PARIS: "L'Hypocrite" et "l'Imposteur": la Comédie-Française et les cinémas Pathé sont visés par un procès en violation des droits d'auteur après la représentation d'une nouvelle version du "Tartuffe", l'une des oeuvres les plus populaires de Molière.
L'affaire, révélée par Radio France et confirmée mardi à l'AFP, porte sur "Le Tartuffe ou l'Hypocrite", une reconstitution par l'universitaire et spécialiste de Molière Georges Forestier de la version originelle de la célèbre pièce.
Molière avait signé en 1664 une version en trois actes, représentée devant Louis XIV mais rapidement interdite par le roi, qui trouvait subversive cette satire du bigotisme et de la duplicité.
Le manuscrit s'en est perdu, et l'on connaissait depuis trois siècles et demi la version en cinq actes de 1669, moins mordante, avec plus de personnages, intitulée "Le Tartuffe ou l'Imposteur".
"Le Tartuffe ou l'Hypocrite", dont le texte a été publié en 2021 par les éditions Portaparole, a été représenté de janvier à avril par la Comédie-Française, avec des retransmissions dans des cinémas de Pathé, sans que M. Forestier ne touche de droits d'auteur.
De nouvelles représentations sont prévues en janvier et février, avec seulement quelques places qui restent à vendre au théâtre.
"Je suis très surpris qu'on en soit là, à devoir assigner la Comédie-Française et Pathé", a expliqué l'avocat du plaignant, Me Jean-Paul Carminati.
M. Carminati a affirmé avoir tenté, avant de saisir la justice, une conciliation, en interpellant notamment le ministère de la Culture, sans résultat.
"Tous les juristes le diront: à partir du moment où l'on arrange, où l'on remonte une œuvre du domaine public, c'est une œuvre originale. Pour le livre, il y a bien un contrat d'édition qui en atteste", a ajouté Me Carminati.
D'après l'avocat du plaignant, la défense fonde son argumentaire sur un message électronique où M. Forestier dit mettre le texte de la pièce "gracieusement" à disposition de la Comédie-Française, issue historiquement de la troupe de Molière.
En l'absence selon lui d'un contrat encadrant cette mise à disposition à titre gratuit, "cet argument ne peut pas tenir", a rétorqué Me Carminati.
Contactés par l'AFP, les avocats de la Comédie-Française n'avaient pas réagi mardi en milieu de journée.