Iran: Les minorités ethniques portent le fardeau de la répression violente du régime contre les manifestations

Des manifestants se rassemblent dans les rues de Sanandaj, la capitale de la province iranienne du Kurdistan, au moment où les manifestations continuent de se propager des semaines après la mort en détention de Mahsa Amini, malgré les appels croissants à la retenue. (AFP)
Des manifestants se rassemblent dans les rues de Sanandaj, la capitale de la province iranienne du Kurdistan, au moment où les manifestations continuent de se propager des semaines après la mort en détention de Mahsa Amini, malgré les appels croissants à la retenue. (AFP)
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Publié le Mardi 18 octobre 2022

Iran: Les minorités ethniques portent le fardeau de la répression violente du régime contre les manifestations

  • En quelques heures, les manifestations se sont propagées à d’autres villes de la province et, le 18 septembre, toute la région s’est mise en grève
  • La répression en cours contre ceux qui ne se conforment pas au régime iranien est tout simplement le résultat de décennies de pratiques oppressives

RACCA (Syrie): Mahsa Amini – ou Jina Amini – est une jeune femme kurde qui a été tuée par la police des mœurs iranienne le 16 septembre. Son nom a fait le tour des réseaux sociaux, entraînant un mouvement de protestation qui pose aux dirigeants religieux un défi tel qu’ils n’en ont pas connu depuis bien des années.
Pour les forces de l’ordre iraniennes, Mahsa Amini n’était qu’une personne anonyme qui faisait partie d’une minorité ethnique opprimée depuis des décennies. Elles ne se doutaient pas que sa mort aux mains de l’une de ses unités déclencherait un soulèvement massif susceptible de renverser le régime lui-même.
Le 13 septembre, la jeune femme de 22 ans a été arrêtée à Téhéran pour avoir prétendument porté le voile – obligatoire en Iran – de manière inappropriée. Son frère, à qui elle avait rendu visite, a été informé qu’elle serait emmenée dans un centre de détention et libérée au bout d’une heure. Deux heures plus tard, elle s’est retrouvée dans le coma.
Trois jours plus tard, elle est décédée.
Bien que le régime iranien ait signalé que son décès était le résultat de conditions médicales préexistantes, les témoignages de ses codétenus et les examens tomodensitométriques montrent qu’elle a été sévèrement battue et qu’elle a subi une fracture du crâne ainsi qu’une hémorragie cérébrale.
La mort de Mahsa Amini a immédiatement déclenché une vague massive de protestations à travers l’Iran. Des troubles civils ont éclaté dans le pays, de la province occidentale du Kurdistan, dont la jeune femme est originaire, au centre de l’Iran, en passant par la province du Sistan-et-Baloutchistan, au Sud.
Selon un militant du Kurdistan qui souhaite garder l’anonymat pour des raisons de sécurité, les manifestations auraient commencé lorsque la jeune femme a été enterrée.
«Les gens ont commencé à scander le slogan kurde “Femmes, vie, liberté” et de nombreux autres slogans nationalistes lors des funérailles. Plus tard, ils ont pris d’assaut les rues de la ville et se sont rassemblés devant le bureau du gouverneur», raconte-t-il à Arab News.
En quelques heures, les manifestations se sont propagées à d’autres villes de la province et, le 18 septembre, toute la région s’est mise en grève. Les boutiques ont fermé leurs portes, les gens ont envahi les rues en signe de protestation et, en quelques jours, les manifestations se sont propagées à travers le pays.
La répression en cours – bien que ce soit la plus sanglante depuis des décennies – contre ceux qui ne se conforment pas au régime iranien est tout simplement le résultat de décennies de pratiques oppressives contre les groupes minoritaires par les autorités iraniennes.
L’article 15 du chapitre 2 de la Constitution iranienne autorise l’enseignement des langues régionales et tribales dans les écoles et leur utilisation dans les médias. L’article 19 du chapitre 3 stipule que «tous les Iraniens, quelle que soit l’ethnie ou la tribu à laquelle ils appartiennent, jouissent de droits égaux».
Malgré une prétendue protection constitutionnelle et le fait que les groupes ethniques et linguistiques non persans représentent près de 40% de la population iranienne, les minorités sont victimes de mauvais traitements qui vont de la discrimination politique à l’oppression au moyen d’arrestations et d’exécutions arbitraires.
Les Kurdes sont le troisième plus grand groupe ethnique en Iran. Ils représentent environ 10% de la population. Diverses estimations évaluent leur nombre à quarante millions environ, répartis entre l’Iran, l’Irak, la Syrie et la Turquie.

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La diaspora iranienne a soutenu les manifestations contre le régime de Téhéran dans plusieurs villes à travers le monde. (AFP)

«La situation est si mauvaise au Kurdistan que je ne sais même pas par où commencer», affirme le militant.
«Notre peuple subit des traitements qui dépassent l’imagination. Les Kurdes sont considérés comme des citoyens de troisième classe en Iran. D’abord, parce que nous sommes kurdes; ensuite, parce que nous sommes des musulmans non chiites ou que nous suivons d’autres religions kurdes; enfin, à cause de notre opposition au gouvernement central.»
L’activiste poursuit: «Nous sommes privés de nos droits les plus élémentaires en tant qu’êtres humains. La langue kurde et les partis kurdes sont bannis du système. Les villes kurdes souffrent d’extrême pauvreté et de chômage, résultat des politiques discriminatoires de l’Iran à l’égard des Kurdes.»
«Le Kurdistan est la région la moins développée et la société kurde a payé au prix fort cette marginalisation officielle.»
Les Kurdes d’Iran souffrent depuis 1979. Les partis kurdes d’Iran ont boycotté le référendum de mars 1979 pour créer la République islamique d’Iran et ils en paient le prix depuis.
Les services de renseignement iraniens ont persécuté des Kurdes même en dehors de leur juridiction. En 1989, un homme politique kurde et dirigeant du Parti démocratique du Kurdistan d’Iran a été assassiné en Allemagne.

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Des manifestations ont eu lieu dans tout l’Iran, y compris au sein de la capitale du Kurdistan, Sanandaj. (AFP)

Son successeur et trois autres personnalités de l’opposition kurde ont également été tués trois ans plus tard, et pas moins de dix dissidents kurdes iraniens ont été assassinés en dehors des frontières de l’Iran depuis 1989.
Bien que la vague actuelle de troubles ait commencé au Kurdistan avec la mort d’une femme kurde, la persécution des groupes minoritaires par le régime iranien s’est étendue au-delà de la minorité kurde.
En mai 2022, une vague de protestations contre la détérioration des conditions économiques a secoué l’Iran et une flambée des exécutions en a découlé. Cependant, les groupes minoritaires ont été ciblés de manière disproportionnée par les forces de sécurité, selon l’organisation de défense des droits humains Iran Human Rights.
Le peuple baloutche, un groupe musulman principalement sunnite qui habite la région sud du Baloutchistan, en Iran, ne représente que 2% de la population.
Il a longtemps souffert de sous-développement économique. Il possède à la fois l’indice de développement humain et le revenu national brut par habitant les plus bas de toutes les provinces iraniennes, selon les statistiques de 2019 du Global Data Lab, un institut de recherche situé aux Pays-Bas. Malgré cela, les membres de la communauté ont été victimes de violations flagrantes des droits de l’homme.
Un rapport publié en juin dernier par l’organisation Iran Human Rights indique que les exécutions en Iran ont atteint cette année leur pic en cinq ans. Le nombre est passé de 110 en 2021 à 168 au cours des six premiers mois de 2022. Les minorités arabe, kurde et baloutche étaient les principales victimes des exécutions – les prisonniers baloutches représentant 22% de l’ensemble des personnes exécutées.
Les Arabes, qui représentent environ 2% de la population iranienne, ont eux aussi été confrontés à l’oppression et à la discrimination. La plupart d’entre eux résident dans la province du Khouzistan, qui est riche en ressources pétrolières et constitue un pôle industriel majeur.

 

Quelques chiffres

- Les Perses ethniques représentent 60% des 86,7 millions d’habitants en Iran.
- Les 40% restants comprennent les Azéris, les Kurdes, les Lors, les Baloutches, les Arabes, les Turkmènes et les Turcs.

Malgré cela, la province souffre d’une pauvreté et d’un chômage généralisés, selon le député arabe Mohammed Saïd Ansari, qui soutient qu’environ la moitié des travailleurs du pétrole viennent de l’extérieur de la province et que les Arabes y sont souvent privés de possibilités d’emploi.
Le Minority Rights Group International, basé au Royaume-Uni, rapporte que près d’un quart de million d’Arabes au Khouzistan ont été déplacés à cause de grands projets gouvernementaux d’infrastructure.
Le chef d’un mouvement séparatiste arabe en Iran, Ahmed Molla Nissi, a été assassiné devant son domicile de La Haye en 2017. Son nom vient s’ajouter à la longue liste des assassinats étrangers de dissidents minoritaires par l’Iran.
En juillet 2021, au moins neuf personnes ont été tuées au Khouzistan alors qu’elles manifestaient, réclamant l’accès à l’eau potable, selon Human Rights Watch.
Au milieu des troubles actuels, des manifestations ont éclaté au Khouzistan; de nombreuses installations pétrolières et pétrochimiques sont en grève et les travailleurs remplissent les rues. Le 12 octobre, une vidéo partagée sur Twitter présente une bannière géante qui montre la photo du Guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, incendiée à Ahvaz, la capitale de la province.

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Des manifestations ont lieu dans plusieurs villes à travers l’Iran depuis Mahsa Amini, une Iranienne de 22 ans, a trouvé la mort le 16 septembre après son arrestation par la police des mœurs à Téhéran. Elle avait prétendument enfreint le code vestimentaire strict de la République islamique. (AFP)

«Les citoyens arabes vivent comme les personnes les plus pauvres sur la terre la plus riche: le Khouzistan. C’est le nom officiel qui lui a été donné, mais cet endroit est l’Arabistan ou Ahwaz», précise Youssef Yassin Azizi, un ancien administrateur arabo-iranien de l’université de Téhéran et membre de l’Union des écrivains iraniens, dans un entretien accordé à Arab News.
«À l’époque du chah et de la République islamique, des non-Arabes ont été installés dans les villes et villages arabes de la région.»
M. Azizi pense que le régime a délibérément chassé les Arabes et d’autres minorités de la vie publique iranienne.
«Les Arabes n’occupent qu’environ 5% des postes au sein des institutions publiques», explique-t-il à Arab News. «La langue arabe est interdite dans les écoles. Beaucoup d’Arabes ne peuvent pas trouver d’emploi dans les usines pétrochimiques simplement parce qu’ils portent un nom arabe.»
«Ce phénomène a atteint une telle ampleur qu’ils peuvent dire ouvertement: “Je ne t’embaucherai pas parce que tu es arabe.” La compagnie pétrolière d’Ali Khameini à Ahwaz a embauché 4 000 travailleurs au cours des dix dernières années et seuls sept d’entre eux étaient des Arabes.»
De telles attitudes suggèrent que les vies arabes en Iran sont considérées comme dérisoires.
«Les Arabes se sont rebellés à plusieurs reprises et ils ont souvent fini en prison ou ils ont été tués», déclare M. Azizi à Arab News. «Nous avons toujours été opprimés par la brutalité des autorités. Il y a à peine dix jours, Emad Heydari a été torturé à mort dans la prison d’Ahvaz.»
Selon le site Internet du Front populaire démocratique ahwazi, M. Heydari, 31 ans, un militant nouvellement marié qui habitait le quartier de Malashieh, a été arrêté le 27 septembre et il est mort en prison le 6 octobre. Les autorités iraniennes ont déclaré qu’il avait été victime d’un accident vasculaire cérébral, mais les militants ne croient pas au récit officiel.
«Lors des manifestations contre l’augmentation du prix du carburant de 2019, qui ont commencé avec les Arabes d’Ahwaz avant de se propager, deux cents Arabes auraient été tués. Ils n’ont montré aucune pitié envers les Arabes», souligne M. Azizi à Arab News.
«Il est important que la presse arabe et que la société civile soient au courant de ce qui nous arrive. Il faut couvrir les événements jour après jour. Elles devraient en parler sur tous leurs réseaux et dans l’ensemble de leurs publications et de leurs réunions. Elles devraient nous soutenir parce que nous sommes seuls. Jusqu’à présent, aucune chaîne n’a parlé de notre douleur pour la faire connaître. Mais notre résistance continuera.»
Le ciblage disproportionné des communautés minoritaires pendant les troubles civils actuels qui se déroulent en Iran reflète son traitement passé des minorités. Le Kurdistan, le Sistan-et-Baloutchistan ont été les plus exposés à la violence, selon le Critical Threats Project, un projet d’analyse des renseignements créé par l’American Enterprise Institute en 2009.
Deux semaines après la mort de Mahsa Amini, des manifestants se sont réunis à l’issue de la prière du vendredi dans la ville à majorité baloutche de Zahedan pour exprimer son soutien aux manifestations nationales afin d’exiger que justice soit rendue après qu’une jeune Baloutche de 15 ans a été sexuellement agressée par un commandant de police iranien.
Amnesty International rapporte que les forces de sécurité iraniennes ont ouvert le feu sur la foule à l’aide de balles réelles et qu’ils ont aspergé les manifestants de gaz lacrymogène. Des images montrent des tireurs sur les toits qui prennent les manifestants pour cible. Entre 66 et 96 personnes auraient été tuées et des centaines d’autres blessées en quelques heures seulement. Cette journée est désormais connue sous le nom de «vendredi sanglant».
Le New York Times s’est depuis entretenu avec dix habitants de Zahedan, parmi lesquels des témoins et des militants, des membres de la famille des victimes et un médecin qui a aidé à soigner plus de 150 personnes qui souffraient de blessures.
Tous ont accusé les forces de sécurité d’avoir tiré sans discernement sur des manifestants non armés et des civils avec des balles et du gaz lacrymogène. Des hélicoptères auraient également été déployés, selon des témoins.
«Selon les habitants, les violences du 30 septembre auraient été précédées d’une petite manifestation, deux jours plus tôt, dans une autre ville de la même province, Chabahar», déclare le quotidien américain dans un rapport du 14 octobre.
Le traitement brutal du régime iranien envers les zones de minorités ethniques ne fait que s’intensifier à mesure que le mouvement de protestation prend de l’ampleur et appelle à mettre fin au régime théocratique conservateur.
«J’appelle la communauté internationale à redoubler d’efforts pour reconnaître nos problèmes et nous aider à les résoudre», déclare le militant qui habite au Kurdistan à Arab News.
«Aujourd'hui, les peuples du Kurdistan et de l’Iran ont besoin d’un soutien total pour renverser ce régime.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Parlement ukrainien déserté par crainte de frappes russes

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  • L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP
  • La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP

KIEV: Le Parlement ukrainien a annulé vendredi sa séance par crainte de frappes russes en plein coeur de Kiev, au lendemain du tir par la Russie d'un nouveau missile balistique et de menaces de Vladimir Poutine à l'adresse de l'Occident.

Après ce tir, le président russe s'était adressé à la nation jeudi soir en faisant porter la responsabilité de l'escalade du conflit sur les Occidentaux. Il a estimé que la guerre en Ukraine avait pris désormais un "caractère mondial" et menacé de frapper les pays alliés de Kiev.

Le Kremlin s'est dit confiant vendredi sur le fait que les Etats-Unis avaient "compris" le message de Vladimir Poutine.

L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP.

La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP.

En plein coeur de Kiev, ce quartier où se situent également la présidence, le siège du gouvernement et la Banque centrale, a jusqu'à présent été épargné par les bombardements. L'accès y est strictement contrôlé par l'armée.

Le porte-parole du président Volodymyr Zelensky a de son côté assuré que l'administration présidentielle "travaillait comme d'habitude en respectant les normes de sécurité habituelles".

"Compris" le message 

S'adressant aux Russes à la télévision jeudi soir, Vladimir Poutine a annoncé que ses forces avaient frappé l'Ukraine avec un nouveau type de missile balistique hypersonique à portée intermédiaire (jusqu'à 5.500 km), baptisé "Orechnik", qui était dans sa "configuration dénucléarisée".

Cette frappe, qui a visé une usine militaire à Dnipro, dans le centre de l'Ukraine, est une réponse, selon M. Poutine, à deux frappes menées cette semaine par Kiev sur le sol russe avec des missiles américains ATACMS et britanniques Storm Shadow, d'une portée d'environ 300 kilomètres.

M. Poutine a ainsi estimé que la guerre en Ukraine avait pris un "caractère mondial" et annoncé que Moscou se réservait le droit de frapper les pays occidentaux car ils autorisent Kiev à utiliser leurs armes contre le sol russe.

"Le message principal est que les décisions et les actions imprudentes des pays occidentaux qui produisent des missiles, les fournissent à l'Ukraine et participent ensuite à des frappes sur le territoire russe ne peuvent pas rester sans réaction de la part de la Russie", a insisté vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Il s'est dit persuadé que Washington avait "compris" ce message.

La veille, les Etats-Unis, qui avaient été informés 30 minutes à l'avance du tir russe, avaient accusé Moscou de "provoquer l'escalade". L'ONU a évoqué un "développement inquiétant" et le chancelier allemand Olaf Scholz a regretté une "terrible escalade".

La Chine, important partenaire de la Russie accusé de participer à son effort de guerre, a appelé à la "retenue". Le Kazakhstan, allié de Moscou, a renforcé ses mesures de sécurité en raison de cette "escalade en Ukraine".

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a lui appelé la communauté internationale à "réagir", dénonçant un "voisin fou" qui utilise l'Ukraine comme un "terrain d'essai".

"Cobayes" de Poutine 

Au-delà du tir de jeudi, la Russie a modifié récemment sa doctrine nucléaire, élargissant la possibilité de recours à l'arme atomique. Un acte "irresponsable", selon les Occidentaux.

Interrogés jeudi par l'AFP sur le tir de missile russe, des habitants de Kiev étaient inquiets.

"Cela fait peur. J'espère que nos militaires seront en mesure de repousser ces attaques", a déclaré Ilia Djejela, étudiant de 20 ans, tandis qu'Oksana, qui travaille dans le marketing, a appelé les Européens à "agir" et "ne pas rester silencieux".

M. Poutine "teste (ses armes) sur nous. Nous sommes ses cobayes", a affirmé Pavlo Andriouchtchenko cuisinier de 38 ans.

Sur le terrain en Ukraine, les frappes de la Russie, qui a envahi le pays il y a bientôt trois ans, se poursuivent.

A Soumy, dans le nord-est du pays, une attaque de drones a fait deux morts et 12 blessés, a indiqué le Parquet ukrainien.

Le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, s'est lui rendu sur un poste de commandement de l'armée dans la région de Koursk, où les forces ukrainiennes occupent, depuis début août, des centaines de kilomètres carrés.

Il s'est félicité d'avoir "pratiquement fait échouer" la campagne militaire ukrainienne pour l'année 2025 en "détruisant les meilleures unités" de Kiev et notant que les avancées russes sur le terrain se sont "accélérées".

Cette poussée intervient alors que Kiev craint que Donald Trump, de retour à la Maison Blanche à partir de janvier prochain, ne réduise ou stoppe l'aide militaire américaine, vital pour l'armée ukrainienne.


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
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  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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  • "La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau
  • "Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu

JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.