NAIROBI: Les pilotes de Kenya Airways ont mis fin mercredi à un mouvement de grève qui a paralysé durant quatre jours des centaines de vols, obéissant à une décision d'un tribunal leur ayant ordonné la veille de reprendre leur activité.
Cette grève, commencée le 5 novembre, a affecté des dizaines de milliers de passagers, notamment au départ de l'aéroport international Jomo Kenyatta de Nairobi, et menaçait d'aggraver la situation économique fragile de la compagnie nationale kényane, régulièrement en déficit ces dernières années.
"La grève est terminée, nous avons repris le travail", a annoncé mercredi matin un porte-parole de l'Association des pilotes de ligne du Kenya (Kalpa), le syndicat à l'origine du mouvement.
Le trafic revenait progressivement à la normale durant la journée de mercredi.
La compagnie aérienne a promis mercredi sur Twitter un "retour à la normale des vols le samedi 12 novembre".
Les pilotes, qui représentent 10% des effectifs de Kenya Airways, réclament notamment le rétablissement des cotisations à un fonds de prévoyance et le paiement de salaires impayés durant la pandémie.
Ce mouvement de grève en faveur du pouvoir d'achat vient ajouter aux défis économiques auxquels est confronté le président William Ruto, investi début septembre, qui a hérité d'un pays aux prises avec une inflation galopante, une importante dette et une sécheresse sans précédent.
« Pire expérience »
Les passagers de l'aéroport se montraient prudemment optimistes mercredi après avoir été contraints de reporter leurs plans en raison de la grève.
"J'ai eu la pire expérience sur KQ (Kenya Airways, ndlr) pendant la grève ces deux derniers jours, mais finalement, on m'a dit que je prendrais l'avion ce soir", a déclaré un passager du nom de Londiwe: "J'espère juste que les pilotes ne repartiront pas en grève."
Après avoir vu son vol pour Entebbe, en Ouganda, annulé mardi, Peace Wamala voulait elle aussi y croire: "Nous ne connaissons pas encore l'heure mais on nous a assuré que nous décollerions aujourd'hui".
La Kalpa avait lancé son débrayage à l'aéroport international Jomo Kenyatta de Nairobi au mépris d'une injonction du tribunal des relations du travail de Nairobi rendue le 31 octobre contre la grève.
Après une audience mardi en présence de onze membres de la Kalpa convoqués pour avoir désobéi à cette décision de justice, le tribunal avait ordonné aux pilotes "de reprendre leurs fonctions d'ici 06h00 le 9 novembre 2022 sans condition".
Le tribunal a également demandé à la direction de Kenya Airways de laisser les pilotes "exercer leurs fonctions sans les harceler, ni les intimider et surtout en ne prenant aucune mesure disciplinaire à leur encontre".
Après avoir menacé dimanche les pilotes de mesures disciplinaires, le ministre des Transports, Kipchumba Murkomen, avait exhorté mardi salariés et direction de la compagnie "à obéir à l'ordonnance du tribunal".
"Nous regrettons que les problèmes en cours aient pu persister et dégénérer en grève", avait-il déclaré.
Le mouvement avait viré au bras de fer. Invoquant le caractère "illégal" de la grève, les dirigeants de la compagnie ont notamment annoncé ludni leur "retrait immédiat" de l'accord de reconnaissance mutuelle et de la convention collective signés avec le syndicat.
Difficultés économiques
Kenya Airways, propriété de l'Etat kényan et du groupe Air France-KLM, est une des plus grandes compagnies aériennes d'Afrique, reliant plusieurs pays à l'Europe et à l'Asie.
La compagnie a estimé que la grève causait des pertes de 2,5 millions de dollars par jour, venant aggraver une situation économique déjà compliquée.
Elle a annoncé en août une perte semestrielle de 81,5 millions de dollars en raison des coûts élevés du carburant, en dépit de 520 millions de dollars injectés par l'Etat.
La compagnie aérienne a été fondée en 1977 après la disparition d'East African Airways. Elle transporte plus de quatre millions de passagers vers 42 destinations chaque année.