Poutine reconnaît un conflit «long» en Ukraine, relativise le recours à l'arme nucléaire

Le président russe Vladimir Poutine (Photo, AFP).
Le président russe Vladimir Poutine (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 08 décembre 2022

Poutine reconnaît un conflit «long» en Ukraine, relativise le recours à l'arme nucléaire

  • Après plusieurs menaces d'y recourir ayant émané de responsables russes ces derniers mois, il a souligné que ces armes étaient «un moyen de défense»
  • Vladimir Poutine est par ailleurs revenu sur la mobilisation de 300.000 réservistes, des civils donc, notant que seule la moitié d'entre eux était dans l'immédiat déployés en Ukraine

MOSCOU: Le président russe Vladimir Poutine a reconnu mercredi que le conflit en Ukraine était "long" et a relativisé le risque d'un recours à l'arme nucléaire.

"Nous ne sommes pas devenus fous, nous savons ce que sont les armes nucléaires", a déclaré M. Poutine, s'exprimant en visio-conférence devant son Conseil des droits de l'homme, une organisation entièrement soumise au Kremlin.

Après plusieurs menaces d'y recourir ayant émané de responsables russes ces derniers mois, il a souligné que ces armes étaient "un moyen de défense", qu'elles étaient destinées à une "frappe en représailles".

Autrement dit, "si on nous frappe, on frappe en réponse", a martelé le chef de l'Etat russe.

Néanmoins, "la menace d'une guerre nucléaire grandit", au regard de la confrontation Russie-Occidentaux autour de l'Ukraine, a-t-il relevé, imputant cette situation aux Américains et aux Européens.

"Tout discours à la légère sur les armes nucléaires est absolument irresponsable", a commenté quelques heures plus tard le porte-parole du département d'Etat américain Ned Price.

Pour le chancelier allemand Olaf Scholz, la communauté internationale "a tracé une ligne rouge" à la Russie et a permis de faire diminuer le risque d'un recours à l'arme nucléaire par Moscou en Ukraine.

"Une chose a changé pour le moment: la Russie a cessé de menacer d'utiliser des armes nucléaires", a affirmé le chancelier dans un entretien au groupe de médias allemands Funke et au quotidien régional français Ouest-France à paraître jeudi.

«Un long processus»

Vladimir Poutine a, à cette occasion, une nouvelle fois justifié l'offensive qu'il a déclenchée il y a plus de neuf mois.

Même si, "bien sûr, c'est un long processus", a-t-il reconnu.

L'"opération militaire spéciale" lancée le 24 février était censée se solder par une victoire russe éclair mais les militaires ukrainiens ont forcé la Russie à renoncer au printemps à Kiev, puis à l'automne à se retirer de plusieurs autres régions.

Répondant à l'un de ses interlocuteurs mercredi, le président russe a toutefois jugé que "l'apparition de nouveaux territoires" était un "résultat significatif pour la Russie".

"La mer d'Azov est devenue une mer intérieure, c'est une chose sérieuse", a-t-il proclamé, évoquant cette zone maritime qui borde une partie du sud-ouest de la Russie et le sud-est de l'Ukraine dont Moscou contrôle désormais tout le rivage.

En outre, M. Poutine a revendiqué en septembre l'annexion de quatre régions ukrainiennes bien que le contrôle russe n'y soit que partiel et les combats quotidiens.

En novembre, les troupes russes ont dû battre en retraite de Kherson, la capitale de la région méridionale éponyme que la Russie considère comme sienne. Un repli humiliant qui a suivi celui en septembre du nord-est de l'Ukraine.

Le Kremlin avait toujours nié que son offensive contre l'Ukraine était destinée à conquérir de nouveaux territoires, affirmant vouloir défendre les populations russophones et mettre fin à l'alliance entre Kiev et les Occidentaux, jugée menaçante par la Russie.

«Chaque mètre compte»

Vladimir Poutine est par ailleurs revenu sur la mobilisation de 300.000 réservistes, des civils donc, notant que seule la moitié d'entre eux était dans l'immédiat déployés en Ukraine.

L'annonce de cette mobilisation avait provoqué un exode de Russes vers l'étranger et a mis en exergue les graves problèmes d'équipement de l'armée.

Sur le front, les bombardements se sont poursuivis mercredi avec notamment dix personnes tuées, selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky, dans une frappe russe sur la ville de Kourakhové, près de Donetsk, dans l'Est, où se concentre actuellement l'essentiel des combats.

"Aujourd'hui, l'armée russe a effectué une frappe à Kourakhové, une frappe très brutale, absolument calculée. Ayant ciblé précisément (...) des gens ordinaires. (...) La liste des morts compte dix personnes et beaucoup de blessés", a déclaré M. Zelensky mercredi soir.

Dans cette région, "c'est une confrontation très dure, chaque mètre compte", a-t-il souligné.

"Les occupants concentrent leurs principaux efforts (...) dans les directions (des villes) de Bakhmout (dont les forces russes tentent depuis des mois de s'emparer, NDLR) et d'Avdiivka", également dans l'Est, a signalé dans la soirée l'état-major de l'armée ukrainienne.

Des missiles et des drones ont visé des bâtiments civils à Korosten, dans les environs de Jitomyr (centre-ouest), ainsi que des localités de la région de Zaporijjia (sud), a-t-il poursuivi.

Et si, a affirmé M. Zelensky, "nous avons déjà réussi à libérer de l'occupation 1.888 localités", "presque autant de villes et de villages ukrainiens restent sous occupation" russe.

La faune d'Ukraine a aussi payé un lourd tribut avec la mort de milliers de dauphins en mer Noire ces derniers mois, un "écocide" dénoncé mercredi par M. Zelensky.

Selon lui, les Ukrainiens "recueillent les preuves de ces crimes et ont l'intention d'en tenir la Russie pour responsable".

Mercredi, le magazine américain Time a désigné M. Zelensky personnalité de l'année 2022.

"Pour avoir prouvé que le courage peut être aussi contagieux que la peur, pour avoir incité les gens et les nations à s'unir pour défendre la liberté, pour avoir rappelé au monde la fragilité de la démocratie --et de la paix--, Volodymyr Zelensky et l'esprit de l'Ukraine sont la personnalité de l'année 2022 du Time, a écrit son rédacteur en chef Edward Felsenthal.


Les marchés agricoles naviguent à vue, chahutés par la guerre commerciale

Le président américain Donald Trump s'adresse aux médias après avoir signé des décrets dans le bureau ovale de la Maison Blanche, le 23 avril 2025 à Washington, DC. (AFP)
Le président américain Donald Trump s'adresse aux médias après avoir signé des décrets dans le bureau ovale de la Maison Blanche, le 23 avril 2025 à Washington, DC. (AFP)
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  • De part et d'autre de l'Atlantique, les marchés agricoles sont secoués par les remous liés à la politique commerciale de l'administration Trump
  • Les cours des céréales et oléagineux à l'échelle mondiale évoluent ainsi au rythme des commentaires de la Maison Blanche

WASHINGTON: De part et d'autre de l'Atlantique, les marchés agricoles sont secoués par les remous liés à la politique commerciale de l'administration Trump, même si certains fondamentaux continuent d'influencer les cours.

"Les décisions erratiques" de Donald Trump sur le plan commercial "fragilisent l'opinion des investisseurs: ils ne savent plus trop dans quoi investir", commente auprès de l'AFP Damien Vercambre, analyste au cabinet Inter-Courtage.

Les cours des céréales et oléagineux à l'échelle mondiale évoluent ainsi au rythme des commentaires de la Maison Blanche, provoquant par ailleurs des "craintes financières", selon l'analyste.

A la Bourse de Chicago, les prix du blé et du maïs ont baissé sur la semaine, à cause notamment des incertitudes commerciales. Le soja a pour sa part évolué en dents de scie, pour se retrouver au final à des niveaux proches de la semaine passée.

Sur Euronext, "les cours suivent Chicago, qui est déprimé", résume Damien Vercambre.

La pause de 90 jours décidée par Donald Trump sur une partie des surtaxes à l'importation, à l'exception notable de celles visant la Chine, est à nouveau venue bouleverser la donne après un début d'année agité.

En parallèle, le président américain Donald Trump a évoqué mercredi la possibilité d'un accord commercial "équitable" avec la Chine, sans que les négociations aient toutefois réellement commencé, d'après un ministre de premier plan.

La guerre commerciale initiée par l'exécutif américain depuis le retour à la Maison Blanche de Donald Trump a débouché sur 145% de droits de douane additionnels sur les produits chinois entrant aux Etats-Unis, et 125% décidés en représailles par Pékin sur les marchandises en provenance des Etats-Unis.

"Un jour ou l'autre, un accord sera conclu avec la Chine", assure l'analyste américain Dewey Strickler, d'Ag Watch Market Advisors.

Mais si le ton de l'administration américaine se veut désormais rassurant, les marchés semblent attendre des actions concrètes de la part de Washington.

"Nous sommes dans une phase d'attente et d'hésitation en ce moment", les investisseurs "attendant la moindre avancée en matière de politique commerciale", confirme Rich Nelson, de la maison de courtage Allendale.

"Il y a (cette) peur que l'économie capote, comme (...) en 2018 (sous le premier mandat de Donald Trump, ndlr) où les prix du soja et du maïs aux Etats-Unis s'étaient cassés la figure, avant qu'il y ait une réconciliation avec la Chine", rappelle M. Vercambre.

- Influence des fondamentaux -

Si le spectre de la guerre commerciale occupe une grande partie du paysage, des éléments fondamentaux influencent tout de même les cours, dont la météo ou encore les perspectives de production.

Aux Etats-Unis, les acteurs du marché sont "moins inquiets des conditions météorologiques et de la menace d'un temps sec" notamment "pour la Corn Belt américaine", ce qui pousse le maïs américain à de "nouveaux plus bas sur deux semaines", explique Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting.

"Il y a eu beaucoup de pluie dans le Midwest, en particulier dans les régions du Sud", participant au mouvement baissier du maïs et du blé américain, abonde Dewey Strickler.

Sur le Vieux Continent, "les perspectives de production pour la nouvelle campagne (...) sont aussi meilleures", observe M. Vercambre.

Plus précisément, "le sud de l'Europe a bénéficié de précipitations abondantes, ce qui a amélioré l'humidité des sols et augmenté les perspectives de rendement des cultures", selon un rapport de la Commission européenne.

Selon ce même rapport, néanmoins, dans le centre et le nord de l'Europe, "les conditions sèches prédominent" ce qui pourrait "nuire au développement des cultures d'hiver".


Ukraine: Pékin dénonce des «accusations sans fondement» sur la présence selon Kiev de combattants chinois

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  • Pékin a dénoncé mercredi des "accusations sans fondement" après que l'Ukraine eut affirmé que des soldats chinois combattaient au sein de l'armée russe et que des entreprises chinoises aidaient Moscou à fabriquer du matériel militaire
  • "La Chine s'oppose avec force à des accusations sans fondement et à de la manipulation politique", a tonné le porte-parole de la diplomatie chinoise

PEKIN: Pékin a dénoncé mercredi des "accusations sans fondement" après que l'Ukraine eut affirmé que des soldats chinois combattaient au sein de l'armée russe et que des entreprises chinoises aidaient Moscou à fabriquer du matériel militaire.

"La Chine s'oppose avec force à des accusations sans fondement et à de la manipulation politique", a tonné le porte-parole de la diplomatie chinoise Guo Jiakun, lors d'un point de presse, au lendemain de la convocation de son ambassadeur au ministère ukrainien des Affaires étrangères.

 


Le cercueil du pape est arrivé dans la basilique Saint-Pierre

Le pape reposant dans son cercueil porte une mitre blanche et une chasuble rouge, et ses mains enserrent un chapelet. (AFP)
Le pape reposant dans son cercueil porte une mitre blanche et une chasuble rouge, et ses mains enserrent un chapelet. (AFP)
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  • Au rythme des cloches de Saint-Pierre sonnant le glas, le cercueil ouvert, escorté de dizaines de cardinaux et de gardes suisses en uniformes chamarrés, a quitté la petite chapelle de la résidence Sainte-Marthe
  • Marchant au pas, la lente procession s'est étirée sur les ruelles pavées du Vatican en direction de l'imposante basilique, où le cercueil ouvert en bois clair, capitonné de rouge, est positionné devant le maître-autel

CITE DU VATICAN: Le cercueil du pape François est arrivé mercredi matin dans la basilique Saint-Pierre, où il sera exposé au public jusqu'à vendredi soir, accompagné par les applaudissements des fidèles présents sur la place.

Le cercueil a été positionné devant l'autel central de la basilique, escorté par des dizaines de cardinaux et de gardes suisses.

Au rythme des cloches de Saint-Pierre sonnant le glas, le cercueil ouvert, escorté de dizaines de cardinaux et de gardes suisses en uniformes chamarrés, a quitté la petite chapelle de la résidence Sainte-Marthe, où le pape a vécu depuis son élection en 2013 jusqu'à sa mort.

Marchant au pas, la lente procession s'est étirée sur les ruelles pavées du Vatican en direction de l'imposante basilique, où le cercueil ouvert en bois clair, capitonné de rouge, est positionné devant le maître-autel, surplombé de l'impressionnant baldaquin en bronze, chef d'oeuvre du Bernin.

Les chants du choeur de la Chapelle Sixtine résonnaient tout au long du cortège. Le cercueil était porté par des membres du cérémonial du Vatican en costume sombre et encadré par huit gardes suisses armés de hallebardes.

Le pape reposant dans son cercueil porte une mitre blanche et une chasuble rouge, et ses mains enserrent un chapelet.

La cérémonie devrait s'achever vers 10H15 (08H15 GMT).

Ensuite, pendant trois jours, le public pourra défiler devant sa dépouille, mercredi (de 11H00 à 24H00), jeudi (de 07H00 à 24H00) et vendredi (de 07H00 à 19H00).

Dès 08H00 (06H00 GMT) mercredi, des centaines de fidèles étaient massés sur la place pour être parmi les premiers à entrer dans le majestueux édifice, qui ne sera pourtant accessible qu'à partir de 11H00 (09H00 GMT).

Des dizaines de milliers de fidèles sont attendus pour ce dernier hommage. Après le décès de son prédécesseur Benoît XVI le 31 décembre 2022, 200.000 personnes s'étaient recueillies devant sa dépouille avant son enterrement en présence de 50.000 fidèles.

Pour faire face à cet afflux, les autorités ont déployé diverses mesures: barrières métalliques pour canaliser le flot des visiteurs, distribution de bouteilles d'eau, augmentation de la fréquence des bus desservant le Vatican, et renforcement des contrôles de sécurité aux accès de la place Saint-Pierre, par laquelle on accède à la basilique.