PARIS: Créé en 2013 par l’Institut du monde arabe (IMA) et la fondation Lagardère, le Prix de la littérature arabe est l’une des rares récompenses françaises distinguant la création littéraire arabe. Ce prix (doté de dix mille euros) promeut l’œuvre – roman ou recueil de nouvelles – d’un écrivain ressortissant de la Ligue arabe et auteur d’un ouvrage écrit ou traduit en français, publié entre le 1er septembre 2021 et le 31 août 2022.
Lors de la cérémonie de remise du prix de cette dixième édition organisée le 23 novembre à l’IMA, Jack Lang, président de l’institut, a rappelé le caractère unique de ce prix et son rôle essentiel en tant que «caisse de résonance pour les écrivains qui témoignent de l’extraordinaire vitalité de la littérature contemporaine arabe». Quant à Pierre Leroy, directeur général délégué de Lagardère SA et P.-D.G. de Hachette Livre, il a souligné que l’ambition de la fondation Lagardère est «de contribuer à promouvoir la littérature arabe, encore trop souvent privée de l’écho qu’elle mérite en Europe, parce que le livre est et doit rester un puissant vecteur de découverte et de compréhension entre les cultures».
Les membres du jury
Nicolas Carreau, écrivain et chroniqueur;
Nada al-Hassan, spécialiste du patrimoine culturel;
Mahi Binebine, peintre et écrivain;
Mustapha Bouhayati, directeur de la fondation Luma à Arles;
Gilles Gauthier, ancien ambassadeur de France au Yémen, traducteur des livres d’Alaa el-Aswany;
Pauline Hauwel, secrétaire générale du groupe Lagardère;
Houda Ibrahim, auteur et journaliste à Radio France internationale (RFI);
Alexandre Najjar, avocat, écrivain, Grand Prix de la Francophonie 2020;
Nathalie Sfeir, libraire, chargée du rayon du livre arabe à la librairie-boutique de l'IMA
Présidé par Pierre Leroy, le jury, composé de personnalités du monde des arts et de la culture ainsi que de spécialistes du monde arabe, a décerné le Prix de la littérature arabe 2022 à Yamen Manaï pour son roman Bel Abîme, paru aux éditions Elyzad. Né à Tunis en 1980, Yamen Manaï vit à Paris. Ingénieur en informatique, le lauréat est l’auteur de trois autres romans – La Marche de l’incertitude, La Sérénade d’Ibrahim Santos et L’Amas ardent – qui ont été publiés dans la même maison d’édition. Il a également été récompensé du prix Orange du Livre en Afrique 2022 avec le même roman, Bel Abîme.
«J’ai écrit ce roman sur l’envers de la carte postale tunisienne. Au moment où je l’ai achevé, en janvier 2021, les jeunes sont sortis dans la rue, la nuit, en colère, en rage (…) ces dernières années, tout ce qui est arabe est sulfureux, suspect et inquiétant. Nous avons très peu l’occasion d’être fiers de cette identité, de la célébrer, surtout en Occident», souligne Yamen Manaï. «Ce prix est une merveilleuse occasion de le faire. Il est une belle preuve de fraternité, une main tendue vers cette littérature qui ne cherche qu’à s’envoler», ajoute-t-il.
Lors de cette cérémonie, la distinction «Une mention spéciale» a été attribuée à l’écrivain soudanais Hammour Ziada pour son roman Les Noyées du Nil, paru aux éditions Sindbad et Actes Sud. Le roman a été traduit de l’arabe au français par Marcella Rubino et Qaïs Saadi.
Création du Prix de la littérature arabe des lycéens
Annoncé par Pierre Leroy, un Prix de la littérature arabe des lycéens sera créé en partenariat avec l’académie de Versailles qui englobe quatre départements: les Yvelines, les Hauts-de-Seine, le Val-d’Oise et l’Essonne. Déléguée académique à l’éducation artistique et à l’action culturelle du rectorat de Versailles, Marianne Calvayrac se dit «fière et très émue d’annoncer la création de ce prix». Elle le considère comme «particulièrement singulier à plusieurs titres; parce qu’il s’inscrit dans une démarche d’excellence qui permet d’aborder des écritures, une langue, avec les enjeux de la traduction et de l’interprétation, mais aussi dans un véritable parcours de l’éducation nationale artistique et culturelle. Ce prix s’inscrit aussi dans une réflexion sensible qu’on appelle à l’école “les enjeux d’interculturalité” qui, avec cette démarche, doit nous permettre d’avancer toujours plus dans la construction d’un regard sur l’altérité et sur les différentes cultures du monde, en l’occurrence sur le monde arabe», conclut-elle.