RDC: Nouveaux combats entre armée et M23, nouvelle passe d'armes entre Kinshasa et Kigali

Des policiers congolais tentent d'empêcher les manifestants d'atteindre la frontière entre la République démocratique du Congo et le Rwanda (Photo, AFP).
Des policiers congolais tentent d'empêcher les manifestants d'atteindre la frontière entre la République démocratique du Congo et le Rwanda (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 25 octobre 2022

RDC: Nouveaux combats entre armée et M23, nouvelle passe d'armes entre Kinshasa et Kigali

  • La RDC accuse Kigali de soutenir le M23, ce que le Rwanda conteste
  • Ancienne rébellion à dominante tutsi vaincue en 2013, le M23 a repris les armes en fin d'année dernière

GOMA: Les affrontements ont continué lundi dans l'est de la République démocratique du Congo entre l'armée et les rebelles du M23, après quatre jours de combats qui ont fait au moins dix morts et des dizaines de blessés, un regain de tension dont Kinshasa et Kigali se sont mutuellement accusés dans la soirée.

La RDC accuse Kigali de soutenir le M23, ce que le Rwanda conteste.

"Contrairement aux déclarations du président de la RDC (affirmant) que son pays est focalisé sur une résolution diplomatique du conflit (...), des récentes déclarations et actions" montrent que Kinshasa est "sur la voie d'une escalade militaire continue", ont affirmé les autorités rwandaises dans un communiqué.

"Depuis le 20 octobre, dans sa stratégie de barbarie habituelle, le M23, supplétif du Rwanda, a attaqué les positions des Forces armées de la République démocratique du Congo, provoquant à nouveau des morts inutiles et des milliers de déplacés", a de son côté accusé lors d'un point de presse hebdomadaire à Kinshasa Patrick Muyaya, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement. "Nous avons été obligés de réagir", a-t-il ajouté.

Un bilan officiel diffusé dimanche soir par l'armée faisait état de quatre civils tués et 40 blessés durant les combats ayant repris jeudi dans le territoire de Rutshuru (province du Nord-Kivu) après plusieurs semaines d'accalmie.

Dans la matinée, un habitant de Ntamugenga, Jean-Baptiste Mapendo, interrogé par téléphone depuis Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, évoquait sept morts, inhumés lundi matin "avant la reprise des combats". Dans la soirée, il indiquait que le bilan était passé à dix morts.

Dimanche, le chef de ce village avait annoncé qu'il venait d'être pris par le M23 ("Mouvement du 23 mars"), ancienne rébellion à dominante tutsi qui a repris les armes fin 2021 en reprochant à Kinshasa de ne pas avoir respecté des accords sur la réinsertion de ses combattants.

Le M23 a depuis conquis du terrain dans la province du Nord-Kivu, notamment en juin la cité de Bunagana, à la frontière avec l'Ouganda.

Initiatives diplomatiques 

"La population est toujours enfermée à l'hôpital de Ntamugenga, d'autres habitants sont dans des écoles, des églises et le couvent", a précisé Gédéon Serugari, chef du groupement Bweza, dans lequel se trouve Ntamugenga, village situé à environ 4 km de la RN2, route stratégique desservant Goma.

Médecins sans frontières (MSF) avait indiqué dimanche que 500 personnes, certaines blessées, s'étaient réfugiées dans un couvent de Ntamugenga. L'ONG a appelé à la création d'un corridor humanitaire pour évacuer les civils.

Selon le bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) en RDC, au moins 23.000 personnes auraient été déplacées par ces violences depuis le 20 octobre, chiffre incluant 2.500 habitants ayant traversé la frontière ougandaise.

Depuis mars, "les affrontements ont déplacé au moins 186.000 personnes, portant le nombre total de personnes déplacées dans le territoire de Rutshuru à plus de 396.000", selon la même source.

"Nous appelons tous les groupes armés à respecter le droit humanitaire international" et à permettre aux organisations "d'accéder aux personnes qui en ont le plus besoin", a dit à New York Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général des Nations unies.

Dans son point de presse, Patrick Muyaya a évoqué les initiatives diplomatiques lancées à Nairobi, Luanda ou en marge de l'assemblée générale de l'ONU à New York par le président français Emmanuel Macron, qui avait réuni les présidents congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame, pour tenter de ramener la paix dans la région.

Mentionnant aussi la récente visite à Londres du chef de l'Etat congolais, il a rappelé que celui-ci avait rencontré le roi Charles III. Les deux dirigeants "ont agréé sur la nécessité de combiner les efforts, et le roi a promis de s'impliquer, pour faire suffisamment pression sur le Rwanda pour que cessent toutes ces tueries dans la partie Est de la RDC", a-t-il déclaré.


L'Otan en plein doute sur son avenir face à la tempête Trump

Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
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  • Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer.
  • les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

BRUXELLES : Les tirs de barrage américains contre les pays européens de l'Otan ébranlent jusqu'aux fondements de l'Alliance atlantique, qui a cependant toutes les peines du monde à imaginer un avenir sans les États-Unis.

Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer. Un diplomate interrogé sous couvert d'anonymat décrit l'agressivité de la nouvelle administration américaine comme un « traumatisme ».

Ce changement se fera-t-il avec ou sans les États-Unis ? La question agite les couloirs du siège de l'Alliance à Bruxelles.

« On connaît la direction : moins d'États-Unis et plus d'Europe », résume un diplomate sous couvert d'anonymat. Cependant, de nombreuses questions restent en suspens.

En deux mois, Donald Trump s'en est pris au Canada qu'il entend voir devenir le 51ᵉ État américain, et au Danemark, dont il revendique l'un des territoires, le Groenland. 

Plusieurs responsables américains, dont le vice-président J. D. Vance, n'ont pas caché leur mépris à l'égard des Européens, considérés comme des « profiteurs » et des passagers clandestins d'une alliance où, dénoncent-ils, ils ne paient pas leur dû.

Depuis le 20 janvier, date du retour de Donald Trump à la Maison Blanche, « l'optimisme est de moins en moins de mise », confie un diplomate. « Les États-Unis n'ont pas encore pris de décisions concrètes, mais on dirait que chaque jour est porteur d'un nouveau coup contre les fondations de l'Alliance. »

- Transition « désordonnée » -

Pour Camille Grand, ancien secrétaire général adjoint de l'Otan et chercheur auprès de l'ECFR, trois scénarios sont possibles.

Celui de la transition ordonnée : les Américains se désengagent, mais en bon ordre, à la suite d'une négociation qui donne aux Européens le temps de se préparer. « Cela permet d'éviter les incertitudes », assure-t-il dans un entretien avec l'AFP.

Celui de la transition « désordonnée » : les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

Le retrait se fait « en mode crise », avec des « menaces et des annonces désordonnées ». C'est « le scénario dominant » aujourd'hui, estime l'analyste.

Il y a aussi le scénario cauchemar pour nombre d'Alliés : le retrait « de facto ou de jure ». Les États-Unis se désintéresseront de la défense du continent européen.

Donald Trump exige que les Européens et les Canadiens consacrent au moins 5 % de leur PIB à cette défense, alors qu'ils sont à moins de 2 % pour l'Italie ou l'Espagne. La marche est très haute. Mais tous savent qu'il faudra « annoncer » quelque chose au sommet de l'OTAN en juin, selon un diplomate.

Le Secrétaire général de l'Alliance Mark Rutte a évoqué un chiffre entre 3,5 et 3,7 %. Ce sera difficile, mais c'est une question de priorités dans les dépenses nationales, ajoute-t-il. 

Personne ne sait si ce chiffre sera suffisant pour Donald Trump.

- "Cinq ans" -

En attendant, beaucoup à Bruxelles et dans les autres capitales européennes s'interrogent sur un "après" Etats-Unis.

"Nous avons toujours su que le moment viendrait où l'Amérique se retirerait en quelque sorte et où l'Europe devrait faire davantage", rappelle ainsi Jamie Shea, ancien porte-parole de l'Otan et expert auprès du think tank londonien Chatam House.

Et le calendrier est très serré. Les Européens ont "cinq ans" pour recréer une dissuasion face à la menace russe, juge ainsi Camille Grand. Un calcul basé sur le temps jugé nécessaire, selon plusieurs services de renseignement, pour que la Russie reconstitue son armée et soit en mesure de menacer un pays de l'Otan, explique-t-il. 

Selon cet expert français, les Européens en sont capables, même si un investissement substantiel sera nécessaire pour combler l'apport américain en termes de renseignement, de satellites ou de logistique. « Il n'y a pas de raison que 500 millions d'Européens ne puissent pas dissuader 140 millions de Russes », assure-t-il.

Plusieurs pays en doutent. « Les États-Unis restent indispensables pour une dissuasion crédible », estime ainsi un diplomate européen auprès de l'Otan.


Le Wisconsin, théâtre d'une première défaite électorale pour Trump et Musk

 Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
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  • Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin,
  • En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias

WASHINGTON : Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin, un scrutin habituellement d'ampleur locale, marqué cette fois-ci par la forte implication d'Elon Musk.

Selon les projections de plusieurs médias américains, Susan Crawford, soutenue par les démocrates, a remporté un siège pour dix ans à la Cour suprême de cet État de la région des Grands Lacs.

Elle faisait face à Brad Schimel, soutenu par Donald Trump et par le multimilliardaire Elon Musk, et dont la victoire aurait fait basculer la haute instance du Wisconsin du côté conservateur.

En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias.

Mardi soir, le président a mis à profit sa plateforme Truth Social pour se féliciter des deux « larges » victoires de son camp en Floride, mettant en avant son « soutien » aux candidats.

Il n'a en revanche pas commenté le résultat pour la Cour suprême du Wisconsin, préférant y retenir l'adoption, par un référendum organisé le même jour, d'une mesure obligeant les électeurs à présenter une pièce d'identité avec photo afin de pouvoir voter.

« C'est une grande victoire pour les républicains, peut-être la plus grande de la soirée », a-t-il écrit.

« Le plus important » 

Elon Musk n'a pas non plus réagi à la défaite de Brad Schimel, et a plutôt salué l'issue du référendum local. « C'était le plus important », a-t-il affirmé sur son réseau social X.

Le patron de Tesla et Space X s'inquiétait d'un potentiel rééquilibrage par la Cour suprême locale dans le découpage des circonscriptions électorales, en faveur des démocrates. État pivot, le Wisconsin avait été remporté par Donald Trump à la présidentielle de novembre.

« C'est l'une de ces situations étranges où une petite élection en apparence pourrait déterminer le destin de la civilisation occidentale », avait lancé Elon Musk mardi.

Le président républicain avait, lui, publié lundi sur Truth Social un message de soutien à Brad Schimel. Il s'en était surtout pris à Susan Crawford, qui serait, selon lui, « un désastre pour le Wisconsin et pour les États-Unis d'Amérique ».

Un peu plus de deux mois après le début de son mandat, les enquêtes d'opinion indiquent une baisse relative de la popularité de Donald Trump. Ces élections dans le Wisconsin et en Floride étaient les premières véritables épreuves auxquelles il faisait face dans les urnes depuis novembre.

Campagne onéreuse 

Mardi, le trumpiste Randy Fine a bien remporté le siège en jeu à la Chambre des représentants face au démocrate Josh Weil, mais avec une avance bien plus mince qu'il y a quelques mois.

Ces résultats ont « de quoi donner des sueurs froides à mes collègues républicains », a déclaré sur la chaîne MSNBC Hakeem Jeffries, responsable de la minorité démocrate à la Chambre des représentants. Cela fait écho à la difficulté de l'opposition à se faire entendre depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

Dans le Wisconsin, les deux camps avaient sorti l'artillerie lourde pour une élection qui, d'ordinaire, passe inaperçue dans le reste du pays.

Selon le Centre Brennan de l'université de New York, c'est « le scrutin judiciaire le plus coûteux de l'histoire américaine », avec plus de 98 millions de dollars déversés dans la campagne, dont 53 millions en faveur du candidat conservateur.

Elon Musk n'est pas étranger à cela.

« Il a dépensé plus de 25 millions de dollars pour essayer de m'empêcher de siéger à la Cour suprême du Wisconsin », a lancé dimanche Susan Crawford lors d'un rassemblement.

Son équipe de campagne avait récemment accusé Elon Musk de vouloir « acheter un siège à la Cour suprême du Wisconsin afin d'obtenir une décision favorable » dans des poursuites engagées par Tesla, son entreprise de véhicules électriques, contre les autorités du Wisconsin.


Amnesty International demande à la Hongrie d'arrêter M. Netanyahou

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le Premier ministre israélien doit se rendre cette semaine dans un pays membre de la Cour pénale internationale
  • Cette visite " ne doit pas devenir un indicateur de l'avenir des droits humains en Europe "

LONDRES : Amnesty International a demandé à la Hongrie d'arrêter le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, à la suite d'informations selon lesquelles il se rendra dans cet État membre de l'UE mercredi à l'invitation de son homologue hongrois Viktor Orban.

M. Netanyahou fait l'objet d'un mandat d'arrêt délivré en novembre par la Cour pénale internationale en raison de la conduite d'Israël à Gaza.

M. Orban, proche allié de M. Netanyahu, a déclaré qu'il n'exécuterait pas le mandat. En tant qu'État membre, la Hongrie est tenue d'exécuter tout mandat d'arrêt délivré par la CPI.