PARIS: Les Bourses mondiales exultaient lundi après l'annonce d'un vaccin « efficace à 90% » contre le Covid-19, qui fait espérer à terme un retour à une activité normale pour nombre d'entreprises en souffrance.
Portés en début de séance par le scénario de la présidentielle américaine, amenant le démocrate Joe Biden à la Maison-Blanche, les marchés ont décollé à l'annonce des laboratoires Pfizer et BioNTech.
Vers 12H00 GMT, ces sociétés ont affirmé que leur candidat vaccin était « efficace à 90% » contre le Covid-19, selon l'essai à grande échelle de phase 3 en cours, dernière étape avant une demande d'homologation.
« Attendu depuis longtemps »
Wall Street était sur la voie de nouveaux records en début de séance, le Dow Jones décollant de 4,37% et l'indice S&P 500 de 3,72%. L'action Pfizer s'envolait de 8,86%.
Les marchés européens continuaient leur envolée. Madrid et Paris grimpaient de plus de 8%, Francfort, Londres et Milan de plus de 5% vers 15H00 GMT.
Dans leur ensemble, les places européennes signaient leur meilleure performance sur une séance depuis six mois. Le Dax allemand a même brièvement dépassé son niveau du 1er janvier, une première depuis le début de la crise parmi les grandes places boursières européennes.
Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier bondissait de 9,00% par rapport à la clôture de vendredi, à 43,00 dollars. A New York, le baril américain de WTI pour décembre gagnait de son côté 10,15% à 40,91 dollars.
« Cette nouvelle est énorme, on l'attend depuis très longtemps! », s'est enthousiasmé Daniel Larrouturou, gérant actions chez Dôm Finance, interrogé par l'AFP à Paris juste après l'annonce des deux laboratoires.
« C'est l'information de l'année, peut-être même de la décennie », s'est enflammé, à Francfort, Jochen Stanzl, analyste chez CMC Markets.
Sur le marché de la dette, l'appétit pour le risque faisait s'écraser les taux souverains des pays considérés comme les plus risqués, à l'instar de la Grèce et l'Italie, dont les taux à dix ans ont atteint de nouveaux plus bas historiques, respectivement à 0,728% et 0,617%.
Panne des valeurs Covid
« La différence sur le marché est frappante: les plus gros gagnants sont parmi les actions les plus touchées par la pandémie - tandis que les gagnants du Covid se portent mal », relève Neil Wilson, analyste de Markets.com.
L'annonce profitait aux secteurs les plus affectés par les mesures de restrictions aux activités, à savoir le voyage, l'aéronautique, les banques.
Ainsi, la nouvelle a fait faire des bonds supersoniques à Airbus (+20%), IAG (+37%), Lufthansa (+30%), Rolls Royce (+55%), Easyjet (+33%) et Carnival (36%). Les valeurs financières n'en perdaient pas une miette, à l'instar de Société Générale (+17%), BNP Paribas (+16%) et UniCredit (+13%). Les pétrolières étaient aussi en forme, comme Eni (+13%) ou Total (+14%).
A contrario, un coup de massue s'est abattu sur les entreprises qui avaient profité des mesures de confinement. Symbole, l'action de Zoom Video a chuté de près de 16% à l'ouverture sur le Nasdaq, l'indice technologique américain. A l'écart de la fête généralisée, l'indice n'avançait que de 0,89%.
La livraison de repas à domicile était en berne aussi. A Francfort, Delivery Hero reculait de 8%, Hello Fresh de 17%. A Londres, Ocado chutait de 14% et Just Eat Takeaway de 10%.
Cette annonce intervient alors que les Etats-Unis, comme l'Europe, font face à des records de nouvelles contaminations ces derniers jours et que l'accumulation de nouvelles restrictions pour faire face à cette deuxième vague pourrait sérieusement escamoter la reprise économique.
Le président élu des Etats-Unis Joe Biden est resté mesuré dans sa réaction lundi, se réjouissant d'un signe d' « espoir », tout en prévenant que la « bataille » était encore loin d'être gagnée.
Les investisseurs ne doutent pas qu'il deviendra le président américain en janvier même si Donald Trump ne veut pas concéder sa défaite jusqu'ici.
« Les investisseurs estiment que ses recours légaux ne représentent rien d'autre qu'une tentative de sauver la face », décrypte Joshua Mahony, analyste chez IG.
Sur le marché des devises, le dollar reculait de 0,64% face à l'euro à 1,1866 dollar pour un euro. Pour les valeurs refuges, qui ont grimpé depuis le début de l'année avec la pandémie, le yen perdait 1,83% face au dollar et 1,79% face à l'euro (124,96 yens). L'once d'or cédait 4,57%.