TRIPOLI: Les forces du gouvernement d'union nationale (GNA) ont mis en garde jeudi contre les risques de voir rompu l'accord de cessez-le-feu permanent récemment signé entre les deux camps rivaux en Libye, pays plongé dans le chaos depuis 2011.
La Libye est déchirée entre le Gouvernement d'union nationale (GNA) basé dans l'Ouest à Tripoli, reconnu par l'ONU et soutenu, et un pouvoir incarné par Khalifa Haftar, homme fort de l'Est, soutenu par la Russie notamment.
Après l'échec de l'offensive lancée par le maréchal Haftar en avril 2019 pour s'emparer de la capitale, les combats ont cessé depuis juin 2020. Un cessez-le-feu permanent a été conclu en octobre et des pourparlers interlibyens se déroulent depuis lundi en Tunisie, sous l'égide de l'ONU, pour tenter de sortir ce pays d'une grave crise politique et économique qui perdure.
Parallèlement à ces discussions, des pourparlers se tiennent entre militaires à Syrte en Libye, sur la concrétisation du cessez-le-feu permanent.
« Nous attirons l'attention de la mission onusienne sur le fait que ce qui se déroule jusqu'à présent lors des réunions de la Commission conjointe ne va pas dans le sens d'un cessez-le-feu permanent », a indiqué le porte-parole des forces pro-GNA Mohamad Gnounou dans un communiqué.
Il fait référence aux discussions en cours à Syrte réunissant cinq responsables militaires des deux camps rivaux composant la Commission militaire conjointe, selon le format 5+5.
« Les mouvements militaires autour de Syrte et Joufra supposent qu'il n'y a pas de volonté d'évacuer la zone des milices armées et la mission onusienne ne l'ignore pas », a-t-il souligné. « On ne peut considérer ce qui se passe à Syrte comme un pas en avant », a-t-il averti.
L'accord de cessez-le-feu permanent signé le mois dernier entre les deux principales parties au conflit prévoit notamment le départ des mercenaires étrangers et le démantèlement des milices, sans quoi « les négociations risquent de ne pas porter leur fruit », a affirmé encore le porte-parole des forces pro-GNA.
« Nous ne voulons pas l'échec du dialogue politique à cause de ces agissements », a-t-il insisté.
L'ONU a annoncé mercredi que les participants libyens au dialogue politique en cours à Tunis étaient parvenus à une feuille de route préliminaire prévoyant des élections « crédibles » dans un délai de 18 mois.
Ce dialogue politique ne fait cependant pas l'unanimité en Libye, où certaines forces politiques ou militaires s'estiment pas assez représentées.