Charbon trop cher: La Nouvelle-Calédonie peine à payer son électricité

La Nouvelle-Calédonie ne bénéficie pas du système de compensation qui permet au consommateur des départements d’Outre-mer de payer le même prix de l’électricité que dans l’Hexagone  (Photo, AFP).
La Nouvelle-Calédonie ne bénéficie pas du système de compensation qui permet au consommateur des départements d’Outre-mer de payer le même prix de l’électricité que dans l’Hexagone (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Lundi 21 novembre 2022

Charbon trop cher: La Nouvelle-Calédonie peine à payer son électricité

  • Le territoire compte désormais 39 fermes photovoltaïques produisant 178 mégawatts/heure
  • «Le prix du charbon a été multiplié par presque cinq, et la crise en Ukraine a des conséquences qui nous sont défavorables»

NOUMÉA: Face à l'envolée des cours du charbon liée à la guerre en Ukraine, le système électrique calédonien est menacé de faillite: 80% de l'électricité produite en Nouvelle-Calédonie provient de combustibles fossiles importés et son gestionnaire redoute tout bonnement la cessation de paiement.

La Société néo-calédonienne d'énergie (Enercal), société d'économie mixte dont la Nouvelle-Calédonie est l'actionnaire majoritaire depuis 2008, a fait ses comptes: elle sera en cessation de paiement d'ici à la fin de l’année si aucune mesure visant à compenser son déficit n'est prise, a-t-elle elle-même annoncé fin octobre.

"Le prix du charbon a été multiplié par presque cinq, et la crise en Ukraine a également des conséquences qui nous sont défavorables sur le taux de change. Or toutes les projections nous montrent que la situation ne va pas s’arranger avant au moins trois ans", a indiqué à l'AFP le directeur général d'Enercal, Jean-Gabriel Faget.

Selon Enercal, les conséquences de la guerre en Ukraine devraient entraîner un déficit supplémentaire de 42 millions d’euros pour l'année 2022. Un chiffre conséquent qui s'ajoute au déficit global de l'entreprise de 75,6 millions d'euros.

Un véritable casse-tête pour le gouvernement local, déjà contraint de voter en début d’année une augmentation de 11% du tarif public, gelé depuis 2012. Un gel jamais compensé jusque-là par les pouvoirs publics auprès de l’entreprise. Pour faire face au surcoût, il faudrait "augmenter à nouveau le tarif public, d’environ 20%", selon les estimations d'Enercal.

Une situation "inenvisageable", estime Christopher Gyges, membre du gouvernement local en charge de la transition énergétique, qui entend plutôt "solliciter l’État au titre de la solidarité nationale".

La Nouvelle-Calédonie ne bénéficie pas du système de compensation qui permet au consommateur des départements d’Outre-mer de payer le même prix de l’électricité que dans l’Hexagone, malgré les surcoûts liés à l’insularité.

«Dépendance»

Sur le moyen et long terme, le gouvernement local mise "sur les énergies renouvelables pour sortir de la dépendance aux énergies fossiles", indique Christopher Gyges.

La Nouvelle-Calédonie s’est dotée, pour la période 2016-2022, d'un ambitieux schéma de transition énergétique qui a permis de faire passer la part des énergies renouvelables dans la production d’électricité de 10 à 23%.

Le territoire compte désormais 39 fermes photovoltaïques produisant 178 mégawatts/heure. 25 nouveaux sites de production devraient sortir de terre entre 2023 et 2025. "L’objectif, c’est que l’équivalent de la consommation publique, c'est-à-dire hors secteur métallurgique, soit produit à partir d'énergies renouvelables d’ici à 2030", ajoute M. Gyges.

La mise à jour de ce schéma pourrait être appliquée au nickel, qui compte trois usines, faisant de l'archipel un endroit extrêmement industrialisé, au regard de sa population de 270.000 habitants. Quelque 75% de l’électricité produite est d’ailleurs consommée par la métallurgie et le nouveau texte prévoit donc de porter à 50% la part du renouvelable dans l’alimentation électrique du secteur.

Reste l’épineuse question du stockage de l’énergie produite, dans des batteries de lithium-ion. "Aujourd’hui, le stockage sur batterie lithium-ion, c’est une solution qui est extrêmement chère. Le kilowatt·heure qui entre dans une batterie, à la sortie, son prix est multiplié par trois", souligne Jean-Gabriel Faget.

Le gouvernement entend développer des stations de transfert d'énergie par pompage qui fonctionnent en pompant de l'eau avec l'énergie photovoltaïque le jour et utilisent cette eau pour faire tourner les turbines la nuit et produire de l'électricité. Une alternative plus économique, mais nécessitant des investissements importants : 600 millions d’euros pour deux unités capables de stocker 300 mégawatts.

Au total, 2,4 milliards d’euros d’investissement sont prévus pour le développement des énergies renouvelables. Une somme colossale qui fait débat : présentée aux élus du congrès de la Nouvelle-Calédonie, son examen a été reporté par la majorité indépendantiste de l’assemblée, qui a estimé ne pas avoir de visibilité suffisante sur la capacité du territoire à soutenir ces investissements.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
Short Url
  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Short Url
  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Short Url
  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".