La Coupe du monde 2022 au Qatar, une aubaine pour toute la région du Golfe

Le compte à rebours de la Coupe du monde de la FIFA 2022 est suivi avec enthousiasme dans tout le Golfe (Photo, AFP).
Le compte à rebours de la Coupe du monde de la FIFA 2022 est suivi avec enthousiasme dans tout le Golfe (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 11 octobre 2022

La Coupe du monde 2022 au Qatar, une aubaine pour toute la région du Golfe

  • Les hôtels, les compagnies aériennes et les tour-opérateurs en Arabie Saoudite, aux Émirats arabes unis et à Oman proposent des services spéciaux
  • Les entreprises du secteur du voyage, du tourisme et de l'hôtellerie espèrent générer des milliards grâce à l'hébergement et au transport des supporters

DUBAÏ: Avant même le coup d'envoi de la première Coupe du monde de football jamais organisée au Moyen-Orient le 20 novembre au Qatar, toute la région du Golfe compte sur un énorme coup de boost aux secteurs du transport aérien, du tourisme et de l'hôtellerie.
L'afflux de 1,2 million de visiteurs durant le mois du Mondial devrait rapporter 17 milliards de dollars à l'économie qatarie. Les visiteurs se presseront dans les hôtels du pays pour assister au plus grand événement sportif de la planète.
Cependant, il y a un hic. En raison de la petite taille du Qatar, l'offre d'hébergement est limitée – à peine 30 000 chambres d'hôtel étaient disponibles en mars de cette année – ce qui oblige les supporters à se tourner vers d'autres pays de la région. Ce manque fait grimper les prix des hôtels.

Le tourisme sportif est particulièrement lucratif, selon Sue Holt, directrice exécutive d'Expat Sport, car «ce sont généralement des groupes qui voyagent plutôt que des personnes seules» (Photo fournie).

«Dans l'ensemble, les tarifs hôteliers sont déjà trois à quatre fois plus élevés, donc on peut déjà ressentir immédiatement l'impact de la Coupe du monde», a indiqué l'homme d'affaires qatari Tariq al-Jaidah à Arab News.
L'entreprise familiale d'Al-Jaidah, Jaidah Holdings, est propriétaire du W Doha Hotel & Residences, le premier hôtel de la chaîne W au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Le groupe possède et gère également de grands hôtels de luxe en Europe, notamment le Gritti Palace à Venise, le Westin Excelsior et le St. Regis à Florence.
Le frère d'Al-Jaidah, Ibrahim M. Jaidah, PDG du groupe et architecte en chef d'Arab Engineering Bureau et d'Ibrahim Jaidah Architects and Engineers, a conçu le stade Al-Thumama, qui accueillera 40 000 spectateurs pour les matchs jusqu'aux quarts de finale.
«Il y a tellement d'événements marquants liés à cette première Coupe du monde au Moyen-Orient. Pour beaucoup de gens, assister aux matchs est devenu un mode de vie», a indiqué M. Al-Jaidah.

L'afflux de 1,2 million de visiteurs devrait apporter 17 milliards de dollars à l'économie qatarie (Photo, AFP).

«Pour bon nombre de personnes sur cette planète, c'est un mode de vie et, cette fois, cela les amène dans une région que beaucoup n'ont pas encore visitée. Vous pouvez sentir que la région, les pays du Golfe, se rassemblent de manière naturelle pour cet événement.»
Pour accueillir les légions de fans de football qui se rendront au Qatar, les organisateurs ont déjà loué deux bateaux de croisière et prévoient de planter plus de 1 000 tentes dans le désert. Un service de navettes a également été mis en place pour relier Doha à d'autres villes de la région, notamment Muscat, Riyad, Djeddah et Koweït City.
Le lancement des vols de jour qui assureront la navette entre les spectateurs et les matchs devrait créer une activité importante pour les compagnies aériennes, les hôtels et les lieux d'accueil locaux, en particulier dans les pays voisins d'Oman, d'Arabie saoudite et des Émirats arabes unis.

Nasser al-Khater, directeur général de la Coupe du monde de la FIFA Qatar 2022 (Photo fournie).

«Saudia annonce des vols spéciaux, de même Oman, qui est prêt à recevoir des visiteurs à capacité maximale», a déclaré M. Al-Jaidah.
«Le ciel est ouvert à toutes les compagnies aériennes – rien qu'entre les deux villes de Doha et de Dubaï, vous aurez 60 à 80 vols par jour – formant un véritable pont aérien, afin que les visiteurs puissent se déplacer facilement. Tout cela crée un élan phénoménal entre les pays du Golfe.»

EN CHIFFRES

- 1,2 million de personnes sont attendues dans le pays hôte
- 30 000 chambres d'hôtel au Qatar en mars 2022

Dubaï sera «la principale porte d'entrée» de la Coupe du monde, avec plus de personnes susceptibles d'entrer au Qatar par l'émirat que par sa propre capitale Doha, a récemment déclaré Paul Griffiths, le PDG de Dubai Airports, à Bloomberg News.
«La capacité hôtelière du Qatar est assez limitée et nous avons tant à offrir ici», a ajouté M. Griffiths.
En effet, le secteur hôtelier des Émirats arabes unis a vu les chambres d'hôtel s'emplir des mois à l'avance. En juillet, les tarifs hôteliers dans le pays ont augmenté de 20 %, et de nombreux experts du secteur prévoient un taux d'occupation de 100 % pendant le Mondial.
Les agences de voyage profitent également de l'augmentation de la demande. La société Expat Sport, basée aux Émirats arabes unis, propose un forfait Football Fans Dubai Experience qui comprend le transport depuis et vers l'aéroport.
«Sur le plan international, nous avons constaté que la plus forte demande pour notre Football Fans Dubai Experience provenait du Royaume-Uni, de l'Amérique du Sud, du Mexique, de l'Inde et de la Chine», a déclaré Sue Holt, directrice exécutive d'Expat Sport, à Arab News.

En raison de la petite taille du Qatar, l'offre d'hébergement est limitée – à peine 30 000 chambres d'hôtel étaient disponibles en mars de cette année (Photo, AFP).

«Nous avons également reçu un grand nombre de demandes de renseignements de la part de l'Arabie saoudite, de personnes souhaitant venir passer du temps à Dubaï au début du tournoi, puis prendre la navette quotidienne pour assister à certains matchs. Le week-end d'ouverture a été notre forfait le plus populaire, toutes les chambres disponibles affichent presque complet.»
Le tourisme sportif est particulièrement lucratif, explique Mme Holt, car «ce sont généralement des groupes qui voyagent plutôt que des personnes seules».
Des fan zones seront aménagées dans tout Dubaï, notamment au NH Dubai The Palm, un nouvel hôtel de luxe gigantesque de 533 chambres situé sur l'île en forme de palmier de la ville. L'hôtel, dont le thème est le football, accueillera les clients désireux de prendre le vol de 40 minutes pour Doha.

L'ensemble de la région du Golfe compte sur un énorme coup de boost aux secteurs du transport aérien, du tourisme et de l'hôtellerie (Photo, AFP).

«Le fait qu'un événement d'une telle envergure se déroule dans la région va sans aucun doute attirer davantage de football et de revenus vers les Émirats arabes unis, principalement vers Dubaï», a déclaré à Arab News Naim Maddad, directeur général et fondateur de Gates Hospitality à Dubaï.
«Avec les visas à entrées multiples désormais disponibles pour ceux qui ont des billets pour la Coupe du monde, cela devrait générer énormément de revenus supplémentaires pour les hôtels bien situés dans la ville (et assez proches de l'aéroport), mais nous nous attendons également à la même chose pour nos points de restauration dans toute la ville.»
La capitale commerciale des Émirats arabes unis n'est pas la seule à s'attendre à un afflux de visiteurs et à un essor des affaires locales. La capitale d'Oman, Muscat, et les villes saoudiennes de Djeddah et Riyad sont également prêtes à accueillir de nouveaux visiteurs.
Les deux pays du Golfe organisent des festivals à l'occasion du tournoi et ont prévu de simplifier les procédures de voyage. Par exemple, Oman Air, la compagnie nationale, propose des tarifs spéciaux aux supporters de football qui se rendent au Qatar. Parallèlement, les personnes inscrites à la carte de supporter Hayya du Qatar peuvent également demander des visas à entrées multiples pour l'Arabie saoudite.
La carte Hayya est une carte d'identité de supporter délivrée par le gouvernement du Qatar aux personnes assistant à la Coupe du monde. Ce document remplace le visa d'entrée habituel, mais n'est valable que pour la durée du tournoi.
Les tour-opérateurs en Arabie saoudite, tels que Travel-It, proposent également des itinéraires spéciaux pour les fans de football qui souhaitent explorer la région pendant le Mondial.
«Travel-It cherche à stimuler le tourisme en Arabie saoudite en offrant aux supporters qui assisteront à la Coupe du monde au Qatar cet hiver la possibilité de profiter des itinéraires de l'agence», a déclaré un porte-parole de l'entreprise à Arab News.
Travel-It, une plateforme de voyage et de tourisme en ligne, propose un service de navette aérienne et routière entre l'Arabie saoudite et le Qatar, ainsi que des voyages à l'oasis d'Al-Ahsa dans la province orientale de l'Arabie saoudite et ailleurs.

Les tour-opérateurs d'Arabie saoudite, tels que Travel-it, proposent également des itinéraires spéciaux pour les fans qui souhaitent explorer la région pendant le Mondial (Photo, AFP).

«Cela leur permettra d'explorer les sites touristiques environnants en Arabie saoudite et de s'immerger dans la riche culture locale», a déclaré le porte-parole. «En outre, la proximité du Qatar avec l'Arabie saoudite signifie que les fans pourront étendre leurs voyages pour découvrir des destinations dans les deux pays.»
La Coupe du monde offre une occasion unique pour toute la région de s'imposer comme une destination incontournable à part entière.
«Il est important de noter que le tournoi permettra de mieux faire connaître la région du Moyen-Orient et du Golfe», a indiqué M. Al-Jaidah. «Un très grand nombre de touristes ne se sont jamais rendus dans cette région. Peut-être n'était-elle pas dans leurs projets, mais cet événement va les rassembler.»
«La Coupe du monde augmentera l'attractivité de la région et montrera au monde entier que nous sommes capables, après l'Expo 2020 de Dubaï et la Coupe du monde de Doha, d'aller jusqu'au bout. Nous sommes prêts pour événements qui suivront.»


Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Un ancien diplomate dissident abattu dans le sud de la Syrie 

Une voiture brûle suite aux affrontements entre les nouvelles autorités syriennes et les partisans du président déchu Bachar al-Assad près de la ville de Jableh dans la province côtière de Lattaquié, le 10 mars 2025. Photo d'illustration. (AFP)
Une voiture brûle suite aux affrontements entre les nouvelles autorités syriennes et les partisans du président déchu Bachar al-Assad près de la ville de Jableh dans la province côtière de Lattaquié, le 10 mars 2025. Photo d'illustration. (AFP)
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  • Des hommes armés ont fait irruption mardi soir au domicile de l'ancien diplomate, Noureddine al-Labbad, dans la ville d'al-Sanamayn, à environ 50 kilomètres au sud de Damas, et ont ouvert le feu sur lui et son frère avant de prendre la fuite
  • Il était revenu en Syrie deux semaines plus tôt depuis la France, où il avait représenté le Conseil de l'opposition syrienne après avoir servi comme diplomate sous Assad, selon l'ONG

BEYROUTH: Un ancien diplomate syrien qui avait fait défection sous l'administration du président déchu Bachar al-Assad a été abattu avec son frère dans le sud du pays, a déclaré mercredi une ONG.

Des hommes armés ont fait irruption mardi soir au domicile de l'ancien diplomate, Noureddine al-Labbad, dans la ville d'al-Sanamayn, à environ 50 kilomètres au sud de Damas, et ont ouvert le feu sur lui et son frère avant de prendre la fuite, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

L'OSDH, basé au Royaume-Uni, mais qui dispose d'un vaste réseau de sources dans le pays en guerre, a précisé que M. Labbad avait servi comme diplomate sous Assad jusqu'en 2013, lorsqu'il avait fait défection.

Il était revenu en Syrie deux semaines plus tôt depuis la France, où il avait représenté le Conseil de l'opposition syrienne après avoir servi comme diplomate sous Assad, selon l'ONG.

Les forces de sécurité ont instauré un couvre-feu dans la ville après l'incendie de plusieurs voitures et l'explosion de grenades, qui ont suivi l'attaque, a rapporté un journaliste de l'AFP.

Mais au matin, le couvre-feu a été levé et la circulation a repris progressivement.

Des vidéos partagées sur les réseaux sociaux montraient des hommes armés entrant dans ce qui serait la maison de M. Labbad, mais elles n'ont pas pu être vérifiées de manière indépendante par l'AFP.

Aucune précision n'a été données sur les circonstances et les motivations de l'assassinat de l'ancien diplomate, mais ces derniers mois, de fréquents incidents impliquant des violences tribales ou des actes de vengeance ont été signalés, en particulier depuis la chute d'Assad en décembre.


Syrie: l'UE exige la fin des violences, salue l'engagement à juger les auteurs

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  • "Tout doit être fait pour éviter que de tels crimes se reproduisent", poursuit ce texte au nom des 27 pays membres
  • Les pays de l'UE condamnent "les attaques des milices pro-Assad contre les forces de sécurité", tout autant que "les crimes horribles contre des civils, y compris des exécutions sommaires, qui auraient été perpétrés par des groupes armés soutenant"

BRUXELLES: L'Union européenne a salué la mise en place par le nouveau pouvoir syrien d'une commission d'enquête sur les violences et crimes survenus dans l'ouest du pays, où un millier de civils en grande majorité alaouites ont été tués ces derniers jours.

"Nous saluons les engagements pris par les autorités de transition, en particulier la création d'une commission d'enquête visant à demander des comptes aux auteurs, conformément aux normes du droit international", a écrit la diplomatie de l'UE dans un communiqué reçu mercredi.

"Tout doit être fait pour éviter que de tels crimes se reproduisent", poursuit ce texte au nom des 27 pays membres.

Les pays de l'UE condamnent "les attaques des milices pro-Assad contre les forces de sécurité", tout autant que "les crimes horribles contre des civils, y compris des exécutions sommaires, qui auraient été perpétrés par des groupes armés soutenant les forces de sécurité des autorités de transition".

Ces violences sont les pires depuis l'arrivée au pouvoir le 8 décembre d'une coalition menée par le groupe islamiste radical sunnite Hayat Tahrir al-Cham (HTS).

Elles menacent la stabilité d'un pays déjà ravagé par 14 ans de guerre civile sous Bachar al-Assad, et sur lequel le président par intérim, Ahmad al-Chareh, cherche à asseoir son autorité, sur l'ensemble du territoire.

Les tensions ont commencé le 6 mars dans un village à majorité alaouite de la province de Lattaquié, après l'arrestation d'une personne recherchée par les forces de sécurité.

La situation a rapidement dégénéré en affrontements lorsque des hommes armés de la minorité musulmane alaouite, que les autorités ont qualifiés d'hommes fidèles à Bachar al-Assad, ont ouvert le feu sur plusieurs positions des forces de sécurité.

Des civils de la communauté alaouite, à laquelle appartenait Assad, ont ensuite été pris pour cibles, en représailles.

D'après l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), au moins 1.225 civils, en grande majorité alaouites, ont été tués aux mains des "forces de sécurité et de groupes affiliés", essentiellement dans les provinces de Lattaquié et de Tartous.

Pour tenter d'apaiser la situation, la présidence syrienne a annoncé dimanche la formation d'une "commission d'enquête indépendante" sur "les exactions contre les civils", afin d'en identifier les responsables et de les "traduire en justice". La commission dispose de trente jours pour collecter des preuves, les examiner, et remettre son rapport.

Depuis l'arrivée au pouvoir des autorités de transition, l'UE a suspendu ses sanctions visant des secteurs clés de l'économie syrienne, afin d'aider au redressement du pays.

Le bloc européen s'est toutefois dit prêt à les réinstaurer au cas où le nouveau pouvoir ne respecterait pas sa promesse d'une transition inclusive respectant les droits des minorités.

del-mad/jca/pz

 

© Agence France-Presse


Pourquoi les druzes syriens font confiance à Damas et non à Israël

Des Syriens ont manifesté sur la place Karama, dans la ville de Suweida, le 25 février, en opposition à l'appel d'Israël à la démilitarisation du sud de la Syrie et à la création d'une zone tampon. (AFP/File)
Des Syriens ont manifesté sur la place Karama, dans la ville de Suweida, le 25 février, en opposition à l'appel d'Israël à la démilitarisation du sud de la Syrie et à la création d'une zone tampon. (AFP/File)
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  • Les druzes semblent avoir répondu au pragmatisme du nouveau régime syrien, en particulier après son accord avec les FDS
  • Dans une région aussi profondément polarisée, l'aide extérieure garantit rarement la sécurité, la stabilité ou la coexistence pacifique

LONDRES: Un jour après l'accord surprenant entre le gouvernement intérimaire de la République arabe syrienne et les Forces démocratiques syriennes dirigées par les Kurdes, des informations révèlent qu'un accord similaire serait en préparation entre le gouvernement et les représentants druzes de la province de Suwayda.

Cet accord imminent permettrait aux forces de sécurité syriennes d'accéder au bastion druze du sud du pays, grâce à la coopération et aux liens établis avec les deux chefs militaires Laith al-Bal'ous et Suleiman Abdoul-Baqi, ainsi qu'avec les notables locaux.

L'accord prévoit que la population de Suwayda puisse rejoindre les forces de défense et de sécurité du gouvernement et accéder à des emplois dans la fonction publique. Il reconnaît également la communauté druze comme une composante à part entière du peuple syrien.

En contrepartie, l'ensemble des centres et installations de sécurité de la province serait placé sous la responsabilité de l'Autorité générale de sécurité du gouvernement intérimaire. 

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Les Druzes, qui sont répartis en Syrie, au Liban et en Israël, sont une secte islamique ésotérique issue du chiisme ismaélien. (AFP/File)

Contexte de l'évolution de la situation 

La fluidité de la situation politique en Syrie a toujours été destinée à avoir des répercussions régionales, car ce pays est l'un des plus importants sur le plan stratégique au Proche-Orient.

L'annonce par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou que Tel-Aviv s'engageait à «protéger la communauté druze dans le sud de la Syrie» n'a pas été une surprise.

C'était particulièrement le cas pour les observateurs qui ont suivi de près le déroulement de cette saga depuis le soulèvement syrien de 2011 contre le régime de Bachar el-Assad.

Plusieurs facteurs doivent être pris en considération pour tenter de comprendre ce qui se passe.

Il est important de rappeler que le régime des Assad, vieux de 54 ans, n'a pas contribué à sauvegarder les libertés, la démocratie et les droits de l'homme.

L'État sectaire et policier a donné d'énormes avantages à la minorité alaouite du clan Assad, au détriment de la majorité sunnite qui représente plus de 75% de la population syrienne.

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Israël compte une petite communauté druze, et quelque 24 000 Druzes vivent également sur le plateau du Golan occupé par Israël, qu'il a repris à la Syrie lors de la guerre de 1967 et annexé en 1981. (AFP/File)

Règle sous les deux anciens présidents

Compte tenu de sa base minoritaire, le régime a également dû compter sur le soutien d'autres minorités religieuses pour faire face à la frustration persistante des sunnites.

 Le massacre de Hama en 1982 contre les Frères musulmans a intensifié l'animosité et la méfiance et a poussé le pays sur la voie de la polarisation politique et sectaire.

Toutefois, pendant cette période, le leadership fort et l'intelligence tactique de Hafez el-Assad, qui a gouverné entre 1971 et sa mort en 2000, ont permis de tenir l'opposition à distance.

Le régime s'est efforcé de rassurer les minorités religieuses et sectaires en leur faisant croire que sa campagne musclée à Hama était nécessaire pour les sauver d'un prétendu fondamentalisme islamiste.

La lecture et la gestion astucieuses de la situation régionale par Hafez el-Assad ont convaincu le régime iranien – son allié de confiance depuis la guerre Iran-Irak de 1980 à 1988 – que sa vision du Proche-Orient était entre de bonnes mains.

Cette situation a commencé à changer lorsque l'emprise de Hafez el-Assad sur le régime a commencé à s'affaiblir. Il y a d'abord eu la mort de son fils aîné et héritier présomptif Basel dans un accident de la route en 1994, puis sa santé s'est détériorée jusqu'à sa mort en 2000.

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Le gouvernement intérimaire de la Syrie a annoncé lundi qu'il avait achevé une opération militaire contre une insurrection naissante. (AFP/File)

La Syrie de Bachar

Le deuxième fils de Hafez Assad, Bachar, médecin, qui avait été préparé pour devenir l'héritier après la mort de Maher, est devenu le dirigeant de facto avec la plupart des responsabilités politiques, des alliances et du personnel.

Cependant, Bachar n'avait pas la perspicacité et l'expertise de son père. En outre, il ne jouissait pas d'un grand respect au sein du régime de son père et auprès des alliés régionaux de ce dernier.

De nombreux lieutenants politiques et militaires chevronnés de son père ont été marginalisés. En outre, de nombreux alliés de son père en Syrie et au Liban, devenu une entité politiquement soumise, ont été mis à l'écart.

Plus important encore, peut-être, Bachar n'a pas gagné le respect et la confiance de l'Iran qui, en 2004, était devenu un acteur régional puissant, à la fois au Liban, par l'intermédiaire du Hezbollah, et en Irak, dominé par les chiites après la chute de Saddam Hussein.

En fait, l'Iran est devenu le véritable courtier du pouvoir au Liban et en Irak, laissant au régime de Bachar une façade d'influence. 

Pendant ce temps, Israël, qui surveillait attentivement le changement au sommet de la hiérarchie en Syrie, se préparait à faire face à une plus grande implication de l'Iran.

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Certains critiques considèrent que la préoccupation déclarée d'Israël pour les Druzes est un écran de fumée pour établir de nouvelles zones tampons à l'intérieur de la Syrie afin de protéger ses frontières des menaces extrémistes potentielles. (AFP/File)

La Syrie vue par Israël

 Depuis la guerre de 1973, Israël a été rassuré sur ses frontières pacifiques avec la Syrie. Tel-Aviv a toujours cru que, malgré une rhétorique dure, le régime Assad ne représenterait aucune menace pour son occupation du plateau du Golan.

Toutefois, l'implication directe de l'Iran au Liban nécessite une attention particulière, mais les Israéliens ne sont pas trop inquiets. Ils pensent que l'Iran ne défiera jamais les États-Unis dans la région.

Néanmoins, le chantage constant supposé de l'Iran n'était pas un scénario réconfortant, compte tenu de ses ambitions nucléaires. En outre, le Hezbollah est devenu un sérieux perturbateur.

Après l'assassinat de l'ancien Pministre libanais Rafic Hariri en 2005, le Hezbollah a gagné en puissance, en influence et en confiance. Il avait une forte emprise sur la politique libanaise et contrôlait les frontières méridionales du pays avec Israël.

La guerre frontalière de 2006 entre le Hezbollah et Israël a constitué un événement important. Elle s'est terminée par un retour du Hezbollah du sud vers l'intérieur du Liban en 2008, lorsqu'il a attaqué Beyrouth et le Mont-Liban.

Le soulèvement de 2011

Après le soulèvement syrien de 2011, le Hezbollah a souligné sa mission régionale en rejoignant l'armée du régime syrien pour combattre les rebelles, aux côtés de plusieurs milices chiites alignées sur des groupes iraniens, irakiens, afghans et pakistanais.

Le soulèvement syrien, qui s'est transformé en l'une des guerres les plus sanglantes de la région, a coûté la vie à environ un million de personnes, en a déplacé plus de 10 millions et a laissé de nombreuses villes et villages en ruine.

La guerre a élargi, comme jamais auparavant, le fossé sectaire en Syrie, ainsi qu'au Liban et en Irak. Des éléments plus radicaux, locaux et étrangers, se sont joints aux belligérants, alimentant encore les craintes.

Quant à la communauté druze, elle a souffert comme beaucoup d'autres, en particulier dans les zones de conflit. Plusieurs zones habitées par les Druzes ont été attaquées ou menacées par des groupes radicaux armés.

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Dans une région aussi profondément polarisée, l'aide extérieure garantit rarement la sécurité, la stabilité ou la coexistence pacifique. (AFP/File)

Attaques et craintes

Le premier attentat meurtrier a eu lieu en décembre 2014 et a coûté la vie à 37 civils.

Selon des sources pro-régime, il visait le village d'Arnah et des villages druzes voisins plus petits, sur les pentes orientales du mont Hermon, sur les hauteurs du Golan.

Le second a eu lieu le 10 juin 2015 dans le village de Qalb Lozeh, dans la province d'Idlib, au nord-ouest du pays, par un groupe armé de Jabhat al-Nusra, dirigé par un certain Abdoul-Rahmane al-Tunisi.

Les assaillants ont tenté de confisquer les maisons des villageois qu'ils accusaient de blasphème et de coopérer avec l'armée d'Assad, ce qui a entraîné la mort de 24 personnes.

Les pires attaques, cependant, ont été menées par Daech qui a ciblé huit villages dans la partie orientale de la province de Suwayda en juillet 2018, avec 221 villageois tués et 200 autres blessés, en plus de nombreuses prises d'otages.

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Plusieurs facteurs doivent être pris en compte pour comprendre l'intérêt d'Israël pour les Druzes. (AFP/File)

Le dernier événement avant l'intervention controversée de Netanyahou s'est produit après la chute du régime Assad.

À Jaramana, dans la banlieue de Damas, des frictions sont apparues entre les groupes de défense druzes locaux et les nouvelles forces de sécurité syriennes en raison du refus des premiers de rendre leurs armes.

Cette situation s'est ajoutée aux difficultés rencontrées par l'armée pour maintenir son contrôle sur les régions alaouites de Lattaquié et de Tartous, ainsi que sur le nord-est du pays, tenu par les Kurdes, où les FDS, à majorité kurde, sont actives.

En Israël, où vivent plus de 120 000 druzes, Netanyahou a saisi l'occasion de se présenter comme le protecteur de la communauté, reconnaissant la stratégie éprouvée de diviser pour régner au Levant.

Il était conscient du rôle joué par l'Iran en tant que protecteur des chiites, par certains Turcs en tant que défenseurs des sunnites, et par certains gouvernements occidentaux conservateurs qui prétendent défendre les valeurs de la chrétienté.

Cependant, plutôt que de se tourner vers Israël pour obtenir une protection, les druzes semblent avoir répondu au pragmatisme du nouveau régime syrien, en particulier après son accord avec les FDS, qui témoigne de son engagement à faire respecter les droits de la minorité kurde.

Les récentes attaques contre la minorité alaouite mettent en évidence deux points essentiels: premièrement, le nouveau gouvernement doit démontrer qu'il représente tous les Syriens et, deuxièmement, une intervention étrangère – israélienne ou autre – pourrait avoir un coût politique important.

Dans une région aussi profondément polarisée, l'aide extérieure garantit rarement la sécurité, la stabilité ou la coexistence pacifique.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com