Ukraine: Dans Kherson libérée le soulagement domine, Zelensky accuse les Russes «d'atrocités»

Des habitants de Kherson vivant temporairement à Odessa, brandissant des drapeaux ukrainiens, célèbrent samedi la libération de leur ville natale devant le théâtre académique national d'opéra et de ballet d'Odessa à Odessa (Photo, AFP).
Des habitants de Kherson vivant temporairement à Odessa, brandissant des drapeaux ukrainiens, célèbrent samedi la libération de leur ville natale devant le théâtre académique national d'opéra et de ballet d'Odessa à Odessa (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 14 novembre 2022

Ukraine: Dans Kherson libérée le soulagement domine, Zelensky accuse les Russes «d'atrocités»

  • Le président ukrainien a accusé les forces russes d'avoir commis de nombreuses exactions à Kherson et dans sa région
  • Drapeaux ukrainiens, accolades avec les soldats de Kiev, klaxons et sifflets égayaient la ville dimanche

KHERSON: Le soulagement et la joie de la liberté retrouvée régnaient dimanche à Kherson, dans le sud de l'Ukraine, après des mois d'une occupation russe qui a engendré son lot "d'atrocités" selon le président Volodymyr Zelensky.

Nombre d'habitants de la ville se plaignent que les forces russes, qui ont achevé d'évacuer la ville vendredi après huit mois de présence, y ont semé la désolation.

A Kherson, soldats stars et goût de liberté

Autographes et embrassades avec leurs soldats stars, klaxon de voitures, drapeaux jaune et bleu partout: après l'émotion du premier jour, les habitants de Kherson, dans le sud de l'Ukraine, goûtaient pleinement dimanche leur liberté retrouvée, après plus de huit mois d'occupation russe.

Sur la place centrale Svoboda, le drapeau ukrainien flotte sur le toit de l'imposant bâtiment de l'administration régionale.

Plusieurs centaines d'habitants sont rassemblés là, dans une ambiance joyeuse et bon enfant. On y croise des familles avec enfants, des adolescents, de jeunes couples, des personnes âgées.

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Une femme, portant le drapeau ukrainien, serre dans ses bras un soldat ukrainien (Photo, AFP).

Lyubov, 17 ans, étudiante en théâtre, vient juste d'arriver. Traits de peinture bleu et jaune barrant son visage, elle porte un drapeau sur les épaules comme un châle. "Je suis tellement heureuse que je ne peux pas exprimer mes émotions", dit-elle à l'AFP.

"Je n'arrivais pas à croire que finalement nous avons été libérés si rapidement. C'est un tel soulagement", poursuit la jeune femme, vêtue d'une robe traditionnelle ukrainienne.

Qu'est-ce qui lui a le plus manqué pendant ces mois d'occupation ? "La liberté", répond-elle spontanément, presque en criant.

On pouvait aussi voir des véhicules militaires détruits, des bâtiments mutilés, et sentir une odeur de bois brûlé dans ce port stratégique de la mer Noire, où la guerre faisait rage il y a encore quelques jours. Dimanche, la population exprimant un grand soulagement de voir l'occupant parti.

Le président ukrainien a accusé les forces russes d'avoir commis de nombreuses exactions à Kherson et dans sa région.

«Atrocités»

Les corps des tués sont retrouvés: ceux de civils et de militaires. Dans la région de Kherson, l'armée russe a laissé derrière elle les mêmes atrocités que dans d'autres régions de notre pays, où elle a pu entrer", a dit M. Zelensky, annonçant que 400 "crimes de guerre" russes ont été documentés, sans préciser s'ils concernaient uniquement la région de Kherson.

Alors que des queues s'étirent devant des postes de distribution de nourriture et d'aide d'urgence, de nombreux adultes et enfants se déplacent dans les rues enveloppées dans des drapeaux ukrainiens, bleu et jaune.

Certains sont réunis sur la place principale de la ville, en vue de communiquer avec leurs proches via le service internet par satellite Starlink, propriété d'Elon Musk, le patron de Tesla et Twitter.

"J'ai besoin de reprendre contact avec ma famille", explique Klavdia Mych, une enseignante à la retraite âgée de 69 ans. "Nous n'avons pas d'eau depuis une semaine, ajoute-t-elle. Et ils disent que tout est miné : ça fait peur".

Les Russes "ont tout pris avec eux. Ils ont dévalisé les magasins", dit une vendeuse de 30 ans, Viktoria Dybovska.

"Ils ont coupé [l'électricité] il y a trois ou quatre jours, juste au moment où ils commençaient à partir. Ils se sont tout bonnement volatilisés en une nuit", ajoute Antonina Vyssotchenko, 29 ans. "Dieu les punira tous pour tout ce qu'ils ont fait", lance Svitlana Vilna, 47 ans.

Le président Zelensky avait accusé samedi soir d'avoir détruit les infrastructures essentielles avant de fuir.

"Nous sommes en train de rétablir les communications, internet, la télévision et nous faisons tout notre possible pour restaurer la fourniture d'électricité et d'eau aussi vite que possible", a-t-il déclaré dimanche.

Sur Facebook, Oleksandr Todortchouk, fondateur de UAnimals, un mouvement pour les droits des animaux, affirme que les occupants sont partis en emmenant avec eux "la plupart des animaux du zoo en Crimée [territoire ukrainien annexé par Moscou en 2014], des lamas aux loups en passant par les écureuils.

Après les revers militaires successifs de l'armée russe depuis l'été, le retrait russe de Kherson est une humiliation d'autant plus grande pour le Kremlin que la région de cette grande ville est l'une des quatre annexées par la Russie en violation du droit international à la suite de son invasion de l'Ukraine, le 24 février.

Il y a de la vie»

Il s'agit du troisième repli d'ampleur russe depuis le début de la guerre, la Russie ayant renoncé au printemps à prendre Kiev face à la résistance acharnée des Ukrainiens, avant d'être chassée de la quasi-totalité de la région de Kharkiv (nord-est) en septembre.

"Nous sommes tous fous de joie", avait déclaré samedi soir Volodymyr Zelensky.

"La reprise du travail des autorités, de la police et de certaines entreprises privées est déjà en cours (...). Notre présence sera ressentie. Elle sera ressentie par le fait qu'il y a de la vie", a-t-il assuré dimanche.

Les forces armées ukrainiennes ont repris le contrôle dizaines de localités dans la région de Kherson, qui avait été la première grande ville à tomber après l'invasion russe.

Après l'évacuation de Kherson, sur la rive occidentale du Dniepr, un ordre d'évacuation vers la région russe de Krasnodar, près de la Crimée, a été lancé par les autorités locales prorusses samedi soir à l'attention de leurs employés du district de Kakhovka, sur la rive orientale du fleuve.

Dimanche, l'armée russe a continué de bâtir des défenses sur la rive gauche du Dniepr où elle s'est retranchée, selon l'armée ukrainienne.

Dans la nuit, les forces russes ont tiré des missiles S-300 missiles sur la rive droite sans faire des dommages, selon la même source.


La Turquie cherche à renforcer son ancrage sur le continent africain

Cette photo prise et diffusée par le bureau de presse de la présidence turque le 12 avril 2025 montre le président turc Recep Tayyip Erdogan (R) rencontrant le président somalien Hassan Sheikh Mohamud lors de la 4e édition du Forum diplomatique d'Antalya (ADF2025) à Antalya. (Photo by Handout / Turkish Presidency Press Office / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le bureau de presse de la présidence turque le 12 avril 2025 montre le président turc Recep Tayyip Erdogan (R) rencontrant le président somalien Hassan Sheikh Mohamud lors de la 4e édition du Forum diplomatique d'Antalya (ADF2025) à Antalya. (Photo by Handout / Turkish Presidency Press Office / AFP)
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  • La Turquie cherche désormais à y étendre son influence en proposant sa médiation dans des conflits.
  • Très impliqué sur les dossiers syrien et ukrainien, le président turc Recep Tayyip Erdogan a renforcé son image d'interlocuteur clé en Afrique en négociant, il y a quelques mois, un accord de paix entre la Somalie et l'Éthiopie.

ANTALYA, TURQUIE : La Turquie, qui pousse ses pions en Afrique depuis plusieurs années, cherche désormais à y étendre son influence en proposant sa médiation dans des conflits, à la faveur notamment du retrait de la France et des États-Unis.

Témoignage des efforts d'Ankara pour consolider son ancrage sur le continent, un forum diplomatique organisé ce week-end à Antalya, dans le sud de la Turquie, a réuni, aux côtés du président syrien Bachar el-Assad, des ministres russe et ukrainien des Affaires étrangères, ainsi que de nombreux responsables africains, dont le chef de l'État somalien.

« Les pays africains cherchent des alternatives et la Turquie en représente une », a affirmé à l'AFP Eghosa Osaghae, directeur général de l'Institut nigérian des affaires internationales (NIIA), présent à Antalya. 

Très impliqué sur les dossiers syrien et ukrainien, le président turc Recep Tayyip Erdogan a renforcé son image d'interlocuteur clé en Afrique en négociant, il y a quelques mois, un accord de paix entre la Somalie et l'Éthiopie.

Selon M. Osaghae, la capacité d'Ankara à combler le vide laissé par la France, dont de nombreuses anciennes colonies se sont détournées ces dernières années, « dépendra en grande partie de l'attrait des offres turques ».

« Nous entretenons avec la France des relations dont nous sommes très fiers, mais la France ne nous empêche pas d'avoir d'autres partenariats », a déclaré à l'AFP Léon Kacou Adom, le ministre ivoirien des Affaires étrangères, lors du forum d'Antalya.

Le pays d'Afrique de l'Ouest, ancienne colonie française, souhaite collaborer avec la Turquie dans tous les secteurs, notamment le commerce, la communication, la sécurité, l'éducation et la formation, a-t-il souligné.

« Tout cela nous intéresse (...). La Turquie nous fait des offres que nous étudions », a-t-il ajouté.

- « Solutions aux problèmes africains » -

De nombreux pays africains sont confrontés à des menaces sécuritaires, émanant de groupes comme Boko Haram ou les shebab somaliens.

« Si la Turquie peut apporter son aide dans ces domaines, pourquoi pas ? », estime M. Osaghae. « Le point positif est que de nombreux pays africains coopèrent déjà militairement avec la Turquie. Cela peut être la pierre angulaire de l'influence turque », relève-t-il.

La Turquie, qui a proposé en janvier sa médiation entre le Rwanda et la République démocratique du Congo, a signé ces dernières années des accords de défense avec plusieurs États africains dont la Somalie, la Libye, le Kenya, le Rwanda, l'Éthiopie, le Nigeria et le Ghana.

Ces accords ont ouvert des marchés à l'industrie de défense turque, notamment pour ses drones réputés fiables et bon marché.

« Nous nous efforçons de faire en sorte que l'Afrique trouve ses propres solutions aux problèmes africains », affirme Alp Ay, diplomate turc et représentant spécial d'Ankara dans les négociations entre la Somalie et la région séparatiste du Somaliland.

Selon un haut diplomate somalien, Ankara a joué « un rôle très utile en parvenant à réunir les deux pays pour résoudre ce problème ». « L'Afrique a désespérément besoin de médiateurs », résume pour sa part le politologue nigérian Eghosa Osaghae.

Si la responsabilité du respect de l'accord incombe désormais aux deux parties, la Turquie continuera toutefois de jouer son rôle de facilitateur, souligne le diplomate turc Alp Ay, qui envisage l'avenir avec « espoir ».

Recep Tayyip Erdogan s'est entretenu avec son homologue somalien, Hassan Cheikh Mohamoud, samedi à Antalaya.

Au cours de leur rencontre, les deux hommes ont promis d'« accroître la coopération » entre les deux États, selon Ankara, qui dispose déjà d'un droit d'exploration des ressources énergétiques le long des côtes somaliennes. 


Zelensky exhorte Trump à se rendre en Ukraine pour voir les ravages de la guerre

Le président américain Donald Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelensky se rencontrent dans le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, DC, le 28 février 2025. (AFP)
Le président américain Donald Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelensky se rencontrent dans le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, DC, le 28 février 2025. (AFP)
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  • « Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a exhorté son homologue américain, Donald Trump, à se rendre dans son pays pour prendre conscience de l'étendue des dégâts causés par l'invasion de la Russie. 
  • En se rendant en Ukraine, M. Trump « comprendra ce que Poutine a fait ».

WASHINGTON : le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exhorté dimanche son homologue américain Donald Trump à se rendre dans son pays pour mieux comprendre la dévastation causée par l'invasion russe. 

« Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a exhorté son homologue américain, Donald Trump, à se rendre dans son pays pour prendre conscience de l'étendue des dégâts causés par l'invasion de la Russie. 

En se rendant en Ukraine, M. Trump « comprendra ce que Poutine a fait ».

Cette invitation intervient alors que M. Trump fait pression pour mettre rapidement un terme à ce conflit qui dure depuis plus de trois ans, les États-Unis ayant engagé des discussions directes avec la Russie malgré ses attaques incessantes contre l'Ukraine.

Washington a également discuté d'une éventuelle trêve avec des responsables ukrainiens.

Cette invitation fait suite à la vive polémique qui a éclaté à la Maison Blanche fin février entre le président ukrainien, M. Zelensky, et le vice-président américain, M. JD Vance, devant la presse.

M. Vance avait alors accusé l'Ukraine d'accueillir des dirigeants étrangers pour faire de la propagande en vue de gagner leur soutien. 

M. Zelensky a nié une nouvelle fois cette allégation et a déclaré à la chaîne CBS que si M. Trump décidait de se rendre en Ukraine, « nous ne préparerons rien, ce ne sera pas du théâtre ». Ce ne sera pas du théâtre. » 


La rencontre entre Poutine et l'Américain Witkoff a été qualifiée d'« extrêmement utile et efficace » par le Kremlin

Dans cette photo de pool distribuée par l'agence d'État russe Sputnik, le président russe Vladimir Poutine serre la main de l'envoyé du président américain Donald Trump, Steve Witkoff, lors d'une réunion à Saint-Pétersbourg, le 11 avril 2025. (Photo Gavriil Grigorov / POOL / AFP)
Dans cette photo de pool distribuée par l'agence d'État russe Sputnik, le président russe Vladimir Poutine serre la main de l'envoyé du président américain Donald Trump, Steve Witkoff, lors d'une réunion à Saint-Pétersbourg, le 11 avril 2025. (Photo Gavriil Grigorov / POOL / AFP)
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  • « De tels contacts sont extrêmement utiles et très efficaces », a déclaré à la presse Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin.
  • Depuis plusieurs semaines, l'administration de Donald Trump organise des pourparlers séparés avec des hauts responsables russes et ukrainiens.  

MOSCOU : La rencontre entre le président russe Vladimir Poutine et l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, qui a eu lieu vendredi à Saint-Pétersbourg, en Russie, était « extrêmement utile et efficace », a assuré lundi le Kremlin.

« De tels contacts sont extrêmement utiles et très efficaces », a déclaré à la presse Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, en faisant l'éloge d'un canal de communication permettant aux dirigeants russe et américain d'échanger directement sur « différents éléments de leurs positions sur toutes sortes de questions ».

Cette rencontre entre MM. Poutine et Witkoff, la troisième depuis février, portait « sur les aspects du règlement ukrainien », selon le Kremlin, alors que Donald Trump prône la fin de ce conflit au plus vite depuis son arrivée à la Maison Blanche en janvier.

Depuis plusieurs semaines, l'administration de Donald Trump organise des pourparlers séparés avec des hauts responsables russes et ukrainiens.  

Ces discussions n'ont cependant pas abouti, pour l'heure, à une cessation des hostilités, ce qui a provoqué la frustration du dirigeant américain ces derniers jours.

« La Russie doit se bouger », a-t-il déclaré vendredi, déplorant sur son réseau Truth Social que « trop de gens meurent, des milliers par semaine, dans une guerre terrible et insensée ».

Selon Dmitri Peskov, lundi, une éventuelle rencontre entre Vladimir Poutine et Donald Trump « n'a pas été évoquée » lors des pourparlers avec M. Witkoff.

« Toute rencontre doit être bien préparée », a-t-il souligné, en assurant que « le travail se poursuit », sans donner plus de précisions.