PARIS: Le député LFI Ugo Bernalicis veut continuer ses "live" sur la plateforme Twitch depuis les bancs de l'Assemblée, défendant vendredi un "exercice d'éducation civique" et contestant dans la soirée une demande de la présidente de cesser sa démarche.
"Cela permet à des gens de s'intéresser à ce qui passe à l'Assemblée nationale, d'avoir des explications en direct et de se sentir partie prenante des débats", a-t-il fait valoir auprès de l'AFP.
Le député du Nord échange en direct depuis l'hémicycle avec ses quelque 8.400 abonnés sur son compte "DepuTwitch", où il relaie le flux vidéo de l'Assemblée, qu'il commente. Vendredi, en fin d'après-midi puis en début de soirée, il a relancé son "stream" lors des débats sur le projet de loi d'orientation et de programmation du ministère de l'Intérieur (Lopmi), sans déclencher sa webcam, se contentant de tchatter avec ses abonnés.
"On m'a indiqué à plusieurs reprises que vous faisiez un live Twitch en direct de l'hémicycle, des vice-présidents vous ont rappelé que c'était contraire à l'instruction générale du Bureau en son article 9", lui a signifié la présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet (Renaissance).
"Je vous demanderai (...) de cesser immédiatement autrement je serai réellement contrainte de prononcer un rappel à l'ordre", a-t-elle poursuivi.
"Au titre de l'article 9 (...) il est interdit de téléphoner à l'intérieur de l'hémicycle, ce que je ne fais pas", a rétorqué Ugo Bernalicis. "Je crois que dans notre pays ce qui n'est pas interdit est autorisé, ça reste encore le cadre général".
"Dans cette Assemblée, c'est moi en tant que Présidente qui veille à appliquer le règlement", a répondu Yaël Braun-Pivet, déclarant que l'interdiction s'étendait "à tout flux de communication".
Réclamant une "preuve" que son initiative était contraire au règlement, le député insoumis n'a pas clôturé son "live" après cet échange.
Lors de débats animés mercredi, il avait été rappelé à l'ordre par la vice-présidente Valérie Rabault (PS), après des plaintes de députés de la majorité.
"Communiquer avec l'extérieur pendant la séance publique en retransmettant les flux des débats et des commentaires, ou en les commentant, contrevient" aux règles fixées par le Bureau, la plus haute instance de l'Assemblée, a-t-elle dit.
Outre M. Bernalicis, son collègue Insoumis Antoine Léaument, lui aussi actif sur Twitch, avait été interpellé mercredi par le député Renaissance Florent Boudié, qui l'avait remercié ironiquement de lui avoir "donné l'occasion" d'accéder "pour la première fois de (sa) vie" à Twitch.
Concernant l'interdiction de communiquer avec l'extérieur, "ça veut dire que plus personne ne peut faire de tweets", a fait valoir M. Bernalicis.
"Les seuls autres collègues qu'on peut voir sont ceux derrière moi, ce qui peut techniquement se régler si c'est ça le problème", a-t-il dit.
Les règles nécessitant selon lui d'être clarifiées, il envisage de poursuivre ses "live" sans webcam, se contentant de commentaires écrits.
"On fait un exercice d'éducation populaire, d'éducation civique, auprès des gens", a-t-il fait valoir.