Mondial: Le Maroc écrit l'histoire et la France veut la réécrire

le Maroc a brisé le plafond de verre. Trois sélections africaines avant eux avaient échoué à franchir le cap des quarts de finale. (Photo, AFP)
le Maroc a brisé le plafond de verre. Trois sélections africaines avant eux avaient échoué à franchir le cap des quarts de finale. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Vendredi 16 décembre 2022

Mondial: Le Maroc écrit l'histoire et la France veut la réécrire

  • Argentine-Croatie, mardi, et France-Maroc, mercredi ! Telles sont donc les affiches des demi-finales de ce rendez-vous qatari.
  • Le Maroc, tombeur de l'Espagne en huitième de finale, n'a pas eu besoin des tirs au but, ni même de la prolongation, contre le Portugal

DOHA: Le France, championne du monde en titre, a tracé sa route vers les demi-finales du Mondial-2022 en prenant le dessus sur l'Angleterre (2-1) en quarts et affrontera l'incroyable Maroc qui a écrit samedi une page d'histoire en devenant le premier pays africain à atteindre le dernier carré d'un Coupe du monde.

Argentine-Croatie, mardi, et France-Maroc, mercredi ! Telles sont donc les affiches des demi-finales de ce rendez-vous qatari.

Mais que ce fut dur pour les Bleus, qui poursuivent donc leur rêve d'être le premier pays à conserver son titre depuis le Brésil de Pelé en 1962.

"Il y aura du respect, mais ça va être la guerre", avait prévenu l'ancien international anglais John Terry, prédisant "un vrai test" entre voisins, à la riche histoire commune mais pour la première fois opposés dans un match à élimination directe.

Ce ne fut pas "la guerre" mais la partie fut âpre, étouffante, avec des équipes qui se méfiaient. Ce sont les Français qui ont tiré les premiers, avec un pétard de Aurélien Tchouaméni de 25 mètres face au but de Pickford qui n'a pu que se coucher trop tard sur la frappe pour constater les dégâts (17e).

Pendant longtemps, le match fut étouffant, la "partie d'échec" annoncée par John Terry, avec un bon nombre d'occasions et des duels qui pouvaient faire basculer la rencontre d'un côté ou de l'autre.

L'attaquant supersonique Mbappé face au tonique Kyle Walker, Olivier Giroud au contact de Harry Maguire, la bataille des jeunes milieux Aurélien Tchouaméni et Jude Bellingham, et le face-à-face entre les capitaines Hugo Lloris et Harry Kane, amis depuis une décennie à Tottenham.

Finalement c'est Kane qui remettait les deux équipes à égalité en remportant son face à face sur pénalty avec Lloris d'une frappe puissante et bien placée (1-1, 54e).

Mais Giroud surgissait de la tête en prenant le dessus sur son garde du corps Maguire (78e) pour son 53e but en bleu, record amélioré, dans un match qui s'emballait soudain.

A la 84e minute, Harry Kane avait même la possibilité de remettre les Anglais à flots sur un nouveau pénalty, décidé après consultation de la VAR par l'arbitre brésilien, Mr Pereira Sampaio, pour une faute grossière de Théo Hernandez.

Mais la balle de Kane s'envolait cette fois dans les tribunes du stade d'Al-Bayt, à Al-Khor, à 50 km au nord de Doha. Un ultime coup franc manqué par les Anglais et les Bleus pouvaient souffler, sourire, rire et se congratuler, ils atteigaient encore le dernier carré.

"C'est magnifique de pouvoir accéder encore au dernier carré. On a envie de suspendre un peu le temps. La qualif' y est mais il y a aussi un mental, un état d'esprit. On a tenu avec les tripes ce petit but d'avance", s'est réjoui le sélectionneur Didier Deschamps.

Vendredi, le suspense des premiers quarts s'est étiré, lui, jusqu'aux tirs au but.

L’Argentine de Messi est venue à bout des Pays-Bas (2-2 a.p., 4-3 t.a.b.) et la Croatie, finaliste en 2018, a créé la surprise en éliminant le Brésil de Neymar (0-0, 1-1 a.p., 4-2 t.a.b.).

Le Maroc, tombeur de l'Espagne en huitième de finale, n'a pas eu besoin des tirs au but, ni même de la prolongation, contre le Portugal.

C'est dans le temps réglementaire que les joueurs de Walid Regragui se sont imposés sur un but de la tête du nouveau héros d'un pays, d'un continent, Youssef En-Nesyri (42e).

"J'avais dit aux gars avant le match qu'il fallait écrire l'histoire pour l'Afrique", a réagi le sélectionneur marocain Walid Regragui au coup de sifflet final.

Face à l'équipe de Cristiano Ronaldo, de nouveau remplaçant et inefficace après son entrée en jeu à 52e minute, les Lions de l'Atlas ont montré une maîtrise défensive et un cœur énorme, résistant à la pression des Portugais.

Ronaldo, lui, a quitté le Qatar tête basse. Qui se souciera qu'il soit devenu lors de ce match le co-détenteur du record mondial du nombre de sélections en équipe nationale avec 196 capes pour le Portugal, à égalité avec le Koweïtien Bader al-Mutawa?

En revanche, le Maroc a brisé le plafond de verre. Trois sélections africaines avant eux avaient échoué à franchir le cap des quarts de finale.

Mais, après avoir sorti la Belgique en poules, l'Espagne puis le Portugal, le gardien Yassine Bounou prévient: les Marocains comptent bien aller plus loin. "Les générations qui vont arriver sauront que le Maroc peut faire des miracles."

Cette configuration des demi-finales pourrait même offrir une finale France-Croatie, soit la revanche de la finale du Mondial-2018 en Russie, remportée par les Bleus (4-2).

Mais avant cela, les Français devront battre les Marocains. "Le Maroc mérite tout notre respect et la reconnaissance. Il ne faisait peut-être pas partie des équipes qu'on attendait là, mais c'est tout sauf une surprise quand on a encaissé un but en cinq matches. On va les prendre avec beaucoup de sérieux", a réagi Deschamps.


L'Allemagne aux urnes, sous pression de l'extrême droite et de Trump

Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Short Url
  • Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.
  • Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

BERLIN : Alors qu'elle est déstabilisée par les crises, l'Allemagne vote dimanche pour des élections législatives où l'opposition conservatrice part largement favorite après une campagne bousculée par le retour au pouvoir de Donald Trump et l'essor de l'extrême droite.

Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.

« Nous traversons une période très incertaine », constatait Daniel Hofmann, rencontré à la sortie d'un bureau de vote à Berlin.

Selon cet urbaniste de 62 ans, qui se dit préoccupé par la « sécurité européenne » sur fond de guerre en Ukraine, le pays a besoin d'un « changement, une transformation ».

Récession économique, menace de guerre commerciale avec Washington, remise en cause du lien transatlantique et du « parapluie » américain sur lequel comptait Berlin pour assurer sa sécurité : c'est le « destin » de l'Allemagne qui est en jeu, a déclaré samedi le chef de file des conservateurs Friedrich Merz.

Ce dernier semble très bien placé pour devenir le prochain chancelier et donner un coup de barre à droite dans le pays, après l'ère du social-démocrate Olaf Scholz. D'après les derniers sondages, il recueillerait environ 30 % des intentions de vote.

Visiblement détendu, souriant et serrant de nombreuses mains, le conservateur de 69 ans a voté à Arnsberg, dans sa commune du Haut-Sauerland, à l'ouest.

Son rival social-démocrate, visage plus fermé, a lui aussi glissé son bulletin dans l'urne, à Potsdam, à l'est de Berlin.

Les électeurs ont jusqu'à 18 heures (17 heures GMT) pour voter. Les premiers sondages sortie des urnes seront publiés dans la foulée.

Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

Le parti anti-migrant et pro-russe a imposé ses thèmes de campagne, suite à plusieurs attaques et attentats meurtriers perpétrés par des étrangers sur le territoire allemand.

L'AfD a également bénéficié du soutien appuyé de l'entourage de Donald Trump pendant des semaines.

Son conseiller Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, n'a cessé de promouvoir la tête de liste du parti allemand, Alice Weidel, sur sa plateforme X.

« AfD ! » a encore posté M. Musk dans la nuit de samedi à dimanche, accompagnant son message de drapeaux allemands.
Les élections législatives anticipées ont lieu la veille du troisième anniversaire de l'invasion russe en Ukraine, un événement particulièrement marquant en Allemagne.

Le conflit a mis fin à l'approvisionnement en gaz russe du pays, qui a accueilli plus d'un million d'Ukrainiens. La perspective d'une paix négociée « dans le dos » de Kiev et des Européens inquiète tout autant.

Interrogé sur ces élections allemandes, le président américain a répondu avec désinvolture qu'il souhaitait « bonne chance » à l'allié historique des États-Unis, qui ont leurs « propres problèmes ».

Le discours de son vice-président JD Vance à Munich, dans lequel il exhortait les partis traditionnels allemands à mettre fin à leur refus de gouverner avec l'extrême droite, a creusé un peu plus le fossé entre Washington et Berlin.

Friedrich Merz souhaite que l'Allemagne puisse « assumer un rôle de leader » en Europe.

Dans le système parlementaire allemand, il pourrait s'écouler des semaines, voire des mois, avant qu'un nouveau gouvernement ne soit constitué.

Pour former une coalition, le bloc mené par les conservateurs CDU/CSU devrait se tourner vers le parti social-démocrate (SPD), excluant ainsi toute alliance avec l'AfD, avec laquelle il a entretenu des relations tendues durant la campagne, notamment sur les questions d'immigration.

Les sondages lui attribuent 15 % des voix. Ce score serait son pire résultat depuis l'après-guerre et signerait probablement la fin de la carrière politique d'Olaf Scholz. Mais auparavant, le chancelier devra assurer la transition.

« J'espère que la formation du gouvernement sera achevée d'ici Pâques », soit le 20 avril, veut croire Friedrich Merz.

Un objectif difficile à atteindre si les deux partis qui ont dominé la politique allemande depuis 1945 sont contraints, faute de majorité de députés à eux deux, de devoir trouver un troisième partenaire.

La fragmentation au Parlement dépendra notamment des résultats de petits partis et de leur capacité ou non à franchir le seuil minimum de 5 % des suffrages pour entrer au Bundestag.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Short Url
  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Short Url
  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.