Nouvelles frappes russes contre l'Ukraine, le G7 promet de «demander des comptes» à Poutine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'adresse aux dirigeants du G7 par liaison vidéo lors de leur session le 27 juin 2022 au château d'Elmau, dans le sud de l'Allemagne (Photo, AFP).
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'adresse aux dirigeants du G7 par liaison vidéo lors de leur session le 27 juin 2022 au château d'Elmau, dans le sud de l'Allemagne (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 12 octobre 2022

Nouvelles frappes russes contre l'Ukraine, le G7 promet de «demander des comptes» à Poutine

  • La Russie a poursuivi ses tirs, de moindre ampleur, frappant notamment très loin du front les installations énergétiques de l'Ouest ukrainien
  • De nouvelles frappes russes ont touché la région de Zaporijjia en soirée

KIEV: La Russie a revendiqué mardi de nouvelles frappes "massives" sur les infrastructures ukrainiennes, pour lesquelles le G7, réuni en urgence, a promis de "demander des comptes" au président russe Vladimir Poutine.

Lundi déjà, des bombardements russes d'une ampleur inégalée depuis des mois avaient touché Kiev et d'autres villes d'Ukraine, faisant au moins 19 morts et 105 blessés et suscitant un tollé international.

Mardi, la Russie, qui a essuyé de nombreux revers militaires récemment, a poursuivi ses tirs, de moindre ampleur, frappant notamment très loin du front les installations énergétiques de l'Ouest ukrainien.

"Depuis ce matin, 28 missiles ennemis ont été lancés, dont 20 ont été abattus. Plus de 15 drones, principalement des drones d'attaque iraniens. Quasiment tous ont été abattus", a déclaré dans son allocution du soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a dit espérer "des progrès de nos partenaires sur la question des défenses antiaériennes et antimissiles".

L'état-major ukrainien a signalé des frappes aériennes, de missiles de croisière et de lance-roquettes multiples russes sur plus d'une vingtaine de villes et villages dans tout le pays.

En réunion virtuelle avec le G7 dans la journée, M. Zelensky lui avait demandé de l'aider à créer un "bouclier aérien" au-dessus de l'Ukraine, prévenant que "le dirigeant russe, qui est en fin de règne, a encore les moyens d'une escalade", selon la présidence ukrainienne.

Déplorant dans un communiqué "la stratégie russe d'escalade délibérée", le G7 a condamné "de la façon la plus véhémente possible" ces "attaques aveugles contre des populations civiles innocentes" qui sont "un crime de guerre", promettant de "demander des comptes au président Vladimir Poutine".

Avertissement au Bélarus

Le G7 a également prévenu le Bélarus que la création d'une force militaire commune entre Moscou et Minsk constitue "l'exemple le plus récent de (sa) complicité" avec la Russie dans la guerre contre l'Ukraine.

Mardi, Minsk a assuré que la force commune était "purement défensive". Seul allié de Moscou dans cette guerre, sans avoir envoyé ses troupes en Ukraine, le président bélarusse Alexandre Loukachenko a justifié l'initiative en accusant Kiev de préparer une attaque contre son pays.

En Ukraine, la ville de Zaporijjia (sud), pilonnée par les Russes ces dernières semaines, a essuyé mardi, selon les autorités ukrainiennes, une salve de 12 missiles S-300 sur des infrastructures "civiles", faisant un mort.

De nouvelles frappes russes ont touché la région de Zaporijjia en soirée, où "les terroristes russes (...) ont bombardé Orikhiv et Stepnoguirsk", faisant sept morts et sept blessés, selon la présidence ukrainienne.

Des bombardements ont aussi causé de "sévères destructions" sur des installations énergétiques dans la région de Dnipro (centre), privant de courant "de nombreux villages", selon le gouverneur régional.

Kiev a été épargnée. Mais l'opérateur électrique desservant la capitale, DTEK, a annoncé que, faute de puissance, "dès mardi" des coupures de courant régulières allaient affecter différents quartiers, au moment où l'hiver approche et que les Ukrainiens craignent des pénuries d'eau, de chauffage et d'électricité.

Moscou: objectif «atteint»

À Moscou, le ministère de la Défense s'est félicité que ces "frappes massives" contre des "cibles de commandement militaire et du système énergétique de l'Ukraine" aient "atteint leur objectif".

Les bombardements ont été d'une ampleur moindre que lundi, lorsque des dizaines de missiles, roquettes et drones s'étaient abattus sur des infrastructures militaires, énergétiques et de communication ukrainiennes, mais également des sites civils.

Des représailles à l'attaque, "terroriste" selon Vladimir Poutine, qui a endommagé samedi le pont reliant la Russie à la Crimée (sud), péninsule annexée par Moscou en 2014. Symbolique et stratégique, ce viaduc routier et ferroviaire sert à l'approvisionnement russe dans le Sud ukrainien où Kiev mène une contre-offensive.

L'attaque contre le pont est intervenue après une série de revers militaires russes dans le nord-est, l'est et le sud de l'Ukraine.

Le président américain Joe Biden a estimé mardi que son homologue russe avait "fait une complète erreur de calcul" sur la résistance ukrainienne, pensant "être accueilli à bras ouverts". "Je pense que c'est une personne rationnelle qui a clairement mal évalué" la situation, a déclaré Joe Biden à la chaîne CNN.

Signe de ces difficultés, Vladimir Poutine a ordonné la mobilisation de centaines de milliers de réservistes en septembre, provoquant le départ massif de Russes du pays.

Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a vu mardi dans ces bombardements "un signe de faiblesse, car la Russie est en train de perdre sur le champ de bataille".

L'Alliance atlantique a "doublé" sa présence en mer Baltique et mer du Nord à "plus de 30 navires" après le sabotage récent des gazoducs Nord Stream, a ajouté M. Stoltenberg.

Le même jour, au regard de la situation en Ukraine, la France a annoncé l'envoi prochain de blindés d'infanterie et de chars Leclerc et un doublement de ses effectifs militaires en Roumanie, pour y renforcer la mission locale de l'Otan.

78 civils exhumés

Dans l'est de l'Ukraine, dans la région de Donetsk, les autorités ont annoncé mardi avoir exhumé les corps de 78 civils dans deux villes récemment reconquises par les forces ukrainiennes.

Selon le bureau du procureur général d'Ukraine, certains corps présentaient des marques de "mort violente", deux étant calcinés, à Sviatorguirsk. A Lyman, 110 tombes ont été dénombrées, desquelles 44 corps ont été exhumés dans l'immédiat, dont ceux "d'un enfant d'un an et de toute sa famille".

L'Ukraine a accusé les forces russes de nombreuses exactions, découvrant à l'occasion de retraites russes les tombes de civils tués ou de victimes de torture ou d'exécution sommaire. Moscou dément systématiquement.

En Russie, Viatcheslav Gladkov, le gouverneur de la région de Belgorod, frontalière de l'Ukraine, a accusé mardi Kiev d'avoir bombardé une installation électrique à Chebekino, à sept kilomètres de la frontière, privant de courant "plus de 2 000 habitants" sans faire de victime.

L'Ukraine dit avoir libéré 32 soldats prisonniers dans un échange avec la Russie

La présidence ukrainienne a annoncé mardi avoir obtenu la libération de 32 soldats ukrainiens dans la cadre d'un échange avec la Russie, ainsi qu'avoir récupéré le corps d'un Israélien ayant combattu du côté de l'Ukraine.

"Aujourd'hui, un nouvel échange de prisonniers a été réalisé, on a réussi à libérer 32 militaires et à récupérer le corps de l’Israélien Dmytro Fialka", a indiqué sur Telegram le chef du cabinet de la présidence ukrainienne, Andriï Iermak.

Péril nucléaire

À Saint-Pétersbourg (nord-ouest de la Russie), Vladimir Poutine s'est entretenu mardi avec Rafael Grossi, le patron de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

Le président russe s'est déclaré "ouvert au dialogue" au sujet de la centrale nucléaire de Zaporijjia, contrôlée militairement par la Russie depuis mars, tandis que M. Grossi a réitéré son appel à y mettre en place "une zone de protection".

"Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour prévenir un accident nucléaire", a-t-il exhorté dans un communiqué, pointant une situation "de plus en plus dangereuse (...) avec des attaques militaires fréquentes qui menacent la sécurité nucléaire".

Depuis des mois, Russes et Ukrainiens s'accusent de tirer dans la zone au risque de provoquer un accident nucléaire.

Le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu a lancé un appel à un cessez-le-feu "dès que possible". Une rencontre entre Vladimir Poutine et le président turc Recep Tayyip Erdogan est prévue jeudi au Kazakhstan. Moscou comme Kiev estiment que la négociation est impossible.


Le Parlement ukrainien déserté par crainte de frappes russes

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  • L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP
  • La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP

KIEV: Le Parlement ukrainien a annulé vendredi sa séance par crainte de frappes russes en plein coeur de Kiev, au lendemain du tir par la Russie d'un nouveau missile balistique et de menaces de Vladimir Poutine à l'adresse de l'Occident.

Après ce tir, le président russe s'était adressé à la nation jeudi soir en faisant porter la responsabilité de l'escalade du conflit sur les Occidentaux. Il a estimé que la guerre en Ukraine avait pris désormais un "caractère mondial" et menacé de frapper les pays alliés de Kiev.

Le Kremlin s'est dit confiant vendredi sur le fait que les Etats-Unis avaient "compris" le message de Vladimir Poutine.

L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP.

La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP.

En plein coeur de Kiev, ce quartier où se situent également la présidence, le siège du gouvernement et la Banque centrale, a jusqu'à présent été épargné par les bombardements. L'accès y est strictement contrôlé par l'armée.

Le porte-parole du président Volodymyr Zelensky a de son côté assuré que l'administration présidentielle "travaillait comme d'habitude en respectant les normes de sécurité habituelles".

"Compris" le message 

S'adressant aux Russes à la télévision jeudi soir, Vladimir Poutine a annoncé que ses forces avaient frappé l'Ukraine avec un nouveau type de missile balistique hypersonique à portée intermédiaire (jusqu'à 5.500 km), baptisé "Orechnik", qui était dans sa "configuration dénucléarisée".

Cette frappe, qui a visé une usine militaire à Dnipro, dans le centre de l'Ukraine, est une réponse, selon M. Poutine, à deux frappes menées cette semaine par Kiev sur le sol russe avec des missiles américains ATACMS et britanniques Storm Shadow, d'une portée d'environ 300 kilomètres.

M. Poutine a ainsi estimé que la guerre en Ukraine avait pris un "caractère mondial" et annoncé que Moscou se réservait le droit de frapper les pays occidentaux car ils autorisent Kiev à utiliser leurs armes contre le sol russe.

"Le message principal est que les décisions et les actions imprudentes des pays occidentaux qui produisent des missiles, les fournissent à l'Ukraine et participent ensuite à des frappes sur le territoire russe ne peuvent pas rester sans réaction de la part de la Russie", a insisté vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Il s'est dit persuadé que Washington avait "compris" ce message.

La veille, les Etats-Unis, qui avaient été informés 30 minutes à l'avance du tir russe, avaient accusé Moscou de "provoquer l'escalade". L'ONU a évoqué un "développement inquiétant" et le chancelier allemand Olaf Scholz a regretté une "terrible escalade".

La Chine, important partenaire de la Russie accusé de participer à son effort de guerre, a appelé à la "retenue". Le Kazakhstan, allié de Moscou, a renforcé ses mesures de sécurité en raison de cette "escalade en Ukraine".

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a lui appelé la communauté internationale à "réagir", dénonçant un "voisin fou" qui utilise l'Ukraine comme un "terrain d'essai".

"Cobayes" de Poutine 

Au-delà du tir de jeudi, la Russie a modifié récemment sa doctrine nucléaire, élargissant la possibilité de recours à l'arme atomique. Un acte "irresponsable", selon les Occidentaux.

Interrogés jeudi par l'AFP sur le tir de missile russe, des habitants de Kiev étaient inquiets.

"Cela fait peur. J'espère que nos militaires seront en mesure de repousser ces attaques", a déclaré Ilia Djejela, étudiant de 20 ans, tandis qu'Oksana, qui travaille dans le marketing, a appelé les Européens à "agir" et "ne pas rester silencieux".

M. Poutine "teste (ses armes) sur nous. Nous sommes ses cobayes", a affirmé Pavlo Andriouchtchenko cuisinier de 38 ans.

Sur le terrain en Ukraine, les frappes de la Russie, qui a envahi le pays il y a bientôt trois ans, se poursuivent.

A Soumy, dans le nord-est du pays, une attaque de drones a fait deux morts et 12 blessés, a indiqué le Parquet ukrainien.

Le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, s'est lui rendu sur un poste de commandement de l'armée dans la région de Koursk, où les forces ukrainiennes occupent, depuis début août, des centaines de kilomètres carrés.

Il s'est félicité d'avoir "pratiquement fait échouer" la campagne militaire ukrainienne pour l'année 2025 en "détruisant les meilleures unités" de Kiev et notant que les avancées russes sur le terrain se sont "accélérées".

Cette poussée intervient alors que Kiev craint que Donald Trump, de retour à la Maison Blanche à partir de janvier prochain, ne réduise ou stoppe l'aide militaire américaine, vital pour l'armée ukrainienne.


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
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  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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  • "La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau
  • "Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu

JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.