PARIS: Pour aider les petites entreprises étranglées par la crise énergétique, le gouvernement va prolonger en 2023 un dispositif prenant en charge une partie de leur facture d'électricité, tout en voulant siffler la fin du "quoi qu'il en coûte" pour préserver les finances publiques.
Gel des prix de l'électricité, chèques énergétiques, remise sur les carburants... A coups de dizaines de milliards d'euros, la France a multiplié les mesures de soutien pour maintenir le pouvoir d'achat des ménages et des entreprises face à l'inflation et l'explosion des prix de l'énergie observées depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
Des artisans comme les boulangers et les bouchers avaient toutefois tiré la sonnette d'alarme, estimant être laissés pour compte et insuffisamment soutenus.
Initialement destiné à s'arrêter fin 2022, le "guichet électricité" prévu par le gouvernement pour aider les petites entreprises à payer leurs factures sera ainsi finalement prolongé en 2023, a annoncé jeudi le ministre de l'Economie Bruno Le Maire sur RMC.
«Pas d'hécatombe»
Ce dispositif s'ajoutera à l'"amortisseur", un autre système entrant en vigueur l'an prochain, où l'Etat prendra aussi en charge une partie des dépenses énergétiques des entreprises.
Seront éligibles au "guichet" les TPE et les PME dont, après réduction perçue au titre de l'amortisseur, les dépenses d'énergie représentent 3% du chiffre d'affaires de 2021 et la facture d'électricité a augmenté de plus de 50% par rapport à 2021.
Les deux dispositifs cumulés représenteront un "allègement de la facture" d'électricité qui pourra aller jusqu'à 35%, selon le ministre. L'enveloppe totale est maintenue à 10 milliards d'euros, d'après Bercy.
Interpellé par une boulangère du Doubs qui l'avertissait d'une "hécatombe" à venir parmi les artisans de sa région, il s'est voulu rassurant: "Il n'y aura pas d'hécatombe, je vous le garantis. Nous sommes là pour protéger les boulangers et nous ferons tout ce qui est nécessaire pour les aider à passer les mois d'hiver".
Les plus petites entreprises de moins de 10 salariés ayant un compteur de faible puissance (inférieur à 36 kVA) continueront, comme les particuliers, à bénéficier du bouclier tarifaire qui limitera en 2023 la hausse des tarifs réglementés de l'électricité à 15%, après un plafonnement à 4% cette année.
Initialement créé dans le cadre du plan de résilience en mars, le "guichet électricité" a été plusieurs fois remanié et simplifié ces derniers mois face aux critiques des entreprises qui jugeaient son fonctionnement complexe. Il ne devait initialement subsister l'an prochain que pour les entreprises de taille intermédiaire et les grandes entreprises.
Si le patronat a salué via la Confédération des petites et moyennes entreprises une "avancée majeure" avec la prorogation du guichet, c'est loin d'être suffisant pour le Syndicat des indépendants qui réclame une hausse de la facture de maximum 50% en 2023.
Les finances publiques en jeu
Cette annonce intervient alors que le gouvernement affirme depuis des semaines vouloir mettre fin au "quoi qu'il en coûte", ces dépenses publiques massives initiées durant la pandémie pour soulager les entreprises et les ménages.
"Ma responsabilité, c'est de cibler les aides sur ceux qui sont les plus en difficulté", a déclaré Bruno Le Maire, tout en assurant ne vouloir laisser "tomber personne face à l'inflation". "Nous avons aussi un sujet de finances publiques" et il s'agit de "faire attention à ne pas dilapider l'argent public."
Si les initiatives du gouvernement ont permis de contenir le taux d'inflation (6,2% sur un an en novembre), lequel flirte avec ses records de la mi-1980, elles lui ont aussi valu d'être rappelé à l'ordre par le Fonds monétaire international (FMI), qui les évalue à 2% du PIB français.
Selon la Direction générale du Trésor, l'Etat aura pris en charge 52% des pertes de revenu réel en raison de la crise énergétique en 2022, "au prix d'une augmentation de l'endettement des administrations".
Concernant les carburants, la ristourne générale sera ainsi remplacée "à partir du 16 janvier", selon Bruno Le Maire, par une indemnité de 100 euros pour les actifs les plus modestes utilisant la voiture pour aller travailler.