Le parti de Puigdemont fait imploser le gouvernement indépendantiste catalan

Avec Carles Puigdemont alors à sa tête, le gouvernement régional catalan avait tenté en 2017 de faire sécession de l'Espagne en organisant un référendum d'autodétermination (Photo, AFP).
Avec Carles Puigdemont alors à sa tête, le gouvernement régional catalan avait tenté en 2017 de faire sécession de l'Espagne en organisant un référendum d'autodétermination (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Samedi 08 octobre 2022

Le parti de Puigdemont fait imploser le gouvernement indépendantiste catalan

  • À l'issue de deux jours de vote, les militants d'Ensemble pour la Catalogne (Junts) ont voté à 55,73% pour la sortie de leur formation de l'exécutif régional
  • Selon les résultats provisoires de cette consultation publiés vendredi, 42,39% ont voté au contraire pour rester au sein de ce gouvernement

BARCELONE: La Catalogne s'est retrouvée vendredi plongée dans l'incertitude après la décision du parti de Carles Puigdemont de quitter le gouvernement indépendantiste à la tête de cette région ayant tenté de faire sécession de l'Espagne en 2017.

À l'issue de deux jours de vote, les militants d'Ensemble pour la Catalogne (Junts) ont voté à 55,73% pour la sortie de leur formation de l'exécutif régional présidé par l'autre grande formation séparatiste, ERC (Gauche Républicaine de Catalogne), accusée de ne pas montrer un engagement clair en faveur de l'indépendance.

Selon les résultats provisoires de cette consultation publiés vendredi, 42,39% ont voté au contraire pour rester au sein de ce gouvernement.

Depuis Prague, où il participait au sommet des dirigeants de l'UE et des autres pays du continent, le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a lancé un appel à la "stabilité" dans cette "période si complexe" pour la Catalogne.

Avec Carles Puigdemont alors à sa tête, le gouvernement régional catalan avait tenté en 2017 de faire sécession de l'Espagne en organisant un référendum d'autodétermination, malgré son interdiction par la justice, avant que le parlement local ne déclare unilatéralement l'indépendance de la région.

Madrid avait alors suspendu l'autonomie de la région tandis que les dirigeants séparatistes avaient été incarcérés ou avaient fui à l'étranger.

Cette tentative de sécession de la riche région du nord-est de l'Espagne reste la plus grave crise politique traversée par le pays depuis la fin de la dictature franquiste.

Plus divisés que jamais

Cinq ans plus tard, ERC et Junts, qui gouvernaient ensemble la Catalogne depuis six ans, sont plus divisés que jamais sur la stratégie à suivre.

Soutien du gouvernement central de Pedro Sanchez, ERC prône le dialogue avec Madrid tandis que Junts défend une ligne plus radicale.

Le vote des militants de Junts en faveur de la sortie du gouvernement catalan apparaît comme une victoire personnelle pour M. Puigdemont, qui conserve toujours une grande influence sur la formation depuis la Belgique où il a fui en 2017 pour échapper aux poursuites de la justice espagnole.

Cette rupture de la coalition indépendantiste ne va toutefois pas entraîner la chute du gouvernement régional, au moins à court terme.

"Nous n'abandonnerons pas les citoyens dans des moments compliqués comme celui-ci, c'est pourquoi il faut continuer à gouverner", a assuré vendredi soir le président régional Pere Aragonès (ERC), qui va devoir désormais gouverner en minorité.

Main tendue de Sanchez

La principale solution pour M. Aragonès pourrait être un soutien des socialistes de M. Sanchez au Parlement catalan afin que son exécutif régional puisse faire adopter ses textes clefs comme le budget.

"Avec le nombre de députés" dont dispose ERC au parlement catalan, "il aura absolument besoin de sceller un accord avec les socialistes", juge ainsi Gabriel Colomé, professeur de Sciences politiques à l'Université autonome de Barcelone.

Pedro Sanchez a d'ailleurs assuré de son côté vendredi que son parti "tendra toujours la main en faveur du dialogue" et "de l'intérêt général de la Catalogne".

Les tensions entre ERC et Junts ont atteint la semaine dernière un point de non-retour.

La formation de M. Puigdemont a menacé de réclamer au Parlement local le vote d'une motion de défiance contre M. Aragonès.

Furieux contre ce manque de loyauté, ce dernier a limogé son vice-président Jordi Puigneró, plus haut représentant de Junts dans son exécutif.

"Le gouvernement de Pere Aragonès est un gouvernement en échec" qui a "donné la priorité à ses accords avec le Parti socialiste" de Pedro Sanchez et non "à l'accord de coalition" avec Junts, a dénoncé vendredi soir sa présidente, Laura Borras.

Les tensions chroniques entre ces deux partis avaient déjà entraîné la fin prématurée du précédent gouvernement régional, dirigé par Junts, et la convocation d'élections anticipées qui se sont tenues en février 2021 et à l'issue desquelles ils avaient fini par former une nouvelle coalition malgré leurs désaccords criants.


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Short Url
  • La nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Short Url
  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.


Lutte contre l'immigration clandestine : plus de 40 pays réunis à Londres

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Short Url
  • Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale.
  • Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

LONDRES : Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.

Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis, comme ses prédécesseurs conservateurs, d'endiguer le phénomène des « small boats » (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.

Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce « premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine », qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.

Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des États-Unis.

Les discussions porteront sur la collaboration entre les États pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.

« Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration », a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.

- « Consensus mondial » -

« Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont », doit-il ajouter.

Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemand, français et néerlandais.

Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.

Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ de migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.

Il réunira également le directeur de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.

Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.

Ils examineront également le fonctionnement des filières et chercheront à « établir un consensus mondial sur la lutte » contre le recrutement de migrants en ligne.

Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.

Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.

Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des « terroristes ». En réponse, son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste, afin de combattre ces réseaux.

En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.

Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.

« Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni », a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.

Au total, plus de 157 770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018.