PARIS: Elles avaient à peine pu remettre le bec dehors: les volailles de plein air doivent de nouveau être confinées partout en France face à la menace grandissante de la grippe aviaire.
Le niveau de risque lié à l'influenza aviaire hautement pathogène (IAHP), communément appelée grippe aviaire, a été porté jeudi de "modéré" à "élevé" sur l'ensemble du territoire métropolitain par un arrêté publié au Journal officiel.
Cette décision est prise "à la suite d'une contamination élevée de l'environnement par des virus influenza aviaire hautement pathogène", indique l'arrêté.
Le texte précise que cette situation a été "objectivée par les nombreuses détections de ces virus dans l'avifaune sauvage libre et aggravée par l'observation de flux d'oiseaux migrateurs".
Ce niveau de risque impose la "mise à l'abri" des volailles détenues par les professionnels comme les particuliers, selon les textes.
Les grandes régions de production de volailles - Bretagne, Pays de la Loire, ainsi que le département des Deux-Sèvres, dans l'ouest du pays - étaient déjà soumises à cette obligation depuis la mi-octobre, au grand dam du syndicat Confédération paysanne qui redoute "la mort de l'élevage plein air".
Les volailles n'auront finalement été autorisées à goûter les plaisirs du grand air que quelques mois cette année.
Au 8 novembre, 49 foyers étaient recensés dans les élevage, selon le décompte officiel de la saison 2022-2023, démarré le 1er août.
Le virus a recommencé à frapper des élevages français dès la fin juillet, de manière exceptionnellement précoce après une saison 2021-2022 catastrophique.
Entre l'automne 2021 et le printemps 2022, les aviculteurs avaient vécu leur pire crise liée à la grippe aviaire. Plus de 20 millions de volailles (canards mais aussi dindes, poulets, poules...) ont été abattus dans les élevages infectés ou de manière préventive pour stopper la progression du virus.
Cet épisode a bouleversé la filière avicole, surprise par l'ampleur des contaminations dans les Pays de la Loire et en Bretagne, grandes terres d'élevage qui avaient été épargnées lors des précédentes crises liées au virus.
"Les éleveurs sont traumatisés, certains arrêtent de produire pour ne pas revivre le printemps" dernier, remarquait cette semaine auprès de l'AFP le président de la chambre d'agriculture de Vendée, Joël Limouzin.
« Frissons »
"Aucun type d'élevage n'est épargné", a aussi déploré mercredi Yves-Marie Beaudet, le président de l'interprofession de l'oeuf (CNPO).
"C'est quelque chose qui donne des frissons", a-t-il ajouté devant la presse, en alertant sur les menaces de l'épidémie sur la production d'oeufs.
Après avoir été longtemps réticents à l'égard de la vaccination contre l'IAHP, les professionnels de l'aviculture attendent désormais avec impatience que des vaccins soient autorisés. Une expérimentation est en cours en Europe.
Pour M. Limouzin, c'est la seule manière de faire face à un virus devenu "endémique", avec lequel il faudra cohabiter durablement.
Sinon, "comment continuer" à produire si des millions d'animaux doivent être euthanasiés chaque année, s'interroge le vice-président du syndicat majoritaire FNSEA.
Avant même la reprise de l'épizootie cet été, la facture de la grippe aviaire s'élevait pour l'Etat français à plus d'un milliard d'euros consacrés à l'indemnisation des pertes des professionnels.
Depuis le 1er août, 18 pays européens ont repéré le virus sur leur territoire, selon la plateforme française d'épidémiosurveillance en santé animale (ESA), la France et l'Allemagne comptant le plus de foyers en élevages.
Les oiseaux domestiques et volailles doivent être confinés dans toute l'Angleterre depuis le 7 novembre.