NATIONS UNIES: L'Assemblée générale de l'ONU a condamné mercredi avec une majorité "écrasante" les "annexions illégales" russes de territoires ukrainiens, après que Moscou eut opposé son veto sur un texte similaire au Conseil de sécurité fin septembre.
L'Assemblée générale des 193 Etats membres réunie en urgence depuis lundi a adopté cette résolution avec 143 voix pour, face à cinq pays contre et 35 qui se sont abstenus, parmi lesquels la Chine, l'Inde, le Pakistan et l'Afrique du Sud, malgré des efforts diplomatiques des Etats-Unis.
Les cinq Etats qui ont voté contre sont, sans surprise, la Russie, le Bélarus, la Syrie, la Corée du Nord et le Nicaragua.
Avec ce texte, co-rédigé par l'Union européenne et présenté par l'Ukraine, les Occidentaux ont affirmé avoir prouvé que la Russie du président Vladimir Poutine était "isolée" sur la scène internationale, sept mois après le déclenchement de la guerre en Ukraine.
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken s'est félicité dans un communiqué de voir "une majorité écrasante de nations aux côtés de l'Ukraine, dans la défense de la charte de l'ONU et l'opposition résolue à la guerre de la Russie contre l'Ukraine et sa population".
M. Blinken a souligné "que très peu de nations avaient voté avec la Russie" et il s'est réjoui de "l'unité internationale" et du "soutien inébranlable" envers Kiev.
Les 143 pays qui ont voté pour la résolution onusienne ont signifié qu'"ils ne tolèreraient aucune tentative par un Etat membre de l'ONU de s'emparer d'un territoire par la force", a martelé le secrétaire d'Etat américain.
Cela pourrait être vous
Avant le vote, son ambassadrice à l'ONU Linda Thomas-Greenfield a exhorté le plus de pays possible à ne pas s'abstenir: "Aujourd'hui, la Russie envahit l'Ukraine. Mais demain le territoire d'une autre nation pourrait être violé. Cela pourrait être vous. Vous pourriez être le prochain" pays, a lancé la diplomate à la tribune des Nations unies.
Son homologue français Nicolas de Rivière a renchéri: "En envahissant son voisin, la Russie a décidé d’ouvrir la voie à d’autres guerres d’annexion. Ce qui se passe aujourd’hui en Europe peut se passer demain ailleurs: en Asie, en Afrique, en Amérique latine".
Et pour la Britannique Barbara Woodward, "la Russie a échoué sur le champ de bataille et à l'ONU. (...) La Russie s'est isolée. (...) Il faut maintenant arrêter la guerre".
La résolution "condamne les tentatives d'annexions illégales" des régions ukrainiennes de Donetsk, Lougansk, Zaporijjia et Kherson après des "prétendus référendums illégaux" et souligne que ces actions n'ont "aucune validité" au regard du droit international.
Le texte appelle également à ce qu'aucun Etat ne reconnaisse ces annexions et réclame le retrait immédiat des troupes russes d'Ukraine entrées le 24 février.
L'ONU "exige que la Fédération de Russie revienne immédiatement et de manière inconditionnelle sur sa décision du 29 septembre" relative à l'intégration des régions ukrainiennes au sein de la Russie. Ces annexions constituent une "violation de l'intégrité territoriale et de la souveraineté de l'Ukraine".
Le 30 septembre, Moscou avait utilisé son veto pour bloquer au Conseil de sécurité cette même résolution condamnant les annexions en Ukraine. En dehors du veto russe, le texte avait recueilli 10 voix pour sur les 15 membres du Conseil. La Chine, l'Inde, le Brésil et le Gabon s'étaient abstenus et les Occidentaux avaient alors déjà vanté une preuve de l'isolement de la Russie.
"La Russie a tenté de faire taire le Conseil de sécurité, mais elle n'a pas pu faire taire l’Assemblée générale des Nations unies", a dit l’ambassadeur de l'Union européenne à l'ONU Olof Skoog devant la presse après le vote.