Iran: Les manifestations dans leur 4e semaine, au moins 185 victimes dont 19 enfants

Des manifestants à Londres le 8 octobre 2022 pour protester contre la mort de Mahsa Amini aux mains de la police religieuse de Téhéran (Photo, Reuters).
Des manifestants à Londres le 8 octobre 2022 pour protester contre la mort de Mahsa Amini aux mains de la police religieuse de Téhéran (Photo, Reuters).
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Publié le Dimanche 09 octobre 2022

Iran: Les manifestations dans leur 4e semaine, au moins 185 victimes dont 19 enfants

  • Les manifestations se sont poursuivies samedi en Iran dans le cadre de ce mouvement de contestation qui a également donné lieu à des rassemblements de solidarité avec les femmes iraniennes ces dernières semaines à travers le monde
  • Malgré les restrictions d'accès à Internet par les autorités, les manifestants ont adopté de nouvelles tactiques pour faire passer leur message

PARIS: Des écolières ont agité leurs foulards, des salariés ont fait grève et des affrontements ont opposé manifestants et policiers. Les protestations en Iran déclenchées par la mort de Mahsa Amini sont entrées samedi dans leur quatrième semaine malgré la répression meurtrière.

La colère s'est enflammée à travers le pays à la suite du décès de cette Kurde iranienne de 22 ans le 16 septembre à l'hôpital, trois jours après son arrestation à Téhéran par la police des moeurs pour infraction au code vestimentaire strict de la République islamique pour les femmes prévoyant notamment le port du voile.

La répression s'est accrue pendant le mouvement de contestation, le plus important depuis les manifestations contre la hausse des prix l'essence en 2019. "Au moins 185 personnes, dont au moins 19 enfants, ont été tuées dans les manifestations nationales à travers l'Iran. Le plus grand nombre de meurtres a eu lieu dans la province du Sistan et du Baloutchistan, avec la moitié du nombre enregistré", a déclaré samedi l'ONG Iran Human Rights, une organisation basée en Norvège.

A Téhéran, les autorités ont affirmé vendredi que Mahsa Amini était décédée des suites d'une maladie et non de "coups".

Mais le père de la jeune femme, Amjad Amini, qui avait affirmé que sa fille était en bonne santé avant son arrestation, a rejeté le rapport médical dans une interview à Iran International, une chaîne de télévision en persan basée à Londres. "J'ai vu de mes propres yeux que du sang avait coulé des oreilles et de la nuque de Mahsa", a-t-il dit.

Des militants et des ONG avaient affirmé qu'elle avait souffert d'une blessure à la tête durant sa détention.

Quoiqu'il en soit, le rapport de l'Organisation médico-légale iranienne n'a pas calmé la rue en Iran, et les rassemblements de solidarité avec cette contestation se sont poursuivis à l'étranger.

Au 14e jour des manifestations, les Iraniens, femmes et hommes, sont descendus dans la rue dans plusieurs villes y compris à Téhéran.

Selon l'analyste iranien Omid Memarian, des vidéos ont montré de nombreuses manifestations à Téhéran. Sur l'une d'elles, les protestataires chantent "Mort au dictateur".

«Pas peur»

Selon l'agence de presse iranienne Isna, des forces de l'ordre se sont déployées en force près des universités à Téhéran à la suite d'appels à manifester sur les réseaux sociaux. Mais d'après Isna, les rassemblements ont été "limités".

Ailleurs en Iran, des écolières ont scandé "Femme, vie, liberté" à Saqez, ville natale de Mahsa Amini dans la province du Kurdistan (ouest), et marché en agitant leur foulard au-dessus de leur tête, selon des vidéos enregistrées samedi, a indiqué l'ONG de défense des droits humains Hengaw, basée en Norvège.

Une autre vidéo largement partagée montre un homme en train de modifier le texte d'un slogan sur un grand panneau d'affichage public où la phrase "La police est au service du peuple" est devenue "La police tue le peuple".

Et selon des images en ligne vérifiées par l'AFP, sur une grande banderole placée sur un viaduc de l'autoroute Modares traversant le centre de Téhéran, il est écrit "Nous n'avons plus peur. Nous allons nous battre".

En outre, des "grèves générales" ont eu lieu à Saqez, Sanandaj et Divandarreh, villes du Kurdistan, ainsi qu'à Mahabad dans la province d'Azerbaïdjan occidental, selon Hengaw.

«Unité»

A Sanandaj, où des coups de feu ont retenti lors d'affrontements entre manifestants et policiers, un homme semble avoir été tué alors qu'il est au volant de sa voiture, selon une vidéo largement diffusée sur Twitter. Un chef de la police a imputé ce décès à des "émeutiers".

Des manifestations ont aussi eu lieu à Chiraz (sud) ainsi qu'à Karaj près de Téhéran, alors que des étudiants ont manifesté à Ispahan (centre) et Tabriz (nord-ouest) selon le site d'information Iran Wire, basé à Londres.

Samedi, le président Ebrahim Raïssi s'est rendu dans une université de Téhéran, et sur le campus des jeunes femmes ont été vues criant "Mort à l'oppresseur" selon l'IHR.

M. Raïssi s'est en outre entretenu avec le chef du pouvoir judiciaire et le président du Parlement, selon l'agence officielle Irna. Ils ont souligné "la nécessité pour la société de s'unir" face aux tentatives "de discorde des ennemis".

L'Iran accuse des pays étrangers d'attiser les manifestations, notamment les Etats-Unis, son ennemi juré.

Par ailleurs, l'IHR, citant l'ONG Baluch Activists Campaign, a donné un nouveau bilan de 90 morts dans la répression de manifestations la semaine dernière à Zahedan dans la province du Sistan-Baloutchistan (sud-est), qui ne sont pas liées au décès de Mahsa Amini. Selon des ONG, les manifestations ont été déclenchées après des accusations selon lesquelles un policier a violé une adolescente.


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

 Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis. (AFP)
Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis. (AFP)
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  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.

 


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.