Bousculade mortelle à Séoul: le chef de la police estime la réponse policière «insuffisante»

La police marche parmi les effets personnels récupérés sur les lieux d'une vague mortelle de foule d'Halloween qui a tué plus de 150 personnes dans le district d'Itaewon après qu'ils aient été exposés dans un gymnase pour que les proches des victimes puissent les récupérer, à Séoul le 1er novembre 2022 (Photo, AFP).
La police marche parmi les effets personnels récupérés sur les lieux d'une vague mortelle de foule d'Halloween qui a tué plus de 150 personnes dans le district d'Itaewon après qu'ils aient été exposés dans un gymnase pour que les proches des victimes puissent les récupérer, à Séoul le 1er novembre 2022 (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mardi 01 novembre 2022

Bousculade mortelle à Séoul: le chef de la police estime la réponse policière «insuffisante»

  • Au moins 156 personnes, principalement des jeunes, ont été tuées, et des dizaines de personnes blessées, dans un mouvement de foule samedi soir lors de la première fête de Halloween depuis la pandémie à Séoul
  • Environ 100 000 personnes étaient attendues, mais en raison du caractère non officiel de l'événement, ni la police ni les autorités locales n'ont géré la foule de manière active

SEOUL: Les forces de l'ordre avaient reçu de multiples alertes avant la bousculade mortelle de Séoul, mais ont réagi de manière "insuffisante", a déploré mardi le chef de la police sud-coréenne.

La police savait "qu'une foule importante s'était réunie avant même que se produise l'accident, signalant un danger de manière urgente", a reconnu le chef de la police nationale Yoon Hee-keun.

Mais il a jugé "insuffisante" la manière avec laquelle ces informations avaient été traitées.

"Je voudrais saisir l'occasion pour présenter mes excuses sincères au public pour cet accident, en tant que ministre chargé de la sécurité des personnes", a déclaré pour sa part le ministre de l'Intérieur Lee Sang-min devant le parlement, avant d'incliner la tête en signe de contrition devant les élus et les caméras.

Au moins 156 personnes, principalement des jeunes, ont été tuées, et des dizaines de personnes blessées, dans un mouvement de foule samedi soir lors de la première fête de Halloween depuis la pandémie à Séoul, dans le quartier cosmopolite d'Itaewon.

Environ 100 000 personnes étaient attendues, mais en raison du caractère non officiel de l'événement, ni la police ni les autorités locales n'ont géré la foule de manière active.

La police a reconnu lundi n'avoir déployé que 137 agents à Itaewon samedi soir, tout en soulignant que ce chiffre était supérieur à ceux des fêtes de Halloween des années précédentes.

Pendant ce temps, 6 500 policiers étaient pourtant mobilisés pour une autre manifestation dans la capitale sud-coréenne à laquelle n'ont participé que 25 000 personnes, selon les médias locaux.

Les forces de l'ordre sud-coréennes sont maîtresses dans le contrôle des foules, dans un pays où les nombreuses et fréquentes manifestations sont souvent encadrées par un nombre d'agents supérieur à celui des participants.

Mais dans le cas des festivités de Halloween à Itaewon, il n'existait pas d'organisateur désigné.

Les fêtards se sont rassemblés dans le quartier pour assister à des événements différents dans des bars, clubs et restaurants.

Le président sud-coréen Yoon Suk-yeol a jugé mardi que son pays devait améliorer d'urgence son système de gestion des foules nombreuses à la suite de la catastrophe.

"La sécurité des personnes est importante", a-t-il dit, "Qu'il y ait ou non un organisateur à un événement", a-t-il estimé lors d'une réunion gouvernementale.

M. Yoon a appelé le pays à acquérir des "compétences numériques de pointe" pour améliorer sa gestion des foules.

Mais des observateurs ont affirmé que ces outils existent déjà et n'ont pas été employés à Itaewon.

Bousculade mortelle le soir de Halloween à Séoul: le film des événements

Les enquêteurs sud-coréens tentent de reconstituer ce qui a déclenché la bousculade parmi les plus meurtrières des dix dernières années, le soir de Halloween dans les ruelles étroites du centre de Séoul.

La réponse des forces de l'ordre aux multiples alertes était "insuffisante", a reconnu le chef de la police nationale mardi, tandis que le ministre de l'Intérieur a présenté ses "excuses" pour le drame qui a fait 156 morts, des jeunes pour la plupart.

Voici le film des événements, reconstitué par l'AFP à partir des données officielles, de témoignages et des médias locaux:

Le 27/10: 100 000 personnes attendues

Le 27 octobre, deux jours avant la catastrophe, la police estime que 100 000 personnes fêteront Halloween dans le quartier d'Itaewon. Elle prévoit le déploiement de 200 policiers.

L'événement n'étant pas "officiel", les autorités locales ne prévoient pas de renforts.

Le 29/10 - 20H30: les premières alertes

Samedi 29 octobre, en milieu d'après-midi, des dizaines de milliers de personnes, dont beaucoup sont déguisées pour Halloween, envahissent les rues étroites d'Itaewon.

À 20H30 locales (11H30 GMT), la ruelle à l'épicentre de la cohue est bondée. Certains fêtards se blessent déjà en raison de la densité de la foule. "J'ai prévenu la police mais personne ne s'est présenté", a déclaré un employé d'une discothèque aux médias locaux. Il soutient avoir parlé deux fois à des policiers avant la catastrophe.

À 21H16, une femme diffusant des images en direct se rend dans un poste de police situé à 10 mètres de la ruelle et prévient que la foule est dangereusement dense. La police l'ignore, dit-elle dans une vidéo qu'elle supprime ensuite.

Le chef de la police nationale Yoon Hee-keun reconnaît le 1er novembre que les forces de l'ordre avaient reçu de "multiples alertes" signalant l'urgence d'un danger imminent sur place et juge "insuffisante" la manière avec laquelle ces informations ont été traitées.

Le 29/10 - à partir de 22H15: les appels d'urgence

À 22H00 (13H00 GMT), des personnes en haut de la ruelle en pente commencent soudainement à tomber, selon des témoins oculaires. Ceux qui se trouvent en bas de la rue ne peuvent plus sortir, face à une foule dense qui arrive en sens inverse.

Les gens tombent "comme des dominos", selon un témoin. Ils s'effondrent sur ceux qui les précèdent qui eux-mêmes se trouvent immédiatement piégés, piétinés et écrasés.

Entre 22H15 et 22H22, la caserne de pompiers de Yongsan reçoit plusieurs appels faisant état d'un "accident par écrasement" ou d'une bousculade. Les premiers secouristes arrivent avant 22H27.

Les appels de victimes signalant des difficultés respiratoires se multiplient - plus de 81 appels à l'aide à 22H43, au moment où les autorités déclarent un "ordre d'intervention d'urgence de premier niveau".

Sur place, les secouristes pratiquent des massages cardiaques dans la rue. Rapidement débordés, ils demandent de l'aide aux passants. A 23H00, un ordre de deuxième niveau est émis. Il est transformé en ordre de troisième niveau à 23H50.

Le président Yoon Suk-yeol ordonne aux fonctionnaires d'envoyer d'urgence des équipes d'assistance médicale pour les catastrophes.

Le 29/10 - avant minuit: encore des corps partout

Le président sud-coréen supervise ensuite une réunion de l'équipe de gestion des catastrophes.

Sur place, les secouristes et les passants s'efforcent de sortir les victimes de l'amoncellement de corps dans la ruelle.

"On les tirait mais on n'arrivait pas (à les sortir) car tous ces gens étaient entassés et cela créait un poids important", a déclaré à l'AFP Jarmil Taylor, pris dans la cohue en haut de la ruelle. "Il y avait des corps partout", a précisé ce militaire américain qui a participé aux secours, avec deux camarades.

Les secouristes ne réussissent à sortir toutes les personnes que bien après minuit.

"Cela faisait longtemps que les gens coincés là-dedans n'arrivaient plus à respirer", a déclaré à l'AFP Dane Beathard.

Le 30/10 - 01H00: la dispersion difficile

La police tente d'éloigner les personnes, mais la foule est trop dense et ne se disperse pas facilement.

À 01H00 du matin, la police ordonne aux commerces de fermer.

À ce moment-là, les secouristes ont sorti des dizaines de personnes et, avec l'aide de passants, tentent désespérément de les réanimer, tandis que d'autres fêtards - vraisemblablement inconscients de la catastrophe en cours - continuent de danser et de faire la fête à proximité.

"Il y avait plus de 50 personnes allongées, mais je ne pouvais pas les regarder parce que la scène était épouvantable", a déclaré Choi, une femme qui a aidé à réanimer des victimes.

Vers 02H00, le président Yoon interdit tout accès à Itaewon, à l'exception des policiers et du personnel médical.

Le 30/10 - 03H00: le bilan explose

Vers 03H00 du matin, les pompiers annoncent 120 morts mais préviennent que le bilan va s'alourdir à cause du nombre important de blessés dans un état critique.

La station de métro Itaewon est rapidement encombrée par les personnes qui tentent de partir. Les autorités municipales déploient des bus supplémentaires à 03H50 pour évacuer la zone.

A 04H00, le bilan passe à 146 morts et 150 blessés. Mais des fêtards restent coincés et des métros supplémentaires sont acheminés jusqu'à la station Itaewon à 05H00.

Le 30/10 - 09H45: une enquête rigoureuse

À 09H45 dimanche, le président Yoon s'adresse à la nation dans un discours télévisé, déclarant que la catastrophe "n'aurait pas dû se produire" et promet une enquête "rigoureuse".

En date de mardi 1er novembre, le bilan s'élève à 156 morts, pour la plupart des jeunes femmes, et de nombreux blessés, dont certains sont encore dans un état critique. Il s'agit de l'une des pires catastrophes de l'histoire de la Corée du Sud.

La catastrophe pouvait être évitée 

La mairie de Séoul dispose d'un système de contrôle de la foule en temps réel qui utilise les données des téléphones portables pour prédire la taille de l'assistance à un événement, mais il n'a pas été utilisé samedi soir, selon les médias locaux.

Les autorités du district d'Itaewon n'ont pas non plus déployé de patrouilles de sécurité, les responsables ayant déclaré que l'événement d'Halloween était considéré comme "un phénomène" plutôt qu'un "festival", ce qui aurait nécessité un plan officiel de contrôle de la foule.

Cette nuit-là, des dizaines de milliers de personnes se sont engouffrées dans une ruelle étroite.

Des témoins oculaires ont décrit comment, en l'absence de police ou de contrôle de la foule, des fêtards désorientés ont poussé et bousculé, écrasant les personnes coincées dans la ruelle.

Selon les analystes, cette situation aurait pu être facilement évitée, même avec un petit nombre d'agents de police.

"Une gestion bonne et sûre de la foule n'est pas une question de ratio, mais de stratégie de la foule - pour une capacité, un flux et une densité sûrs" de l'affluence, a déclaré G. Keith Still, professeur de science des foules à l'université de Suffolk.

Pour l'expert sud-coréen Lee Young-ju, si la police locale savait qu'elle serait à court de personnel, elle aurait pu demander de l'aide aux autorités locales, voire aux habitants ou aux propriétaires de magasins.

"Ce ne sont pas seulement les chiffres", a déclaré à l'AFP ce professeur au département des incendies et des catastrophes de l'Université de Séoul.

"La question est de savoir comment ils se sont débrouillés avec ce nombre limité (de policiers) et quel type de mesures ils ont pris pour compenser" le manque d'effectifs, a-t-il estimé.

Dès le lendemain du drame, les critiques ont fusé sur les réseaux sociaux contre les autorités, accusées de manque d'anticipation.

De nombreux utilisateurs ont accusé la police d'avoir complètement omis de contrôler la foule, laissant un trop grand nombre de personnes se masser autour de la station de métro Itaewon et dans les ruelles où s'est produit la bousculade mortelle.


Selon une source ukrainienne , Zelensky ne serait pas prêt à signer un accord sur les minerais avec Washington

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Short Url

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est « pas prêt » à signer un accord avec les États-Unis qui leur offrirait un accès préférentiel aux minerais du pays, a affirmé samedi à l'AFP une source ukrainienne proche du dossier, alors que les deux pays sont en pleines tensions.

Donald Trump réclame depuis plusieurs semaines l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, en guise de dédommagement, selon lui, du soutien américain à Kiev face à l'invasion russe, une condition qu'Ukraine ne peut accepter pour l'instant.

« Le président ukrainien n'est pas prêt à accepter le projet dans sa forme actuelle. Nous essayons toujours de faire des changements de manière constructive », a expliqué cette source ukrainienne qui a requis l'anonymat.

« Ils veulent nous soutirer 500 milliards de dollars », a-t-elle accusé.

« Quel genre de partenariat est-ce là ? (...) Et pourquoi devons-nous donner 500 milliards, il n'y a pas de réponse », a-t-elle encore dit, affirmant que Kiev avait « proposé des amendements. Ils ont été soumis ».

Depuis l'appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont exprimé leur volonté de repartir sur de nouvelles bases, et le président américain a complètement renversé la position de son pays concernant la guerre en Ukraine, en reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité de Kiev.

Le 24 février 2022, l'Ukraine a été envahie par la Russie, le Kremlin affirmant agir pour protéger le pays contre la menace de l'OTAN et empêcher un élargissement de l'organisation.

Donald Trump souhaite négocier un accord avec l'Ukraine afin d'obtenir un accès à 50 % de ses minerais stratégiques, en guise de compensation pour l'aide militaire et économique déjà fournie à Kiev.

Le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Mike Waltz, s'est montré très pressant vendredi.

« Le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine », a-t-il insisté lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté avec vigueur la première proposition américaine d'accord, arguant qu'il ne pouvait « pas vendre » son pays.

Il a toutefois laissé la porte ouverte à des « investissements » américains en échange de telles garanties.

De son côté, Donald Trump affirme que les États-Unis ont dépensé 350 milliards de dollars pour s'engager dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée. Or, selon l'institut économique IfW Kiel, l'aide américaine globale à l'Ukraine, financière, humanitaire et militaire, a atteint 114,2 milliards d'euros (près de 120 milliards de dollars au cours actuel) entre début 2022 et fin 2024, dont 64 milliards d'euros en assistance militaire.

Le 1er février, M. Zelensky a assuré que l'Ukraine n'avait reçu à ce stade que 75 des 177 milliards de dollars d'aide votée par le Congrès américain.


Les États-Unis proposent à l'ONU une résolution pour « une fin rapide » du conflit en Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine.  (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
Short Url
  • Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine.
  • Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE.

NATIONS-UNIES : Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale du pays, après une nouvelle attaque du président américain Donald Trump contre son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Dans un communiqué, le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, a exhorté les pays membres de l'ONU à approuver cette nouvelle résolution « simple » et « historique », et « tous les États membres à la soutenir, afin de tracer un chemin vers la paix ».

« Cette résolution est une bonne idée », a rapidement commenté l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassili Nebenzia, déplorant toutefois l'absence de référence « aux racines » du conflit.

Les Européens, désarçonnés par l'ouverture du dialogue américano-russe sur l'Ukraine, n'avaient pas réagi samedi matin à la proposition américaine.

« Nous n'avons pas de commentaire pour l'instant », a simplement indiqué l'ambassadeur français à l'ONU Nicolas de Rivière, alors que l'Assemblée générale doit se réunir lundi.

Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE, mais aussi à un mépris pour les principes fondamentaux du droit international », a déclaré à l'AFP Richard Gowan, de l'International Crisis Group.

L'Assemblée générale de l'ONU se réunit lundi pour marquer le troisième anniversaire de l'invasion russe de l'Ukraine.

À cette occasion, l'Ukraine et les Européens ont préparé un projet de résolution qui souligne la nécessité de « redoubler » d'efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre « cette année », et prend note des initiatives de plusieurs États membres ayant présenté « leur vision pour un accord de paix complet et durable ».

Le texte réitère également les précédentes demandes de l'Assemblée générale, appelant à un retrait immédiat et inconditionnel des troupes russes d'Ukraine ainsi qu'à la cessation des attaques de la Russie contre l'Ukraine.

Ces précédents votes avaient rassemblé plus de 140 voix sur les 193 États membres.

Les nouvelles salves de M. Trump contre M. Zelensky interviennent alors que la visite de l'émissaire du président américain, Keith Kellogg, semblait avoir apaisé la situation. Ces nouvelles attaques de M. Trump contre M. Zelensky font suite à des premières invectives virulentes plus tôt dans la semaine, qui avaient suscité une vive réaction de la part de Kiev et la stupéfaction de ses alliés européens.

M. Zelensky avait déclaré avoir eu des échanges « productifs » avec M. Kellogg, et ce dernier l'avait qualifié de « dirigeant courageux et assiégé d'une nation en guerre ».

Vendredi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a réaffirmé que le président Vladimir Poutine était « ouvert » à des pourparlers de paix.

La Russie exige notamment que l'Ukraine lui cède quatre régions ukrainiennes, en plus de la Crimée qu'elle a annexée en 2014, et qu'elle n'adhère jamais à l'Otan. Des conditions jugées inacceptables par les autorités ukrainiennes qui demandent à leurs alliés des garanties de sécurité solides.

M. Trump et ses collaborateurs ont jugé « irréaliste » l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan et son ambition de reprendre ses territoires perdus à la Russie.

Sur le terrain, la situation reste difficile pour les troupes ukrainiennes. L'armée russe a revendiqué vendredi la prise de deux localités dans l'est de l'Ukraine.


60 ans après, l'assassinat de Malcolm X continue de secouer l'Amérique

L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
Short Url
  • Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ».
  • « Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

NEW-YORK : Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ». C'est ce que rappelle le Shabazz Center, le mémorial et centre éducatif installé dans l'ancienne salle de bal de Harlem où il a été abattu à 39 ans, au faîte de son influence, et ce quelques mois seulement après l'abolition de la ségrégation raciale.

Qui a commandité le meurtre ? Comment le drame a-t-il pu survenir en pleine réunion publique, alors que les menaces pesant sur le militant, porte-voix de la « Nation of Islam » puis de l'abolition des discriminations, étaient connues des autorités ?

Pour obtenir des réponses, sa famille a engagé en novembre 2024 des poursuites au civil spectaculaires, réclamant 100 millions de dollars aux forces de l'ordre et aux agences fédérales qu'elle accuse, selon elle, d'avoir joué un rôle à divers degrés dans son assassinat.

Dans ce dossier qui doit entrer dans le vif du sujet début mars devant un tribunal de Manhattan, la famille assure disposer d'éléments nouveaux lui permettant d'assigner en justice la police de New York (NYPD), le FBI ou encore la CIA.

« Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

- « Qui a donné l'ordre ? » -

Selon l'assignation en justice, la famille du leader afro-américain, également connu sous le nom d'El-Hajj Malik El-Shabazz, estime que les forces de l'ordre et les services de renseignement américains ont sciemment désengagé les policiers dont la mission était de le protéger la nuit du drame.

Des agents en civil ne sont pas non plus intervenus au moment des faits et, depuis sa mort, les agences de renseignement s'emploieraient à dissimuler leurs agissements, selon la plainte.

Contactée par l'AFP, la police de New York n'a pas souhaité s'exprimer pour l'instant.

« Cette dissimulation a duré des décennies, privant la famille Shabazz de la vérité et de leur droit à obtenir justice », estime auprès de l'AFP Me Ben Crump, qui défend le dossier pour les filles de Malcolm X.

« Nous écrivons l'histoire en nous dressant ici face à ces torts et en demandant des comptes devant les tribunaux », se félicite le conseil, qui a demandé vendredi la « déclassification de documents » liés à ce dossier.

L'affaire avait déjà rebondi en 2021, lorsque deux des trois anciens hommes reconnus coupables de l'assassinat et ayant passé plus de vingt ans derrière les barreaux ont finalement été innocentés, ce qui constitue l'une des plus grandes erreurs judiciaires des États-Unis. En réparation, les deux Afro-Américains ont touché 36 millions de dollars de la part de la ville et de l'État de New York.

« On sait déjà assez précisément comment l'assassinat de Malcolm X s'est déroulé. On sait qui en est responsable : cinq membres de la Nation of Islam. La seule chose qu'on ignore, c'est qui a donné l'ordre », observe Abdur-Rahman Muhammad, historien et spécialiste reconnu du dossier, dont les travaux pendant des décennies ont contribué à disculper les deux accusés à tort.

Selon lui, les éléments mis en avant aujourd'hui par la famille de Malcolm X sont « peu crédibles ».

Il concède toutefois que « si la plainte permet de déterminer qui a donné l'ordre final, alors elle aura de la valeur ».

Cet énième rebondissement aura au moins permis de remettre en avant « l'héritage » de Malcolm X, plus important que jamais sous le second mandat de Donald Trump, « ennemi implacable » de la communauté noire, affirme l'historien.

« Cela va inciter les Afro-Américains à se serrer les coudes », anticipe Abdur-Rahman Muhammad. « En résumé, la communauté noire doit revenir au message de Malcolm : lutter. »