RIYAD: Les origines culturelles saoudiennes sont le principal atout sur lequel le Royaume peut compter pour devenir un centre touristique mondial, selon Amira el-Adawi, fondatrice et directrice associée d’Amira & Co., une société de conseil en gestion basée à Londres.
«Cet avantage peut être maintenu indéfiniment et le marché du Royaume est déjà suffisamment attrayant», déclare-t-elle à Arab News.
«Cependant, cela doit se faire correctement, tout en s’adressant aux touristes qui apprécient le patrimoine et l’histoire authentiques», ajoute-t-elle.
Depuis 2008, l’Arabie saoudite compte au moins six sites importants à «valeur universelle exceptionnelle», inscrits sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco.
Chacun de ces sites joue un rôle crucial dans l’ouverture du Royaume en tant que destination culturelle pour les touristes à travers le monde.
On compte parmi les sites l’ancienne ville de Hegra, la capitale méridionale des Nabatéens, qui ont également construit Petra dans la Jordanie moderne.
Le site archéologique de Hegra est une destination importante qui s’étend sur plus de 22 000 kilomètres carrées dans la région d’AlUla, avec sa vallée-oasis luxuriante et ses montagnes imposantes.
L’aube d’une civilisation
Les autres sites de l’Unesco en Arabie saoudite incluent la ville historique de Djeddah, inscrite sur la Liste du patrimoine en 2014. Elle a été établie au VIIe siècle comme le principal port de la mer Rouge et s’est rapidement développée, devenant une porte d’entrée pour les pèlerins de La Mecque arrivant par voie maritime.
Djeddah, qui est devenue un centre multiculturel florissant, se caractérisait par une tradition architecturale particulière, notamment des maisons-tours construites à la fin du XIXe siècle par les élites marchandes de la ville, dont beaucoup sont toujours visibles aujourd’hui.
Parmi les autres sites du patrimoine figure la ville d’Al-Ahsa, classée sur la Liste de l’Unesco en 2018.
Al-Ahsa abrite la plus grande et la plus ancienne oasis du monde et une vaste collection de 2,5 millions de palmiers dispersés sur 85 kilomètres carrés.
Elle conserve des traces matérielles représentatives de toutes les étapes de l’histoire de l’oasis, depuis ses origines au Néolithique jusqu’à nos jours.
Enfin, le quartier Turaif de Diriyah, considéré comme le berceau du Royaume, figure sur la Liste de l’Unesco depuis 2010.
Diriyah est désormais le centre de l’un des plus grands projets d’Arabie saoudite, développé par la Diriyah Gate Development Authority.
Le plan estimé à 50 milliards de dollars (1 dollar = 1 euro), et visant à transformer Diriyah en une destination historique, culturelle et de mode de vie mondiale proposera 55 000 possibilités d’emploi et attirera 27 millions de visiteurs par an.
Garder une longueur d’avance
Un autre domaine où le Royaume pourrait rivaliser serait l’organisation d’événements sportifs.
Des rapports récents ont montré que le Royaume est en pourparlers avec des chefs sportifs en Égypte et en Grèce au sujet d’une audacieuse offre conjointe pour accueillir la Coupe du monde de football de 2030.
En outre, le pays a été choisi le 4 octobre pour accueillir les Jeux asiatiques d’hiver de 2029 à Trojena, un complexe de sports d’hiver ouvert toute l’année, construit dans le nord-ouest du Royaume dans le cadre de la mégapole futuriste Neom.
Le complexe Trojena, qui doit être achevé en 2026, se trouve dans une zone de Neom où les températures hivernales descendent en dessous de zéro et où les températures toute l’année sont généralement de dix degrés plus fraîches que le reste de la région.
«Des avantages secondaires peuvent être créés autour des activités du désert – l’Occident ayant construit des industries et des villes entières en lien avec la neige et le ski. Personne n’a encore attiré suffisamment d’attention sur les sports de sable et les activités du désert», poursuit Amira el-Adawi.
Le complexe disposera toute l’année de pistes de ski, de chalets, d’hôtels ultraluxueux et d’un lac artificiel de cinq mètres de profondeur rempli d’eau de mer dessalée.
«L’innovation et l’ingéniosité sont nécessaires pour créer le projet de toutes pièces, mais l’Arabie Saoudite dispose de la géographie et du financement nécessaires pour le faire», ajoute-t-elle.
L'Arabie saoudite a également accueilli le Grand Prix de Formule 1 à Djeddah.
La course s’est déroulée au sein du Royaume, dans le cadre d’un partenariat de quinze ans entre la Fédération saoudienne de l’automobile et de la moto et la Formule 1.
Des touristes comblés grâce à la culture
Amira el-Adawi pense que le divertissement peut être une attraction secondaire. Si les gens découvrent l’histoire du Royaume, ils peuvent également être amenés à explorer la diversité culturelle, artistique et artisanale saoudienne à travers le Royaume.
«Une fois que certains produits de base sont créés pour attirer les touristes, vous pouvez avoir de nombreuses attractions et aventures secondaires qui aident à diversifier l’expérience», dit-elle.
Selon elle, la clé du tourisme durable est de trouver des éléments de différenciation plutôt que d’essayer de rivaliser avec les offres existantes d’autres pays qui sont sur le marché depuis plus longtemps.
«Aujourd’hui, l’Arabie saoudite est un marché qui n’était jamais disponible auparavant. Il existe une sorte de facteur inconnu ou mystérieux et un ‘coup d’œil dans les coulisses’ peut être utilisé efficacement dans le marketing auprès des étrangers qui n’ont jamais envisagé de visiter le Royaume auparavant», précise-t-elle.
Par conséquent, le Royaume met en valeur son patrimoine et sa culture sous de nombreux aspects qui s’articulent notamment autour de ses mégaprojets.
Selon l’Arabie saoudite, le tourisme devrait contribuer à hauteur de 1 860 milliards de dollars, soit jusqu’à 15% du produit intérieur brut d’ici à 2030.
Le plus grand exportateur de pétrole au monde vise à attirer 100 millions de visiteurs par an d’ici à 2030 au moment où il envisage de diversifier son économie au-delà du pétrole.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com