LONDRES: Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a exhorté mardi les pays riches à aider les pays vulnérables face au changement climatique lors d'une visite d'Etat en grande pompe à Londres, la première pour le roi Charles depuis son accession au trône.
Dans la foulée de la COP27 en Egypte, le dirigeant sud-africain a fait valoir devant des parlementaires britanniques que l'accord pour créer un fonds au profit des pays pauvres devait se traduire en monnaie sonnante et trébuchante.
"Ce n'est pas de la charité", a-t-il déclaré, mais "une compensation pour le mal qui a été fait et le mal à venir, aux peuples des économies en développement comme conséquence de l'industrialisation des pays riches".
Le dirigeant sud-africain a été accueilli à Londres par le roi, la reine consort Camilla, le prince héritier William et son épouse Kate lors d'une cérémonie traditionnelle sur la place Horse Guard Parade.
M. Ramaphosa a passé en revue avec Charles III la garde d'honneur, avant qu'une procession en carrosse ne les mène jusqu'au Palais de Buckingham, en parcourant le Mall, l'artère qui y mène, orné de drapeaux britanniques et sud-africains.
Cette visite d'Etat de deux jours est la première du roi Charles III depuis qu'il a accédé au trône après la mort d'Elizabeth II début septembre.
Mémorial Mandela
"Le fait que l'Afrique du Sud soit le premier pays accueilli (pour une visite d'Etat) par sa majesté le roi montre notre engagement pour développer des partenariats avec l'Afrique", a déclaré sur Twitter le ministre des Affaires étrangères James Cleverly.
Devant des députés britanniques, le président Ramaphosa a reconnu que la corruption est endémique dans son pays, une pratique dont lui-même est accusé par ses opposants.
Il a mis en avant les efforts de son gouvernement pour "reconstruire" l'économie après la pandémie et a exhorté le Royaume-Uni à accepter davantage d'étudiants sud-africains.
A l'occasion de cette visite, Cyril Ramaphosa, venu à Londres en septembre pour les funérailles d'Elizabeth II, s'est rendu à l'Abbaye de Westminster, où se trouve un mémorial en hommage à Nelson Mandela, grand ami de la défunte souveraine britannique.
Le président est invité d'honneur mardi soir d'un banquet d'Etat au palais de Buckingham.
Son épouse, Tshepo Motsepe, n'a finalement pas fait le déplacement à Londres, car elle se remet d'une récente opération des yeux, a indiqué à l'AFP la présidence sud-africaine.
Enfin, M. Ramaphosa aura mercredi un entretien avec le Premier ministre Rishi Sunak, durant lequel les deux dirigeants devraient notamment évoquer la coopération économique entre leurs deux pays.
Ils lanceront la nouvelle phase du partenariat existant entre Pretoria et Londres pour le développement d'infrastructures en Afrique du Sud et signeront un nouveau partenariat sur les minerais utilisés dans les technologies contribuant à la lutte contre le changement climatique, a indiqué Downing Street.
« Projets ambitieux »
"L'Afrique du Sud est déjà le plus important partenaire commercial du Royaume-Uni sur le continent et nous avons des projets ambitieux pour stimuler ensemble l'investissement dans les infrastructure et la croissance économique", a affirmé le Premier ministre britannique Rishi Sunak dans un communiqué.
Ce rendez-vous diplomatique intervient dans un contexte délicat en Afrique du Sud pour Cyril Ramaphosa, qui fait face à la colère de la population en raison de la situation économique.
Il est aussi accusé, ce qu'il nie, d'avoir acheté le silence de cambrioleurs tombés sur plusieurs millions en argent liquide dans l'une de ses propriétés en février 2020, nourrissant des soupçons de blanchiment et corruption.
Les résultats d'une enquête en cours pourrait ouvrir au Parlement sud-africain un vote pour la destitution de M. Ramaphosa, qui dénonce une manoeuvre politique pour l'empêcher d'être candidat pour un second mandat à la présidentielle de 2024.
Cette visite d’Etat est la première organisée au Royaume-Uni depuis juin 2019 lorsque la reine Elizabeth II avait reçu l’ancien président américain Donald Trump et son épouse Melania.
Le précédent président sud-africain Jacob Zuma était venu en visite d’Etat en 2010.