PARIS : Les pays pauvres ont subi en 2020 une baisse de 700 milliards de dollars de leurs financements privés extérieurs du fait de la pandémie de Covid-19, qui « efface des années de progrès en matière de développement », estime l'OCDE dans un rapport publié mercredi.
C'est un aspect de la crise sanitaire mondiale peu connu: tandis que les pays développés dépensent des « milliards de dollars » pour s'en sortir, les pays pauvres sont confrontés, eux, à un « risque d'effondrement des financements privés externes », alerte l'Organisation de coopération et de développement économiques dans sa dernière édition des Perspectives mondiales du financement du développement durable.
« Le présent rapport prévoit, au total, une réduction estimée à 700 milliards de dollars des apports de capitaux privés en 2020 par rapport à 2019 dans les pays admissibles au bénéfice de l'Aide publique au développement – soit une chute supérieure de 60% à celle enregistrée après la crise financière mondiale ».
L'OCDE rappelle que rien qu'au mois de mars 2020, les sorties nettes de fonds sur les marchés émergents ont atteint un record de 83 milliards de dollars.
A la chute des investissements de portefeuille et des investissements directs étrangers (IDE) s'est ajouté un recul de 20% des transferts de fonds depuis l'étranger par les travailleurs émigrés. A cet égard, les frais de transfert, de 7% en moyenne - soit environ 30 milliards de dollars qui vont chaque année dans la poche des intermédiaires financiers – « représentent une déperdition de financements pourtant cruciaux », note l'organisation basée à Paris.
Pour l'OCDE, « il ne faut pas se contenter de maintenir les niveaux actuels d'aide publique au développement », mais mieux l'orienter pour éviter qu'elle ne serve, comme cela a été le cas en 2017, à financer des activités liées aux combustibles fossiles.
Mais elle suggère aussi de mettre à contribution la finance mondiale. Ainsi, « à 379.000 milliards de dollars, la valeur des actifs financiers dans le monde n'a jamais été aussi élevée depuis la crise financière mondiale », mais seulement 20% de ces actifs sont détenus dans des pays en développement, où vivent plus de quatre habitants sur cinq.
Or « la réorientation de seulement 1,1% du total des actifs détenus par les banques, les investisseurs institutionnels ou les gestionnaires d'actifs (soit 4.200 milliards de dollars) suffirait à combler le déficit de financement » des 17 Objectifs de développement durable (ODD) fixés par l'Onu pour 2030.