Le régime de Téhéran menace une championne de lutte née en Iran

Le port obligatoire du voile pour les femmes en Iran est devenu une question épineuse depuis les protestations qui ont éclaté dans tout le pays en septembre. (Photo, AFP) 
Le port obligatoire du voile pour les femmes en Iran est devenu une question épineuse depuis les protestations qui ont éclaté dans tout le pays en septembre. (Photo, AFP) 
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Publié le Samedi 12 novembre 2022

Le régime de Téhéran menace une championne de lutte née en Iran

  • Le régime a attaqué Balali à travers les réseaux sociaux, ce qui l'a contrainte à demander une protection policière
  • «J'ai vécu en Iran pendant 18 ans, mais je n'avais pas de vie. Je ne ressentais rien»

LONDRES: Une catcheuse d'origine iranienne qui vit en Écosse affirme avoir reçu des menaces du régime de Téhéran pour avoir protesté contre le port du hijab.

Melika Balali, 22 ans, a quitté son pays en novembre 2021 et a remporté une médaille d'or aux Championnats britanniques de lutte à Manchester en juin, représentant l'Écosse, où elle a brandi sur le podium des vainqueurs une pancarte sur laquelle était inscrit : «Arrêtez de nous imposer le hijab, j'ai le droit d’être catcheuse».

La jeune femme déclare avoir perdu tout contact avec sa famille depuis ce jour-là. Le régime l'a d'ailleurs attaquée à travers les réseaux sociaux, ce qui l'a contrainte à demander une protection policière.

« On a essayé de savoir où je vis et avec qui je m'entraîne », a-t-elle confié à la BBC. « Mais, grâce à la police en Écosse, je vis en sécurité, je pratique mon sport dans une zone sûre et je bénéficie d'une protection optimale ».

« La première fois que j'ai porté un maillot à Manchester, ma famille, qui a eu honte de moi, a arrêté de me parler ».

« Mais je suis contente de ma décision. Ces menaces me rendent plus forte. Lorsque je reçois des menaces du gouvernement iranien, je me dis que je suis sur la bonne voie. Si j'avais tort, pourquoi me menacerait-on ?»

Le port obligatoire du hijab pour les femmes en Iran est devenu une question épineuse depuis les protestations qui ont éclaté dans tout le pays en septembre après la mort de Mahsa Amini, 22 ans, détenue par la police des mœurs après avoir été arrêtée et battue parce qu'elle ne portait pas le voile « correctement ».

Balali raconte que ses parents l'avaient obligée à porter le hijab depuis son plus jeune âge et qu'ils n'avaient pas accepté qu'elle fasse carrière dans le sport de la lutte, alors que c'était une tradition chez les hommes de sa famille.

En 2018, la Fédération iranienne de lutte a créé une équipe féminine mais a exigé que les concurrentes portent des combinaisons corporelles couvrant leurs cheveux, leur torse et leurs cuisses.

« Ce n'est pas seulement le code vestimentaire [qui m'a poussée à quitter l'Iran] », précise Balali. «Il ne s'agit pas seulement de couvrir son corps. C'est l'esprit qui devient couvert aussi ».

« Quand je suis ici et que je porte un maillot, je me sens libre, non pas parce que je suis libre de faire de la lutte ni parce que je ne porte pas trois couches de vêtements, mais parce que je suis libre de penser, libre de bâtir quelque chose qui m'appartient ».

Balali, qui vit à présent à Édimbourg, a indiqué que les menaces étaient « terrifiantes », mais que cela ne l'avait pas empêchée de continuer à manifester en solidarité avec les femmes en Iran.

La lutteuse s'est récemment rasé la tête lors d'une manifestation à Glasgow, en solidarité aux manifestations auxquelles participent de nombreuses femmes iraniennes dans leur pays.

« Leur force me donne plus d'énergie, plus de potentiel pour gagner ma prochaine médaille d'or », poursuit-elle. « Il ne s'agit pas seulement de l'or, mais [des idéaux] que je défends. J'utilise cette plateforme pour m'exprimer. Si cette plateforme est importante, ma voix le sera encore plus. Je puise ma force dans mon pays natal ».

« J'ai vécu en Iran pendant 18 ans, mais je n'avais pas de vie. Je ne ressentais rien. Quand j'ai quitté mon pays, je suis venue en Écosse et c'est ici que je me suis mise à penser. C'est cette capacité de penser qui me rend vivante ».

La police écossaise a informé la BBC qu'elle était au courant des menaces en ligne proférées en juillet. « Des enquêtes ont été menées et un plan de sécurité a été mis en place ».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Dans Gaza affamée, des Palestiniens se rabattent sur la viande de tortue

(Photo AFP)
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  • Faute de mieux, c'est la troisième fois que cette Palestinienne de 61 ans prépare un repas à base de tortue pour sa famille déplacée, qui vit aujourd'hui sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.
  • « La famine n'est pas seulement un risque, mais elle semble se développer rapidement dans presque toutes les régions de Gaza », a averti un collectif d'ONG internationales cette semaine.

KHAN YOUNES, TERROIRES PALESTINIENS : Dans une bande de Gaza où les protéines sont rares, certains se résignent à manger des tortues marines.

« Les enfants étaient réticents, on leur a dit que c'était aussi délicieux que du veau », explique Majida Qanan, qui surveille les morceaux de viande rouge mijotant sur un feu de bois.

« Certains en ont mangé, d'autres pas. »

Faute de mieux, c'est la troisième fois que cette Palestinienne de 61 ans prépare un repas à base de tortue pour sa famille déplacée, qui vit aujourd'hui sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.

Depuis 18 mois de guerre dévastatrice entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, le territoire et ses 2,4 millions d'habitants se trouvent dans une situation humanitaire critique.

« La famine n'est pas seulement un risque, mais elle semble se développer rapidement dans presque toutes les régions de Gaza », a averti un collectif d'ONG internationales cette semaine.

Depuis le 2 mars, Israël bloque toute livraison humanitaire, accusant le Hamas de détourner l'aide. Le mouvement palestinien dément ces accusations et accuse en retour Israël d'utiliser « la famine comme arme de guerre ».

Selon le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), la bande de Gaza est aujourd'hui probablement plongée dans « la pire » situation humanitaire depuis le début de la guerre déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël.

En juin dernier, les acteurs du secteur humanitaire avaient évoqué des Palestiniens si démunis qu'ils en étaient parfois réduits à se nourrir d'aliments pour animaux ou d'herbe, et à boire l'eau des égouts.

Entretemps, une trêve, entrée en vigueur le 19 janvier, a permis d'augmenter les livraisons humanitaires, jusqu'au nouveau blocage israélien du 18 mars, suivi de la reprise de ses opérations militaires.

Les tortues, elles, sont tuées selon les rites halal, c'est-à-dire conformément aux préceptes de la religion musulmane, affirme Abdul Halim Qanan.

« S'il n'y avait pas de famine, on n'en mangerait pas, mais il faut bien compenser le manque de protéines avec quelque chose ».


Le président syrien reçoit un membre républicain du Congrès américain

Le président Al-Sharaa rencontre Cory Mills, membre du Congrès américain, à Damas. (Courtesy : SANA)
Le président Al-Sharaa rencontre Cory Mills, membre du Congrès américain, à Damas. (Courtesy : SANA)
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  • En janvier, les États-Unis ont annoncé un allègement temporaire des sanctions pour « ne pas entraver » la fourniture de services essentiels à la population syrienne. Ils ont cependant précisé qu'ils n'envisageraient pas d'assouplir davantage les sanctions
  • C'est la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

DAMAS : Le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, s'est entretenu à Damas avec un membre du Congrès américain, a indiqué samedi la présidence syrienne, ce qui constitue la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

Cory Mills, membre du parti républicain, est arrivé vendredi en Syrie, accompagné de Marlin Stutzman, également membre du parti de Donald Trump.

Le nouveau président a rencontré M. Mills au palais présidentiel à Damas en présence de son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a indiqué la présidence dans un communiqué.

Le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, s'est entretenu à Damas avec un membre du Congrès américain, a indiqué samedi la présidence syrienne, ce qui constitue la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

Cory Mills, membre du parti républicain, est arrivé vendredi en Syrie, accompagné de Marlin Stutzman, également membre du parti de Donald Trump.

Le nouveau président a rencontré M. Mills au palais présidentiel à Damas en présence de son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a indiqué la présidence dans un communiqué.

Peu après l'arrivée d'Ahmed Chareh, Washington avait annoncé ne plus proposer de récompense pour son arrestation, après avoir reçu des « messages positifs » lors de la première visite officielle de diplomates américains à Damas après l'éviction de M. Assad.

Le nouveau gouvernement syrien cherche à obtenir une levée des sanctions internationales imposées à l'époque de Bachar al-Assad afin de relancer l'économie du pays, exsangue après 14 années de guerre civile.

Toutefois, certains pays souhaitent attendre de voir si les nouvelles autorités vont respecter les droits humains. 

En janvier, les États-Unis ont annoncé un allègement temporaire des sanctions pour « ne pas entraver » la fourniture de services essentiels à la population syrienne. Ils ont cependant précisé qu'ils n'envisageraient pas d'assouplir davantage les sanctions tant que des progrès sur des priorités telles que la lutte contre le « terrorisme » n'auront pas été constatés.

Les sanctions économiques ont un impact lourd sur le pays, où 90 % des Syriens vivent sous le seuil de pauvreté, selon l'ONU.

Une délégation ministérielle syrienne et le gouverneur de la Banque centrale doivent participer à des réunions avec le Fonds monétaire international et la Banque mondiale à Washington la semaine prochaine, ont récemment indiqué deux sources proches des participants.

La visite des deux élus américains intervient alors que les États-Unis ont annoncé le retrait prochain d'environ un millier de soldats américains déployés en Syrie pour lutter contre les jihadistes.

Washington a également mis en garde le même jour contre le risque d'attaques « imminentes » en Syrie, selon un message diffusé sur le site de l'ambassade américaine, fermée depuis 2012.


Les États-Unis annoncent réduire de moitié leurs effectifs militaires en Syrie

Les États-Unis ont commencé à retirer des centaines de soldats du nord-est de la Syrie, a rapporté le New York Times jeudi. (AFP/File)
Les États-Unis ont commencé à retirer des centaines de soldats du nord-est de la Syrie, a rapporté le New York Times jeudi. (AFP/File)
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  • Cette décision intervient près de trois mois après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui est défavorable depuis longtemps à la présence américaine sur place et prône un retour à une politique isolationniste des États-Unis.
  • La présence américaine en Syrie va être ramenée « à moins d'un millier de soldats dans les mois prochains », sur environ 2 000 actuellement, a déclaré Sean Parnell, le porte-parole du Pentagone, dans un communiqué.

WASHINGTON : Les États-Unis ont annoncé vendredi qu'ils allaient réduire de moitié leur présence militaire en Syrie, estimant avoir lutté avec « succès » contre le groupe État islamique (EI), même si des groupes djihadistes demeurent actifs dans un pays encore fragile.

Cette décision intervient près de trois mois après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui est défavorable depuis longtemps à la présence américaine sur place et prône un retour à une politique isolationniste des États-Unis.

Les États-Unis sont présents sur le sol syrien depuis des années, notamment dans le cadre de la coalition internationale contre l'EI.

La présence américaine en Syrie va être ramenée « à moins d'un millier de soldats dans les mois prochains », sur environ 2 000 actuellement, a déclaré Sean Parnell, le porte-parole du Pentagone, dans un communiqué.

« Cette consolidation démontre les progrès considérables réalisés pour réduire l'attrait et les capacités opérationnelles du groupe Etat islamique, tant dans la région que dans le monde », a-t-il dit, évoquant plus globalement « le succès des États-Unis contre l'EI ».

Arrivé au pouvoir à Washington le 20 janvier, Donald Trump est depuis longtemps sceptique sur la présence militaire en Syrie. Et la chute fin décembre de Bachar al-Assad, remplacé à la tête du pays par une coalition menée par des islamistes, n'a pas changé la donne.

La prise de contrôle de pans entiers de la Syrie et de l'Irak par l'EI à partir de 2014 a déclenché l'intervention d'une coalition internationale menée par les États-Unis, dont l'objectif principal était de soutenir les unités de l'armée irakienne et les Kurdes qui combattaient l'EI au sol par les airs.

Mais Washington a alors aussi déployé des milliers de ses soldats pour soutenir ces troupes locales et mener ses propres opérations militaires.
« L'armée américaine va rester prête à mener des frappes contre ce qu'il reste de l'EI en Syrie », a déclaré vendredi le porte-parole du Pentagone, qui dit maintenir « des capacités importantes dans la région ».

Les États-Unis disposent actuellement d'environ 2 500 soldats en Irak, un chiffre appelé à diminuer.

La sécurité en Syrie reste précaire depuis la chute de Bachar al-Assad, après près de 14 ans d'une guerre déclenchée par la répression violente de manifestations antigouvernementales en 2011.

À la tête de forces de sécurité dominées par d'anciens rebelles islamistes, les autorités syriennes de transition ont la lourde tâche de maintenir la sécurité dans un pays multiethnique et multiconfessionnel où de nombreux groupes armés, parmi lesquels des djihadistes, sont encore présents.