CASABLANCA: «La situation est délicate. Nous avons besoin de sécuriser l'alimentation d'une population qui ne cesse d'augmenter. Dans mon pays, 80% de la population se compose de fermiers et d’agriculteurs qui ont besoin d’engrais pour nourrir les sols.» La déclaration émane de Lobin Lowe, ministre de l’Agriculture de la République du Malawi. Comme Lobin Lowe, plusieurs ministres de l’Agriculture africains ont fait le déplacement les 12 et 13 octobre à Casablanca, à l’occasion du 3e Forum africain de financement des engrais, pour faire le point sur le secteur et discuter en particulier des problématiques liées à la disponibilité et au financement des engrais.
Organisé par OCP Africa, le groupe de la Banque africaine de développement (BAD) et le Mécanisme africain de financement du développement des engrais (Mafde), l’événement a rassemblé 200 experts et hauts responsables de plusieurs pays, notamment africains. Dans un contexte mondial marqué par l’envolée des cours des engrais avec des implications majeures pour la sécurité alimentaire en Afrique, cette troisième édition du forum a choisi pour thème: «Catalyser le financement des engrais pour une croissance durable.»
«Je me réjouis de la tenue de ce troisième forum africain, car pour assurer le développement durable de l’agriculture africaine, nous devons améliorer la compétitivité de nos produits. Or, l’insuffisance des engrais minéraux est un obstacle majeur sur le continent», a souligné Nana Nanfamé, directrice générale de la Centrale d’approvisionnement et de gestion des intrants agricoles du Togo (Cagia). Et sur cette problématique de disponibilité des engrais, le salut viendra certainement du groupe OCP, leader mondial sur le marché de la nutrition des plantes et premier producteur mondial d’engrais phosphatés. «OCP Africa a contribué à travers des dons et rabais à la remise de 550 000 tonnes d’engrais en Afrique, soit 16% des besoins annuels du continent, à destination de 20 pays et de 4 millions d’agriculteurs», a déclaré Mohammed Anouar Jamali, PDG d’OCP Africa, filiale du groupe OCP, et dont la mission est de contribuer au développement d'écosystèmes agricoles intégrés en Afrique.
Dans cet objectif, Moustafa Terrab, PDG du groupe OCP, a annoncé, mardi 11 octobre, lors des Assemblées annuelles de la Banque mondiale, qu’OCP s’engageait à dédier plus de 4 millions de tonnes d’engrais en faveur des agriculteurs africains en 2023. Cela représente plus du double de l’approvisionnement consacré par OCP au continent en 2021 et plus d’un quart de la production totale prévue par le groupe. Cette allocation permettra de garantir que les bons engrais soient disponibles pour l’ensemble du continent, afin de stimuler les rendements pour 44 millions d’agriculteurs dans 35 pays, y compris au Maroc, où le groupe est basé.
«Faciliter l’accès aux engrais et encourager la souveraineté alimentaire de l’Afrique est la priorité de la Banque africaine de développement (BAD). C’est pourquoi nous existons. Le Maroc est un leader et un partenaire stratégique en la matière. L’Afrique dispose de 65% des terres agricoles arables encore disponibles pour nourrir les 9 milliards d’habitants de la planète d’ici à 2050. Ainsi, ce que l’Afrique fait en matière d’agriculture déterminera l’avenir de l’alimentation dans le monde», a précisé de son côté Achraf Hassan Tarsim, chef de bureau pays désigné pour le Maroc au sein de la BAD au Maroc.