Explications américano-chinoises avant un G20 sur fond de divisions

Le président américain Joe Biden a également discuté avec le Japon et la Corée du Sud de l'élargissement du soutien coordonné à l'Ukraine dans la guerre avec la Russie (Photo, AP).
Le président américain Joe Biden a également discuté avec le Japon et la Corée du Sud de l'élargissement du soutien coordonné à l'Ukraine dans la guerre avec la Russie (Photo, AP).
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Publié le Lundi 14 novembre 2022

Explications américano-chinoises avant un G20 sur fond de divisions

  • La Russie devrait être sous pression pour étendre un accord permettant l'exportation de céréales et engrais par les ports de la mer Noire, qui parvient à expiration le 19 novembre
  • Au minimum, Joe Biden et ses alliés veulent obtenir du G20 un message clair à Vladimir Poutine sur le fait qu'un conflit nucléaire est inacceptable

NUSA DUA: Après des années de tensions toujours plus vives entre Washington et Pékin, Joe Biden et Xi Jinping s'expliquent pour la première fois en face à face lundi sur l'île indonésienne de Bali, préambule à un sommet du G20 assombri par la guerre en Ukraine.

Neuf mois après avoir lancé son armée envahir l'Ukraine, le président russe Vladimir Poutine sera le grand absent de la réunion des dirigeants des grandes économies mondiales mardi et mercredi, plus grand rassemblement de ce type depuis le début de la pandémie.

Le conflit en Ukraine n'est pas officiellement au menu de l'événement, mais entre l'envolée des prix de l'énergie et des produits alimentaires et les craintes d'escalade nucléaire, il domine les préoccupations et suscite des divisions qui menacent d'éclater au grand jour entre Occidentaux et pays du Sud réunis sur l'île tropicale.

Un premier aperçu de la tonalité de l'événement sera donné dès lundi avec une rencontre entre le président américain, arrivé dimanche soir à Bali, et son homologue chinois, une première dans leurs rôles actuels.

Les deux hommes, qui se connaissent depuis une décennie, ne manquent pas de sujets à débattre. Outre le refus de la Chine de condamner l'invasion russe, Washington et Pékin sont à couteaux tirés sur des questions allant du commerce aux droits humains dans la région chinoise du Xinjiang, en passant par le statut de Taïwan.

Joe Biden veut notamment presser Pékin de jouer de son influence pour modérer la Corée du Nord qui vient de procéder à une série record de tirs de missiles, semblant se préparer à conduire le 7e essai nucléaire de son histoire.

Échanges «directs»

"Je connais Xi Jinping, il me connaît", a assuré M. Biden, affirmant qu'ils ont toujours eu des "discussions franches".

"Nous avons très peu de malentendus. Nous devons juste déterminer quelles sont les lignes rouges", a avancé le président américain.

Son conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan a assuré que M. Biden espérait des échanges "directs" mais aussi trouver des sujets de "coopération sur des questions de fond". "Les États-Unis sont prêts à une concurrence féroce avec la Chine, mais ne cherchent pas la confrontation", a-t-il expliqué à des journalistes à bord d'Air Force One.

Ryan Hass, ancien responsable Chine du Conseil national de la sécurité américaine, a estimé que le président chinois "ne devrait pas être aussi accommodant avec Biden", qu'avec le chancelier allemand Olaf Scholz lors d'une rencontre récente, pour ne pas être vu comme "accédant à ses demandes sur l'Ukraine, le nucléaire, ou la Corée du Nord".

De son côté, le Premier ministre britannique Rishi Sunak, qui s'est rendu dimanche en Indonésie, va exhorter les autres puissances à s'unir contre les "acteurs malveillants" de l'économie mondiale, dans une attaque à peine voilée contre la Chine.

«Yeux dans les yeux»

Vladimir Poutine a lui décidé de se faire représenter par son chef de la diplomatie Sergueï Lavrov au G20, officiellement pour des raisons d'agenda. Mais certains y voient un signe que le voyage était politiquement risqué, notamment alors que son armée bat en retraite dans le sud de l'Ukraine.

Dans un communiqué, le ministère russe des Affaires étrangères a "rejeté la politisation du G20" et l'a appelé à se concentrer sur les questions économiques à l'origine de la création de ce format réunissant les grandes économies mondiales plutôt que sur les sujets de sécurité relevant selon Moscou de l'ONU.

La Russie devrait être sous pression pour étendre un accord permettant l'exportation de céréales et engrais par les ports de la mer Noire, qui parvient à expiration le 19 novembre.

Au minimum, Joe Biden et ses alliés veulent obtenir du G20 un message clair à Vladimir Poutine sur le fait qu'un conflit nucléaire est inacceptable. Mais même sur ce sujet, le rapprochement entre la Chine et la Russie pourrait rendre un message commun avec les Occidentaux inatteignable.

Hôte du sommet, l'Indonésie a déjà averti qu'il ne fallait pas forcément s'attendre au traditionnel communiqué commun final qui conclut ce genre de rencontres traditionnellement.

Le sommet donnera néanmoins une rare occasion aux dirigeants occidentaux, soutiens de l'Ukraine, et aux pays du Sud, qui pour beaucoup refusent de condamner Moscou, de se parler.

Et le président ukrainien Volodymyr Zelensky pourra directement plaider sa cause, s'exprimant par visioconférence.

"Il est important dans ce moment brutal de l'histoire humaine qu'il y ait de la coopération internationale et le G20 sera une autre occasion de se regarder les yeux dans les yeux", a estimé samedi le président du Conseil européen Charles Michel.


L'Otan en plein doute sur son avenir face à la tempête Trump

Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
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  • Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer.
  • les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

BRUXELLES : Les tirs de barrage américains contre les pays européens de l'Otan ébranlent jusqu'aux fondements de l'Alliance atlantique, qui a cependant toutes les peines du monde à imaginer un avenir sans les États-Unis.

Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer. Un diplomate interrogé sous couvert d'anonymat décrit l'agressivité de la nouvelle administration américaine comme un « traumatisme ».

Ce changement se fera-t-il avec ou sans les États-Unis ? La question agite les couloirs du siège de l'Alliance à Bruxelles.

« On connaît la direction : moins d'États-Unis et plus d'Europe », résume un diplomate sous couvert d'anonymat. Cependant, de nombreuses questions restent en suspens.

En deux mois, Donald Trump s'en est pris au Canada qu'il entend voir devenir le 51ᵉ État américain, et au Danemark, dont il revendique l'un des territoires, le Groenland. 

Plusieurs responsables américains, dont le vice-président J. D. Vance, n'ont pas caché leur mépris à l'égard des Européens, considérés comme des « profiteurs » et des passagers clandestins d'une alliance où, dénoncent-ils, ils ne paient pas leur dû.

Depuis le 20 janvier, date du retour de Donald Trump à la Maison Blanche, « l'optimisme est de moins en moins de mise », confie un diplomate. « Les États-Unis n'ont pas encore pris de décisions concrètes, mais on dirait que chaque jour est porteur d'un nouveau coup contre les fondations de l'Alliance. »

- Transition « désordonnée » -

Pour Camille Grand, ancien secrétaire général adjoint de l'Otan et chercheur auprès de l'ECFR, trois scénarios sont possibles.

Celui de la transition ordonnée : les Américains se désengagent, mais en bon ordre, à la suite d'une négociation qui donne aux Européens le temps de se préparer. « Cela permet d'éviter les incertitudes », assure-t-il dans un entretien avec l'AFP.

Celui de la transition « désordonnée » : les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

Le retrait se fait « en mode crise », avec des « menaces et des annonces désordonnées ». C'est « le scénario dominant » aujourd'hui, estime l'analyste.

Il y a aussi le scénario cauchemar pour nombre d'Alliés : le retrait « de facto ou de jure ». Les États-Unis se désintéresseront de la défense du continent européen.

Donald Trump exige que les Européens et les Canadiens consacrent au moins 5 % de leur PIB à cette défense, alors qu'ils sont à moins de 2 % pour l'Italie ou l'Espagne. La marche est très haute. Mais tous savent qu'il faudra « annoncer » quelque chose au sommet de l'OTAN en juin, selon un diplomate.

Le Secrétaire général de l'Alliance Mark Rutte a évoqué un chiffre entre 3,5 et 3,7 %. Ce sera difficile, mais c'est une question de priorités dans les dépenses nationales, ajoute-t-il. 

Personne ne sait si ce chiffre sera suffisant pour Donald Trump.

- "Cinq ans" -

En attendant, beaucoup à Bruxelles et dans les autres capitales européennes s'interrogent sur un "après" Etats-Unis.

"Nous avons toujours su que le moment viendrait où l'Amérique se retirerait en quelque sorte et où l'Europe devrait faire davantage", rappelle ainsi Jamie Shea, ancien porte-parole de l'Otan et expert auprès du think tank londonien Chatam House.

Et le calendrier est très serré. Les Européens ont "cinq ans" pour recréer une dissuasion face à la menace russe, juge ainsi Camille Grand. Un calcul basé sur le temps jugé nécessaire, selon plusieurs services de renseignement, pour que la Russie reconstitue son armée et soit en mesure de menacer un pays de l'Otan, explique-t-il. 

Selon cet expert français, les Européens en sont capables, même si un investissement substantiel sera nécessaire pour combler l'apport américain en termes de renseignement, de satellites ou de logistique. « Il n'y a pas de raison que 500 millions d'Européens ne puissent pas dissuader 140 millions de Russes », assure-t-il.

Plusieurs pays en doutent. « Les États-Unis restent indispensables pour une dissuasion crédible », estime ainsi un diplomate européen auprès de l'Otan.


Le Wisconsin, théâtre d'une première défaite électorale pour Trump et Musk

 Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
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  • Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin,
  • En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias

WASHINGTON : Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin, un scrutin habituellement d'ampleur locale, marqué cette fois-ci par la forte implication d'Elon Musk.

Selon les projections de plusieurs médias américains, Susan Crawford, soutenue par les démocrates, a remporté un siège pour dix ans à la Cour suprême de cet État de la région des Grands Lacs.

Elle faisait face à Brad Schimel, soutenu par Donald Trump et par le multimilliardaire Elon Musk, et dont la victoire aurait fait basculer la haute instance du Wisconsin du côté conservateur.

En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias.

Mardi soir, le président a mis à profit sa plateforme Truth Social pour se féliciter des deux « larges » victoires de son camp en Floride, mettant en avant son « soutien » aux candidats.

Il n'a en revanche pas commenté le résultat pour la Cour suprême du Wisconsin, préférant y retenir l'adoption, par un référendum organisé le même jour, d'une mesure obligeant les électeurs à présenter une pièce d'identité avec photo afin de pouvoir voter.

« C'est une grande victoire pour les républicains, peut-être la plus grande de la soirée », a-t-il écrit.

« Le plus important » 

Elon Musk n'a pas non plus réagi à la défaite de Brad Schimel, et a plutôt salué l'issue du référendum local. « C'était le plus important », a-t-il affirmé sur son réseau social X.

Le patron de Tesla et Space X s'inquiétait d'un potentiel rééquilibrage par la Cour suprême locale dans le découpage des circonscriptions électorales, en faveur des démocrates. État pivot, le Wisconsin avait été remporté par Donald Trump à la présidentielle de novembre.

« C'est l'une de ces situations étranges où une petite élection en apparence pourrait déterminer le destin de la civilisation occidentale », avait lancé Elon Musk mardi.

Le président républicain avait, lui, publié lundi sur Truth Social un message de soutien à Brad Schimel. Il s'en était surtout pris à Susan Crawford, qui serait, selon lui, « un désastre pour le Wisconsin et pour les États-Unis d'Amérique ».

Un peu plus de deux mois après le début de son mandat, les enquêtes d'opinion indiquent une baisse relative de la popularité de Donald Trump. Ces élections dans le Wisconsin et en Floride étaient les premières véritables épreuves auxquelles il faisait face dans les urnes depuis novembre.

Campagne onéreuse 

Mardi, le trumpiste Randy Fine a bien remporté le siège en jeu à la Chambre des représentants face au démocrate Josh Weil, mais avec une avance bien plus mince qu'il y a quelques mois.

Ces résultats ont « de quoi donner des sueurs froides à mes collègues républicains », a déclaré sur la chaîne MSNBC Hakeem Jeffries, responsable de la minorité démocrate à la Chambre des représentants. Cela fait écho à la difficulté de l'opposition à se faire entendre depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

Dans le Wisconsin, les deux camps avaient sorti l'artillerie lourde pour une élection qui, d'ordinaire, passe inaperçue dans le reste du pays.

Selon le Centre Brennan de l'université de New York, c'est « le scrutin judiciaire le plus coûteux de l'histoire américaine », avec plus de 98 millions de dollars déversés dans la campagne, dont 53 millions en faveur du candidat conservateur.

Elon Musk n'est pas étranger à cela.

« Il a dépensé plus de 25 millions de dollars pour essayer de m'empêcher de siéger à la Cour suprême du Wisconsin », a lancé dimanche Susan Crawford lors d'un rassemblement.

Son équipe de campagne avait récemment accusé Elon Musk de vouloir « acheter un siège à la Cour suprême du Wisconsin afin d'obtenir une décision favorable » dans des poursuites engagées par Tesla, son entreprise de véhicules électriques, contre les autorités du Wisconsin.


Amnesty International demande à la Hongrie d'arrêter M. Netanyahou

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le Premier ministre israélien doit se rendre cette semaine dans un pays membre de la Cour pénale internationale
  • Cette visite " ne doit pas devenir un indicateur de l'avenir des droits humains en Europe "

LONDRES : Amnesty International a demandé à la Hongrie d'arrêter le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, à la suite d'informations selon lesquelles il se rendra dans cet État membre de l'UE mercredi à l'invitation de son homologue hongrois Viktor Orban.

M. Netanyahou fait l'objet d'un mandat d'arrêt délivré en novembre par la Cour pénale internationale en raison de la conduite d'Israël à Gaza.

M. Orban, proche allié de M. Netanyahu, a déclaré qu'il n'exécuterait pas le mandat. En tant qu'État membre, la Hongrie est tenue d'exécuter tout mandat d'arrêt délivré par la CPI.