KIEV: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a revendiqué mardi soir des avancées "puissantes" de son armée dans le sud de l'Ukraine, évoquant des "dizaines" de localités reprises et remerciant Joe Biden pour le "soutien militaire continu" des Etats-Unis, déterminante dans cette grande contre-offensive de Kiev.
L'armée ukrainienne réalise des avancées "assez rapides et puissantes dans le sud de notre pays", a déclaré Volodymyr Zelensky dans son adresse quotidienne publiée sur les réseaux sociaux. "Des dizaines de localités ont été libérées rien que cette semaine" dans les quatre régions annexées en fin de semaine dernière par la Russie, dit-il.
Il a aussi remercié son homologue Joe Biden pour le "soutien militaire et financier continu" des Etats-Unis face à l'invasion russe lors d'une conversation téléphonique, après l'annonce par Washington d'un nouvel envoi d'armes à Kiev, notamment quatre nouveaux systèmes de lance-roquettes Himars, très appréciés par les Ukrainiens.
Le nouveau volet d'aide militaire américaine comporte aussi 32 canons Howitzer, des dizaines de milliers de munitions légères et de munitions d'artillerie, des systèmes de mines, et 200 véhicules blindés.
Des cartes montrées par l'armée russe mardi confirment l'avancée de Kiev dans les régions ukrainiennes clefs de Kharkiv (nord-est) et Kherson (sud). La carte de la région de Kharkiv montre notamment que les Russes ont quitté la quasi-totalité de la rive orientale de la rivière Oskil, dernière zone de la région qu'ils contrôlaient encore.
L'armée russe n'a pas pour autant annoncé de retrait et les autorités d'occupation russes dans le Sud de l'Ukraine ont appelé à ne "pas paniquer", malgré cette série de revers cuisants, alors que plus de 200 000 personnes ont été mobilisées dans l'armée russe depuis l'annonce d'une mobilisation "partielle" le 21 septembre.
Réunion d'urgence à l'ONU lundi
Ce revers apparent de Moscou intervient à quelques jours d'une réunion d'urgence de l'Assemblée générale de l'ONU, après les annexions de quatre régions d'Ukraine par la Russie.
L'Assemblée générale, qui rassemble les 193 Etats membres de l'ONU, se réunira lundi à partir de 15H00 (19H00 GMT), à la demande de l'Ukraine et de l'Albanie.
Elle intervient aussi au moment où le directeur général de l'AIEA, Rafael Grossi, "se rendra à Kiev puis à Moscou cette semaine" afin de discuter de la mise en place d'une zone de protection autour de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia, selon un communiqué publié mardi soir.
Moscou et Kiev s'accusent mutuellement de bombardements sur le site depuis plusieurs mois.
Son directeur, Igor Mourachov, avait été arrêté vendredi par la Russie et détenu pendant plus de deux jours. "Il est désormais avec sa famille (...) et ne reprendra pas ses fonctions" à la centrale", a précisé l'AIEA.
Harceler les troupes russes
L'une des unités en charge de lancer des salves d'obus pour harceler les troupes russes dans la région de Kharkiv est la 14e Brigade mécanisée.
Mardi, cette unité d'artilleurs opérait avec un lance-roquettes multiple "BM-21 Grad", modèle de 1963 ayant traversé avec lui les âges et les guerres, selon un journaliste de l'AFP sur place.
Pour Dmytro, le jeune commandant de 22 ans, la vétusté de l'appareil ne l'empêche pas d'être très utile et de viser les premières lignes russes de l'autre côté du front.
"Bang, bang, bang...": les obus de 122 mm sont lâchés dans les airs. Une petite pause, puis de nouveau une salve crachée dans le ciel.
Depuis le champ d'où l'équipe a tiré, il est impossible de dire si la cible a été touchée. Mais Dmytro, lui, se veut confiant."Je suis sûr qu'on les a touchés. Ils avaient des missions (mais là) ils ne pourront pas les remplir", se félicite-t-il.
Depuis plusieurs jours, des vidéos de soldats ukrainiens hissant leur drapeau dans des villages du nord de la région de Kherson se sont multipliées en ligne.
Le chef de cabinet de la présidence ukrainienne, Andriï Iermak, a lui publié un message d'emoticons sur Telegram montrant des drapeaux ukrainiens et une pastèque, fruit dont la région de Kherson est une grande productrice.
Après une série de défaites cuisantes dans le nord et l'est de l'Ukraine, la Russie a décidé d'annexer les régions de Lougansk, Donetsk, Kherson et Zaporijjia, qu'elle contrôle au moins en partie, et décrété une mobilisation de centaines de milliers de réservistes.
Mais dès le surlendemain de la cérémonie d'annexion, le président Zelensky annonçait la reprise de Lyman, noeud ferroviaire stratégique dans l'est de l'Ukraine, infligeant un nouveau camouflet à Moscou.
Exode et opposition en Russie
La perspective d'être envoyé au front a cependant aussi provoqué un exode de dizaines de milliers de Russes, qui ont quitté le pays notamment vers la Géorgie, le Kazakhstan, la Mongolie et la Finlande.
En Russie, l'organisation de l'opposant incarcéré Alexeï Navalny a annoncé rouvrir ses bureaux régionaux pour lutter "contre la guerre et la mobilisation", malgré de possibles représailles judiciaires.
Les conséquences sur l'économie ukrainienne sont aussi considérables: le PIB devrait se contracter de 35% en 2022 selon une nouvelle prévision de la Banque mondiale.
Basketteuse détenue en Russie: Washington dénonce un «simulacre» avant une audience en appel
"Nous sommes au courant de l'annonce par la Russie d'un autre simulacre de justice qui sera imposé à Brittney Griner", star du basket féminin condamnée à une lourde peine de prison par la justice russe, a dit mardi la porte-parole de la Maison Blanche.
"Elle devrait être immédiatement remise en liberté", a ajouté Karine Jean-Pierre lors de sa conférence de presse quotidienne.
Brittney Griner, condamnée en Russie à neuf ans de prison pour trafic de cannabis, a fait appel de sa condamnation, et cet appel sera examiné le 25 octobre par un tribunal russe.
Son cas, ainsi que celui d'un autre Américain détenu dans le pays, l'ancien militaire Paul Whelan, ont pris une ampleur géopolitique dans le contexte de la crise entre Moscou et Washington liée à l'offensive russe en Ukraine.
Le président américain Joe Biden avait rencontré en septembre les familles de Brittney Griner et Paul Whelan pour les assurer de son soutien.
Les Etats-Unis assurent avoir fait une offre à Moscou pour leur libération.
Les Russes doivent maintenant "faire une contre-offre sérieuse", a dit mardi Karine Jean-Pierre.