Le Nobel de littérature à Annie Ernaux, première Française lauréate

Des livres de l'auteure française Annie Ernaux sont exposés à l'Académie suédoise après l'annonce qu'Ernaux est cette année lauréate du prix Nobel de littérature 2022 à l'Académie suédoise de Stockholm, le 6 octobre 2022. (AFP)
Des livres de l'auteure française Annie Ernaux sont exposés à l'Académie suédoise après l'annonce qu'Ernaux est cette année lauréate du prix Nobel de littérature 2022 à l'Académie suédoise de Stockholm, le 6 octobre 2022. (AFP)
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Publié le Jeudi 06 octobre 2022

Le Nobel de littérature à Annie Ernaux, première Française lauréate

  • L'écrivaine de 82 ans est récompensée pour «le courage et l'acuité clinique avec laquelle elle découvre les racines, les éloignements et les contraintes collectives de la mémoire personnelle», a expliqué le jury Nobel
  • Elle devient la 17e femme à décrocher le Nobel de littérature, et le 16e lauréat français depuis la fondation des célèbres récompenses en 1901

STOCKHOLM: Le Nobel de littérature a couronné jeudi la Française Annie Ernaux et le "courage" de son oeuvre autobiographique, faisant de cette figure féministe la première Française à décrocher le prix.

L'écrivaine, âgée de 82 ans, est récompensée pour "le courage et l'acuité clinique avec lesquels elle découvre les racines, les éloignements et les contraintes collectives de la mémoire personnelle", a expliqué le jury Nobel.

Elle devient la 17e femme à décrocher le Nobel de littérature depuis la fondation des célèbres récompenses en 1901, et la 16e des lauréats français, huit ans après Patrick Modiano.

En s'ajoutant au palmarès aux noms célèbres d'Anatole France, Albert Camus ou encore Jean-Paul Sartre - qui refusa le prix - elle devient surtout la première Française sacrée par le plus prestigieux des prix littéraires.

Jointe par la télévision publique suédoise, la lauréate a salué "un très grand honneur" mais aussi "une grande responsabilité" qui lui est donnée pour continuer à témoigner "d'une forme de justesse, de justice, par rapport au monde".

"C'est vraiment la surprise qui domine. Cela n'a jamais été dans mon paysage d'écriture, d'écrivaine", a-t-elle confié.

Avec sa prose cristalline, Annie Ernaux faisait depuis longtemps partie des favoris des cercles littéraires, mais elle a assuré que c'était pour elle une grande "surprise".

"Son œuvre est sans concession et écrite dans un langage simple, propre", a souligné l'Académicien Anders Olsson dans sa présentation de l'oeuvre de la lauréate.

Au total 16 Français prix Nobel de littérature

Annie Ernaux est le seizième écrivain français à recevoir le prix Nobel de littérature depuis sa création. La France est le pays qui totalise le plus de récompenses dans cette catégorie.

- 2022: ANNIE ERNAUX

Le jury du Prix Nobel a salué "le courage et l'acuité clinique avec laquelle elle découvre les racines, les éloignements et les contraintes collectives de la mémoire personnelle".

- 2014: PATRICK MODIANO

Récompensé pour "l'art de la mémoire avec lequel il a évoqué les destinées humaines les plus insaisissables et dévoilé le monde de l'Occupation", il est l'auteur notamment de "La Place de l'étoile", "Dora Bruder", "Un pedigree"

- 2008: JEAN-MARIE GUSTAVE LE CLEZIO

Il est l'auteur d'une oeuvre prolifique perçue comme une critique de la civilisation urbaine agressive et de l'Occident matérialiste : "Le Procès-verbal", "Désert", "Ritournelle de la faim"...

- 2000: GAO XINGJIAN

Ecrivain contestataire chinois naturalisé français après s'être installé à Paris en 1988. Egalement peintre, traducteur, dramaturge, metteur en scène et critique

-1985: CLAUDE SIMON

Un des plus grands écrivains de la mémoire. Les thèmes de la guerre, du désordre absolu des choses ou des souvenirs, parcourent son oeuvre ("La Route des Flandres", "Les Géorgiques", "L'Acacia"...)

- 1964: JEAN-PAUL SARTRE

Il a décliné le prix mais reste officiellement lauréat du Nobel. Il est l'auteur notamment de "L'Etre et le néant", traité central de l'existentialisme, avant de privilégier la production de pièces de théâtre ("Huis clos", "Les Mouches", "Les Mains sales"....)

- 1960: SAINT-JOHN PERSE

De son vrai nom Alexis Léger, poète, diplomate, philosophe et historien. Il est l'auteur d'une oeuvre poétique monumentale

- 1957: ALBERT CAMUS

Membre du mouvement de résistance Combat avant de devenir rédacteur en chef du journal du même nom en 1944. Ecrivain engagé, il doit sa renommée à des romans comme "L'Etranger", "L'Homme révolté", "La Peste"...

- 1952: FRANCOIS MAURIAC

Chrétien de tradition familiale et d'éducation, il est révélé au public en 1922 par "Le Baiser au lépreux". Il s'engage après la guerre en faveur des colonisés et des idéaux du gaullisme

- 1947: ANDRE GIDE

Auteur de "La Symphonie pastorale", "Les Nourritures terrestres" et "Les Faux-monnayeurs", il a voulu prendre parti dans les grands problèmes de son époque (contre le colonialisme, pour le pacifisme et le communisme), tout en gardant une certaine distance: son voyage en URSS l'amènera à dénoncer le stalinisme

- 1937: ROGER MARTIN DU GARD

Auteur, entre autres, des "Thibault", roman en neuf volumes publiés entre 1922 et 1940

- 1927: HENRI BERGSON

Agrégé de philosophie, il est l'auteur de nombreux ouvrages de référence, comme "Matière et mémoire" et "L'Energie spirituelle"

- 1921: ANATOLE FRANCE

Il acquiert la notoriété avec "Le Crime de Sylvestre Bonnard" (1881). Signataire, avec Emile Zola, de la pétition en faveur d'Alfred Dreyfus, il décrit de manière très fine les problèmes de son temps

- 1915: ROMAIN ROLLAND

Son oeuvre majeure, "Jean-Christophe", épopée moderne en dix volumes, raconte l'histoire d'un individu pris dans les filets de l'Histoire

- 1904: FREDERIC MISTRAL

Ecrivain et lexicographe, chantre de l'indépendance de la Provence et surtout du provençal "première langue littéraire de l'Europe civilisée". Il reçoit le Prix Nobel de littérature conjointement avec l'Espagnol José Echegaray

- 1901: SULLY PRUDHOMME

Poète, il est le premier lauréat du prix Nobel de littérature

« Courage et acuité » 

"Quand elle met au jour, avec courage et acuité clinique, les contradictions de l'expérience sociale, décrivant la honte, l'humiliation, la jalousie ou l'incapacité à voir qui l'on est, elle accomplit quelque chose d'admirable et qui s'inscrit dans la durée", a-t-il ajouté.

Pour l'Académie suédoise, "malgré un style littéraire consciemment ludique, elle déclare qu'elle est, je cite, 'ethnologue d'elle-même' plutôt qu'une écrivaine de fiction".

Son style clinique, dénué de tout lyrisme, fait l'objet de nombreuses thèses.

Pour beaucoup, elle convoque l'universel dans le récit singulier de son existence. Abandonnant très rapidement le roman, elle renouvelle le récit de filiation et invente l'"autobiographie impersonnelle".

"Une femme qui écrit, c'est tout", dit Ernaux pour se définir.

Par le biais de cette oeuvre essentiellement inspirée de sa vie, Annie Ernaux a produit une remarquable radiographie de l'intimité d'une femme qui a évolué au gré des bouleversements de la société française depuis l'après-guerre.

Née en 1940, elle vit jusqu'à ses 18 ans dans le café-épicerie "sale, crado, moche, dégueulbif" de ses parents à Yvetot en Haute-Normandie, dont elle va s'extraire grâce à une agrégation de lettres modernes obtenue à force d'un travail intellectuel intense.

La professeure de littérature à l'université de Cergy-Pontoise a écrit une vingtaine de récits dans lesquels elle dissèque le poids de la domination de classes et la passion amoureuse, deux thèmes ayant marqué son itinéraire de femme déchirée par ses origines populaires.

Les grandes dates de la vie d'Annie Ernaux

Voici quelques dates dans la vie de l'écrivaine Annie Ernaux

- 1er septembre 1940: naissance d'Annie Duschesne à Lillebonne (Normandie).

- 1971: agrégation de Lettres modernes.

- été 1958: "dépucelage de la honte" lors d'une colonie de vacances, raconté dans "Mémoire de fille".

- 1967: mort de son père.

- 1974: publication de son premier livre, "Les armoires vides", chez Gallimard.

- 1977: installation à Cergy-Pontoise (banlieue parisienne). Elle devient professeur au Cned, centre d'enseignement à distance.

- 1980: alors mère de deux enfants, elle divorce.

- 1984: prix Renaudot pour "La Place".

- 2019: finaliste du Booker International Prize pour "Les Années", après sa traduction en anglais.

- 2022: lauréate du Prix Nobel de Littérature

Voix de « la liberté des femmes » 

Parmi ceux-ci figurent notamment "Les armoires vides" (1974), "la Place" (1983), "Les années" (2008) - considérée comme sa pièce maîtresse - et plus récemment "Mémoire de filles" (2018).

Son dernier livre, "Le jeune homme", est paru début mai chez Gallimard, son éditeur de toujours. Sur Twitter, la célèbre maison parisienne a dit son "immense joie".

Le président français Emmanuel Macron a salué l'attribution du Nobel à Annie Eernaux, "voix" selon lui de "la liberté des femmes et des oubliés du siècle". Elle "écrit, depuis 50 ans, le roman de la mémoire collective et intime de notre pays", ajoute-t-il.

Critiques et pronostiqueurs du Nobel de littérature étaient partagés cette année entre deux écoles. La première voyait dans les derniers prix la confirmation que l'Académie n'aime pas les écrivains déjà reconnus, a fortiori quand ils écoulent beaucoup de livres. La seconde pensait qu'elle pourrait varier en sacrant un auteur de renommée mondiale, ou du moins dans la liste des suspects habituels, dont faisait partie Annie Ernaux.

Réputée - et critiquée - pour ses choix masculins et eurocentrés, elle avait successivement sacré en 2020 la poétesse américaine Louise Glück puis en 2021 le romancier britannique né à Zanzibar Abdulrazak Gurnah, dont l'oeuvre est centrée sur les tourments de l'exil et des réfugiés, l'anticolonialisme et l'antiracialisme.

Le jury Nobel insiste régulièrement sur le fait que son prix n'est ni politique, ni soumis aux règles de parité ou de diversité ethnique, et que le seul gage est la qualité des lettres et de l'oeuvre.

La saison des Nobel se poursuit vendredi avec le très attendu prix de la paix, seule récompense remise à Oslo. Un prix lié à la Russie ou à l'Ukraine, ou encore pour l'action pour le climat, a les faveurs des pronostics. Elle se terminera lundi avec le prix d'économie.


Focus Tripoli à l’IMA: mettre en valeur une ville jadis rayonnante

Le programme de « Focus Tripoli » est excessivement dense et varié, il démarre par un marché solidaire avec la participation d’un nombre d’artisans qui présentent des créations artisanales, dont ils ont un savoir faire millénaire telles que la poterie, la broderie ou le travail du cuivre et du verre. (Photo IMA)
Le programme de « Focus Tripoli » est excessivement dense et varié, il démarre par un marché solidaire avec la participation d’un nombre d’artisans qui présentent des créations artisanales, dont ils ont un savoir faire millénaire telles que la poterie, la broderie ou le travail du cuivre et du verre. (Photo IMA)
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  • Tripoli, est connue pour ses souks, El Bazerkane et Al-Attarine, Bab el Ramel, et ses vieilles maisons et anciens palais marqués par le temps et des décennies de négligence
  • L’association « PTL » dirigée par Joumana Chahal Timéry se consacre à la promotion, à la mise en valeur et à la préservation de Tripoli, capitale septentrionale et deuxième ville du Liban

PARIS: Jadis prospère et rayonnante par sa position géographique et son patrimoine architectural, la ville de Tripoli (nord du Liban) est au centre d’un évènement organisé par l’Institut du monde arabe à Paris « IMA » en coopération avec l’association Patrimoine Tripoli Liban « PTL ».

Intitulé « Focus Tripoli », l’évènement se déroule sur deux jours (23/24 novembre) avec pour objectif de célébrer la nomination de Tripoli comme capitale culturelle arabe en 2024, et de mettre en valeur à travers une programmation exceptionnelle, cette ville phénicienne et ses trésors culturels.

Tripoli, est connue pour ses souks, El Bazerkane et Al-Attarine, Bab el Ramel, et ses vieilles maisons et anciens palais marqués par le temps et des décennies de négligence.

L’association « PTL » dirigée par Joumana Chahal Timéry se consacre à la promotion, à la mise en valeur et à la préservation de Tripoli, capitale septentrionale et deuxième ville du Liban. 

Par le biais d'actions précises, elle s'attache à protéger les sites emblématiques et organise des événements culturels ainsi que des initiatives de conservation afin de célébrer et de diffuser la richesse de ce patrimoine exceptionnel. 

Interrogée par Arab News en français, Timéry affirme que « Focus Tripoli » a un double objectif, faire découvrir la ville et son patrimoine mais aussi profiter de cette tribune « pour parler du Liban, et soutenir nos compatriotes », dans les circonstances tragiques que vit le pays, sujet à un déluge de feu quotidien de la part d’Israël.

Selon elle, les intervenants « vont forcément parler des souffrances de la population, de ce qui se passe, et du danger que cela implique au niveau du patrimoine qui est en train d'être ravagé par la violence » que subit le pays.

« On ne peut plus ne rien faire » affirme Timéry « il faut recourir aux conférences, au cinéma, à tout ce qui peut mettre en valeur les belles choses » pour montrer « qu'on existe, qu’on reste debout, sans se résigner, mais être dans la résilience et dans l'action réelle pour le Liban »

Le fait que Tripoli ait été désignée comme capitale culturelle arabe constitue pour Timéry « une reconnaissance et une sorte de récompense prestigieuse qui la hausse au rang des grandes villes arabes », et que cela veut dire que son patrimoine « nécessite et justifie qu'on s'en occupe, qu'on s'en préoccupe et qu'on le sauvegarde ».

A regret elle concède, que « cette ville est complètement abandonnée, c’est ça, le vrai problème », en plus de l'absence de l’Etat qui « centralise tous les projets à Beyrouth », ce qui fait que depuis 50 ans « Tripoli n'a pas bénéficié d'un seul projet » de réhabilitation à l’exception de la foire internationale », conçue par le célèbre architecte Oscar niemeyer.

Elle espère par conséquent que les tables rondes qui se tiennent à l’IMA en présence d’experts, de gens de la culture et du patrimoine aboutiront « à proposer des solutions, qu'on va certainement soumettre aux autorités libanaises et aux instances locales afin de voir s'ils acceptent de faire quelque chose ».

Le programme de « Focus Tripoli » est excessivement dense et varié, il démarre par un marché solidaire avec la participation d’un nombre d’artisans qui présentent des créations artisanales, dont ils ont un savoir faire millénaire telles que la poterie, la broderie ou le travail du cuivre et du verre.

Le savoir-faire culinaire sera également à l’honneur, dans le cadre d’une rencontre et dégustation de la gastronomie tripolitaine à travers une rencontre avec le chef étoilé Alain Geaam lui-même originaire de Tripoli.

Ensuite place aux tables rondes qui aborderont différents sujets tel que le patrimoine de Tripoli et son histoire, et les défis et perspectives d’une ville multiculturelle, ainsi qu’un intermède photographique portant le titre de Tripoli face à la mer, et la projection du film « Cilama » du cinéaste Hady Zaccak.

L'événement rend aussi hommage à des personnalités du monde de l’écriture et de l’érudition.


Des luttes à l'innovation : Comment le calligraphe saoudien Abdulaziz Al-Rashedi a révolutionné l'écriture arabe

3punt 5. (Fourni)
3punt 5. (Fourni)
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  • « Je ressens une lumière sacrée dans les lettres », déclare Abdulaziz Al-Rashedi

DUBAÏ : La première passion du calligraphe saoudien et professeur d'arts Abdulaziz Al-Rashedi a toujours été le stylo. Son intérêt pour l'écriture a commencé à l'école primaire dans les années 1980, dans sa ville natale de Médine.

Al-Rashedi parle de tenir un stylo comme un musicien pourrait parler de son instrument. Aux yeux du calligraphe, l'écriture est un acte artistique, comme une danse, qui possède sa propre magie.

« Ce que j'aimais dans le stylo, c'était la façon dont l'encre en coulait », confie-t-il à Arab News. « Le stylo m'a conduit à mon amour pour la calligraphie arabe. »

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Al-Rashedi parle de la tenue d'un stylo comme un musicien parlerait de la tenue de son instrument. (Fourni)

Cependant, il a dû faire face aux défis posés par l'environnement social conservateur du Royaume dans les années 1980 et 1990.

« Les gens ne considéraient pas l'art comme quelque chose d'important. À cette époque, ils pensaient que l'art ne rapportait pas d'argent. Pour eux, c'était une perte de temps », explique-t-il. « Dans un tel environnement déprimant, je souffrais du manque d'intérêt des gens. Ils disaient que l'écriture me distrairait de mes études. Mais en réalité, cela m'encourageait à étudier. »

Son intérêt pour la calligraphie n'a pas échappé à tout le monde. Le père d'Al-Rashedi, aujourd'hui décédé, l'a toujours soutenu.  

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3punt 2. (Fourni)

« Il croyait en l'écriture et en sa préservation », déclare Al-Rashedi. « Il pensait que je faisais quelque chose d'important de ma vie, même si d'autres pensaient le contraire. Ils comparaient cela à des gribouillages. En réalité, je faisais de l'art tout seul. Aucun de mes amis ne partageait cet intérêt avec moi et il n'y avait aucun institut de calligraphie pour encourager ce talent. La situation était très difficile. »

Mais en 1993, Al-Rashedi a appris qu’il existait en effet un maître calligraphe saoudien vivant à Médine : Ahmad Dia. Ce dernier a gentiment accepté de lui enseigner les bases de la calligraphie arabe. Et, peut-être tout aussi important, il l’a fait dans sa maison, qu'Al-Rashedi compare à une école, un musée et un lieu de rencontre pour calligraphes.

« J'étais jeune, mais il me traitait comme un homme », se souvient l'artiste. « Pour nous, les calligraphes, il était comme un père spirituel, qui a planté en nous une graine de détermination. Il nous a toujours encouragés et ne nous a jamais réprimandés si notre écriture n'était pas parfaite. »

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3punt 4. (Fourni)

Al-Rashedi est resté en contact avec son mentor jusqu'à la mort de Dia en 2022, lors de la pandémie de COVID. « Lorsqu'il est mort, c'est comme si la lumière s'était éteinte », confie-t-il.

Al-Rashedi s'est également formé en recopiant les œuvres d'une autre figure importante : Hashem Al-Baghdadi, le calligraphe et éducateur irakien influent, qui a publié des ouvrages sur les règles de la calligraphie arabe. Al-Rashedi décrit l'époque avant les réseaux sociaux comme une « période véritablement sombre », où il n'y avait aucune opportunité d'organiser des expositions ou de partager son travail avec les autres.

« Les gens ne communiquaient pas entre eux. C’était une période qui manquait (d’opportunités) et même de bons matériaux, comme des stylos et du papier », se souvient-il.

Mais avec l’avènement des réseaux sociaux, notamment Facebook, et l’ouverture de quelques galeries d’art, dont Athr Gallery à Djeddah en 2009, les choses ont considérablement changé. Aujourd’hui, Al-Rashedi peut partager ses œuvres sur Instagram et d’autres plateformes, montrant les compétences qu’il a perfectionnées au cours de trois décennies de pratique.

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Sa fascination pour l'écriture a commencé à l'école primaire, dans les années 80, dans sa ville natale de Madinah. (Fourni)

La calligraphie arabe est une forme d’art respectée à l’échelle internationale, existant depuis des milliers d’années, utilisée dans les textes islamiques et présente sur des monuments à travers le monde. Quel est donc son secret de longévité ?

« Je me demande souvent pourquoi les courbes de la calligraphie arabe fascinent les gens depuis si longtemps, et je pense que cela a inévitablement un lien avec sa sainteté », explique-t-il. « Allah a été une source d’inspiration pour les calligraphes et leur innovation dans l’écriture. Je ressens une lumière sacrée dans les lettres de la calligraphie arabe. »

Mais Al-Rashedi pense également que, pendant de nombreuses années, la calligraphie est restée figée dans une ornière, sans être touchée par l’innovation ou la créativité modernes.

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3punt 6. (Fourni)

« Beaucoup de calligraphes ont littéralement affirmé que la calligraphie arabe avait atteint sa limite et que personne ne pouvait y ajouter quoi que ce soit de nouveau », dit-il. « Une telle idée est incorrecte. »

En effet, Al-Rashedi a inventé sa propre forme de calligraphie arabe, qu’il appelle « 3punt ». (Il explique que le nom fait référence à la taille des lettres, qui sont écrites à l’aide de trois stylos différents.)

« Cela repose sur l’idée de réduire l’épaisseur des lettres. Habituellement, un seul stylo est utilisé en calligraphie arabe. Mais j’ai découvert que l’épaisseur traditionnelle de l’écriture arabe et l’utilisation d’un seul stylo empêchent l’ajout de nouvelles formes d’écriture au système. »

Basée sur un ensemble de règles strictes, la calligraphie 3punt d’Al-Rashedi contient 55 « sous-types d’écriture », explique-t-il. Elle possède une légèreté et une élégance propres, avec des lignes fluides et soigneusement chorégraphiées en écriture arabe fine.

En fin de compte, Al-Rashedi estime que la calligraphie arabe est une question de liens.  

« Si nous regardons l’écriture latine ou chinoise, sur des lettres comme ‘n’, ‘e’ ou ‘r’, elles se composent de parties distinctes. Mais avec la calligraphie arabe, vous pouvez connecter six ou sept lettres d’un seul trait », dit-il. « Sans aucun doute, l’écriture arabe — en tant que forme d’art — est supérieure à d’autres types d’écriture. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Inauguration d'une exposition Christian Dior à Riyad

Une exposition célébrant la vie et l'œuvre du couturier Christian Dior est désormais ouverte au  Musée national d'Arabie saoudite dans le cadre du festival Riyadh Season de cette année. (Photo fournie)
Une exposition célébrant la vie et l'œuvre du couturier Christian Dior est désormais ouverte au  Musée national d'Arabie saoudite dans le cadre du festival Riyadh Season de cette année. (Photo fournie)
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  • «Christian Dior: couturier du rêve» est une collaboration entre la maison de couture française et l'Autorité générale pour le divertissement d'Arabie saoudite
  • L'événement, qui se tient jusqu'au 2 avril, explore l'héritage de Dior et de ses successeurs à travers un récit inédit

RIYAD: Une exposition célébrant la vie et l'œuvre du créateur de mode Christian Dior est désormais ouverte au Musée national d'Arabie saoudite dans le cadre du festival Riyadh Season de cette année.

«Christian Dior: couturier du rêve», une exposition couvrant plus de 75 ans de créativité et de design, ainsi que les œuvres qu'il a inspirées, est une collaboration entre la maison de couture française et l'Autorité générale pour le divertissement d'Arabie saoudite.

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«Christian Dior: couturier du rêve» est une collaboration entre la maison de couture française et l'Autorité générale pour le divertissement d'Arabie saoudite. (Photo fournie)

L'événement, qui se tient jusqu'au 2 avril, explore l'héritage de Dior et de ses successeurs à travers un récit inédit spécialement conçu pour l'exposition par l'historienne de l'art Florence Muller et la scénographe Nathalie Crinière.

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L'exposition couvre plus de 75 ans de créativité et de design et le travail que Dior a inspiré. (Photo fournie)

Parmi les points forts de l'exposition figurent des hommages à certains des grands classiques de Dior, tels que Miss Dior et J'adore, ainsi qu'un hommage au sac Lady Dior, sous la forme du projet Dior Lady Art.

Faisal Bafarat, directeur général de l'Autorité générale pour le divertissement, a officiellement inauguré l'exposition mercredi. Les billets sont disponibles sur la plateforme WeBook.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com