'est un bon exemple par rapport à tous les joueurs pas utilisés et qui peuvent être décisifs."

Q: Êtes-vous inquiet par rapport à une possible maladie contagieuse ?

R: "On n'est pas anxieux ou quoi que ce soit. Vous (les journalistes) êtes aussi à Doha, les températures ont plutôt baissé et vous devez aussi avoir la climatisation à fond. Ce sont des états fébriles, on fait tous attention. Avec les joueurs qui ont fait d'énormes efforts, les défenses immunitaires sont plus faibles. Comme par hasard, pour Dayot, c'est arrivé tout de suite après le match. Les organismes sont très sollicités, forcément on peut être plus sensibles à tout ce qui pourrait être viral. Sans penser à d'autres choses. On prend les précautions, on s'adapte. Tout ce qui est viral est transmissible. Sans rentrer dans de la parano, on a pris des précautions avec Dayot pour qu'il n'y ait pas de contact. Pour Adrien (Rabiot) aussi."

Q: Abordez-vous la rencontre face à l'Argentine comme le huitième de finale gagné il y a quatre ans, avec Lionel Messi encore là ?

R: "Messi est vraiment étincelant depuis le début de la compétition. Il y a quatre ans, contre nous il avait joué avant-centre. Là, il est plus dans une doublette avec un avant-centre et lui qui a beaucoup de liberté. Il touche beaucoup de ballons. Il est vraiment très en jambes. Il ne fait pas partie des meilleurs joueurs du monde pour rien. Un plan anti-Messi ? On va faire en sorte de limiter au maximum son influence, comme les Argentins vont faire en sorte de limiter l'influence de certains de mes joueurs aussi."

 

Macron «  assume totalement » sa visite au Qatar pour soutenir l'équipe de France

Le président français Emmanuel Macron a affirmé jeudi qu'il assumait "totalement" le fait d'aller soutenir l'équipe nationale de football lors de la Coupe du monde au Qatar, en dépit des nombreuses controverses et de l'enquête en cours sur des soupçons de corruption au Parlement européen.

"J'assume totalement", a déclaré M. Macron à son arrivée à Bruxelles pour un sommet européen, en provenance directe du Qatar où il a assisté mercredi soir à la victoire de la France face au Maroc en demi-finale.

"J'étais il y a quatre ans derrière l'équipe de France quand c'était en Russie et je suis derrière eux au Qatar", a poursuivi le président français qui s'y rendra de nouveau dimanche pour la finale face à l'Argentine.

Emmanuel Macron a estimé que les Français étaient dans le même état d'esprit. "Regardez, il y avait beaucoup de débats, les gens disaient 'on va pas suivre, on boycotte à la télévision'. Les chiffres sont là", a-t-il ajouté en référence aux très fortes audiences sur le petit écran malgré les appels à boycotter le Mondial au Qatar.

"On aime notre équipe nationale, on est fier d'elle, on veut qu'elle gagne, on sera derrière elle jusqu'au bout", a-t-il lancé. "Maintenant je croise les doigts pour dimanche !", a-t-il ajouté.

Le chef de l'Etat a aussi rendu hommage à la sélection du Maroc, à laquelle il a rendu visite dans les vestiaires mercredi soir après le match.

"Je veux saluer l'équipe marocaine et tout le peuple marocain. Elle a vraiment fait un très beau match et surtout un très beau Mondial", a-t-il dit.

Le Qatar est impliqué dans un retentissant scandale de corruption visant l'eurodéputée grecque Eva Kaili, interpellée vendredi et déchue depuis de son poste de vice-présidente du Parlement européen.

L'élue âgée de 44 ans est soupçonnée d'avoir été payée par cet émirat pour défendre ses intérêts.

"Il faut sur ces sujets que la justice, l'ensemble des services fassent leur travail", a noté Emmanuel Macron, en se félicitant de "la transparence" dans cette affaire depuis qu'elle a éclaté au grand jour.

"Il faut déjà connaître les fait, comprendre qui est impliqué et prendre ensuite les mesures adaptées", a-t-il poursuivi. "Les institutions compétentes prendront les décisions adaptées sur la base de faits", a-t-il dit sans plus se prononcer sur le Qatar.

La compétition suscite aussi de nombreuses polémiques, que ce soit au sujet du respect des droits humains au Qatar ou bien encore de la protection de l'environnement.


Agriculteurs: la Coordination rurale bloque toujours le port de Bordeaux

 La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
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  • La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place
  • Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine

BORDEAUX: La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais.

La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place.

Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine et auquel les agriculteurs comme la classe politique française s'opposent.

Il s'agit de la première visite de la ministre sur le terrain depuis le retour des paysans dans la rue, une mobilisation surtout marquée en fin de semaine par les actions des bonnets jaunes de la Coordination rurale.

A Bordeaux, ils bloquent ainsi les accès au port et au dépôt pétrolier DPA: des pneus, des câbles et un tracteur entravent l'entrée du site.

Sous une pluie battante, les agriculteurs s'abritent autour d'un feu et de deux barnums tanguant avec le vent. Une file de camions bloqués dont des camions citernes s'allonge aux abords.

Les manifestants ont tenté dans la matinée de joindre Annie Genevard, sans succès.

"On bloque tant que Mme Genevard et M. Barnier [Michel Barnier, Premier ministre] ne mettent pas en place des solutions pour la profession. Des choses structurelles, (...), on ne veut pas un peu d'argent aujourd'hui pour rentrer dans nos fermes, on veut des réformes pour vivre, avoir un salaire décent", a déclaré à l'AFP Aurélie Armand, directrice de la CR du Lot-et-Garonne.

"Le temps est avec nous parce que quand il pleut on ne peut pas travailler dans les fermes, donc c'est très bien", a-t-elle lancé, alors qu'une pluie battante balaye la Gironde avec le passage de la tempête Caetano.

Plus au sud, dans les Landes, des agriculteurs de la CR40 occupent toujours une centrale d'achat Leclerc à Mont-de-Marsan mais les autorités leur ont donné jusqu'à vendredi inclus pour libérer les lieux, a-t-on appris auprès de la préfecture.

Tassement du mouvement, avant une reprise 

La préfète du département a par ailleurs condamné "les dégradations commises par des membres de la Coordination rurale" mercredi soir sur des sites de la Mutualité sociale agricole (MSA), visée par des dépôts sauvages, et de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), ciblée par un incendie "volontairement déclenché" dans son enceinte.

Sur Europe1/Cnews, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a redit que les agriculteurs avaient "parfaitement le droit de manifester", mais qu'il y avait "des lignes rouges" à ne pas dépasser: "pas d'enkystement", "pas de blocage".

A l'autre bout de la France, à Strasbourg, des membres de la CR se sont installés dans le centre avec une dizaine de tracteurs pour y distribuer 600 kilos de pommes aux passants.

"Nous, on propose un pacte avec le consommateur, c'est-à-dire lui fournir une alimentation de qualité en quantité suffisante et en contrepartie, le consommateur nous paye un prix correct", a souligné le président de la CR départementale, Paul Fritsch.

Les autorités constatent une "légère baisse" de la mobilisation à l'échelle du pays par rapport au début de la semaine, quand les syndicats majoritaires FNSEA et JA étaient aussi sur le terrain.

Ce nouvel épisode de manifestations agricoles intervient à quelques semaines d'élections professionnelles. La CR, qui préside aujourd'hui trois chambres d'agriculture, espère à cette occasion briser l'hégémonie de l'alliance FNSEA-JA et ravir "15 à 20 chambres" supplémentaires.

Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a annoncé mercredi que les prochaines manifestations emmenées par ses membres auraient lieu la semaine prochaine, "mardi, mercredi et jeudi", "pour dénoncer les entraves à l'agriculture".

FNSEA et JA avaient prévenu qu'ils se mobiliseraient jusqu'à la mi-décembre contre l'accord le Mercosur, contre les normes selon eux excessives et pour un meilleur revenu.

Troisième syndicat représentatif, la Confédération paysanne organise aussi des actions ponctuelles, contre les traités de libre-échange ou les installations énergétiques sur les terres agricoles.


Les députés approuvent en commission l'abrogation de la réforme des retraites

L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
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  • La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.
  • La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation.

PARIS : La gauche a remporté mercredi une première victoire dans son offensive pour abroger la très décriée réforme des retraites : sa proposition de ramener l'âge de départ de 64 à 62 ans a été adoptée en commission des Affaires sociales, avant son arrivée dans l'hémicycle le 28 novembre.

Le texte, présenté par le groupe LFI dans le cadre de sa niche parlementaire, a été approuvé par 35 voix (celles de la gauche et du Rassemblement national), contre 16 (venues des rangs du centre et de la droite).

La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.

Le Rassemblement national, qui avait présenté une proposition similaire fin octobre, mais que la gauche n'avait pas soutenue, a voté pour le texte de La France insoumise. « C'est le même que le nôtre et nous, nous ne sommes pas sectaires », a argumenté le député Thomas Ménagé.

La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation : celle-ci est ramenée de 43 à 42 annuités, ce qui revient à abroger également la réforme portée en 2013 par la ministre socialiste Marisol Touraine pendant le quinquennat de François Hollande.

Un amendement, présenté par les centristes du groupe Liot pour préserver la réforme Touraine, a été rejeté. Les socialistes, qui auraient préféré conserver cette réforme de 2013, ont décidé d'approuver le texte global malgré tout.

La gauche affirme qu'elle est en mesure de porter sa proposition d'abrogation jusqu'au bout : après l'examen du texte dans l'hémicycle la semaine prochaine, elle a déjà prévu de l'inscrire à l'ordre du jour du Sénat le 23 janvier, à l'occasion d'une niche communiste, puis en deuxième lecture à l'Assemblée nationale le 6 février, cette fois dans un créneau dédié aux écologistes.

Les représentants de la coalition gouvernementale ont mis en garde contre un texte « pas sérieux » ou « irresponsable ».

« Il faut être honnête vis-à-vis des Français : si cette réforme des retraites est abrogée, certes ils pourront partir à 60 ans, mais avec une retraite beaucoup plus basse », a ainsi argumenté la députée macroniste Stéphanie Rist.


Censure du gouvernement : Le Pen fait monter la pression avant sa rencontre avec Barnier

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
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  • "Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure"
  • Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget

PARIS: Marine Le Pen fait monter la pression sur Michel Barnier, avant leur rencontre lundi à Matignon : elle assure que son parti n'hésitera pas à censurer le gouvernement à la veille de Noël si "le pouvoir d'achat des Français est amputé" dans le projet de budget 2025.

"Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure", a affirmé mercredi la cheffe de file des députés du Rassemblement national sur RTL.

Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget de l'Etat.

Si le RN et la gauche votaient conjointement cette motion alors la coalition Barnier, fragile attelage entre LR et la macronie, serait renversée et le projet de budget rejeté.

Si elle n'a pas détaillé la liste précise de ses revendications, Marine Le Pen a en particulier jugé "inadmissible" la hausse envisagée par le gouvernement pour dégager trois milliards d'euros des taxes sur l'électricité, une mesure toutefois supprimée par l'Assemblée nationale en première lecture.

"Taper sur les retraités, c'est inadmissible", a-t-elle aussi affirmé, insatisfaite du compromis annoncé par le LR Laurent Wauquiez. Celui-ci prévoit d'augmenter les retraites de la moitié de l'inflation au 1er janvier, puis d'une deuxième moitié au 1er juillet pour les seules pensions sous le Smic.

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. Si elles étaient suivies, celles-ci pourraient empêcher Mme Le Pen de participer à une quatrième élection présidentielle.

Face à cette menace de censure, Michel Barnier va recevoir en début de semaine prochaine, un par un, l'ensemble des présidents de groupes parlementaires, à commencer par Marine Le Pen dès lundi matin.

Ce premier tête à tête, depuis son entrée à Matignon, suffira-t-il ?

"Et-ce que M. Barnier va respecter l’engagement qu’il a pris, que les groupes d’opposition puissent reconnaître dans son budget des éléments qui leur paraissent essentiels ?", s'est interrogée la cheffe de file des députés RN.

Les demandes de notre parti étaient "de ne pas alourdir la fiscalité sur les particuliers, de ne pas alourdir sur les entrepreneurs, de ne pas faire payer les retraités, de faire des économies structurelles sur les dépenses de fonctionnement de l'Etat", a-t-elle récapitulé. "Or nous n'avons pas été entendus, nous n'avons même pas été écoutés".

Poker menteur 

Alors qu'il a déjà lâché du lest sur les économies demandées aux collectivités locales, aux retraités et aux entreprises face aux critiques de sa propre majorité, le Premier ministre, confronté à la colère sociale des agriculteurs, des fonctionnaires ou des cheminots, a très peu de marge de manoeuvres.

"L'objectif est d'arriver à un équilibre entre les ambitions des groupes parlementaires et les impératifs de rigueur" budgétaire, répète Matignon, alors que le déficit public est attendu à 6,1% du PIB fin 2024 contre 4,4% prévu initialement.

L'exécutif agite, à destination du RN mais aussi des socialistes, la menace du chaos.

"Celui ou celle qui renversera le gouvernement privera le pays d'un budget et le précipitera dans le désordre et la chienlit", a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur CNews.

"Le pire pour le pouvoir d'achat des Français, ce serait une crise financière", a alerté de son côté sur LCI sa collègue Astrid Panosyan-Bouvet (Travail).

Une question demeure: le RN bluffe-t-il ?

"Si le gouvernement tombe, il faudra attendre juin pour qu'il y ait des élections législatives parce qu'il ne peut pas y avoir de dissolution pour le moment!", a semblé nuancer le porte-parole du RN Julien Audoul.

Dans tous les cas, ce jeu de poker menteur risque de durer jusque la veille de Noël, lorsque l'Assemblée nationale aura à se prononcer définitivement sur le projet de budget 2025 de l'Etat.

Le RN n'entend, en effet, pas déposer ou voter de motion de censure sur les deux autres textes (fin de gestion de 2024 et projet de budget de la Sécurité sociale) qui pourraient être adoptés par 49.3 avant.