«Comme un amant jaloux»: près du front ukrainien, la colère contre Poutine

Un homme se tient dans une rue après une attaque à la roquette à Mykolaïv, le 23 octobre 2022, lors de l'invasion russe de l'Ukraine (Photo, AFP).
Un homme se tient dans une rue après une attaque à la roquette à Mykolaïv, le 23 octobre 2022, lors de l'invasion russe de l'Ukraine (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 24 octobre 2022

«Comme un amant jaloux»: près du front ukrainien, la colère contre Poutine

  • Le deuxième missile S.300 a explosé une minute plus tard, à 1H44 du matin
  • A ce moment là, Guennadiï Gerulo était déjà tombé du lit, réalisant qu'une grande partie de son ancien mode de vie avait disparu

MYKOLAÏV: La pendule fissurée de la cuisine montre encore le moment où le premier missile russe a pulvérisé la cour d'un immeuble de l'ère soviétique faisant face au front sud ukrainien, à Mykolaïv, l'une des villes-clés dans la prochaine étape du conflit.

Le deuxième missile S.300 a explosé une minute plus tard, à 1H44 du matin. A ce moment là, Guennadiï Gerulo était déjà tombé du lit, réalisant qu'une grande partie de son ancien mode de vie avait disparu.

L'ingénieur a regardé par la fenêtre brisée de sa cuisine quelques heures plus tard et vu les frappes contre la ville portuaire de Mykolaïv comme le signe d'une victoire proche.

"Il est comme un amant jaloux", estime le quinquagénaire en parlant du président russe Vladimir Poutine. "Il dit que s'il ne peut pas avoir l'Ukraine, personne ne le peut."

Les villes du sud de l'Ukraine telles que Mykolaïv vont jouer un rôle crucial dans la prochaine étape de la guerre éreintante que le maître du Kremlin a commencée il y a exactement huit mois.

Une contre-offensive ukrainienne fulgurante qui a forcé les Russes à quitter les territoires qu'ils avaient saisis dans le nord plus industriel a atteint le sud agricole.

Et des villes telles que Mykolaïv et Kryvyi Rih, à environ trois heures de voiture du nord-est offrent aux Ukrainiens deux bases pour lancer leurs prochaines attaques.

«Animal blessé»

La dernière vague de missiles, qui a fait quatre blessés, a renforcé la conviction de Svetlana Tichevska, une voisine de l'ingénieur Guennadiï Gerulo, selon laquelle l'Ukraine est sur la bonne voie.

Les autorités russes évacuent déjà la ville voisine de Kherson - la seule capitale régionale que les Russes ont réussi à contrôler pendant toute la guerre, qui a débuté le 24 février.

Une victoire ukrainienne dans cette zone couperait le pont terrestre que le Kremlin a établi entre la Russie et la péninsule de Crimée qu'il a annexée en 2014.

Cela redonnerait aussi un accès important à la mer d'Azov et laisserait à M. Poutine peu de marge de manoeuvre dans une campagne militaire qui l'a transformé en paria international.

En nettoyant les débris de la cage d'escalier quelques étages plus bas que l'ingénieur, Svetlana Tichevska exprime presque les mêmes pensées que son voisin.

"Il est comme un animal blessé", dit-elle en parlant du président russe. "Il se détruit lui-même et veut entraîner les autres avec lui".

Le mur de soutènement de l'immeuble de Svetlana s'est fissuré et la façade d'un immeuble plus petit de l'autre côté de la cour s'est partiellement effondrée.

Peu d'habitants pensent rester vivre dans l'un ou l'autre des immeubles.

"Je pense que la victoire est proche", estime cette femme de 50 ans, au milieu des destructions.

Traînée de destruction

La traînée de destruction provoquée par les forces russes qui battent en retraite a engendré une hostilité à l'égard de Moscou dans des endroits où de nombreux habitants préfèrent parler russe et ont de la famille de l'autre côté de la frontière.

Guennadiï Gerulo, russophone, dit ne ressentir "rien d'autre que de la haine, de la pure haine pour ces gens qui se disent nos frères".

L'écrasante majorité des attaques visent Mykolaïv et les villes environnantes après minuit, ou quand les gens se réveillent et sortent pour la première fois de la journée.

Le timing en intrigue beaucoup. Certains pensent que la Russie essaie peut-être de démoraliser les Ukrainiens en les privant de sommeil.

"Les Russes veulent nous épuiser et déclencher des troubles civils. Ils veulent que nous forcions notre gouvernement à abandonner", estime l'ingénieur. "Ils ne connaissent pas d'autres moyens."

Mykolaïv est devenu la cible de Moscou dans les premières semaines de l'invasion. Les Russes engrangeaient des gains considérables et visaient le port voisin d'Odessa, sur la mer Noire, une capitale culturelle mentionnée par Poutine lorsqu'il est entré en guerre.

Mykolaïv souffre pour la deuxième fois avec le retrait des troupes russes.

Mais Lioudmila Falko, une universitaire et bénévole à temps partiel, semble presque joyeuse en fouillant ce qu'il reste de l'appartement de sa fille.

"Ces drones kamikazes et ces missiles, ce sont ses derniers actes", assure cette femme de 60 ans, à propos du président russe. "Les enfants meurent, les personnes âgées meurent parce qu'il est à l'agonie".


La Turquie cherche à renforcer son ancrage sur le continent africain

Cette photo prise et diffusée par le bureau de presse de la présidence turque le 12 avril 2025 montre le président turc Recep Tayyip Erdogan (R) rencontrant le président somalien Hassan Sheikh Mohamud lors de la 4e édition du Forum diplomatique d'Antalya (ADF2025) à Antalya. (Photo by Handout / Turkish Presidency Press Office / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le bureau de presse de la présidence turque le 12 avril 2025 montre le président turc Recep Tayyip Erdogan (R) rencontrant le président somalien Hassan Sheikh Mohamud lors de la 4e édition du Forum diplomatique d'Antalya (ADF2025) à Antalya. (Photo by Handout / Turkish Presidency Press Office / AFP)
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  • La Turquie cherche désormais à y étendre son influence en proposant sa médiation dans des conflits.
  • Très impliqué sur les dossiers syrien et ukrainien, le président turc Recep Tayyip Erdogan a renforcé son image d'interlocuteur clé en Afrique en négociant, il y a quelques mois, un accord de paix entre la Somalie et l'Éthiopie.

ANTALYA, TURQUIE : La Turquie, qui pousse ses pions en Afrique depuis plusieurs années, cherche désormais à y étendre son influence en proposant sa médiation dans des conflits, à la faveur notamment du retrait de la France et des États-Unis.

Témoignage des efforts d'Ankara pour consolider son ancrage sur le continent, un forum diplomatique organisé ce week-end à Antalya, dans le sud de la Turquie, a réuni, aux côtés du président syrien Bachar el-Assad, des ministres russe et ukrainien des Affaires étrangères, ainsi que de nombreux responsables africains, dont le chef de l'État somalien.

« Les pays africains cherchent des alternatives et la Turquie en représente une », a affirmé à l'AFP Eghosa Osaghae, directeur général de l'Institut nigérian des affaires internationales (NIIA), présent à Antalya. 

Très impliqué sur les dossiers syrien et ukrainien, le président turc Recep Tayyip Erdogan a renforcé son image d'interlocuteur clé en Afrique en négociant, il y a quelques mois, un accord de paix entre la Somalie et l'Éthiopie.

Selon M. Osaghae, la capacité d'Ankara à combler le vide laissé par la France, dont de nombreuses anciennes colonies se sont détournées ces dernières années, « dépendra en grande partie de l'attrait des offres turques ».

« Nous entretenons avec la France des relations dont nous sommes très fiers, mais la France ne nous empêche pas d'avoir d'autres partenariats », a déclaré à l'AFP Léon Kacou Adom, le ministre ivoirien des Affaires étrangères, lors du forum d'Antalya.

Le pays d'Afrique de l'Ouest, ancienne colonie française, souhaite collaborer avec la Turquie dans tous les secteurs, notamment le commerce, la communication, la sécurité, l'éducation et la formation, a-t-il souligné.

« Tout cela nous intéresse (...). La Turquie nous fait des offres que nous étudions », a-t-il ajouté.

- « Solutions aux problèmes africains » -

De nombreux pays africains sont confrontés à des menaces sécuritaires, émanant de groupes comme Boko Haram ou les shebab somaliens.

« Si la Turquie peut apporter son aide dans ces domaines, pourquoi pas ? », estime M. Osaghae. « Le point positif est que de nombreux pays africains coopèrent déjà militairement avec la Turquie. Cela peut être la pierre angulaire de l'influence turque », relève-t-il.

La Turquie, qui a proposé en janvier sa médiation entre le Rwanda et la République démocratique du Congo, a signé ces dernières années des accords de défense avec plusieurs États africains dont la Somalie, la Libye, le Kenya, le Rwanda, l'Éthiopie, le Nigeria et le Ghana.

Ces accords ont ouvert des marchés à l'industrie de défense turque, notamment pour ses drones réputés fiables et bon marché.

« Nous nous efforçons de faire en sorte que l'Afrique trouve ses propres solutions aux problèmes africains », affirme Alp Ay, diplomate turc et représentant spécial d'Ankara dans les négociations entre la Somalie et la région séparatiste du Somaliland.

Selon un haut diplomate somalien, Ankara a joué « un rôle très utile en parvenant à réunir les deux pays pour résoudre ce problème ». « L'Afrique a désespérément besoin de médiateurs », résume pour sa part le politologue nigérian Eghosa Osaghae.

Si la responsabilité du respect de l'accord incombe désormais aux deux parties, la Turquie continuera toutefois de jouer son rôle de facilitateur, souligne le diplomate turc Alp Ay, qui envisage l'avenir avec « espoir ».

Recep Tayyip Erdogan s'est entretenu avec son homologue somalien, Hassan Cheikh Mohamoud, samedi à Antalaya.

Au cours de leur rencontre, les deux hommes ont promis d'« accroître la coopération » entre les deux États, selon Ankara, qui dispose déjà d'un droit d'exploration des ressources énergétiques le long des côtes somaliennes. 


Zelensky exhorte Trump à se rendre en Ukraine pour voir les ravages de la guerre

Le président américain Donald Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelensky se rencontrent dans le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, DC, le 28 février 2025. (AFP)
Le président américain Donald Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelensky se rencontrent dans le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, DC, le 28 février 2025. (AFP)
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  • « Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a exhorté son homologue américain, Donald Trump, à se rendre dans son pays pour prendre conscience de l'étendue des dégâts causés par l'invasion de la Russie. 
  • En se rendant en Ukraine, M. Trump « comprendra ce que Poutine a fait ».

WASHINGTON : le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exhorté dimanche son homologue américain Donald Trump à se rendre dans son pays pour mieux comprendre la dévastation causée par l'invasion russe. 

« Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a exhorté son homologue américain, Donald Trump, à se rendre dans son pays pour prendre conscience de l'étendue des dégâts causés par l'invasion de la Russie. 

En se rendant en Ukraine, M. Trump « comprendra ce que Poutine a fait ».

Cette invitation intervient alors que M. Trump fait pression pour mettre rapidement un terme à ce conflit qui dure depuis plus de trois ans, les États-Unis ayant engagé des discussions directes avec la Russie malgré ses attaques incessantes contre l'Ukraine.

Washington a également discuté d'une éventuelle trêve avec des responsables ukrainiens.

Cette invitation fait suite à la vive polémique qui a éclaté à la Maison Blanche fin février entre le président ukrainien, M. Zelensky, et le vice-président américain, M. JD Vance, devant la presse.

M. Vance avait alors accusé l'Ukraine d'accueillir des dirigeants étrangers pour faire de la propagande en vue de gagner leur soutien. 

M. Zelensky a nié une nouvelle fois cette allégation et a déclaré à la chaîne CBS que si M. Trump décidait de se rendre en Ukraine, « nous ne préparerons rien, ce ne sera pas du théâtre ». Ce ne sera pas du théâtre. » 


La rencontre entre Poutine et l'Américain Witkoff a été qualifiée d'« extrêmement utile et efficace » par le Kremlin

Dans cette photo de pool distribuée par l'agence d'État russe Sputnik, le président russe Vladimir Poutine serre la main de l'envoyé du président américain Donald Trump, Steve Witkoff, lors d'une réunion à Saint-Pétersbourg, le 11 avril 2025. (Photo Gavriil Grigorov / POOL / AFP)
Dans cette photo de pool distribuée par l'agence d'État russe Sputnik, le président russe Vladimir Poutine serre la main de l'envoyé du président américain Donald Trump, Steve Witkoff, lors d'une réunion à Saint-Pétersbourg, le 11 avril 2025. (Photo Gavriil Grigorov / POOL / AFP)
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  • « De tels contacts sont extrêmement utiles et très efficaces », a déclaré à la presse Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin.
  • Depuis plusieurs semaines, l'administration de Donald Trump organise des pourparlers séparés avec des hauts responsables russes et ukrainiens.  

MOSCOU : La rencontre entre le président russe Vladimir Poutine et l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, qui a eu lieu vendredi à Saint-Pétersbourg, en Russie, était « extrêmement utile et efficace », a assuré lundi le Kremlin.

« De tels contacts sont extrêmement utiles et très efficaces », a déclaré à la presse Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, en faisant l'éloge d'un canal de communication permettant aux dirigeants russe et américain d'échanger directement sur « différents éléments de leurs positions sur toutes sortes de questions ».

Cette rencontre entre MM. Poutine et Witkoff, la troisième depuis février, portait « sur les aspects du règlement ukrainien », selon le Kremlin, alors que Donald Trump prône la fin de ce conflit au plus vite depuis son arrivée à la Maison Blanche en janvier.

Depuis plusieurs semaines, l'administration de Donald Trump organise des pourparlers séparés avec des hauts responsables russes et ukrainiens.  

Ces discussions n'ont cependant pas abouti, pour l'heure, à une cessation des hostilités, ce qui a provoqué la frustration du dirigeant américain ces derniers jours.

« La Russie doit se bouger », a-t-il déclaré vendredi, déplorant sur son réseau Truth Social que « trop de gens meurent, des milliers par semaine, dans une guerre terrible et insensée ».

Selon Dmitri Peskov, lundi, une éventuelle rencontre entre Vladimir Poutine et Donald Trump « n'a pas été évoquée » lors des pourparlers avec M. Witkoff.

« Toute rencontre doit être bien préparée », a-t-il souligné, en assurant que « le travail se poursuit », sans donner plus de précisions.