Décès de l'ancien président chinois Jiang Zemin à l'âge de 96 ans

Sur cette photo d'archive prise le 12 octobre 1992, le secrétaire général du Parti communiste chinois Jiang Zemin se coiffe juste avant son discours au 14e Congrès du PCC à Pékin. (AFP)
Sur cette photo d'archive prise le 12 octobre 1992, le secrétaire général du Parti communiste chinois Jiang Zemin se coiffe juste avant son discours au 14e Congrès du PCC à Pékin. (AFP)
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Publié le Mercredi 30 novembre 2022

Décès de l'ancien président chinois Jiang Zemin à l'âge de 96 ans

  • Jiang Zemin avait dirigé son pays dans une ère de profonds bouleversements de 1989 jusqu'au début des années 2000
  • Il était arrivé au pouvoir au lendemain de la répression des manifestations de la place Tiananmen de Pékin

PEKIN: L'ex-président chinois Jiang Zemin est décédé mercredi à l'âge de 96 ans, ont annoncé les médias d'Etat, qui l'ont salué comme un grand révolutionnaire communiste ayant aidé à rétablir l'ordre durant les manifestations pro-démocratie de 1989.

Son décès survient alors que les autorités chinoises sont confrontées depuis plusieurs jours au mouvement de contestation le plus étendu depuis ces événements, contre les restrictions sanitaires anti-Covid et pour davantage de libertés politiques.

Arrivé au pouvoir au lendemain de la répression des manifestations de la place Tiananmen à Pékin, Jiang Zemin avait accompagné la transformation de la nation la plus peuplée du monde en une puissance mondiale, qu'il avait dirigée jusqu'au début des années 2000.

Son prédécesseur Deng Xiaoping l'avait appelé à la tête du Parti communiste chinois en juin 1989, impressionné par la maîtrise avec laquelle il venait de mettre fin pacifiquement aux manifestations dans sa ville de Shanghai (est), sans verser le sang comme à Pékin.

"Jiang Zemin est décédé de leucémie et d'une défaillance de plusieurs organes à Shanghai à 12H13 (04H13 GMT) le 30 novembre 2022, à l'âge de 96 ans", a annoncé l'agence d'Etat Chine nouvelle.

Les drapeaux seront en berne sur les bâtiments du Parti communiste et du gouvernement, a indiqué la télévision d'Etat CCTV.

Selon Chine nouvelle, sa mort a été annoncée dans une lettre des autorités chinoises exprimant une "profonde tristesse", adressée à l'ensemble du Parti communiste chinois, à l'armée et au peuple.

"Le camarade Jiang Zemin était (...) un grand marxiste, un grand révolutionnaire prolétarien, un homme d'État, un stratège militaire et un diplomate, un combattant communiste de longue date, et un leader exceptionnel de la grande cause du socialisme aux caractéristiques chinoises", a ajouté l'agence citant la lettre.

A Moscou, le Kremlin, plus dépendant que jamais du soutien tacite mais prudent de Pékin dans sa guerre contre l'Ukraine et dans le bras de fer avec les Occidentaux, a salué un "ami sincère" de la Russie, "un homme d'Etat exceptionnel" qui a amené les relations entre les deux pays "au niveau d'un partenariat de confiance et d'interaction stratégique".

«Vif et jovial»

L'annonce de son décès arrive alors qu'une vague de manifestations secoue plusieurs villes de Chine ces derniers jours, rappelant la mobilisation pro-démocratie de 1989, qui avait été réprimée dans le sang à Pékin.

"Pendant les graves troubles politiques qui ont secoué la Chine au printemps et à l'été 1989, le camarade Jiang Zemin a soutenu et appliqué la décision correcte du Comité central du Parti pour s'opposer aux troubles, défendre le pouvoir d'État socialiste et sauvegarder les intérêts fondamentaux du peuple", selon CCTV.

Dans la population, Jiang Zemin a aussi laissé l'image d'un dirigeant au caractère affable. "Il y avait beaucoup de problèmes de corruption à l'époque, mais c'est quelqu'un qui était vif et jovial", a confié Wang Yi, une habitante de Pékin. "Les médias étaient aussi plus libres à son époque de faire des reportages critiques sur les problèmes de la société".

Mais il a aussi été critiqué pour n'avoir pas réussi à régler certains problèmes comme la corruption, les inégalités, la dégradation de l'environnement et des réformes du secteur de l'Etat qui ont entraîné des licenciements massifs.

Mèmes et nostalgie

Il aura été 13 ans à la tête du parti (1989-2002) et président durant 10 ans (1993-2003).

Une fois à la retraite, il a fait l'objet de nombreux mèmes amusants, des jeunes se surnommant les "adorateurs du crapaud" en référence à son allure. Des mèmes postés en quantité mercredi par les usagers chinois sur les réseaux sociaux, avec moult hommages au "roi crapaud" laissant apparaître une certaine nostalgie pour une époque perçue comme plus libre.

Plus d'un demi-million de personnes ont posté dans l'heure le message de CCTV annonçant son décès sur Weibo, le Twitter chinois. Beaucoup évoquaient "Grand-père Jiang".

Certains ont lancé des piques à l'actuel dirigeant. "L'ère Jiang, même si elle ne fut pas la plus prospère, était plus tolérante", a écrit un usager de Weibo. "J'ai entendu beaucoup de reproches le concernant, mais le fait qu'il autorisait les voix critiques à exister montre à quel point il est digne d'éloges", a renchéri un autre.

Nombre des messages les plus humoristiques ont été censurés en quelques minutes sur Weibo.

Les "adorateurs du crapaud" lui ont également rendu hommage. "Repose en paix, roi crapaud", a écrit l'un sur Weibo. "Crapaud ... pourais-tu emmener Winnie l'ourson?", demandait un autre en utilisant un surnom interdit désignant l'actuel président Xi Jinping.

Sur l'application populaire WeChat, des liens étaient postés avec des chansons intitulées "Dommage que ce ne soit pas toi" ou "Pas la bonne personne", en référence à M. Xi. Les commentaires sur la première chanson ont été supprimés sur le service de musique en streaming NetEase peu après la mort de Jiang Zemin.

Selon les analystes, Jiang Zemin et son "gang de Shanghai" - la faction le soutenant - ont continué à avoir une grande influence sur la politique chinoise longtemps après son départ du pouvoir.

A l'annonce de son décès, les médias d'Etat ont tous publié la même photo en noir et blanc d'un chrysanthème sur les comptes officiels de Weibo.

Quand il avait officiellement été désigné en 1989 par l'ex-dirigeant Deng Xiaoping comme son successeur, la Chine n'en était qu'aux prémices de sa modernisation économique.

Lorsqu'il a quitté ses fonctions en 2003, elle était devenue membre de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), avait remporté l'organisation des Jeux olympiques de Pékin 2008 et devenait une superpuissance.

Il laisse derrière lui sa femme Wang Yeping ainsi que deux fils.


Accord entre l'UE et le Mercosur: l'effet Trump fait monter la pression sur la France

Le militant agricole français Jérôme Bayle (C-R) marche vers les gendarmes français devant des véhicules arrêtés lors d'une manifestation contre l'accord de libre-échange Mercosur de l'Union européenne, à la frontière entre la France et l'Espagne, près de Fos, le 10 février 2025. (AFP)
Le militant agricole français Jérôme Bayle (C-R) marche vers les gendarmes français devant des véhicules arrêtés lors d'une manifestation contre l'accord de libre-échange Mercosur de l'Union européenne, à la frontière entre la France et l'Espagne, près de Fos, le 10 février 2025. (AFP)
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  • Les tensions commerciales avec les Etats-Unis offrent un nouvel argument aux Etats européens favorables au traité de libre-échange avec l'Amérique latine
  • Le Mercosur est "un sujet de flottement entre la France et l'Allemagne", reconnaît aussi la ministre française de l'Agriculture Annie Genevard

BRUXELLES: Et si l'accord avec le Mercosur était adopté par l'UE grâce à Donald Trump?

Les tensions commerciales avec les Etats-Unis offrent un nouvel argument aux Etats européens favorables au traité de libre-échange avec l'Amérique latine, et la pression monte sur la France.

Le futur chancelier allemand Friedrich Merz s'est engouffré dans la brèche. "L'équilibre du monde se déplace et nous les Européens avons besoin très rapidement" de nouveaux partenaires commerciaux, a-t-il insisté sur la chaîne ARD.

Avant de lancer une pierre dans le jardin de l'Elysée: Emmanuel Macron aurait "maintenant tendance" à regarder plus favorablement l'accord avec les pays latino-américains du Mercosur, s'est avancé Merz.

A Paris, qui redoute une nouvelle fronde agricole, on dément tout changement de pied. "Le projet d'accord n'a pas changé et n'est donc pas acceptable en l'état", assure une source diplomatique.

Le Mercosur est "un sujet de flottement entre la France et l'Allemagne", reconnaît aussi la ministre française de l'Agriculture Annie Genevard. Mais hors de question de "sacrifier l'agriculture française sur l'autel d'un accord à tout prix", lance-t-elle, en mettant en avant des risques pour des filières comme la volaille, le boeuf ou le sucre.

L'avenir de ce traité de libre-échange pourrait être au coeur des tractations entre Paris et Berlin, qui veulent profiter de l'arrivée de Merz pour relancer le couple franco-allemand.

Et à la Commission européenne comme au Parlement, nombreux soulignent que le changement de la donne commerciale avec les Etats-Unis pèse dans la balance.

En Autriche par exemple, le ministre de l'Economie Wolfgang Hattmannsdorfer est désormais ouvertement favorable à l'accord, même si son pays reste officiellement opposé au traité.

A Paris, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, soutient ce rapprochement UE/Mercosur pour "amortir les chocs" liés à la politique commerciale de Donald Trump.

De son côté, la Commission européenne milite sans cesse pour une diversification tous azimuts des débouchés commerciaux, tant les incertitudes sont nombreuses avec les Etats-Unis.

"Dans un monde instable", l'intérêt du traité avec le Mercosur est "très clair", a répété l'exécutif européen le 10 avril.

- "Avant la fin de l'été" -

Cet accord de libre-échange avec l'Argentine, le Brésil, l'Uruguay et le Paraguay devrait notamment permettre à l'Union européenne d'exporter plus facilement ses voitures, machines, produits pharmaceutiques ou spiritueux.

En retour, il faciliterait les exportations sud-américaines de viande, sucre, riz, miel ou soja, ce qui alarme les filières concernées en Europe.

La Commission compte rassurer "tous les Etats membres" et veut présenter un texte au Parlement "avant la fin de l'été", a affirmé un de ses porte-paroles Olof Gill.

Mais les eurodéputés restent divisés. "On ne sait pas de quel côté la pièce va tomber" en cas de vote, reconnaît la centriste française Marie-Pierre Vedrenne (Renew).

Cette élue, qui a toujours été plutôt ouverte au Mercosur, trouve "à titre personnel, qu'on ne peut plus rester dans une logique d'opposition primaire. Vu l'état du monde, ce ne serait pas très sérieux et responsable", argue-t-elle.

Sauf que la ligne du président Macron "n'a pas changé", convient la parlementaire. "Ca s'est beaucoup cristallisé en France". L'opposition au Mercosur est "devenue un sujet d'union nationale".

Aux yeux d'un fonctionnaire européen, en France, sur le Mercosur "rationnellement ça devrait bouger" mais "politiquement ça ne peut pas bouger" car "le gouvernement tomberait" s'il soutient cet accord contesté par des élus de tous bords, estime-t-il.

Pour être approuvé, le traité doit d'abord recevoir l'aval de quinze Etats membres représentant au moins 65% de la population européenne.

Au sein des 27, la France espérait jusqu'ici réunir une minorité de blocage --au moins quatre Etats représentant plus de 35% de la population de l'UE-- contre le traité Mercosur. Mais "vu le contexte, elle ne l'aura probablement pas", pronostique déjà une source à la Commission.

S'il est validé, l'accord serait soumis au Parlement européen, où son adoption demeure incertaine.

Côté calendrier, dans les chancelleries comme chez les eurodéputés, on considère que rien ne se passera tant que la Pologne, hostile au Mercosur, occupe la présidente tournante du Conseil de l'UE.

Mais les Polonais passent le témoin début juillet au Danemark, qui pourrait mettre ce dossier inflammable à l'ordre du jour.


Rubio jeudi à Paris pour des discussions sur l'Ukraine

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio participe à un entretien après une réunion avec des responsables russes, au palais de Diriyah, à Riyad, en Arabie saoudite, le 18 février 2025. (AFP)
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio participe à un entretien après une réunion avec des responsables russes, au palais de Diriyah, à Riyad, en Arabie saoudite, le 18 février 2025. (AFP)
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  • Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio va se rendre à Paris mercredi pour des discussions sur le conflit en Ukraine
  • Le secrétaire d'Etat aura des entretiens jeudi avec son homologue français Jean-Noël Barrot au cours desquels "ils aborderont ensemble plusieurs crises internationales: guerre en Ukraine, situation au Proche-Orient, dossier nucléaire iranien"

WASHINGTON: Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio va se rendre à Paris mercredi pour des discussions sur le conflit en Ukraine notamment, a annoncé le département d'Etat, au moment où les relations entre les Etats-Unis et l'Europe sont tendues.

M. Rubio sera accompagné de l'émissaire spécial pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, pour des "discussions avec leurs homologues européens afin d'avancer l'objectif du président Trump de mettre fin à la guerre entre l'Ukraine et la Russie et d'arrêter la tuerie", selon un communiqué.

Le secrétaire d'Etat aura des entretiens jeudi avec son homologue français Jean-Noël Barrot au cours desquels "ils aborderont ensemble plusieurs crises internationales: guerre en Ukraine, situation au Proche-Orient, dossier nucléaire iranien", selon une source diplomatique.

Traditionnellement, les secrétaires d'Etat américains sont reçus à l'Elysée mais aucune rencontre avec le président Emmanuel Macron n'a été annoncée pour le moment.

Il s'agira du troisième déplacement en Europe de M. Rubio depuis sa prise de fonctions après sa participation à la conférence sur la sécurité à Munich mi-février et une réunion de l'Otan à Bruxelles en mars.

Tandis que M. Rubio sera à Paris, le ministre français des Armées Sébastien Lecornu sera lui à Washington jeudi où il s'entretiendra avec le ministre américain de la Défense, Pete Hegseth.

Outre l'épineux dossier des droits de douane, qui avive les tensions entre Washington et les capitales européennes, l'administration Trump ne cesse d'augmenter sa pression sur les Européens accusés d'abuser des Etats-Unis notamment dans le cadre de l'Otan.

Les négociations à l'initiative de Donald Trump en vue d'un cessez-le-feu général entre Kiev et Moscou n'ont pour l'instant pas abouti, l'attaque russe dimanche contre Soumy, dans le nord-est de l'Ukraine, ayant causé la mort d'au moins 35 civils, venant rappeler selon Washington et Paris l'urgence à trouver une issue au conflit.

L'émissaire du président américain avait affirmé lundi, trois jours après une nouvelle rencontre avec le chef de l'Etat russe Vladimir Poutine, que les pourparlers étaient "sur le point" de permettre des avancées.

La France et le Royaume-Uni sont tout particulièrement engagés dans les discussions en vue d'apporter des garanties de sécurité pour l'Ukraine en cas de cessez-le-feu.

Les entretiens à Paris interviennent, par ailleurs, au moment où de rares discussions entre Téhéran et Washington sur le programme nucléaire de l'Iran ont eu lieu samedi dernier dans le sultanat d'Oman, et qu'un nouveau round est prévu le 19 avril à Rome, toujours sous la médiation d'Oman.

Les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, soupçonnent de longue date l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. Téhéran rejette ces allégations et défend un droit au nucléaire à des fins civiles, notamment pour l'énergie.


Alzheimer : la vente d'un traitement pour certains patients est autorisée par Bruxelles

Vue générale prise le 04 novembre 2010 au Mans, de l'atrium, équipé d'un bar, d'une boutique de coiffeuse-esthéticienne et d'une volière, de "La Souvenance", maison d'accueil de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.
Vue générale prise le 04 novembre 2010 au Mans, de l'atrium, équipé d'un bar, d'une boutique de coiffeuse-esthéticienne et d'une volière, de "La Souvenance", maison d'accueil de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.
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  • L'autorisation de ce traitement, commercialisé sous le nom de Leqembi, a été accordée mardi, sur la base d'une analyse scientifique de l'EMA
  • Le Leqembi, mis au point par les laboratoires pharmaceutique japonais Eisai et américain Biogen, a été autorisé en janvier 2023 aux États-Unis.

BRUXELLES : La Commission européenne a annoncé mercredi qu'elle avait formellement autorisé un traitement destiné à réduire le déclin cognitif chez certaines personnes souffrant de la maladie d'Alzheimer, après le feu vert de l'Agence européenne des médicaments.

L'autorisation de ce traitement, commercialisé sous le nom de Leqembi, a été accordée mardi, sur la base d'une analyse scientifique de l'EMA « qui a conclu que les bénéfices de ce médicament étaient supérieurs aux risques », a souligné la Commission dans un communiqué.

Fin 2024, le régulateur européen avait recommandé d'accorder une autorisation de mise sur le marché du Leqembi (lécanemab) pour « le traitement des troubles cognitifs légers (troubles de la mémoire et de la pensée) ou de la démence légère dus à la maladie d'Alzheimer (maladie d'Alzheimer au stade précoce) ».

Elle avait précisé que ce feu vert était valable uniquement pour les patients présentant un risque plus faible d'hémorragie cérébrale potentielle, c'est-à-dire ceux qui n'ont « qu'une ou aucune copie du gène ApoE4 », un type de gène connu pour être un facteur de risque important pour la maladie d'Alzheimer.

Le Leqembi, mis au point par les laboratoires pharmaceutique japonais Eisai et américain Biogen, a été autorisé en janvier 2023 aux États-Unis pour les patients n'ayant pas atteint un stade avancé de la maladie. Il est également commercialisé au Japon et en Chine.

Malgré des décennies de recherche, les scientifiques n'ont pas encore réussi à faire une véritable percée dans la lutte contre la maladie d'Alzheimer, qui touche des dizaines de millions de personnes dans le monde.