Comment le freelancing transforme le monde du travail postpandémie au Moyen-Orient

Le travail à distance a démocratisé l'accès à des opportunités d’emploi à haut salaire dans le monde entier (Photo, Shutterstock).
Le travail à distance a démocratisé l'accès à des opportunités d’emploi à haut salaire dans le monde entier (Photo, Shutterstock).
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Publié le Lundi 05 décembre 2022

Comment le freelancing transforme le monde du travail postpandémie au Moyen-Orient

  • Une enquête a révélé que 78% des travailleurs de la région MENA ont l'intention d’avoir recours à plus de travail indépendant en 2022
  • L'enquête a également révélé que le marketing numérique et l'informatique sont les industries à la croissance la plus rapide dans les métiers d’indépendants ou de freelances

DUBAÏ : Depuis que la pandémie de COVID-19 a transformé, du jour au lendemain, le cadre normatif dans le monde du travail, la tendance à la flexibilité, à l’emploi indépendant et au télétravail s’est développée dans une multitude de secteurs.

Un certain nombre d’observateurs expliquent le délaissement du modèle traditionnel des huit heures dans l’entreprise par un désir répandu d'une plus grande autonomie, d'une mobilité géographique et, surtout, d'un meilleur équilibre entre le travail et la vie personnelle.

En effet, les deux années de distanciation sociale ont rendu les employés rétifs à l’idée de revenir aux anciennes méthodes de travail. Cette nouvelle donne contraint les employeurs à envisager de nouveaux modèles totalement innovants ou hybrides, n’exigeant du personnel qu’une présence partielle durant la semaine de travail dans les locaux de l’entreprise.

Dans le même temps, la pandémie a stimulé une croissance de l’embauche transfrontalière, donnant aux recruteurs accès à un vivier beaucoup plus large de talents qualifiés, tout en mettant à disposition pour l’employeur une offre plus importante d’indépendants et de travailleurs souvent qualifiés de nomades numériques.

Cette transition a été facilitée par l'adoption généralisée de plateformes de visioconférence qui ont permis la tenue des réunions durant la période de restriction sanitaire et d’interdiction des moyens de transports aériens durant la pandémie; ces solutions alternatives sont restées populaires depuis.

2,2 millions de Saoudiens travaillent aujourd’hui dans le secteur privé; un nouveau record dans l’histoire du Royaume (Photo, Shutterstock).

« Internet permet d’envisager un marché du travail où la géographie n'a plus d'importance », a déclaré à Arab News Tarek Salam, responsable de l'expansion Moyen-Orient et Afrique du Nord chez Deel, un fournisseur de paie et de conformité.

En effet, la flexibilité et la digitalisation du travail ont créé de nouvelles opportunités pour les entreprises partout dans le monde, permettant de mobiliser les talents internationaux. « Le travail à distance a créé une nouvelle vague de mondialisation », a déclaré Salam.

« Il s'agit de démocratiser l'accès à des opportunités très bien rémunérées à travers le monde, ce qui signifie que le l’employé à l’ère moderne peut travailler de n'importe où et avoir toujours accès à un travail rémunérateur dans un environnement stimulant intellectuellement. »

Bien qu'il soit difficile de mesurer avec précision la proportion de ces nouveaux travailleurs, des études suggèrent qu'il pourrait y avoir jusqu'à 1,56 milliard de freelanceurs dans le monde, ce qui représente un marché mondial de 1,5 milliards de dollars avec un taux de croissance annuel composé de 15%.

Au Moyen-Orient, la tendance est également à la hausse du fait des multinationales qui ont recours à des travailleurs qualifiés installés dans la région et les entreprises du Moyen-Orient qui embauchent également, à distance, des employés à l'étranger.

Najlaa Yousef Safdar, responsable du développement numérique chez Nafisa Shams, un département de l'organisation philanthropique Community Jameel Saudi (Photo fournie).

« Les talents du Moyen-Orient sont très sollicités par les entreprises basées aux États-Unis, au Royaume-Uni et au Canada, et les recrutements à distance ont au moins doublé par rapport à la même période l'an dernier », a déclaré Salam.

Une étude réalisée en 2022 par le site de recrutement Bayt a interrogé 1764 personnes dans plus de 20 pays à travers le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord sur les évolutions du travail indépendant. Il apparait que 70% des employeurs de la région prévoient d'embaucher des indépendants et environ 78% des employés ont l'intention de faire de recourir au travail indépendant en 2022.

L'étude a également montré que les industries à plus forte croissance pour les indépendants sont le marketing numérique (37 %) et les technologies de l'information (20 %).

Pour aider les nouveaux convertis à ces nouveaux modèles à prendre des risques et réussir dans leur entreprise, les gouvernements régionaux et les entreprises privées ont pris des mesures pour faire du travail indépendant un choix de carrière durable pour les employés et une option attrayante pour les employeurs.

Najlaa Yousef Safdar, responsable du développement numérique chez Nafisa Shams, un département de l'organisation philanthropique Community Jameel Saudi, estime que le travail indépendant est une option financièrement viable pour ceux qui veulent explorer d'autres objectifs professionnels.

Des études menées dans l'industrie suggèrent qu'il pourrait y avoir jusqu'à 1,56 milliard de freelances dans le monde (Photo, Shutterstock).

« Cela signifie qu'ils peuvent explorer une nouvelle carrière, sans compromettre la stabilité financière » selon la même source interrogée par Arab News. « Cela signifie également que gagner un revenu supplémentaire en travaillant durant ses heures de loisir devient une option viable et envisageable »

Le gouvernement saoudien a lancé un programme en faveur du travail indépendant pour aider les travailleurs et les jeunes entrepreneurs à réaliser leurs ambitions. « À ce jour, les chiffres indiquent un grand succès », a déclaré Safdar.

Dans l’une de ses récentes sorties médiatiques, Ahmed Al-Rajhi, le ministre saoudien du travail et du développement social, a déclaré qu'un total de 1,85 million d’autorisations de travail indépendants ont été accordées, couvrant 225 professions, répartis dans 13 secteurs et 120 sous-activités.

En bref

· 70 % des employeurs de la région MENA ont prévu d'embaucher des indépendants cette année.

· 78% travailleurs de la région ont l'intention de recourir au travail indépendant cette année.

· 1,56 milliard de personnes dans le monde sont des travailleurs indépendants

· 1,5 milliard de dollars, la valeur estimée des indépendants dans le marché mondial.

Source : Enquête réalisée par Bayt en 2022

Il a ajouté que 2,2 millions d’hommes et de femmes saoudiens travaillent aujourd’hui dans le secteur privé, ce qui marque un nouveau record dans l’histoire du Royaume.

En novembre, le taux de participation des femmes à l’économie du Royaume a également atteint un nouveau cap, à 35,6 %, comparativement au taux de 17,7 % enregistré avant le lancement en 2016 de Vision 2030, le programme de réformes sociales et de diversification économique de l’Arabie saoudite.

Certains employeurs s'inquiètent de l'impact que la flexibilité et l'externalisation du travail pourraient avoir sur la qualité de l’emploi. Pour Safdar les nouvelles méthodes de travail ne compromettront pas les normes et la prestation si elles sont mises en oeuvre dans un cadre réglementaire adéquat.

« La mise en oeuvre d'un cadre qui englobe une rétroaction transparente et équitable, une évaluation de la performance et un contrôle de la qualité de la prestation de services sera cruciale pour le succès du travail indépendant », a-t-elle déclaré.

En outre, une enquête réalisée plus tôt cette année par Dell, en partenariat avec Momentive, qui a exploré l'impact mondial du travail à distance dans 86 pays, a constaté qu'il y avait de nombreux avantages financiers associés au travail indépendant.

Les interrogés ont dit avoir obtenu plus d'augmentations de salaire (59 %) en faisant plus d'économies sur les dépenses (64 %) en réduisant les frais de déplacement et de logement.

Le travail à distance a démocratisé l'accès à des opportunités d’emploi à haut salaire dans le monde entier (Photo, Shutterstock).

Par ailleurs, les interrogés ont indiqué que le travail à distance les avait aidés à surmonter les freins et l’inertie du monde professionnel en débloquant des promotions tout en permettant aux employés d’être plus productifs en bénéficiant d'un meilleur équilibre entre le travail et la vie personnelle.

« L'impact le plus important a été constaté par les parents ayant des enfants de moins de cinq ans (92%); aussi plus d'un sondé sur trois a déclaré que la capacité de travailler n'importe où lui a permis d'obtenir le travail de ses rêves », a déclaré Salam.

Azeem Zainulbhai, co-fondateur et directeur des produits chez Outsize, un cabinet de conseil en services financiers, pense que les mythes de carrières bien établies de longue date sont en train de se briser, car les professionnels qualifiés réalisent que l'emploi permanent n'a plus le niveau de sécurité qu'il avait jadis.

En effet, Zainulbhai avance qu'être indépendant offre souvent une plus grande certitude dans « l'avenir de sa carrière. »

« Être un consultant indépendant signifie que vous rassemblez rapidement beaucoup d'expérience et développez vos compétences plus rapidement que les employés permanents, ce qui augmente votre attractivité pour les employeurs », a-t-il dit.

Selon Zainulbhai, de nombreux professionnels n'attachent plus leur valeur et leur identité à une organisation, mais plutôt à leurs compétences, leurs connaissances et leur expertise. Cela a réduit l'attrait de l'emploi à vie répondu parmi les générations précédentes de travailleurs.

Azeem Zainulbhai, co-fondateur et directeur produit chez Outsize, un cabinet de conseil pour le recrutement et les services financiers (Photo fournie).

Cependant, le maintien d'un flux constant de travail indépendant pour obtenir un revenu durable peut être extrêmement difficile et parfois démoralisant.

« Le fossé entre les clients et les indépendants peut être comblé plus facilement en agrégeant l'offre et la demande, puis en les appariant » selon Zainulbhai.

Les talents indépendants peuvent adopter une combinaison de stratégies pour trouver de nouveaux projets par le biais de plateformes et de places de marché, des recommandations d'employeurs précédents, de collègues et d'autres employés indépendants, ainsi que d’une façon plus directe par le biais des contacts sur LinkedIn ou par e-mail.

Ces stratégies peuvent s'avérer utiles puisque l'un des défis les plus courants auxquels font face les talents indépendants est la difficulté de trouver du temps pour le développement des affaires et le réseautage. Par conséquent, certains ne parviennent pas à sécuriser leur prochain projet, ce qui interroge sur la continuité du travail et sur la durabilité des sources de revenu.

Selon Zainulbhai, le réseautage devrait être une pratique courante pour les indépendants étant donné le manque d’associations de soutien pour les employés flexibles pour rattraper les avantages dont bénéficient les employés permanents.

Tarek Salam, responsable de l'expansion Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) chez Dell, un fournisseur de paie et de conformité (Photo fournie).

« Il est essentiel de rester à jour de ses connaissances dans un monde en perpétuelle évolution afin de rester compétitif sur le marché du travail » d’après la même source interrogée.

Malgré les difficultés soulevées, des études montrent que le recours au travail indépendant se développe.

« Au cours des cinq prochaines années, nous prévoyons que des secteurs d’activité plus divers solliciteront le travail indépendant à mesure que davantage d'entreprises choisiront cette option et seront plus aptes à intégrer les talents internationaux », selon M. Salam.

D’après son analyse, si les employeurs et les travailleurs indépendants gèrent bien la transition vers un travail flexible, « ce sera une situation gagnant-gagnant tant pour les premiers que pour les seconds».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La municipalité de Riyad confirme qu'une seule entreprise est responsable des récents cas d'intoxication alimentaire

La municipalité de Riyad a conclu vendredi qu'un seul établissement alimentaire avait été jugé responsable de la vague d'intoxications alimentaires causées par le clostridium botulinum le 25 avril 2024. (Shutterstock/File Photo)
La municipalité de Riyad a conclu vendredi qu'un seul établissement alimentaire avait été jugé responsable de la vague d'intoxications alimentaires causées par le clostridium botulinum le 25 avril 2024. (Shutterstock/File Photo)
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  • Les autorités ont déclaré que la chaîne de restauration rapide pourrait être condamnée à une amende en raison de l'épidémie qui a entraîné l'hospitalisation de dizaines de personnes
  • Le ministère saoudien de la Santé a déclaré que 75 personnes avaient été touchées par l'épidémie, dont une est décédée

RIYAD : La municipalité de Riyad a confirmé vendredi que les résultats d'une enquête préliminaire menée par les autorités sanitaires suggèrent qu'une seule entreprise est responsable de plusieurs cas d'intoxication alimentaire la semaine dernière, causés par la bactérie Clostridium botulinum, qui ont nécessité l'hospitalisation de dizaines de personnes.

Elle a également confirmé que la chaîne pourrait être condamnée à une amende pour cette épidémie, révélée le 25 avril, et que toutes ses succursales et ses installations de transformation des aliments à Riyad et à Al-Kharj restaient fermées.

Le montant de l'amende sera fixé conformément à la législation en vigueur, sur la base d'une enquête complète et en tenant compte de la gravité des effets de l'incident sur les personnes malades, a ajouté la municipalité.

Elle n'a pas précisé combien de temps les succursales et autres installations de l'entreprise resteraient fermées, mais a indiqué que tous les produits alimentaires qu'elles contenaient seraient détruits et que le processus de nettoyage et de désinfection de tous les bâtiments, outils et machines serait supervisé par des fonctionnaires de la municipalité.

« Nous confirmons la sécurité des produits alimentaires pour les restaurants, les cuisines, les cafés et les traiteurs de la région de Riyad, car aucun cas n'a été enregistré en dehors de la source susmentionnée », a déclaré la municipalité.

La déclaration de vendredi n'a pas nommé la société impliquée, mais Arab News a rapporté la semaine dernière qu'un certain nombre de cas d'intoxication alimentaire semblaient liés à la chaîne de restauration rapide Hamburgini.

La municipalité de Riyad a déclaré que les équipes de surveillance sanitaire avaient pris des mesures rapides pour enquêter et surveiller la situation dès qu'elles ont commencé à recevoir des rapports sur les cas d'intoxication alimentaire.

Le 26 avril, Nawaf Al-Fozan, fondateur et PDG de Hamburgini, a partagé une vidéo sur la page Instagram de la chaîne qui confirme son implication dans l'épidémie.

Dans un communiqué distinct publié vendredi, le ministère saoudien de la Santé a également déclaré que tous les cas d'intoxication alimentaire étaient liés à la même source.

Le ministère de la Santé a déclaré que 75 personnes avaient été touchées par l'épidémie, et qu’un décès avait enregistré, et qu'aucun nouveau cas n'avait été signalé au cours des cinq derniers jours.

« Le nombre total de cas recensés s'élève à 75, dont 69 ressortissants saoudiens et 6 non saoudiens », a déclaré le porte-parole du ministère, le Dr Mohammed Al-Abd Al-Aly, dans un communiqué diffusé sur le réseau social X vendredi.

Le communiqué précise que 50 des cas ont été diagnostiqués comme étant causés par la bactérie Clostridium botulinum. Le ministère a expliqué que 43 patients avaient complètement récupéré et étaient sortis de l'hôpital, que 11 étaient actuellement en cours de traitement et que 20 cas étaient étroitement surveillés dans des unités de soins intensifs (USI).

« Le ministère continue de suivre de près les cas hospitalisés et de leur fournir les soins nécessaires, tout en leur souhaitant un prompt rétablissement », indique le communiqué. Il a souligné « l'importance de se fier aux sources officielles pour les instructions et les informations, et de ne pas répandre de rumeurs et de fausses informations ».

 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com

 


Les événements de la Semaine de l'environnement mettent en lumière le rôle de leader de l'Arabie saoudite

Des experts et des défenseurs participent à une table ronde à l'occasion de la Semaine de l'environnement à Riyad. (Photo UNCCD)
Des experts et des défenseurs participent à une table ronde à l'occasion de la Semaine de l'environnement à Riyad. (Photo UNCCD)
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  • Riyad accueille une série de discussions sur les défis posés par la sécheresse, la désertification et la dégradation des sols
  • Les pratiques agricoles non durables, le surpâturage, la déforestation et l'érosion des sols contribuent à la désertification

RIYAD : La région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord est connue pour son climat chaud et sec et ses faibles ressources en eau. Les conditions climatiques difficiles sont un facteur contribuant au fléau permanent de la région que sont la sécheresse, la désertification et la dégradation des sols.

Ces problèmes entraînent des déséquilibres dans les différents écosystèmes, qui nuisent particulièrement au secteur agricole et imposent des difficultés économiques aux populations locales. L'importance croissante de ce problème régional a incité l'Arabie saoudite à organiser des discussions régulières.

Cette semaine, la Semaine de l'environnement a été l'occasion de faire le point sur les défis à relever et les progrès accomplis jusqu'à présent. Les événements organisés pendant la Semaine de l'environnement ont mis en lumière le rôle de chef de file de l'Arabie saoudite en matière de préservation de l'environnement et de développement durable.

Des experts et des défenseurs participent à une table ronde à l'occasion de la Semaine de l'environnement à Riyad. (Photo UNCCD)
La désertification, processus par lequel des terres fertiles se transforment en déserts arides, est un défi important auquel sont confrontés les pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord. (Shutterstock)

Les écologistes ont eu l'occasion d'échanger sur une série de sujets, l'accent étant naturellement mis sur la sécheresse, la désertification et la dégradation des sols. A cette occasion, Arab News a interviewé Ibrahim Thiaw, secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification à Riyad.

« Il est devenu extrêmement difficile pour l'humanité de faire face à la fréquence des défis », a-t-il déclaré. « L'Arabie saoudite joue évidemment un rôle très important. Il ne s'agit pas d'une petite économie, c'est pourquoi la demande de soutien de la part de l'Arabie saoudite augmente également ».

Ibrahim Thiaw, secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification
Ibrahim Thiaw, secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (fourni)

Thiaw a évoqué certaines des conséquences de la dégradation des sols et de la sécheresse, telles que l'augmentation des migrations irrégulières. « On assistera probablement à une concurrence accrue pour les terres et l'eau, et donc à une augmentation des conflits », a-t-il déclaré.

La sécheresse, un problème majeur dans de nombreux pays du Moyen-Orient, a mis les ressources en eau sous pression, parallèlement à la hausse des températures. Les réserves d'eau de surface et d'eau souterraine diminuent en raison de la baisse des précipitations et de l'augmentation des taux d'évaporation.

Une photo montre le lit asséché de la rivière al-Kalal dans la ville de Badrah, près de la frontière iranienne, le 28 août 2023. La sécheresse en Irak reflète une baisse du niveau des cours d'eau en raison du manque de pluie et de la diminution des flux provenant des pays voisins en amont, l'Iran et la Turquie. (AFP)
Une photo montre le lit asséché de la rivière al-Kalal dans la ville de Badrah, près de la frontière iranienne, le 28 août 2023. La sécheresse en Irak reflète une baisse du niveau des cours d'eau en raison du manque de pluie et de la diminution des flux provenant des pays voisins en amont, l'Iran et la Turquie. (AFP)

En conséquence, les rivières et les lacs s'assèchent et les pénuries d'eau sont devenues un grave problème. De plus, pour de multiples raisons environnementales, dont la sécheresse, la région connaît de fréquentes tempêtes de sable.

« Il y a environ 50 pays qui sont des sources de tempêtes de poussière, mais il y a 150 pays qui sont touchés par ce phénomène. C'est donc devenu un problème mondial », a déclaré Thiaw, en parlant de l'impact des tempêtes de poussière d'un pays sur un autre.

« On peut citer un pays pour mettre en lumière les tempêtes de poussière, mais il s'agit d'un phénomène mondial auquel nous devons tous nous attaquer. Pour ce faire, il faut des traités mondiaux tels que la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification, qui compte actuellement 197 parties. Il s'agit donc d'une institution universelle qui organise un sommet, une réunion, tous les deux ans ».

« La prochaine réunion se tiendra ici à Riyad en décembre 2024, où les 197 pays se réuniront au niveau des chefs d'État, des ministres et des experts, des communautés et ONG ainsi que des organisations de la société civile, pour discuter justement de cela, à savoir des conséquences de la dégradation des terres et de la sécheresse sur la vie et les moyens de subsistance des communautés. »

En outre, les experts soulignent que la sécheresse et la désertification s'influencent mutuellement.

La désertification, processus par lequel des terres fertiles se transforment en déserts arides, est un autre défi important auquel sont confrontés les pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. Les pratiques agricoles non durables, le surpâturage, la déforestation et l'érosion des sols sont autant de facteurs qui contribuent au problème.

Par conséquent, les terres arables disparaissent et la production alimentaire diminue, ce qui aggrave le problème de l'insécurité alimentaire. Selon Thaiaw, la désertification entraîne également le déplacement de communautés, les populations étant forcées de migrer à la recherche de zones plus hospitalières.

À l'occasion de la Semaine de l'environnement à Riyad, Elizabeth Mrema, directrice exécutive adjointe du Programme des Nations unies pour l'environnement, a donné son point de vue sur la crise de la désertification à Arab News.

Elizabeth Mrema, directrice exécutive adjointe du Programme des Nations unies pour l'environnement. (Fourni)
Elizabeth Mrema, directrice exécutive adjointe du Programme des Nations unies pour l'environnement. (Fourni)

« En ce qui concerne l'Arabie saoudite, le pays a clairement perçu l'impact de la désertification et en a fait une priorité pour cette année. Je dis « cette année » parce que, lors de l'Assemblée des Nations unies pour l'environnement qui s'est tenue fin février, l'Arabie saoudite a pris la tête d'une initiative visant à lutter contre la dégradation. Cette initiative a été adoptée, et ce au niveau mondial », a expliqué Mrema.

« En outre, le mois prochain, le 5 juin, ce pays accueillera la Journée mondiale de l'environnement.

Cette journée est célébrée chaque année. Elle est mondiale car elle a été adoptée par l'Assemblée générale des Nations unies. Cette année, c'est l'Arabie saoudite qui l'accueille ».

« Cette année, l'Arabie saoudite accueillera la conférence des Nations unies sur la lutte contre la désertification. Elle se déroulera ici sur le thème « Notre terre, notre avenir », qui met à nouveau l'accent sur la terre.

En outre, la combinaison de la sécheresse et de la désertification dans une même région entraîne une dégradation des terres, ce qui aggrave encore la crise environnementale au Moyen-Orient. L'érosion des sols, la salinisation et l'épuisement des nutriments du sol sont quelques-uns des résultats de la dégradation des sols.

Alors que la productivité agricole diminue dans le monde entier, les agriculteurs sont confrontés à des défis majeurs pour assurer leur subsistance, sans compter que les problèmes environnementaux augmentent la vulnérabilité des écosystèmes, ce qui entraîne également une perte de biodiversité et un déséquilibre des écosystèmes.

« L'Arabie saoudite montre au monde qu'il s'agit d'un problème mondial.  Les initiatives prises par le gouvernement ces dernières années témoignent de son engagement à traiter ces questions », a souligné Mme Mrema.

La Journée de l'initiative verte saoudienne reflète la vision de l'Arabie saoudite et sa volonté de promouvoir une culture de la durabilité (SPA).
La Journée de l'initiative verte saoudienne reflète la vision de l'Arabie saoudite et sa volonté de promouvoir une culture de la durabilité (SPA).

« Je me penche sur la Vision 2030 saoudienne, sur les stratégies environnementales de 2018, sur l'Initiative verte saoudienne. Je me réfère à l'Initiative verte pour le Moyen-Orient, qui s'engage à atteindre un niveau régional pour planter 50 milliards d'arbres, dont 10 que l'Arabie saoudite s'est engagée à planter dans ce pays. Il ne s'agit pas de s'engager verbalement, mais de mettre en place une institution pour s'assurer que cela se produise ».

Pour relever les trois défis de la sécheresse, de la désertification et de la dégradation des sols au Moyen-Orient, il faut adopter une approche à multiples facettes. Thiaw et Mrema sont d'avis que les gouvernements, les organisations internationales et les communautés locales doivent collaborer pour mettre en œuvre des stratégies de gestion durable de l'eau, promouvoir des technologies d'irrigation efficaces et investir dans les sources d'énergie renouvelables.

En outre, les efforts de reboisement et la protection des habitats naturels peuvent contribuer à réduire la désertification et la dégradation des sols.

La sensibilisation à l'importance des pratiques d'utilisation durable des terres et le soutien aux communautés touchées constituent une étape importante vers des solutions à long terme pour la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord et pour le monde entier.

En résumé, les pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord souffrent des effets de l'intensification de la sécheresse, de la désertification et de la dégradation des sols. Une action urgente est nécessaire pour inverser cette tendance et assurer la durabilité environnementale de la région.

En adoptant des méthodes durables, en investissant dans la gestion de l'eau et en promouvant des actions de conservation, les populations de la région seront en mesure de réduire la gravité de ces défis et de s'assurer un avenir plus stable.

 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com

 


Gaza: des groupes armés ont dérobé 66 millions d'euros à la Banque de Palestine, selon Le Monde

Des employés palestiniens font la queue devant un distributeur de billets à l'extérieur de la Banque de Palestine alors qu'ils attendent de retirer leur salaire, dans la ville de Gaza, le 9 avril 2018. (Photo de Mahmud Hams / AFP)
Des employés palestiniens font la queue devant un distributeur de billets à l'extérieur de la Banque de Palestine alors qu'ils attendent de retirer leur salaire, dans la ville de Gaza, le 9 avril 2018. (Photo de Mahmud Hams / AFP)
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  • Le 16 avril, des employés «ont constaté qu'un trou avait été foré dans le plafond de la salle des coffres», explique le journal, précisant que «les malfaiteurs ont mis la main sur des cassettes de distributeurs de billets
  • Le Monde décrit en outre les difficultés, en raison de la guerre, pour la Banque de Palestine de mettre à l'abri ses liquidités et pour les Gazaouis de se procurer de l'argent liquide

PARIS : Des groupes armés palestiniens, dont l'un se revendiquant du groupe islamiste Hamas, ont dérobé le mois dernier un total de 66 millions d'euros dans les coffres de plusieurs agences bancaires de Gaza, rapporte samedi Le Monde.

Le quotidien français a eu accès à un document transmis par la Banque de Palestine «à certains partenaires internationaux» qui décrit des casses spectaculaires dont celui survenu dans sa principale agence dans la ville de Gaza.

Le 16 avril, des employés «ont constaté qu'un trou avait été foré dans le plafond de la salle des coffres», explique le journal, précisant que «les malfaiteurs ont mis la main sur des cassettes de distributeurs de billets, contenant l'équivalent de 2,8 millions d'euros en shekels israéliens».

Le Monde poursuit: «Dès le lendemain matin, le 17 avril, +des groupes armés+ munis d'explosifs se sont de nouveau rendus dans le bâtiment» pour faire sauter le caisson de ciment coulé la veille pour protéger l'argent et ont ouvert trois coffres, «emportant l'équivalent de 29 millions d'euros en différentes devises».

Le 18 avril, c'est la seconde agence, la plus importante du centre-ville, qui a été assaillie par un «commando» d'hommes se réclamant «des plus hautes autorités à Gaza», une formule qui désigne le Hamas, rappelle le journal, et est reparti «avec l'équivalent de 33,6 millions d’euros en shekels israéliens».

Par ailleurs, l'armée israélienne a de son côté saisi dans l'enclave «une importante somme d'argent appartenant à l'institution», selon les informations du Monde. Le quotidien cite aussi des médias israéliens, qui «avaient rapporté en février que le montant confisqué se chiffrait à plusieurs dizaines de millions de dollars et que l'opération visait à éviter que le Hamas ne mette la main sur cette somme».

Le Monde décrit en outre les difficultés, en raison de la guerre, pour la Banque de Palestine de mettre à l'abri ses liquidités et pour les Gazaouis de se procurer de l'argent liquide.

«Seuls deux distributeurs de billets fonctionnent encore, à Rafah et à Deir Al-Balah (Sud), lorsqu'ils sont alimentés en électricité», souligne le journal.

Enfin, «selon des témoignages de Gazaouis, corroborés par des enregistrements de caméras de surveillance, des hommes armés et masqués rançonnent les clients devant les distributeurs, exigeant un pourcentage de leurs retraits», explique le journal.