DOHA: Face à un mur d'écrans digne de la Nasa, des techniciens contrôlent les portes, les communications aux spectateurs ou encore les 15.000 caméras des huit stades qui accueilleront la Coupe du monde de football au Qatar du 21 novembre au 18 décembre.
D'une fuite dans des toilettes à un problème de sécurité, tous les incidents susceptibles d'intervenir dans les stades sont gérés dans un même lieu, pour "la première fois dans l'histoire de la Coupe du monde", se félicite le responsable de la technologie de ce centre de contrôle, Niyas Abdulrahiman.
"L'idée de connecter tous les stades (...) est rendue possible par la nature compacte de ce Mondial", avec 75 kilomètres seulement séparant les deux enceintes les plus éloignées, explique-t-il.
Les organisateurs du premier Mondial de foot dans un pays arabe ont dépensé près de 6 milliards d'euros pour construire sept stades, en rénover un et se doter des terrains d'entraînement nécessaires. Ils souhaitent que leur QG devienne une référence pour les événements sportifs internationaux.
Avec entre 1,2 et 1,4 million de spectateurs attendus sur quatre semaines, un accès moins restreint qu'en temps normal aux boissons alcoolisées - bien que les règles n'aient pas encore été précisées à ce sujet - et jusqu'à quatre matches par jour pendant la phase de groupes, ce centre situé dans le complexe du Stade Khalifa de Doha jouera un rôle central.
Les foules attendues dans les rues de la capitale inquiètent en effet les agences de sécurité, alors que des renforts sont attendus de l'étranger pendant l'événement, dont plus de 3.000 brigadiers anti-émeute turcs.
Les supporters ont déjà subi un premier filtrage lors des commandes de billets, les noms figurant sur une liste noire de hooligans et de fraudeurs ayant été écartés.
«Yeux et oreilles»
A Doha, les fans seront suivis dans la rue par des caméras de surveillance omniprésentes, dotées de la technologie de la reconnaissance faciale.
Par ailleurs, des experts de l'université du Qatar ont mis au point des systèmes de surveillance par drone qui, selon eux, donneront les estimations les plus précises du nombre de personnes dans les rues.
"Quoi qu'il arrive, nous avons une réponse en place", assure Hamad Al-Mohannadi, le directeur du centre de contrôle. "Tant qu'il n'y a pas de dégât matériel et que personne n'est blessé, nous nous contenterons de regarder. Nous devrons signaler et gérer tout ce qui concerne les dommages matériels ou aux personnes."
Outre contrôler l'air conditionné et les embouteillages aux portes d'entrée, ce QG accueillera la police les jours de match pour faire le lien avec le centre de commandement des forces de l'ordre.
D'après M. Abdulrahiman, ce centre permet d'avoir "les yeux, les oreilles et une présence dans tous les stades en même temps".
"Nous pouvons visionner l'ensemble des 15.000 caméras (équipées d'un système de reconnaissance faciale, ndlr) réparties dans les huit stades et faire la surveillance d'ici", précise-t-il. "Nous recevons beaucoup de données et nous allons les utiliser au maximum."
Les alarmes s'affichent immédiatement sur les écrans et la réaction est instantanée. - "Contrôler les choses" -
En cas d'incident, les hommes derrière ces moniteurs peuvent "contrôler les choses, placer les autres stades à différents niveaux d'alerte et prendre des mesures de précaution simultanément".
"Un stade peut être évacué et nous pouvons sécuriser le périmètre autour d'un autre et empêcher les gens d'entrer", poursuit le responsable.
"Vous pouvez diffuser des contenus sur les écrans dans les couloirs pour tout scénario sur lequel vous voulez communiquer avec les fans", dans un stade ou dans plusieurs en même temps.
Il est possible de savoir combien de personnes s'y trouvent à un moment donné et combien de métros et de bus sont à proximité.
Il existe également de modèles virtuels de chaque enceinte afin de trouver le meilleur moyen d'accéder à une salle ou à un équipement spécifique.
"Ce que vous voyez ici est un nouveau standard, une nouvelle tendance dans l'exploitation des stades. C'est la contribution du Qatar pour le monde du sport. Ce que vous voyez ici est l'avenir", conclut Abdulrahiman.