LONDRES: Le Parti conservateur au pouvoir au Royaume-Uni a été accusé d'ignorer la montée de l'islamophobie dans le pays et dans ses rangs alors que de nouveaux chiffres montrent une augmentation des crimes de haine antimusulmans dans toute la Grande-Bretagne, a rapporté The Independent lundi.
Les chiffres du gouvernement montrent que les crimes de haine ciblant les musulmans au Royaume-Uni ont augmenté de 28% au cours de la dernière année, représentant 42% de tous les crimes de haine religieux enregistrés en 2021/2022.
Au cours des cinq dernières années, les musulmans ont représenté la plus forte proportion de victimes de crimes de haine religieux, selon ces chiffres.
Au sein du Parti conservateur, des interrogations subsistent sur le résultat d'une enquête concernant le député Mark Spencer, accusé d'islamophobie par un autre député.
Le mois dernier, le secrétaire du cabinet, Simon Case, a déclaré que l'enquête sur les actions de Spencer restait «en suspens».
Dans une lettre adressée au président du Parti conservateur, Nadhim Zahawi, la présidente du Parti travailliste, Anneliese Dodds, a remis en question l'inaction présumée du gouvernement face à l'islamophobie.
«Le fait de devoir à nouveau soulever la question de l'islamophobie directement auprès le président du Parti conservateur est très inquiétant», a-t-elle affirmé.
«Alors que les crimes de haine islamophobes sont en augmentation, les conservateurs doivent montrer qu'ils sont sérieux dans leur lutte contre cette haine insidieuse, tant dans la société qu'au sein de leur parti. Nier l’existence de ce problème n'est tout simplement pas suffisant.
Zahawi avait précédemment rejeté les critiques selon lesquelles les conservateurs souffraient d'un problème d'islamophobie, affirmant qu'il «ne voyait pas de racisme institutionnel au sein du parti».
Dans sa lettre, Dodds a soulevé la question des arguments définissant l'islamophobie au sein du Parti conservateur.
En 2018, un groupe parlementaire multipartite avait encouragé l'utilisation du terme islamophobie dans les communications gouvernementales, mais les conservateurs en avaient rejeté les conclusions.
Dodds a demandé à Zahawi si son parti mettrait fin à la «pratique bizarre consistant à refuser d'utiliser ce terme».
The Independent a rapporté la semaine dernière le fait que le gouvernement avait mis fin aux discussions sur l'utilisation de ce terme plus de trois ans après la publication des conclusions du groupe multipartite.
L'imam Qari Asim, un haut responsable musulman britannique qui a participé aux consultations avec le groupe parlementaire, avait précédemment mis en garde sur le fait que le gouvernement «n'était pas entré en contact avec lui».
Il a ajouté que les responsables «n'avaient absolument rien fait au cours des trois dernières années pour ouvrir la voie à l'établissement d'une nouvelle définition».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com