Ukraine : Kherson sans eau ni électricité après des frappes dont s'accusent Moscou et Kiev

Cette photo prise le 20 mai 2022 montre une vue de la centrale hydroélectrique de Kakhovka, dans l'oblast de Kherson. Les services d'urgence de l'Ukraine occupée par Moscou ont déclaré le 6 novembre 2022 que le barrage clé de Kakhovka, dans la région de Kherson contrôlée par la Russie, avait été «endommagé» par une frappe ukrainienne. (Photo, AFP)
Cette photo prise le 20 mai 2022 montre une vue de la centrale hydroélectrique de Kakhovka, dans l'oblast de Kherson. Les services d'urgence de l'Ukraine occupée par Moscou ont déclaré le 6 novembre 2022 que le barrage clé de Kakhovka, dans la région de Kherson contrôlée par la Russie, avait été «endommagé» par une frappe ukrainienne. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Lundi 07 novembre 2022

Ukraine : Kherson sans eau ni électricité après des frappes dont s'accusent Moscou et Kiev

  • C'est la première coupure d'électricité et d'eau d'ampleur connue à Kherson, aux mains de l'armée russe depuis le début de son offensive en Ukraine le 24 février
  • Depuis le début du conflit, les militaires ukrainiens n'ont que très rarement touché les infrastructures énergétiques civiles

KIEV: Après deux frappes dont Russes et Ukrainiens se renvoient la responsabilité, la ville de Kherson, dans le sud de l'Ukraine, toujours occupée par l'armée russe malgré une poussée ukrainienne, était dimanche sans électricité ni eau, et le barrage de Kakhovka, dans la même région, a été endommagé.

Vladimir Saldo, chef de l'administration régionale de Kherson, installée par Moscou, a déclaré à la chaîne russe Rossiya-24 que "l'alimentation électrique devrait être de retour aujourd'hui" dimanche.

"Trois pylônes en béton portant des lignes à haute tension ont été endommagés sur l'axe Berislav-Kakhovka" par une frappe ukrainienne, avait affirmé plus tôt l'administration d'occupation sur Telegram. "Actuellement, il n'y a ni électricité ni eau dans la ville (de Kherson) et dans certains districts de la région", annexée par Moscou fin septembre.

De son côté, le chef de l'administration militaire ukrainienne de la région de Kherson, Yaroslav Yanouchevytch, a déclaré que "l'armée russe a fait exploser des lignes à haute tension" sur une longueur de 1,5 km à Berislav. "Les occupants ont également détruit des lignes à haute tension menant à la ville de Kherson", provoquant des "problèmes d'approvisionnement" pour la ville et d'autres municipalités, selon la même source.

C'est la première coupure d'électricité et d'eau d'ampleur connue à Kherson, aux mains de l'armée russe depuis le début de son offensive en Ukraine le 24 février.

Kherson est la principale ville ukrainienne prise par les forces russes depuis février. Les troupes ukrainiennes se rapprochent depuis plusieurs semaines.

Depuis le début du conflit, les militaires ukrainiens ont très rarement touché les infrastructures énergétiques civiles dont les Russes se sont emparées, visant plutôt les lignes d'approvisionnement de l'armée russe.

La Russie, pour sa part, a détruit environ 40% des infrastructures énergétiques ukrainiennes ces dernières semaines à l'aide de missiles et de drones-suicides, qui ont entraîné des coupures d'électricité et d'eau dans de nombreux endroits, dont la capitale Kiev.

«Déficit énergétique»

Le maire de Kiev, Vitali Klitschko, a déclaré dimanche dans une interview télévisée ne pas exclure un scénario de black-out total dans sa ville. "Nous calculons différents scénarios afin de résister et d'être prêts", dit-il.

Plus de 4,5 millions d'Ukrainiens étaient sans électricité dimanche soir, la plupart à Kiev et dans sa région, a indiqué le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans son allocution quotidienne, reconnaissant une situation "très difficile".

La compagnie nationale d'électricité Ukrenergo prévoit un nouveau "déficit énergétique" pour lundi et des coupures tournantes de 06H00 jusqu'au soir. "La consommation devrait être réduite de 30%" pour stabiliser le réseau, a expliqué Ukrenergo.

M. Zelensky a dit "être au courant que l'État terroriste (la Russie) concentre des forces et des moyens pour une possible répétition d'attaques massives sur nos infrastructures, en particulier énergétiques", et accusé l'Iran de fournir pour cela des missiles à Moscou.

Il a précisé avoir discuté dimanche avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, de la façon d'"augmenter la pression" sur Téhéran, dont la "complicité avec le terrorisme russe doit être punie".

Un barrage stratégique

Toujours dimanche, le barrage de Kakhovka, situé à 60 km à vol d'oiseau de Kherson et sous contrôle russe, a  été frappé par un missile ukrainien, sans faire de mort ni de blessé, selon les autorités d'occupation russes.

L'état-major ukrainien a assuré de son côté qu'à Kakhovka, "une attaque (ukrainienne) a été menée contre un bâtiment abritant jusqu'à 200 soldats ennemis" et que les Russes "cachent avec précaution les conséquences de cette attaque".

Le barrage hydroélectrique de Kakhovka, aménagé le long du Dniepr, permet notamment d'alimenter en eau la péninsule de Crimée, annexée en 2014 par Moscou.

Cité par les agences russes, Rouslan Agaïev, représentant de l'administration installée par Moscou à Nova Kakhovka, le village où est situé cet ouvrage, a assuré que la frappe "n'a pas causé de dégâts critiques".

Le risque de frappes sur cette installation stratégique est brandi depuis octobre par les Ukrainiens et les Russes, qui s'accusent mutuellement de mettre en danger la vie de "milliers" d'habitants dans cette partie de la région où les troupes de Kiev progressent depuis septembre.

Le président ukrainien avait accusé Moscou il y a deux semaines d'avoir "miné le barrage", l'un des plus grands en Ukraine. "Des mensonges", ont réagi les autorités d'occupation russes.

Ces trois derniers jours, les autorités d'occupation russes ont procédé dans les villages autour du site à des "évacuations" de civils face à une "possible attaque au missile" sur le barrage dont la destruction entraînerait "l'inondation de la rive gauche" du Dniepr, selon les autorités locales.

Kiev a condamné à plusieurs reprises ces "déportations" d'habitants de la région vers des territoires moins exposés aux combats, voire vers la Russie elle-même.

Prière

Sur le terrain, un Taïwanais de 25 ans, engagé volontaire contre les forces russes, a été tué au combat, la première victime connue originaire de Taïwan depuis le début de l'invasion du territoire ukrainien, a annoncé le ministère des Affaires étrangères à Taipei.

Dans la région de Soumy (nord-est), une femme de 62 ans a été tuée et une autre femme blessée lors de bombardements russes soutenus pendant la journée sur Vorozhbyanska, qui ont notamment détruit des infrastructures électriques, gazières et ferroviaires, a écrit sur Twitter le gouverneur régional, Dmytro Jivitskiï.

Dans la région de Donetsk (est), "de violentes attaques russes sont en cours (...) L'ennemi subit de lourdes pertes mais (...) continue de mener à la mort ses mobilisés et ses mercenaires", a affirmé le président ukrainien.

En déplacement à Bahreïn, le pape François a dit prier dimanche pour "l'Ukraine si martyrisée et pour que cette guerre finisse", après plus de huit mois de conflit qui ont fait des dizaines de milliers de morts.


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Short Url
  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Short Url
  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Short Url
  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.