CHARM EL-CHEIKH : La question du financement des dégâts inévitables déjà causés par le changement climatiques va être abordée lors de la COP27, selon l'agenda adopté dimanche par consensus à l'ouverture de la conférence mondiale sur le climat à Charm el-Cheikh, en Egypte.
Les pays pauvres et vulnérables, peu responsables du réchauffement mais très exposés à ses conséquences dévastatrices, insistaient depuis des mois pour que cette question des "pertes et dommages" (ou préjudices) soit officiellement inscrite à l'ordre du jour de la COP, ce à quoi les pays riches étaient très réticents.
Les pays pauvres réclament la création d'un système de financement spécifique, alors que les désastres climatiques se multiplient à travers le monde causant des dégâts qui se chiffrent déjà en dizaines de milliards de dollars.
L'an dernier, lors de la COP26 à Glasgow, face à la réticence des pays riches, il avait été décidé de la création d'un cadre de "dialogue" sur la question du financement des pertes et dommages, jusqu'en 2024.
Mais lors de la première session de ce dialogue en juin, les pays en développement et vulnérables avaient dénoncé le manque de progrès et demandé que la question soit officiellement inscrite à l'ordre du jour de la COP27.
Finalement, un article a été rajouté à l'agenda officiel de la conférence sur la discussions de "questions relatives aux accords de financement en réponse aux pertes et dommages associés aux effets néfastes du changement climatique, y compris un accent sur la gestion des pertes et des dommages".
Une note précise que les résultats de ces discussions n'empêcheraient pas d'éventuelles actions légales à l'avenir.
C'est notamment la crainte de s'exposer à d'éventuelles procédures légales qui rend les pays riches, notamment les Etats-Unis et l'Europe, réticents à une reconnaissance spécifique des pertes et dommages. Ils estiment par ailleurs que les "financements climats" comptent déjà suffisamment de mécanismes pour que les pertes et dommages puissent y trouver place, sans y rajouter de la complexité.
Le ministre des Affaires étrangères égyptien Sameh Choukri, qui préside la COP27, a souligné que les discussions à l'agenda "ne concernent pas la responsabilité ou l’indemnisation" et ces discussions devaient se recouper avec celles lancées à Glasgow et viser à déboucher à la même date de 2024.
"Cette inclusion à l'agenda reflète un sens de la solidarité et de l'empathie pour la souffrance des victimes des catastrophes causées par le climat", a-t-il poursuivi, en remerciant toutes les parties pour leur "flexibilité" et en rendant hommage aux "militants et à la société civile" qui oeuvrent depuis des années en ce sens.
Le patron de l'ONU-Climat, Simon Stiell, a qualifié de "cruciale" cette question des pertes et dommages en ouverture de la conférence.