KHARTOUM : Au moins 11.000 Éthiopiens se sont réfugiés en 48 heures dans l'est du Soudan, fuyant les combats dans la région dissidente du Tigré, a indiqué à l'AFP un responsable soudanais.
Un précédent bilan précédent communiqué par l'agence officielle Suna faisait état de plus de 8.000 réfugiés.
« A ce jour, le nombre d’Ethiopiens ayant pénétré au Soudan se monte à 11.000 », a déclaré mercredi à l'AFP Alsir Khaled, directeur de l'agence soudanaise pour les réfugiés dans la ville frontalière de Kassala.
« Dans la région soudanaise de Hamdaït, dans l’État de Kassala, le nombre de réfugiés est passé de 2.000 mardi à 6.000 mercredi, et dans l'Etat de Gedaref il a atteint 5.000 », a-t-il dit sans autre détails.
L'agence officielle a indiqué que 6.000 Éthiopiens étaient arrivés dans l'Etat fédéral de Gedaref et 1.100 dans celui de Kassala. Mardi, des responsables de ces deux régions orientales du Soudan avaient fait état de l'arrivée de 1.500 réfugiés.
Le Haut Commissariat aux Réfugiés (UNHCR) s'attend à un vague massive de réfugiés car il estime que la guerre risque de s'intensifier.
« Des milliers de réfugiés sont arrivés à la frontière soudanaise en l'espace de 24 heures. Comme le conflit semble devoir connaître un escalade, le nombre augmentera vraisemblablement de manière significative », estime cette organisation onusienne dans un communiqué.
Pour sa part, la directrice régionale du HCR, Clementine Nkweta-Salami, a insisté auprès des gouvernements des Etats voisins pour qu'ils laissent leurs frontières ouvertes à ceux qui ont été contraints de quitter leurs habitations.
Face à l'urgence, dans l’État de Gedadef, les agriculteurs ont commencé à collecter de la nourriture et à proposer des abris aux arrivants, indique une source gouvernementale citée par Suna, selon laquelle jusqu'à 200.000 Éthiopiens pourraient se réfugier au Soudan.
Le Tigré est une région dissidente du nord de l’Éthiopie où Addis Abeba mène depuis le 4 novembre une opération militaire d'envergure.
Le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, prix Nobel de la Paix 2019, a lancé cette opération contre les autorités du Tigré, qu'il avait accusées préalablement d'avoir attaqué deux bases de l'armée fédérale sur leur territoire, ce qu'elles démentent.
Se disant « inquiet de l'impact du conflit en cours », le porte-parole du Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), Babar Baloch, a également fait état mardi de la présence de « plusieurs centaines de demandeurs d'asile » à deux postes-frontières de la zone.
L'aviation éthiopienne a lancé plusieurs séries de raids sur des positions tigréennes tandis qu'au sol, des combats à l'artillerie lourde auraient opposé les troupes fédérales et les forces de sécurité tigréennes, notamment à l'ouest.
L'Union africaine (UA) a réclamé mardi la fin des hostilités dans la région du Tigré, où les combats poussent des milliers d'habitants à fuir vers le Soudan.
A la tête de la région, le Front de libération des peuples du Tigré (TPLF), qui fut tout-puissant durant les presque 30 ans qu'il a passés aux commandes des institutions politiques et sécuritaires en Ethiopie, défie depuis plusieurs mois l'autorité du gouvernement fédéral de M. Abiy.
Les dirigeants de la région du Tigré l'accusent de les avoir progressivement écartés du pouvoir depuis qu'il est devenu Premier ministre en 2018.