L'Ukraine avance dans le sud, les ministres américain et russe de la Défense se sont parlé

Le président russe Vladimir Poutine rencontre des soldats lors d'une visite dans un centre d'entraînement militaire pour réservistes mobilisés à l'extérieur de la ville de Riazan, le 20 octobre 2022. (SPUTNIK / AFP)
Le président russe Vladimir Poutine rencontre des soldats lors d'une visite dans un centre d'entraînement militaire pour réservistes mobilisés à l'extérieur de la ville de Riazan, le 20 octobre 2022. (SPUTNIK / AFP)
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Publié le Samedi 22 octobre 2022

L'Ukraine avance dans le sud, les ministres américain et russe de la Défense se sont parlé

  • Les ministre de la Défense russe Sergueï Choïgou et son homologue américain Lloyd Austin ont eu un entretien téléphonique
  • Sur le terrain, un conseiller de la présidence ukrainienne, Kyrylo Timochenko, a fait état de « 88 localités reprises» aux forces russes dans la région de Kerson

KIEV: Kiev a revendiqué de nouvelles avancées dans la région stratégique de Kherson, une ville du sud de l'Ukraine dont la Russie a entrepris d'évacuer la population civile vendredi, jour où les ministres de la Défense américain et russe se sont entretenus par téléphone.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est félicité vendredi soir dans une vidéo des "bons résultats" de son armée dans cette région où, a-t-il affirmé, plus de trente blindés russes ont notamment été capturés.

Les ministres de la Défense russe Sergueï Choïgou et américain Lloyd Austin ont quant à eux eu un entretien téléphonique, à l'issue duquel le chef du Pentagone a souligné la nécessité de garder des "canaux de communication" ouverts.

Lloyd Austin a également parlé avec son homologue ukrainien Oleksiï Reznikov, réitérant "l'engagement inébranlable des Etats-Unis à soutenir la capacité de l'Ukraine à contrer l'agression de la Russie".

Sur le terrain, un conseiller de la présidence ukrainienne, Kyrylo Timochenko, a fait état de "88 localités reprises" aux forces russes dans la région de Kherson.

Les autorités russes ont annoncé de leur côté la mort de quatre personnes, dont deux journalistes, lors d'un bombardement nocturne sur un pont enjambant le fleuve Dniepr à Kherson.

La télévision russe a diffusé des images d'une voiture endommagée et d'un embouteillage de véhicules attendant pour traverser le fleuve.

L'armée ukrainienne a nié avoir visé des civils: "Nous ne touchons pas les infrastructures essentielles, nous ne touchons pas les localités pacifiques et la population locale", a déclaré une porte-parole, Natalia Goumeniouk.

Les forces prorusses ont exhorté les civils à se déplacer sur la rive gauche du Dniepr face à la contre-offensive ukrainienne. L'administration prorusse prévoit d'évacuer "50.000 à 60.000" personnes en quelques jours.

"La ville de Kherson, comme une forteresse, prépare sa défense", a affirmé un responsable de l'occupation russe à Kherson, Kirill Stremooussov.

Kherson est la première ville importante à avoir été prise par les forces russes au début de leur offensive lancée le 24 février.

Bélarus, Iran

L'Ukraine a réclamé vendredi une mission d'observation internationale au barrage de Kakhovka, en amont de Kherson sur le fleuve Dniepr, où elle accuse la Russie de "préparer consciemment le terrain pour une catastrophe de grande ampleur".

Volodymyr Zelensky avait accusé jeudi les forces russes d'avoir "miné le barrage et les unités de la centrale hydroélectrique de Kakhovka", une des plus grandes infrastructures du genre en Ukraine.

Les autorités d'occupation russe de Kherson ont, elles, démenti tout minage du barrage.

Frappée dans ses infrastructures énergétiques depuis une dizaine de jours alors que l'hiver approche, confrontée aux forces russes au sud et à l'est, l'Ukraine s'était en outre alarmée jeudi de l'ouverture possible d'un nouveau front au nord, depuis le Bélarus.

Le président du Bélarus Alexandre Loukachenko a réagi vendredi en affirmant que son pays n'avait "pas besoin" d'une guerre avec l'Ukraine, en visitant un centre d'entraînement militaire.

Téhéran a pour sa part conseillé vendredi à ses ressortissants en Ukraine de partir "au vu de l'intensification des affrontements militaires et de l'augmentation de l'insécurité", selon l'agence iranienne Tasnim.

L'Iran est accusé par les Occidentaux de fournir des drones à la Russie, et trois pays européens --la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne-- ont réclamé vendredi, dans un courrier adressé à l'ONU, une enquête "impartiale" sur les drones iraniens. L'Union européenne, qui a annoncé de nouvelles sanctions contre l'Iran, a assuré cette semaine disposer de "suffisamment de preuves".

Moscou et Téhéran ont fermement nié mercredi à l'issue d'une réunion à huis clos du Conseil de sécurité tout partenariat sur ces armes, des drones Shahed-136 et Shahed-131.

Les Etats-Unis étaient allés plus loin dans leurs accusations jeudi, la Maison Blanche affirmant que des militaires iraniens se trouvaient en Crimée pour aider les Russes au maniement des drones kamikazes lancés contre des villes et infrastructures en Ukraine.

Soutien financier de l'UE

Sur le terrain, outre la situation dans la région de Kherson, les autorités ukrainiennes ont signalé des bombardements russes vendredi matin sur les villes de Kharkiv (nord-est) et Zaporijjia (sud-est).

"L'ennemi a lancé une attaque à la roquette sur la ville de Kharkiv (notamment) en touchant une infrastructure industrielle", selon le gouverneur régional Oleg Sinegoubov.

Le gouverneur de Zaporijjia, Oleksandre Starouk, a fait état sur Telegram de "frappes de roquettes sur la ville".

En Russie, c'est le gouverneur de la région de Belgorod, frontalière de l'Ukraine, Viatcheslav Goudkov, qui a évoqué sur Telegram un bombardement ukrainien sur une zone industrielle ayant fait un blessé.

Sur la question des exportations de céréales, dont le blocage avait provoqué la flambée des cours mondiaux avant un accord en juillet, le président ukrainien a accusé la Russie de retarder à dessein le passage des navires chargés de céréales ukrainiennes, un approvisionnement vital pour de nombreux pays d'Afrique et d'Asie.

"Plus de 150 navires sont dans une file d'attente pour remplir les obligations contractuelles d'approvisionnement de nos produits agricoles. Il s'agit d'une file d'attente artificielle, apparue uniquement parce que la Russie retarde délibérément le passage des navires", a déclaré M. Zelensky dans une vidéo.

La Russie et l'Ukraine s'étaient mises d'accord en juillet pour reprendre les exportations de céréales ukrainiennes, stoppées depuis le début de la guerre, après un accord parrainé par l'ONU et la Turquie.

La Russie a par la suite critiqué cet accord, affirmant que ses propres exportations étaient entravées par les sanctions.

L'Union européenne a fait savoir qu'elle projetait de fournir une aide de 1,5 milliard d'euros par mois à l'Ukraine en 2023 pour soutenir ce pays en guerre, soit un total de 18 milliards pour l'année.


Afghanistan: rare visite du chef suprême taliban à Kaboul

Le mystérieux chef suprême des autorités talibanes, Hibatullah Akhundzada, a effectué une visite rare dans la capitale afghane, a indiqué vendredi un site Internet du gouvernement, quittant son complexe isolé de Kandahar pour rencontrer les hauts responsables du pays. (AP)
Le mystérieux chef suprême des autorités talibanes, Hibatullah Akhundzada, a effectué une visite rare dans la capitale afghane, a indiqué vendredi un site Internet du gouvernement, quittant son complexe isolé de Kandahar pour rencontrer les hauts responsables du pays. (AP)
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  • Le pouvoir en Afghanistan s'exerce entre deux pôles: à Kandahar, le fief du mouvement d'où le chef suprême dirige le pays par décret, et à Kaboul, siège du gouvernement
  • Le site taliban Al Emarah a posté des extraits du discours prononcé jeudi par l'émir au ministère de l'Intérieur en présence de hauts responsables

KABOUL: Le chef suprême des talibans, l'émir Hibatullah Akhundzada, qui vit reclus dans son fief de Kandahar (sud), a fait une rare visite à Kaboul pour s'adresser à tous les gouverneurs des provinces afghanes, a-t-on appris vendredi de source talibane.

Le site taliban Al Emarah a posté des extraits du discours prononcé jeudi par l'émir au ministère de l'Intérieur en présence de hauts responsables, dont les gouverneurs des 34 provinces.

Cette visite entourée du plus grand secret de l'émir, dont une seule photo a jamais été rendue publique, lui a permis d'insister auprès des gouverneurs sur la priorité "à accorder à la religion sur les affaires du monde" et "à promouvoir la foi et la prière parmi la population".

L'émir a déclaré que l'obéissance était "une obligation divine", toujours selon Al Emarah, et appelé à "l'unité et à l'harmonie".

"Le rôle de l'émirat est d'unir le peuple", a insisté Hibatullah Akhundzada, et celui des gouverneurs "de servir le peuple".

Les gouverneurs ont été ainsi encouragés à "accorder la priorité à la loi islamique plutôt qu'à leurs intérêts personnels", et à lutter contre "le favoritisme" ou "le népotisme".

"La motivation de cette visite" de l'émir à Kaboul "semble être de rappeler la discipline, notamment la discipline financière", décrypte une source diplomatique occidentale. "Il est ici question de renforcer la discipline et l'unité".

Cette visite pourrait également être motivée par "une préoccupation au sujet des troubles du Badakhshan et de la manière dont ils sont gérés". Dans cette province du nord-est, plusieurs paysans cultivant du pavot malgré son interdiction ont été tués par des unités antinarcotiques talibanes au début du mois.

Les autorités afghanes ont par ailleurs réprimé des manifestations de nomades sédentarisés kouchis dans la province du Nangarhar (est) et sont confrontées à des attentats meurtriers réguliers du groupe jihadiste Etat islamique, particulièrement à Kaboul.

Le pouvoir en Afghanistan s'exerce entre deux pôles: à Kandahar, le fief du mouvement d'où le chef suprême dirige le pays par décret, et à Kaboul, siège du gouvernement. Si les décrets du leader suprême font autorité, les analystes font toutefois état de voix discordantes s'élevant du clan des responsables afghans plus "pragmatiques".

"A chaque fois qu'il y a des craquements ou des désaccords, Kandahar intervient et rappelle à chacun la nécessité de renforcer l'unité", conclut la source diplomatique.

L'émir n'était venu qu'une fois auparavant à Kaboul depuis le retour des talibans au pouvoir et ne s'exprime très rarement depuis son accession à la fonction suprême en 2016.

Le mystérieux mollah avait prononcé son dernier discours public le 10 avril dans une mosquée de Kandahar lors de la prière de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan, mais aucune photo de lui n'avait circulé.

 

 


Sánchez annoncera mercredi la date de la reconnaissance par l'Espagne d'un Etat palestinien

Sanchez a déclaré en mars que l’Espagne et l’Irlande, ainsi que la Slovénie et Malte, avaient convenu de faire les premiers pas vers la reconnaissance d’un État palestinien aux côtés d’Israël, considérant qu’une solution à deux États est essentielle à une paix durable. (AFP)
Sanchez a déclaré en mars que l’Espagne et l’Irlande, ainsi que la Slovénie et Malte, avaient convenu de faire les premiers pas vers la reconnaissance d’un État palestinien aux côtés d’Israël, considérant qu’une solution à deux États est essentielle à une paix durable. (AFP)
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  • M. Borrell avait déclaré la semaine dernière avoir été informé par le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, que la date choisie était le 21 mai
  • Le schéma envisagé jusqu'à maintenant à Madrid était celui d'un décret adopté mardi en conseil des ministres par le gouvernement de gauche

MADRID: Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a indiqué vendredi qu'il annoncerait mercredi prochain la date de la reconnaissance par l'Espagne d'un Etat palestinien, affirmant que celle-ci n'aurait donc pas lieu le 21 mai, mais "les jours suivants".

"Nous sommes en train de nous coordonner avec d'autres pays pour pouvoir faire une déclaration et une reconnaissance communes", a déclaré M. Sánchez, lors d'une interview à la chaîne de télévision La Sexta, pour expliquer pourquoi l'Espagne ne procèderait pas à cette reconnaissance dès mardi, date évoquée notamment par Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne.

M. Borrell avait déclaré la semaine dernière avoir été informé par le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, que la date choisie était le 21 mai.

M. Sánchez n'a pas précisé les pays avec lesquels son gouvernement était en discussions à ce sujet, mais il avait publié en mars à Bruxelles un communiqué commun avec ses homologues irlandais, slovène et maltais dans lequel ils faisaient part de la volonté de leur quatre pays de reconnaître un Etat palestinien.

Le chef de la diplomatie irlandaise, Micheal Martin, a confirmé mardi que Dublin "(reconnaîtrait) l'Etat de Palestine avant la fin du mois", sans toutefois indiquer de date ni dire si d'autres pays se joindraient à l'Irlande.

Le schéma envisagé jusqu'à maintenant à Madrid était celui d'un décret adopté mardi en conseil des ministres par le gouvernement de gauche.

M. Sánchez doit comparaître le lendemain devant le Congrès des députés pour faire le point sur divers sujets d'actualité, dont la politique de Madrid au Proche-Orient et la reconnaissance d'un Etat palestinien, sujet sur lequel l'Espagne est en pointe.

"Je pense que je serai en mesure le 22 (...) de clarifier devant le Parlement la date à laquelle l'Espagne reconnaîtra l'Etat palestinien", a-t-il dit.

"Sérieux doutes 

M. Sánchez est devenu au sein de l'UE la voix la plus critique vis-à-vis du gouvernement israélien et de son offensive militaire dans la bande de Gaza contre le mouvement palestinien Hamas.

Le conflit actuel a été déclenché le 7 octobre par une attaque surprise du Hamas dans le sud d'Israël qui a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes du côté israélien, dans leur grande majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.

L'offensive militaire lancée en riposte par Israël a causé la mort d'au moins 35.303 Palestiniens, en majorité des civils, dans la bande de Gaza, selon le dernier bilan publié vendredi par le ministère de la Santé du Hamas.

Evoquant la situation à Gaza, M. Sánchez a de nouveau sévèrement critiqué vendredi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Interrogé sur le fait de savoir s'il considérait les évènements de Gaza comme un génocide, le chef du gouvernement espagnol a évité de répondre, mais a déclaré, à trois reprises, avoir de "sérieux doutes" sur le respect des droits humains par Israël.

Il a aussi établi un parallèle entre l'invasion de l'Ukraine par la Russie et l'offensive militaire israélienne dans la bande de Gaza.

"Nous défendons la légalité internationale", a-t-il dit. "En Ukraine, logiquement, on ne peut pas violer l'intégrité territoriale d'un pays, comme le fait la Russie (...). Et en Palestine, ce que l'on ne peut pas faire, c'est ne pas respecter le droit humanitaire international, comme le fait Israël".

La politique de Madrid, a-t-il conclu, "est appréciée par la communauté internationale, aussi bien du point de vue du gouvernement ukrainien que du point de vue de la communauté arabe".

 

 


Armes à Israël: les républicains tentent de forcer la main à Biden

Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
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  • Pour les républicains, Joe Biden n'a pas le droit d'interférer dans la manière dont Israël mène sa campagne militaire, qui a provoqué un désastre humanitaire à Gaza
  • Mais 16 démocrates se sont joints aux républicains pour adopter la proposition de loi, défiant le chef de l'Etat

WASHINGTON: La Chambre américaine des représentants, dominée par les républicains, a voté jeudi une mesure largement symbolique visant à forcer le président démocrate Joe Biden à mettre fin à sa suspension d'une livraison de bombes à Israël.

Cette suspension de la livraison d'une cargaison d'armes, composée de bombes de 2 000 livres (907 kg) et de 500 livres (226 kg), a été décidée au moment où Washington, premier soutien militaire d'Israël, s'oppose à une offensive d'ampleur des troupes israéliennes à Rafah.

La mesure votée jeudi n'a aucune chance de devenir loi. En théorie, elle empêcherait M. Biden de geler toute aide militaire à Israël approuvée par le Congrès.

"Le président et son administration doivent immédiatement faire marche arrière et se tenir aux côtés d'Israël", a déclaré Mike Johnson, chef républicain de la Chambre des représentants, dans un communiqué.