Deux ans avec sursis pour le policier qui avait éborgné un supporter bastiais

Le 13 février 2016, à l'issue d'un match de Ligue 1 remporté par Bastia à Reims, le policier avait fait usage de sa matraque télescopique contre Maxime Beux (au centre), entraînant la perte de son oeil gauche (Photo, AFP).
Le 13 février 2016, à l'issue d'un match de Ligue 1 remporté par Bastia à Reims, le policier avait fait usage de sa matraque télescopique contre Maxime Beux (au centre), entraînant la perte de son oeil gauche (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 08 octobre 2022

Deux ans avec sursis pour le policier qui avait éborgné un supporter bastiais

  • Cette peine, annoncée à l'issue de presque 5 heures de délibéré, est conforme aux réquisitions de l'avocat général
  • La défense avait plaidé l'acquittement

REIMS: La Cour d'assises a estimé que l'usage de son arme n'était ni "absolument nécessaire", ni "proportionné": le policier qui avait éborgné un supporter bastiais avec sa matraque après un match à Reims en 2016 a été condamné vendredi à deux ans de prison avec sursis.

Cette peine, annoncée à l'issue de presque 5 heures de délibéré, est conforme aux réquisitions de l'avocat général. La défense avait plaidé l'acquittement.

"Sans ignorer le contexte, vous avez fait un usage de votre arme qui n'était pas absolument nécessaire, ni strictement proportionné", a affirmé à l'accusé la présidente de la Cour d'assises de la Marne lors du verdict.

"Le scénario catastrophe, ça aurait été un acquittement", a réagi la victime Maxime Beux. "Le réquisition a été suivie. Dont acte (...) Ça va me permettre de passer à autre chose."

Son avocat, Me François Fabiani, a salué un verdict qui reconnait des "violences volontaires avec arme ayant entraîné une infirmité permanente", ainsi que "la qualité de victime" de son client.

Les avocats de la défense n'ont pas souhaité s'exprimer.

"Ne pas condamner" cet ancien de la BAC, jugé pour avoir "volontairement commis des violences" serait "tout simplement illégal, mais le condamner trop lourdement serait tout simplement inique", avait déclaré l'avocat général, Matthieu Bourrette, dans ses réquisitions.

15 ans encourus

Ce procès, "ce n'est pas la mise en cause de la police. Le +police bashing+ est un jeu collectif bien trop répandu", a-t-il pointé. Mais ce n'est pas non plus "le procès du hooliganisme corse", a-t-il ajouté, après des témoignages policiers sur "l'hostilité" du groupe d'ultras bastiais auquel appartenait Maxime Beux, 22 ans à l'époque.

"Fut-il un menteur, fut-il un meneur, il demeure un homme blessé, une victime", a souligné le procureur. Frappé alors qu'il prenait la fuite, Maxime Beux "n'était pas dangereux". Le policier, 50 ans, désormais en service dans un commissariat de Reims et privé du port d'arme, encourait 15 ans de réclusion criminelle.

À la barre, il a rejeté toute idée de "violences volontaires", estimant avoir agi de manière proportionnée et obéissant à des ordres. "Je n'ai aucunement voulu détruire sa vie", a-t-il lâché, réaffirmant ses "regrets" vendredi.

Le 13 février 2016, à l'issue d'un match de Ligue 1 remporté par Bastia à Reims, le policier avait fait usage de sa matraque télescopique contre Maxime Beux dans le centre-ville, entraînant la perte de son oeil gauche.

L'incident avait eu lieu après une montée de tension entre policiers et supporters. Déjà victime d'un jet de fumigène, l'accusé s'était lancé à la poursuite de la victime, qui venait de donner un coup de pied dans sa voiture, et lui avait asséné ce coup de matraque.

«Insupportable»

Maxime Beux sera menotté, malgré une blessure saignante, et placé en garde à vue. Sa prise en charge par les secours n'interviendra que plus d'une heure plus tard. Une faute "de taille", qualifiée d'"insupportable" par l'avocat général.

En garde à vue, le policier affirme d'abord que le jeune homme s'est blessé en chutant sur un poteau, une version reprise pendant deux ans par les autorités.

Le coup de matraque "visait l'épaule", a assuré l'accusé devant la cour. "Il était inconcevable que cela finisse dans l'oeil", a-t-il encore affirmé.

"Ce dossier part d'un mensonge initial, éhonté" d'un policier "couvert pendant trop longtemps par sa hiérarchie", et qui "nie l'évidence", a plaidé l'avocat de la victime, Me Benjamin Genuini.

"Tout ce qu'il a fait est parfaitement légal", a répliqué en défense Me Nicolas Brazy, demandant l'acquittement. "Etait-il nécessaire d'utiliser son bâton télescopique ?". "Je dis trois fois oui" et le coup n'a "pas été porté de manière excessive", a affirmé cet avocat.

Depuis l'ouverture du procès mardi, policiers et supporters se sont renvoyés la responsabilité des échauffourées. Les premiers ont pointé du doigt des chants anti-français et anti-police, et des tags haineux griffonnés dans les toilettes, dont un proclamant: "On a tué votre préfet".

Pour Maxime Beux, interdit de stade à deux reprises en 2014 et 2017, les policiers "voulaient se faire les Bastiais" et ont harcelé son groupe.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".