L'Irak creuse des puits, amer recours contre la sécheresse

Des machines creusent un puits d'eau dans une zone désertique à la périphérie de la ville centrale de Najaf, en Irak, le 10 octobre 2022. (Photo de Qassem al-Kaabi / AFP)
Des machines creusent un puits d'eau dans une zone désertique à la périphérie de la ville centrale de Najaf, en Irak, le 10 octobre 2022. (Photo de Qassem al-Kaabi / AFP)
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Publié le Dimanche 30 octobre 2022

L'Irak creuse des puits, amer recours contre la sécheresse

  • La sécheresse qui frappe le «pays entre les deux fleuves» - Tigre et Euphrate - est sans précédent depuis 1930
  • Responsable des ressources hydriques à Najaf, Jamil al-Assadi explique que des puits sont creusés dans des secteurs «autrefois irrigués par les fleuves et des canaux»

AL-MICHKHAB, Irak : Jabar al-Fatlawi observe la foreuse vrombissante qui creuse un puits, ultime recours pour irriguer et abreuver ses bêtes dans un Irak frappé par une pénurie d'eau, une solution qui risque d'entraîner une surexploitation des nappes phréatiques.

La sécheresse qui frappe le «pays entre les deux fleuves» - Tigre et Euphrate - est sans précédent depuis 1930. Avec une chute des précipitations et une réduction du débit des cours d'eau, elle pousse les Irakiens à creuser de plus en plus de puits destinés à l'agriculture.

Paysan «de père en fils», M. Fatlawi confie à l'AFP cultiver du riz et du blé dans la province de Najaf, où débute le sud irakien. Mais pas cette année, car «il y a une forte pénurie d'eau», déplore le quinquagénaire à la barbe rêche et la jellabah blanche.

Maigre consolation: il a payé les autorités locales pour forer un puits et «arroser les palmiers et abreuver les bêtes», explique ce père de cinq enfants. Il pourra aussi faire pousser des radis, des oignons, de l'aneth.

Près de sa maison, dans un hameau des environs d'al-Michkhab, une foreuse sort en tourbillonnant du sol, éjectant une eau boueuse.

Autrefois il avait creusé un puits artisanal, ce que les autorités interdisent. «Parfois l'eau était amère, parfois elle était salée», se souvient-il.

L'Irak est un des cinq pays au monde les plus exposés à certains effets du changement climatique, selon l'ONU.

Pronostiquant «une nouvelle année de sécheresse», le ministère des Ressources hydriques annonçait début octobre le forage de puits dans six provinces.

Jusqu'à mi-2022, quelque 500 puits ont été creusés. Mais pour prévenir la surexploitation des eaux souterraines, les services publics font la chasse aux puits illégaux.

- «Technologies d'irrigation modernes» -

Saluant la réglementation actuelle, un rapport de l'ONU pointe toutefois l'absence de compteurs sur les puits et «d'un système de tarification, pour limiter l'utilisation des eaux souterraines».

«Il n'y a pas d'incitations pour encourager le recours à des technologies d'irrigation modernes», déplorait en septembre le rapport de la Commission économique et sociale pour l'Asie occidentale (CESAO).

A l'heure où chaque goutte compte, l'écrasante majorité des agriculteurs inondent les terrains pour irriguer, pratique ancestrale synonyme de gaspillage.

Responsable des ressources hydriques à Najaf, Jamil al-Assadi explique que les puits sont creusés dans des secteurs «autrefois irrigués par les fleuves et des canaux».

Ils peuvent servir à «abreuver les bêtes, irriguer les vergers et des plantations à la superficie limitée», dit-il. Mais pas pour le riz ou le blé, en raison de la salinité de l'eau et des faibles quantités puisées.

Son ministère a réduit de moitié les tarifs de forage, assure-t-il. En échange, «le paysan doit utiliser des méthodes d'irrigation modernes, pour préserver les réserves stratégiques des nappes phréatiques».

Aux portes du désert de Najaf, cela fait dix ans que Hussein Badioui plante de l'orge et du fourrage sur 20 hectares.

Comme ses voisins, le sexagénaire dépend exclusivement des puits. Il reconnaît toutefois «une baisse du niveau de l'eau en raison de la multitude de puits».

«Avant, on creusait 50 mètres et on avait de l'eau», se souvient-il. «Maintenant on doit aller à plus de 100 mètres».

- «Comment vivre?» -

«L'usage excessif des eaux souterraines a conduit à de nombreux problèmes», avertissait en juillet le ministère des Ressources hydriques, réclamant «la préservation de cette richesse», selon l'agence de presse étatique INA.

Le lac de Sawa, dans le sud, s'est ainsi asséché en raison d'un millier de puits creusés illégalement qui ont drainé la nappe phréatique qui l'alimentait.

Autre défi pouvant résulter de la surexploitation des nappes: «si de grandes quantités d'eau sont prélevées, le taux de salinité augmente», avertit le ministère.

En Irak, où l'agriculture représente un emploi sur cinq, les bouleversements climatiques et la réponse insuffisante des autorités accusées de corruption et d'incompétence provoquent déjà un exode rural et des tensions sociales.

Sporadiquement dans le sud, des habitants manifestent, exigeant une action gouvernementale pour que la Turquie voisine augmente le débit des fleuves en ouvrant en amont les vannes des barrages.

Salah al-Faraon, 75 ans, plantait ses dix hectares de blé en hiver et de riz en été. Des cultures drastiquement limitées par les autorités «car il n'y a pas assez d'eau».

«Sans riz et sans blé, comment vivre sans revenus?», peste l'agriculteur. «On peut migrer, mais pour aller où? C'est tout le pays qui est volé».


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".