PARIS: Un accord de prêt de 102 millions d’euros (1,1 milliard de dirhams) a été signé, lundi 2 novembre, entre l'Agence française de développement (AFD) et la société Casa Transport pour la réalisation de deux nouvelles lignes de tramway dans la ville de Casablanca.
Les lignes T3 et T4, d’une distance respective de 14 et 12,5 km, réalisées simultanément, nécessiteront un investissement total de 650 millions d’euros, soit 7 milliards de dirhams. La ligne T3, qui reliera le boulevard Abdelkader-Sahraoui à la gare Casa Port, traversera le centre-ville, et comptera vingt stations et cinq points de correspondance multimodaux. Quant à la ligne T4, qui relie le boulevard Okba-Ibnou-Nafiaa au Parc de la Ligue arabe, elle traversera le boulevard Mohamed-VI et comptera dix-neuf stations avec points de correspondance.
«La mise en œuvre des lignes T3 et T4 constitue une étape importante dans le plan urbain de Casablanca», a souligné Nabil Belabed, directeur de la société Casa Transport. «L’objectif à terme et d’offrir un réseau de transport collectif de qualité, le plus large possible et proposant une intermodalité efficace avec les autres modes de transports.»
Faciliter l’inclusion socioéconomique
«Le projet a également pour objectif de promouvoir un accès adapté aux personnes à mobilité réduite, mais aussi un accès plus sûr des femmes aux transports en commun», précise, de son côté, Mihoub Mezeouaghi, directeur de l’Agence française de développement au Maroc, qui explique que ce projet a pour but de faciliter l’inclusion socioéconomique des femmes, car «le tramway est aujourd’hui le mode de transport collectif préféré des Casablancaises», illustrant son propos par le fait que, «sur les lignes T1 et T2 du tramway, 49% des usagers sont des femmes».
Pour rappel, le partenariat entre l’AFD et Casa Transport a commencé en 2012 avec l’octroi d’un premier financement de 23 millions d’euros, destiné à la construction de la première ligne (T1) de tramway à Casablanca. En 2017, un second financement de 30 millions d’euros a été accordé pour la réalisation de la ligne T2, inaugurée en janvier 2019.
Le français Alstom, l’équipementier du réseau urbain au Maroc
Présent sur le marché marocain depuis un siècle, le groupe français Alstom est le fournisseur des matériels roulants, de l’alimentation électrique et de l’équipement de signalisation dans de nombreuses villes du royaume chérifien.
L’équipementier français, qui était chargé d’équiper les lignes T1 et T2 de la capitale économique du royaume, inaugurées respectivement en 2012 et 2019, a obtenu un nouveau contrat pour augmenter les capacités des lignes de tramway existantes et à venir, afin de répondre à une forte croissance, estimée aujourd’hui à 220 000 passagers par jour. La société Casa Transport, chargée par l’autorité de tutelle de procéder à cette extension de 26 km du réseau actuel et de renforcer les matériels roulants, a signé un contrat de 130 millions d’euros avec Alstom pour la fourniture de 66 tramways Citadis X 05, avec une commande optionnelle de 22 rames supplémentaires destinées aux lignes T3 et T4, dont les inaugurations sont prévues pour la fin de 2023.
«Nous sommes heureux de contribuer de nouveau au développement et à la modernisation du réseau urbain marocain grâce à nos solutions de mobilité éprouvées qui bénéficient des toutes dernières innovations technologiques», a affirmé Noureddine Rhalmi, président d’Alstom Transport Maroc. «Nous sommes très fiers d’avoir obtenu cette nouvelle commande et de la confiance que Casa Transport accorde à la solution Citadis d’Alstom. Avec une flotte totale d’au moins 256 Citadis qui sera exploitée au Maroc, davantage de personnes à Casablanca pourront se déplacer en toute sérénité», a-t-il ajouté.
Enfin, les Citadis, qui seront fabriqués et intégrés à Barcelone, seront réalisés avec la collaboration des fournisseurs marocains de sous-systèmes. Pour satisfaire son client marocain, Alstom a proposé un design à l’image de la ville, reflétant son histoire et sa culture.
Quant à l’usine Alstom de Fès, elle fournira les armoires électriques et les faisceaux de câbles. Porté par la croissance du marché marocain, Alstom Maroc, qui compte plus de 500 collaborateurs, se chargera du service après-vente et, à moyen terme, augmentera sa production de câbles, qui seront destinés à des applications ferroviaires, comme les coffres électriques pour les usines européennes, ou intégrés aux trains dévolus à l’exportation à travers le monde.
Le soutien de la Banque mondiale
En 2015, le royaume chérifien s’est lancé dans un programme d’amélioration des transports publics en termes de qualité. Pour la concrétisation des programmes de modernisation du secteur à travers le pays, divers organismes ont apporté leur soutien, notamment via le financement et l’accompagnement des projets. C’est à ce titre que le Maroc vient d’obtenir un financement additionnel de 150 millions de dollars de la Banque mondiale, qui précise que «ce financement a pour objectif d’adapter le programme aux nouvelles priorités en matière de mobilité», notamment dans le contexte de la pandémie de Covid-19.
Jesko Hentschel, directeur pays de la Banque mondiale pour le Maghreb, confirme que cette crise a démontré l’importance de la consolidation des investissements publics et institutionnels dans le secteur des transports, car, selon lui, une meilleure accessibilité permettra d’assurer une meilleure inclusion socioéconomique de la population: «Privilégier ce mode de transport durable permettra d’atténuer les effets du changement climatique. Avec ce financement additionnel, nous souhaitons aider les autorités marocaines à entretenir l’élan des réformes et à développer un système de transports abordables, à la hauteur des besoins des citadins, dans un pays où la demande de mobilité urbaine et de fiabilité des transports publics est en constante augmentation.»
Cette nouvelle tranche de financement sera consacrée à l’introduction de mécanismes de supervision pour rationaliser la gouvernance du secteur. Plus concrètement, cela se traduira par un appui technique et stratégique aux responsables locaux leur permettant de fournir des services durables aux usagers. «L’accent sera mis sur la création et l’opérationnalisation d’une structure centrale chargée de superviser les transports publics et sur des investissements locaux pour renforcer la performance du secteur», précise la Banque mondiale.