Ethiopie: premier convoi d'aide alimentaire de l'ONU au Tigré depuis le cessez-le-feu

Selon l'agence onusienne, le convoi de mercredi est passé par la région voisine de l'Amhara. Cet itinéraire n'était plus utilisé depuis une offensive rebelle hors du Tigré en juin 2021. (Photo, AFP)
Selon l'agence onusienne, le convoi de mercredi est passé par la région voisine de l'Amhara. Cet itinéraire n'était plus utilisé depuis une offensive rebelle hors du Tigré en juin 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 16 novembre 2022

Ethiopie: premier convoi d'aide alimentaire de l'ONU au Tigré depuis le cessez-le-feu

Selon l'agence onusienne, le convoi de mercredi est passé par la région voisine de l'Amhara. Cet itinéraire n'était plus utilisé depuis une offensive rebelle hors du Tigré en juin 2021. (Photo, AFP)
  • Il s'agit du premier convoi du PAM entrant au Tigré depuis l'interruption fin août de l'acheminement de l'aide humanitaire en raison de la reprise des combats après cinq mois de trêve
  • Mi-octobre, le PAM estimait que 5,4 millions de personnes avaient besoin d'aide alimentaire au Tigré, soit environ 90% de ses quelque six millions d'habitants

ADDIS ABEBA: Un convoi du Programme alimentaire mondial (PAM) est entré mercredi dans la région éthiopienne du Tigré, le premier depuis la signature début novembre d'un accord destiné à mettre fin à deux ans de conflit dans le nord de l'Ethiopie.

Il s'agit aussi du premier convoi du PAM entrant au Tigré depuis l'interruption fin août de l'acheminement de l'aide humanitaire en raison de la reprise des combats après cinq mois de trêve.

Mi-octobre, le PAM estimait que 5,4 millions de personnes avaient besoin d'aide alimentaire au Tigré, soit environ 90% de ses quelque six millions d'habitants.

Selon l'agence onusienne, le convoi de mercredi est passé par la région voisine de l'Amhara. Cet itinéraire n'était plus utilisé depuis une offensive rebelle hors du Tigré en juin 2021.

Les forces et milices de l'Amhara, qui ont épaulé l'armée fédérale éthiopienne contre les rebelles tigréens refusaient jusqu'alors le passage par leur région de l'aide à destination du Tigré, selon des sources humanitaires.

"Un convoi du PAM vient d'entrer (...) au Tigré par le couloir de Gondar (ville amhara située à 180 km du Tigré, Ndlr), pour la première fois depuis juin 2021", se félicite l'organisation onusienne.

Des camions du Programme alimentaire mondial "arrivent maintenant au Tigré avec une aide alimentaire essentielle - c'est le premier mouvement depuis la signature de l'accord de paix", a écrit dans un tweet David Beasley, chef du PAM.

Ce convoi est composé de 15 camions, a précisé à l'AFP Claire Nevill, une porte-parole du PAM.

"De l'aide alimentaire vitale va désormais être distribuée dans les prochains jours à la population de la localité de Mai Tsebri", située à une trentaine de kilomètres à l'intérieur du Tigré, poursuit le PAM, et "de la nourriture et du fret médical supplémentaire va suivre de façon imminente, via tous les itinéraires possibles".

Les chefs militaires des deux camps ont paraphé samedi un document de mise en oeuvre de cet accord, notamment concernant le désarmement des rebelles, le rétablissement des services et la livraison "sans entrave" d'aide humanitaire au Tigré.

Sanctions

Un haut responsable du département d'Etat américain a déclaré mardi à des journalistes que les États-Unis n'hésiteraient pas à recourir à des sanctions "si cela s'avérait nécessaire pour faire rendre des comptes à des personnes responsables de violations des droits de l'Homme ou pour tenter de faire respecter cet accord".

Le même jour, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) avait fait parvenir à Mekele, la capitale du Tigré, son premier convoi, chargé d'aide médicale, depuis fin août.

"Le CICR espère continuer ces livraisons de manière régulière et augmenter significativement la réponse humanitaire au Tigré", avait indiqué l'organisation.

Avant que l'acheminement de l'aide - déjà largement insuffisante - soit interrompue par la reprise des combats, un seul itinéraire, passant par la région de l'Afar, frontalière de l'est du Tigré, était ouvert aux convois humanitaires.

Le conflit au Tigré a commencé en novembre 2020 quand le Premier ministre éthiopien Abyi Ahmed y a envoyé l'armée fédérale arrêter les dirigeants de la région, qui contestaient son autorité depuis des mois et qu'il accusait d'avoir attaqué des bases militaires fédérales sur place.

Le bilan de deux ans de guerre dans le nord de l'Ethiopie est inconnu. Mais celle-ci a provoqué une catastrophe humanitaire, déplaçant plus de deux millions de personnes et plongeant plusieurs centaines de milliers d'Ethiopiens dans des conditions proches de la famine, selon l'ONU.

En octobre, la responsable de l'Agence américaine pour l'aide humanitaire (USAID), Samantha Power, avait évoqué un bilan "sidérant" et l'International Crisis Group (ICG) et Amnesty International estiment qu'il s'agit d'un des conflits "les plus meurtriers au monde".

Le Tigré est quasiment coupé du monde depuis plus d'un an et manque cruellement de nourriture et de médicaments. La région est également privée d'électricité, de télécommunications, de services bancaires et de carburant.

Le gouvernement éthiopien a été à plusieurs reprises accusé d'assiéger et d'affamer la région, ce qu'il a toujours vertement démenti.


Afghanistan: rare visite du chef suprême taliban à Kaboul

Le mystérieux chef suprême des autorités talibanes, Hibatullah Akhundzada, a effectué une visite rare dans la capitale afghane, a indiqué vendredi un site Internet du gouvernement, quittant son complexe isolé de Kandahar pour rencontrer les hauts responsables du pays. (AP)
Le mystérieux chef suprême des autorités talibanes, Hibatullah Akhundzada, a effectué une visite rare dans la capitale afghane, a indiqué vendredi un site Internet du gouvernement, quittant son complexe isolé de Kandahar pour rencontrer les hauts responsables du pays. (AP)
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  • Le pouvoir en Afghanistan s'exerce entre deux pôles: à Kandahar, le fief du mouvement d'où le chef suprême dirige le pays par décret, et à Kaboul, siège du gouvernement
  • Le site taliban Al Emarah a posté des extraits du discours prononcé jeudi par l'émir au ministère de l'Intérieur en présence de hauts responsables

KABOUL: Le chef suprême des talibans, l'émir Hibatullah Akhundzada, qui vit reclus dans son fief de Kandahar (sud), a fait une rare visite à Kaboul pour s'adresser à tous les gouverneurs des provinces afghanes, a-t-on appris vendredi de source talibane.

Le site taliban Al Emarah a posté des extraits du discours prononcé jeudi par l'émir au ministère de l'Intérieur en présence de hauts responsables, dont les gouverneurs des 34 provinces.

Cette visite entourée du plus grand secret de l'émir, dont une seule photo a jamais été rendue publique, lui a permis d'insister auprès des gouverneurs sur la priorité "à accorder à la religion sur les affaires du monde" et "à promouvoir la foi et la prière parmi la population".

L'émir a déclaré que l'obéissance était "une obligation divine", toujours selon Al Emarah, et appelé à "l'unité et à l'harmonie".

"Le rôle de l'émirat est d'unir le peuple", a insisté Hibatullah Akhundzada, et celui des gouverneurs "de servir le peuple".

Les gouverneurs ont été ainsi encouragés à "accorder la priorité à la loi islamique plutôt qu'à leurs intérêts personnels", et à lutter contre "le favoritisme" ou "le népotisme".

"La motivation de cette visite" de l'émir à Kaboul "semble être de rappeler la discipline, notamment la discipline financière", décrypte une source diplomatique occidentale. "Il est ici question de renforcer la discipline et l'unité".

Cette visite pourrait également être motivée par "une préoccupation au sujet des troubles du Badakhshan et de la manière dont ils sont gérés". Dans cette province du nord-est, plusieurs paysans cultivant du pavot malgré son interdiction ont été tués par des unités antinarcotiques talibanes au début du mois.

Les autorités afghanes ont par ailleurs réprimé des manifestations de nomades sédentarisés kouchis dans la province du Nangarhar (est) et sont confrontées à des attentats meurtriers réguliers du groupe jihadiste Etat islamique, particulièrement à Kaboul.

Le pouvoir en Afghanistan s'exerce entre deux pôles: à Kandahar, le fief du mouvement d'où le chef suprême dirige le pays par décret, et à Kaboul, siège du gouvernement. Si les décrets du leader suprême font autorité, les analystes font toutefois état de voix discordantes s'élevant du clan des responsables afghans plus "pragmatiques".

"A chaque fois qu'il y a des craquements ou des désaccords, Kandahar intervient et rappelle à chacun la nécessité de renforcer l'unité", conclut la source diplomatique.

L'émir n'était venu qu'une fois auparavant à Kaboul depuis le retour des talibans au pouvoir et ne s'exprime très rarement depuis son accession à la fonction suprême en 2016.

Le mystérieux mollah avait prononcé son dernier discours public le 10 avril dans une mosquée de Kandahar lors de la prière de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan, mais aucune photo de lui n'avait circulé.

 

 


Sánchez annoncera mercredi la date de la reconnaissance par l'Espagne d'un Etat palestinien

Sanchez a déclaré en mars que l’Espagne et l’Irlande, ainsi que la Slovénie et Malte, avaient convenu de faire les premiers pas vers la reconnaissance d’un État palestinien aux côtés d’Israël, considérant qu’une solution à deux États est essentielle à une paix durable. (AFP)
Sanchez a déclaré en mars que l’Espagne et l’Irlande, ainsi que la Slovénie et Malte, avaient convenu de faire les premiers pas vers la reconnaissance d’un État palestinien aux côtés d’Israël, considérant qu’une solution à deux États est essentielle à une paix durable. (AFP)
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  • M. Borrell avait déclaré la semaine dernière avoir été informé par le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, que la date choisie était le 21 mai
  • Le schéma envisagé jusqu'à maintenant à Madrid était celui d'un décret adopté mardi en conseil des ministres par le gouvernement de gauche

MADRID: Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a indiqué vendredi qu'il annoncerait mercredi prochain la date de la reconnaissance par l'Espagne d'un Etat palestinien, affirmant que celle-ci n'aurait donc pas lieu le 21 mai, mais "les jours suivants".

"Nous sommes en train de nous coordonner avec d'autres pays pour pouvoir faire une déclaration et une reconnaissance communes", a déclaré M. Sánchez, lors d'une interview à la chaîne de télévision La Sexta, pour expliquer pourquoi l'Espagne ne procèderait pas à cette reconnaissance dès mardi, date évoquée notamment par Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne.

M. Borrell avait déclaré la semaine dernière avoir été informé par le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, que la date choisie était le 21 mai.

M. Sánchez n'a pas précisé les pays avec lesquels son gouvernement était en discussions à ce sujet, mais il avait publié en mars à Bruxelles un communiqué commun avec ses homologues irlandais, slovène et maltais dans lequel ils faisaient part de la volonté de leur quatre pays de reconnaître un Etat palestinien.

Le chef de la diplomatie irlandaise, Micheal Martin, a confirmé mardi que Dublin "(reconnaîtrait) l'Etat de Palestine avant la fin du mois", sans toutefois indiquer de date ni dire si d'autres pays se joindraient à l'Irlande.

Le schéma envisagé jusqu'à maintenant à Madrid était celui d'un décret adopté mardi en conseil des ministres par le gouvernement de gauche.

M. Sánchez doit comparaître le lendemain devant le Congrès des députés pour faire le point sur divers sujets d'actualité, dont la politique de Madrid au Proche-Orient et la reconnaissance d'un Etat palestinien, sujet sur lequel l'Espagne est en pointe.

"Je pense que je serai en mesure le 22 (...) de clarifier devant le Parlement la date à laquelle l'Espagne reconnaîtra l'Etat palestinien", a-t-il dit.

"Sérieux doutes 

M. Sánchez est devenu au sein de l'UE la voix la plus critique vis-à-vis du gouvernement israélien et de son offensive militaire dans la bande de Gaza contre le mouvement palestinien Hamas.

Le conflit actuel a été déclenché le 7 octobre par une attaque surprise du Hamas dans le sud d'Israël qui a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes du côté israélien, dans leur grande majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.

L'offensive militaire lancée en riposte par Israël a causé la mort d'au moins 35.303 Palestiniens, en majorité des civils, dans la bande de Gaza, selon le dernier bilan publié vendredi par le ministère de la Santé du Hamas.

Evoquant la situation à Gaza, M. Sánchez a de nouveau sévèrement critiqué vendredi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Interrogé sur le fait de savoir s'il considérait les évènements de Gaza comme un génocide, le chef du gouvernement espagnol a évité de répondre, mais a déclaré, à trois reprises, avoir de "sérieux doutes" sur le respect des droits humains par Israël.

Il a aussi établi un parallèle entre l'invasion de l'Ukraine par la Russie et l'offensive militaire israélienne dans la bande de Gaza.

"Nous défendons la légalité internationale", a-t-il dit. "En Ukraine, logiquement, on ne peut pas violer l'intégrité territoriale d'un pays, comme le fait la Russie (...). Et en Palestine, ce que l'on ne peut pas faire, c'est ne pas respecter le droit humanitaire international, comme le fait Israël".

La politique de Madrid, a-t-il conclu, "est appréciée par la communauté internationale, aussi bien du point de vue du gouvernement ukrainien que du point de vue de la communauté arabe".

 

 


Armes à Israël: les républicains tentent de forcer la main à Biden

Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
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  • Pour les républicains, Joe Biden n'a pas le droit d'interférer dans la manière dont Israël mène sa campagne militaire, qui a provoqué un désastre humanitaire à Gaza
  • Mais 16 démocrates se sont joints aux républicains pour adopter la proposition de loi, défiant le chef de l'Etat

WASHINGTON: La Chambre américaine des représentants, dominée par les républicains, a voté jeudi une mesure largement symbolique visant à forcer le président démocrate Joe Biden à mettre fin à sa suspension d'une livraison de bombes à Israël.

Cette suspension de la livraison d'une cargaison d'armes, composée de bombes de 2 000 livres (907 kg) et de 500 livres (226 kg), a été décidée au moment où Washington, premier soutien militaire d'Israël, s'oppose à une offensive d'ampleur des troupes israéliennes à Rafah.

La mesure votée jeudi n'a aucune chance de devenir loi. En théorie, elle empêcherait M. Biden de geler toute aide militaire à Israël approuvée par le Congrès.

"Le président et son administration doivent immédiatement faire marche arrière et se tenir aux côtés d'Israël", a déclaré Mike Johnson, chef républicain de la Chambre des représentants, dans un communiqué.