VIENNE: Le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a dit mercredi espérer le maintien de la visite prévue en Iran pour tenter de débloquer un dossier délicat, après des déclarations de Téhéran semant le doute.
Rafael Grossi avait fait état la semaine dernière dans un rapport d'une rencontre "d'ici fin novembre" pour aborder la question de trois sites non déclarés, où des traces d'uranium avaient été découvertes par le passé.
Le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), Mohammad Eslami, a toutefois assuré mercredi qu'aucune visite d'une délégation de l'AIEA n'était à l'ordre du jour "pour le moment", selon des propos rapportés par l'agence officielle Irna.
Interrogé sur le sujet, M. Grossi a déclaré ne pas avoir été informé par l'Iran d'une annulation du rendez-vous.
"Nous espérons que cette réunion technique aura lieu. Il y a des doutes, j'espère que (les Iraniens) vont les clarifier", a-t-il commenté lors d'une conférence de presse au premier jour de la session trimestrielle du Conseil des gouverneurs de l'agence à Vienne.
"Cela aggraverait la situation si même une modeste réunion technique ne peut se dérouler mais je ne veux pas spéculer", a ajouté le responsable de l'instance onusienne, appelant à renouer les fils du dialogue "dès que possible".
Face à l'absence d'avancées sur ce dossier en suspens depuis des mois, les Etats-Unis et les trois pays européens parties à l'accord sur le nucléaire iranien (Royaume-Uni, France et Allemagne) conclu en 2015 ont soumis mardi soir à l'AIEA une nouvelle résolution, selon des sources diplomatiques.
"Ils (ces pays) ont rédigé une résolution et apporté des documents dont ils savent eux-mêmes qu'ils ne sont pas vrais et qu'ils sont rejetés par la République islamique", a réagi Mohammad Eslami.
« Pression maximale »
Les Etats-Unis et leurs alliés, "qui multiplient les sanctions" contre l'Iran, sont habitués à "adopter une politique de pression maximale et répandre des accusations contre la République islamique, a-t-il dénoncé.
Selon le projet de résolution, le Conseil "exprime sa profonde inquiétude" face à ce problème qui reste non résolu "du fait d'une coopération insuffisante de l'Iran".
Le texte "juge essentiel et urgent" que Téhéran fournisse sans délai "des explications techniquement crédibles" sur la présence des particules d'uranium, ainsi que "l'accès aux sites et au matériel", pour "permettre la collecte d'échantillons", est-il écrit.
"Nous avons répondu à toutes les allégations (...) de l'AIEA et s'ils (les pays occidentaux, NDLR) avaient de bonnes intentions et une volonté de poursuivre les négociations, ils n'auraient pas présenté de résolution" contre l'Iran, a estimé M. Eslami.
Ce dossier est un des principaux points sur lesquels butent les négociations qui ont démarré en avril 2021 à Vienne pour ranimer l'accord de 2015, et sont désormais au point mort.
Ce pacte vise à empêcher l'Iran de se doter de l'arme atomique, un objectif que la République islamique a toujours nié poursuivre.
Mais à la suite du retrait des Etats-Unis de l'accord en 2018 et du rétablissement des sanctions américaines qui étouffent son économie, Téhéran s'est progressivement affranchi des restrictions qu'il avait imposées à son programme nucléaire.