BANGKOK : Au moins un avion de combat de fabrication russe a été livré à la junte militaire au pouvoir en Birmanie, le premier d'un lot de 6 avions dont la commande remonte à 2018, a déclaré vendredi l'ONG Myanmar Witness.
Moscou est depuis longtemps un fournisseur important de matériel militaire pour la Birmanie, dont l'armée qui a pris le pouvoir par un coup d'Etat en 2021 est accusée de commettre des crimes de guerre en ciblant des civils lors de frappes aériennes.
La commande de six Soukhoï Su-30 avait été passée il y a 4 ans sous le gouvernement civil d'Aung San Suu Kyi par l'armée birmane, selon les médias d'Etat russes.
Les données satellitaires, les rapports des observateurs de vol et une source proche du dossier ont «maintenant confirmé avec confiance» la présence d'au moins un de ces avions de combat se trouvait dans la nouvelle capitale construite par les militaires, Naypyidaw, a déclaré l'ONG qui travaille sur les atteintes aux droits humains en Birmanie.
Myanmar Witness n'a pas précisé si l'avion était encore en phase d'entraînement ou en mission active.
Selon des médias locaux, entre quatre et six de ces chasseurs multirôles biplaces seraient arrivés dans le pays, accompagnés de formateurs et de techniciens russes.
L'armée n'a pas fait de commentaires sur la vente ni sur le nombre de jets présents dans le pays.
La Russie est un important soutien de la junte, qui a en retour qualifié de «justifiée» l'invasion de l'Ukraine par Moscou.
En octobre, le magazine spécialisé Jane's Defence Weekly a affirmé avoir reçu des images montrant un hélicoptère de transport d'assaut russe Kamov KA-29TB en opération dans la région de Sagaing (nord).
L'hélicoptère semble être l'un des cinq que l'armée birmane a acheté au début de l'année, a écrit le magazine, citant des sources de renseignement régionales.
Depuis le coup d'Etat de 2021 qui a fait plonger le pays dans un conflit sanglant, plus de 2.300 civils ont été tués par les forces de sécurité, selon le décompte d'une ONG locale.
Des combats violents sont engagés avec des groupes rebelles ethniques ainsi qu'avec les Forces de défense du peuple, apparues après le coup d'Etat.
Plusieurs groupes de défense des droits ont accusé l'armée de lancer des frappes aériennes sur des civils, ce qui constitue des crimes de guerre.
Le mois dernier, des frappes aériennes sur un concert organisé par un important groupe ethnique rebelle dans le Nord du pays, l'Armée de l'indépendance Kachin (KIA, ont tué une cinquantaine de personnes, dont des civils, selon les rebelles. De simples «rumeurs», selon la junte.