Terminus en vue pour le ticket de métro parisien

Une photo d'illustration prise le 26 septembre 2022 à Paris montre des tickets de métro parisiens des années 1973 à 1992 collectés par le collectionneur français Grégoire Thonnat. (JOËL SAGET / AFP)
Une photo d'illustration prise le 26 septembre 2022 à Paris montre des tickets de métro parisiens des années 1973 à 1992 collectés par le collectionneur français Grégoire Thonnat. (JOËL SAGET / AFP)
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Publié le Mardi 04 octobre 2022

Terminus en vue pour le ticket de métro parisien

  • L'opérateur a commencé depuis plusieurs années à réduire le nombre de stations dans lesquelles il est possible d'acheter un carnet et de nombreux tourniquets ne lisent plus les tickets en carton.
  • Cette dématérialisation avec l'utilisation de smartphones au tourniquet, dans les prochaines semaines pour Android et en 2023 pour les appareils Apple, s'engage à Paris vingt ans après le retrait des jetons en métal du métro de New York

PARIS: Depuis le temps que son oblitération était annoncée, il avait fini par paraître impérissable. Après plus de 120 ans de service, le ticket de métro parisien cartonné va pourtant s'éteindre, au grand dam des amoureux de la capitale.

Au-delà de sa fonction première, le ticket de métro aura servi à tout, de marque-page, de pense-bête, de cale...

"C'est un morceau de notre quotidien, il parle à tout le monde", explique à l'AFP Grégoire Thonnat, collectionneur de tickets et auteur d'une "Petite histoire du Ticket de métro parisien", avec lui "c'est un pan de notre vie qui disparaît".

"Le ticket de métro, c'est une des composantes de l'imagerie parisienne", insiste-t-il.

Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'établissement public qui gère le système de transports de la région parisienne, visait initialement la suppression du carnet de dix tickets à la mi-2020 puis du ticket unique en 2021, au profit d'alternatives numériques.

Mais il a dû repousser ces échéances à 2022 pour cause de pandémie de coronavirus, puis de nouveau en raison de la pénurie de puces électroniques provoquée par l'invasion russe de l'Ukraine. "On était pressés, mais cette crise des cartes à puce nous a un peu ralentis", reconnaît le directeur général d'IDFM, Laurent Probst.

550 millions par an

L'opérateur a commencé depuis plusieurs années à réduire le nombre de stations dans lesquelles il est possible d'acheter un carnet et de nombreux tourniquets ne lisent plus les tickets en carton.

Résultat : la proportion de tickets en carton dans les déplacements urbains a chuté de plus des deux tiers il y a un an à moins de la moitié, même s'il s'en vend encore quelque 550 millions par an.

"Les habitudes sont en train de se prendre", se félicite Laurent Probst, assurant que les carnets auront complètement disparu courant 2023. Ile-de-France Mobilités fait notamment valoir que sur un carnet, 1 ticket sur 10 en moyenne n'est pas utilisé car perdu, abîmé ou oublié.

Mais les billets à l'unité devraient continuer à circuler au moins jusqu'en 2024.

Cette dématérialisation avec l'utilisation de smartphones au tourniquet, dans les prochaines semaines pour Android et en 2023 pour les appareils Apple, s'engage à Paris vingt ans après le retrait des jetons en métal du métro de New York et plus d'une dizaine d'années après celle du métro londonien.

Mais certains apprécient que la capitale française ait pris son temps.

"J'aime la texture, la propreté du ticket quand il est neuf, et à quel point on peut le détruire et l'avoir encore", raconte Sarah Sturman, une artiste italo-américaine installée à Paris qui utilise des tickets de métro dans ses collages.

"Je continuerai à collectionner les tickets de métro jusqu'à ce qu'ils aient disparu et alors ils seront encore plus précieux", ajoute-t-elle.

Attachement «irrationnel»

Le ticket de métro occupe une place particulière dans la culture populaire française de l'après-Deuxième Guerre mondiale.

Ainsi, dans le film "le Salaire de la peur" (1953), Yves Montand offre à Charles Vanel en gage d'amitié, son porte-bonheur, un ticket de métro parisien, et la chanson de Serge Gainsbourg "Le poinçonneur des Lilas" (1959) rend hommage à une profession obscure, condamnée à l'obsolescence par l'arrivée des tourniquets automatiques une décennie plus tard.

"Sa durée de vie est très courte, une heure, une heure 30, mais on s'y attache, voilà, c'est irrationnel", observe Grégoire Thonnat.

De nombreux visiteurs se disent en revanche impatients de pouvoir se passer des complications des billetteries du métro parisien.

"Je n'aime pas les tickets en papier, je veux avoir tout sur mon téléphone", déclare Javier Romani, un touriste espagnol.

Stefania Grigoriadou, une touriste grecque, préfère elle aussi réserver en ligne, mais compte bien garder le ticket acheté pour se rendre au parc Disneyland Paris, près de la capitale.

"C'est bien de l'avoir comme souvenir", dit-elle à l'AFP. "Peut-être que nous ne reviendrons pas à Paris, de cette façon nous aurons quelque chose à montrer à nos enfants plus tard".


Le Liban réforme le secret bancaire, une mesure clé pour ses bailleurs

Cette photo prise le 20 mai 2020 montre une vue de l'entrée fortifiée de la Banque du Liban, la banque centrale du Liban, dans la capitale Beyrouth. (AFP)
Cette photo prise le 20 mai 2020 montre une vue de l'entrée fortifiée de la Banque du Liban, la banque centrale du Liban, dans la capitale Beyrouth. (AFP)
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  • Le Liban a accordé jeudi, par un vote au Parlement, un accès plus large des organismes de contrôle aux informations bancaires, une réforme clé réclamée dans ce pays
  • Le gouvernement a indiqué que la loi s'appliquerait de manière rétroactive sur 10 ans

BEYROUTH: Le Liban a accordé jeudi, par un vote au Parlement, un accès plus large des organismes de contrôle aux informations bancaires, une réforme clé réclamée dans ce pays, plongé dans une grave crise économique, par les bailleurs internationaux, dont le FMI.

Le gouvernement a indiqué que la loi s'appliquerait de manière rétroactive sur 10 ans, couvrant donc le début de la crise économique lorsque les banquiers ont été accusés d'aider des personnalités à transférer des fonds importants à l'étranger.

Le Premier ministre libanais, Nawaf Salam, a salué une "étape indispensable vers la réforme financière" que son gouvernement a promis de réaliser et un "pilier essentiel d'un plan de reconstruction".

Cette mesure, a-t-il ajouté, est "fondamentale pour restaurer les droits des déposants et la confiance des citoyens et de la communauté internationale". Il a mis en avant que l'opacité financière, prévalant de longue date au Liban, n'était plus aussi attractive pour les investisseurs qu'elle avait pu l'être.

"Il ne faut pas croire qu'avec cette loi, n'importe qui va entrer dans une banque et demander des détails sur un compte", a tempéré le ministre des Finances, Yassine Jaber, en déplacement à Washington avec son collègue de l'Economie, Amer Bisat, et le nouveau gouverneur de la Banque centrale, Karim Souaid.

Ces responsables doivent se rendre à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international (FMI).

Le Liban a longtemps été une plaque-tournante financière régionale, dont la législation stricte sur le secret bancaire était perçue comme un atout, jusqu'à la profonde crise économique et financière qui a éclaté en 2019 et terni sa réputation.

Depuis, les autorités sont sous pression, interne et internationale, pour réformer une législation accusée d'avoir permis une fuite de capitaux au déclenchement de la crise, alors que les simples déposants étaient privés de leur épargne et que la valeur de la monnaie locale plongeait.

- Loi rétroactive sur dix ans -

Selon le groupe de défense des droits libanais Legal Agenda, les changements votés jeudi autorisent "les organes de contrôle et de régulation bancaire (...) à demander l'accès à toutes les informations sans raison particulière".

Ces organismes pourront avoir accès à des informations comme le nom des clients et les détails de leurs dépôts, et enquêter sur d'éventuelles activités suspectes, selon Legal Agenda.

La communauté internationale exige depuis longtemps d'importantes réformes pour débloquer des milliards de dollars et aider à la relance de l'économie libanaise, dont les maux sont imputés à la mauvaise gestion et à la corruption.

La récente guerre entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien Hezbollah a aggravé la situation et le pays, à court d'argent, a besoin de fonds pour la reconstruction.

M. Salam a souligné que la réforme "ouvrait une page nouvelle" dans la lutte contre l'évasion fiscale, la corruption et le blanchiment.

Le ministre des Finances a relevé que la Banque centrale aura "plus de marge de manoeuvre" pour accéder à certains comptes.

Selon Alain Aoun, membre de la commission des finances du Parlement, une première réforme en 2022 avait été jugée insuffisante par le FMI. Les organismes de contrôle pourront désormais demander "l'information qu'ils veulent", a-t-il dit à l'AFP.

En avril 2022, le Liban et le FMI avaient conclu un accord sous conditions pour un prêt sur 46 mois de trois milliards de dollars, mais les réformes alors exigées n'ont pour la plupart pas été entreprises.

En février, le FMI s'est dit ouvert à un nouvel accord, et le nouveau gouvernement libanais a promis d'autres réformes. Il doit prochainement soumettre au Parlement un projet de loi pour restructurer le secteur bancaire.

Mercredi, le gouvernement a aussi signé un accord de 250 millions de dollars avec la Banque mondiale pour relancer son secteur électrique en déshérence, qui prive régulièrement les Libanais de courant.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.