MANILLE: Leila de Lima, défenseure des droits humains emprisonnée aux Philippines, a été brièvement prise en otage dimanche lors d'une tentative d'évasion de trois détenus, finalement abattus par la police, selon les autorités.
L'incident s'est produit au siège de la police nationale où l'ancienne sénatrice est incarcérée depuis plus de cinq ans avec d'autres détenus de premier plan.
Un policier a été blessé par un détenu armé d'une fourchette, qui a ensuite fait sortir deux prisonniers de leurs cellules.
Deux des prisonniers ont été abattus par un tireur d'élite, a rapporté le ministre de l'Intérieur Benjamin Abalos à des journalistes.
Un troisième détenu a couru jusqu'à la cellule de Mme de Lima, la ligotant et lui bandant les yeux, avant qu'un policier ne l'abatte d'un tir en pleine tête, selon M. Abalos.
Mme de Lima n'est pas blessée, ont affirmé la police et son avocat, qui a précisé que l'ancienne sénatrice "a été emmenée à l'hôpital pour un contrôle médical". Une enquête était en cours.
Selon le chef de la police Rodolfo Azurin, les trois détenus faisaient partie du groupe Abou Sayyaf, accusé d'avoir enlevé et décapité plusieurs ressortissants étrangers.
Mme de Lima ne semble pas avoir été une cible pour les trois hommes, a déclaré Rodolfo Azurin sur la radio locale DZBB.
"Ils ont vu en elle une couverture idéale. Leur intention était vraiment de s'échapper", a-t-il affirmé.
Leila de Lima, opposante farouche à l'ex-président Rodrigo Duterte et à sa guerre meurtrière contre la drogue, devrait comparaître lundi de nouveau devant un tribunal.
La militante et ex-sénatrice est incarcérée depuis 2017 pour des accusations de trafic de drogue, qu'elle et des groupes de défense des droits de l'homme ont qualifiées de parodie de justice et de vengeance pour s'en être pris à M. Duterte.
Depuis l'accession à la présidence de Ferdinand Marcos Jr en juin, des appels émanant de diplomates et de défenseurs des droits de l'homme se sont multipliés en faveur de la libération de Leila de Lima.
Ce dernier incident souligne la nécessité de la "libérer immédiatement", a estimé Carlos Conde de l'ONG Human Rights Watch.