BANGKOK : Des milliers de manifestants se sont rassemblés dimanche près du Grand Palais à Bangkok pour exhorter le roi à entamer le dialogue sur une réforme de la puissante et richissime monarchie et réclamer la démission du Premier ministre.
Les autorités ont prévenu qu'elles empêcheraient l'accès à l'ancien palais royal et la police anti-émeute a fait brièvement usage des canons à eau pour disperser les protestataires qui se rapprochaient trop près.
Non loin de l'édifice, les contestataires - près de 7.000 selon la police - ont déposé dans des poubelles reconverties en boîtes aux lettres artisanales des centaines de lettres de revendication destinées au roi Maha Vajiralongkorn.
« Nous ne voulons pas renverser la royauté, nous voulons l'adapter à la société », a lancé un étudiant, tandis que des militants transportaient un cercueil en carton grandeur nature avec un mannequin représentant le chef du gouvernement le général Prayut Chan-O-Cha. « Va en enfer », était-il écrit.
Les manifestants, qui défilent depuis l'été, réclament la démission du militaire, porté au pouvoir par un coup d'Etat en 2014 et légitimé par des élections controversées l'année dernière.
Ils demandent l'abolition de la loi de lèse-majesté qui punit jusqu'à 15 ans de prison toute diffamation ou insulte envers le monarque, un contrôle sur la fortune royale et la non-ingérence du souverain dans les affaires politiques, des sujets tabous il y a encore quelques mois dans le royaume.
« Nous espérons que vous changerez de comportement une fois pour toutes et que vous deviendrez le roi de tous les peuples », a posté sur Facebook un des leaders du mouvement, Anon Nampa.
« J'espère que Votre Majesté acceptera le dialogue pour résoudre les crises ensemble », a ajouté l'activiste, mis en examen pour « sédition » mais récemment libéré sous caution comme les autres principales têtes d'affiche de la contestation.
Fait rarissime, Maha Vajiralongkorn s'est exprimé la semaine dernière brièvement sur le sujet, répondant à la question d'un journaliste qui l'interrogeait sur une éventuelle réforme. « Nous aimons tout le monde de la même manière (...), la Thaïlande est une terre de compromis », a-t-il dit.
Monté sur le trône en 2016 au décès de son père, le vénéré roi Bhumibol, Maha Vajiralongkorn est une personnalité controversée.
En quelques années, il a renforcé ses pouvoirs en prenant notamment directement le contrôle de la fortune royale. Ses fréquents séjours en Europe, alors que le pays est en pleine récession depuis la pandémie de coronavirus, ont aussi soulevé des interrogations.