Présidence du RN: Le duel Aliot-Bardella, plus générationnel qu’idéologique

C’est un duel sans véritable enjeu idéologique qui se déroule entre le maire de Perpignan, Louis Aliot, et le député européen, Jordan Bardella, tous deux candidats à la succession de Marine Le Pen à la tête du Rassemblement national (RN). (AFP).
C’est un duel sans véritable enjeu idéologique qui se déroule entre le maire de Perpignan, Louis Aliot, et le député européen, Jordan Bardella, tous deux candidats à la succession de Marine Le Pen à la tête du Rassemblement national (RN). (AFP).
Short Url
Publié le Mardi 04 octobre 2022

Présidence du RN: Le duel Aliot-Bardella, plus générationnel qu’idéologique

  • L’organisation de la succession du parti incombe au bureau exécutif du Rassemblement national, qui a décidé au mois de juillet dernier d’organiser un vote en interne par voie électronique
  • Entre les deux candidats, Marine Le Pen affiche officiellement sa neutralité, la seule consigne qu’elle a adressée aux deux candidats étant de ne pas «abîmer le mouvement»

PARIS: C’est un duel sans véritable enjeu idéologique qui se déroule entre le maire de Perpignan, Louis Aliot, et le député européen, Jordan Bardella, tous deux candidats à la succession de Marine Le Pen à la tête du Rassemblement national (RN).

Sur le plan idéologique, Aliot comme Bardella se réclament de la même ligne, celle de Marine Le Pen: sociale, souverainiste et bien sûr anti-immigration. Toutefois, l’issue de ce duel marquera pour les années à venir, ce parti s’étant hissé récemment à la position de seconde force politique du pays, avec un bloc parlementaire de 89 députés.

Marine Le Pen ayant choisi d’abandonner la présidence du parti pour se consacrer à son groupe parlementaire, elle a laissé aux adhérents le soin de lui trouver un successeur. L’organisation de cette passation de pouvoir incombe au bureau exécutif du parti, qui a décidé au mois de juillet dernier d’organiser un vote en interne par voie électronique.

«Je connais les deux, mais j’ai du mal à faire la différence entre eux», il s’agit plus d’«une opposition de génération que politique», affirme à cet égard Robert Ménard.

Ainsi, les adhérents au RN votent depuis le 30 septembre, et jusqu’au 3 novembre, pour départager les deux prétendants. Le résultat de ce vote sera annoncé lors d’un congrès de la formation le 5 novembre prochain, date à laquelle on saura si le parti sera dirigé par Aliot, 56 ans, personnalité historique du parti, ou par Bardella, 26 ans, porte-drapeau de la jeune génération.

Il s’agit donc d’un duel entre générations plus que d’une confrontation d’idées. C’est d’ailleurs ce qu’a confirmé à Arab News en français Robert Ménard, maire de Béziers et figure politique sans étiquette et proche du RN. «Je connais les deux, mais j’ai du mal à faire la différence entre eux», il s’agit plus d’«une opposition de génération que politique».

Pour essayer de les départager, on peut dire que Bardella est davantage «prorusse» que ne l’est Aliot, et que sur des questions de société, ce dernier est plus conservateur que ne l’est son jeune concurrent. On peut également souligner que sur l’Europe par exemple, Bardella est plus antieuropéen que ne l’est Aliot. Il y a plus «une différence de sensibilité que de véritables divergences», ajoute Ménard.

Entre les deux candidats, Marine Le Pen affiche officiellement sa neutralité, la seule consigne qu’elle a adressée aux deux candidats étant de ne pas «abîmer le mouvement», au risque de dilapider son crédit grandissant auprès des Français. Cependant, cette nouvelle désignation marque une rivalité évidente entre deux visages du RN et deux styles complètement antagonistes.

Troisième face-à-face entre les deux hommes

Ménard affirme qu’Aliot a une longue histoire dans le parti, ce dernier «ayant été le directeur de cabinet de Jean-Marie Le Pen (père de Marine et fondateur du parti). Pendant des années, il a également été le compagnon de Marine Le Pen», souligne-t-il. Il bénéficie aussi d’une expérience d’élu et il est aimé par les militants, «peut-être plus par les militants de sa génération», concède Ménard.

Bardella, brillant communiquant, a quant à lui largement contribué à l’arrivée de Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle du printemps dernier, mais il manque d’ancrage local et d’expérience politique, ce qui fait dire au maire de Béziers que Bardella «a surtout pour lui d’être omniprésent dans les médias».

Pour ce troisième face-à-face, les attaques fusent et prennent une tournure personnelle.

«Spontanément, et de par mon parcours personnel», souligne Ménard, «j’ai plus d’atomes crochus avec Alliot, c’est un homme du Sud comme moi, on a grandi ensemble tous les deux, on aime le rugby, sa famille est pied-noir tout comme la mienne, je suis né à Oran, en Algérie».

Ce duel n’est pas le premier entre les deux hommes: ils se sont affrontés lors des élections européennes en 2019. Aliot voulait décrocher la tête de liste, mais elle est revenue à son rival. De nouveau, à la suite de la présidentielle, Aliot brigue la présidence par intérim du Rassemblement national, mais Marine Le Pen lui préfère son cadet Bardella.

Pour ce troisième face-à-face, les attaques fusent et prennent une tournure personnelle. Aliot est attaqué pour son absence quasi totale de la scène médiatique française et pour son âge, afin de le présenter comme une personnalité passéiste. Bardella est pour sa part attaqué pour son manque d’expérience et son ambition sans limite qui risque de marginaliser Marine Le Pen au sein de son propre parti.

Cinquantième anniversaire du RN

Cette ambiance fait dire aux médias français que le duel en cours pourrait virer à la guerre fratricide. Ménard réfute cependant cette hypothèse. «Aucun des deux candidats n’est suicidaire et je pense que Marine Le Pen se chargera de les rappeler à l’ordre», assure-t-il. Dans ce contexte, il est difficile de ne pas prêter attention au 50e anniversaire du RN qui aura lieu le 6 octobre.

Pour cette occasion, un colloque sera organisé au siège de l’Assemblée nationale sous le slogan «l’espoir au pouvoir». Fait à signaler, Jean-Marie Le Pen n’est pas invité au colloque, une façon de dire selon un proche du RN qu’il ne s’agit pas de célébrer le passé, mais d’affirmer son évolution et sa modernité.

Comment ne pas penser qu’il s’agit d’un message indirect adressé aux adhérents du Rassemblement national, en plein période de scrutin pour choisir de leur futur dirigeant?


50 ans après la loi Veil, les opposants à l'IVG ont appelé à « marcher pour la vie »

Nicolas Tardy-Joubert, président du groupe anti-avortement « Marche pour la vie », s’exprime lors d’une conférence de presse à la place de Catalunya à Paris, le 16 janvier 2022. (Photo par STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)
Nicolas Tardy-Joubert, président du groupe anti-avortement « Marche pour la vie », s’exprime lors d’une conférence de presse à la place de Catalunya à Paris, le 16 janvier 2022. (Photo par STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)
Short Url
  • Le cortège, organisé par des militants catholiques conservateurs, partira à 14 heures de la place du Trocadéro, à Paris.
  • Selon les derniers chiffres officiels, 243 623 IVG ont été enregistrées en 2023, soit 8 600 de plus que l'année précédente.

PARIS : Cinquante ans après la loi Veil, les opposants à l'avortement sont appelés à manifester dimanche dans le cadre de la « marche pour la vie ». Selon ses organisateurs, cette manifestation devrait rassembler plus de 10 000 personnes cette année.

Le cortège, organisé par des militants catholiques conservateurs, partira à 14 heures de la place du Trocadéro, à Paris.

La manifestation est organisée chaque année autour de l'anniversaire de la loi Veil relative à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), promulguée le 17 janvier 1975.

« Depuis 1975, ce sont plus de 10 millions d'enfants à naître qui ont été exclus de la société française : qui pourrait se réjouir de cela ? », déclare à l'AFP Nicolas Tardy-Joubert, président de la Marche pour la vie.

« Aujourd'hui, tout est fait pour encourager l'avortement, il n'y a pas de politique qui dissuade réellement », estime-t-il.

Selon les derniers chiffres officiels, 243 623 IVG ont été enregistrées en 2023, soit 8 600 de plus que l'année précédente.

Si les règles encadrant l'avortement ont été assouplies depuis 1975 et si « la liberté garantie à la femme » de recourir à l'IVG a été inscrite dans la Constitution en 2024, les associations féministes s'alarment toutefois d'un droit toujours « fragile » et font état « d'attaques régulières » de la part de ses opposants.

Outre l'opposition à l'IVG, les organisateurs de la « marche pour la vie » réclament, comme l'an dernier, une échographie obligatoire dès la sixième semaine de grossesse, permettant d'entendre battre le cœur du fœtus, ou encore un délai de réflexion de trois jours avant toute IVG.

Ils appellent également à « encourager l’accouchement sous X » et à défendre « le droit absolu à l’objection de conscience des personnels de santé et protéger la clause de conscience spécifique ».

Autre sujet également à l'ordre du jour de la manifestation : le rejet de toute légalisation du suicide assisté et de l’euthanasie, ainsi que l'appel à « un grand plan pour que les soins palliatifs soient accessibles à tous ».

« Pour nous, l'interdit de tuer doit rester un fondement de notre société », insiste Nicolas Tardy-Joubert.

Porté par le gouvernement Attal, un projet de loi sur la fin de vie devait légaliser le suicide assisté et, dans certains cas, l'euthanasie, mais uniquement dans des situations strictement définies et en évitant d'employer ces termes, le gouvernement préférant parler d'"aide active à mourir". Son examen a été interrompu par la dissolution de l'Assemblée nationale en juin 2024.

Mardi, lors de sa déclaration de politique générale, le Premier ministre François Bayrou n'a pas abordé ce sujet sensible, ni le délai d'examen ni le fond, en renvoyant le texte « au pouvoir d'initiative » du Parlement.


Présidentielle : l'ex-Premier ministre Dominique de Villepin laisse entrevoir ses ambitions

Dominique de Villepin présente son livre intitulé Le Soleil noir de la puissance (Le Soleil noir du pouvoir) dédié à Napoléon et publié par les éditions Perrin, à Nantes, en France, le 4 octobre 2007 (Getty Images).
Dominique de Villepin présente son livre intitulé Le Soleil noir de la puissance (Le Soleil noir du pouvoir) dédié à Napoléon et publié par les éditions Perrin, à Nantes, en France, le 4 octobre 2007 (Getty Images).
Short Url
  • l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin laisse transparaître ses ambitions, refusant de « ne pas être aux avant-postes » pour mener « le combat ».
  • « L'enjeu est de savoir si votre parole, à un moment donné, peut amener le débat politique à évoluer, amener la scène politique à évoluer, amener le regard du citoyen à regarder différemment les acteurs politiques. » temporise-t-il

PARIS : Dans un entretien à Mediapart mis en ligne samedi, l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin laisse transparaître ses ambitions, refusant de « ne pas être aux avant-postes » pour mener « le combat ».

« Nous sommes confrontés à un choc historique qui a très peu de précédents », déclare l'ex-ministre des Affaires étrangères, interrogé sur le rôle qu'il compte jouer lors de la prochaine présidentielle. « Ce combat, je ne peux pas ne pas y participer. Je ne peux pas ne pas être aux avant-postes. »

Toutefois, « l'enjeu n'est pas de savoir si vous finirez par être candidat à une élection », temporise-t-il. « L'enjeu est de savoir si votre parole, à un moment donné, peut amener le débat politique à évoluer, amener la scène politique à évoluer, amener le regard du citoyen à regarder différemment les acteurs politiques. »

Dominique de Villepin, âgé de 71 ans, fait régulièrement entendre sa voix sur l’actualité internationale, comme la guerre au Proche-Orient ou la chute de Bachar al-Assad, mais aussi sur l'instabilité politique en France depuis la dissolution.


À Mayotte, après le cyclone Chido, fruits et légumes désertent les assiettes

Cette photographie montre un bâtiment détruit après le passage du cyclone Chido sur le territoire français de Mayotte dans l'océan Indien, le 14 décembre 2024 dans la capitale Mamoudzou. (AFP)
Cette photographie montre un bâtiment détruit après le passage du cyclone Chido sur le territoire français de Mayotte dans l'océan Indien, le 14 décembre 2024 dans la capitale Mamoudzou. (AFP)
Short Url
  • Le modèle agricole dominant est le "jardin mahorais", une forme de polyculture qui assure une certaine autonomie alimentaire à cet archipel de l'océan Indien

Mtsangamouji, France: Bananes et maniocs à terre, c'est le garde-manger d'Abdou Abdillah qui s'est envolé le 14 décembre. Le cyclone Chido a ravagé sa petite parcelle située à Mtsangamouji, dans l'archipel français de Mayotte, ne lui laissant que des débris d'arbres et de plantes à déblayer.

"C'était pour nourrir mes enfants, ma mère", regrette le cultivateur de 58 ans en tronçonnant un cocotier tombé il y a un mois. Depuis Chido, les légumes et les fruits ont quitté son assiette. A la place, "on mange du riz et des frites", déplore-t-il.

La situation l'inquiète d'autant plus que le ramadan approche. Son début est prévu vers la fin du mois de février et il ne sait toujours pas ce que sa famille aura pour le foutari, le repas de rupture du jeûne.

Ousseni Aboubacar, qui cultive la parcelle voisine, partage la même inquiétude car la nourriture n'aura pas repoussé d'ici là. "Si nous avons de la pluie, il faudra attendre sept, huit mois", prévoit l'habitant de 54 ans.

Le modèle agricole dominant est le "jardin mahorais", une forme de polyculture qui assure une certaine autonomie alimentaire à cet archipel de l'océan Indien. Essentiellement vivrière, cette agriculture disséminée sur des milliers de petites parcelles familiales a été dévastée par le cyclone, qui a aussi ravagé de nombreuses habitations.

Sur une pente au bord d'un bidonville, Issouf Combo, 72 ans, porte des coups de chombo (machette) au sol. "Je replante du maïs", indique-t-il tout en mettant deux graines dans un trou.

Là où il y avait auparavant du manioc et des bananes, il n'y a plus que de la terre rouge semée de débris. Cette parcelle était la principale source de fruits et légumes de cet habitant de Mangajou.

Depuis Chido, Issouf Combo et sa famille font leurs courses au marché "mais ça coûte cher", précise son petit-fils de 17 ans, Nassem Madi.

- Prix en hausse -

Car sur les étals des marchés, les prix ont augmenté. Celui de Nini Irene, à Chirongui (sud), affiche le kilo d'oignons ou de clémentines à cinq euros, le kilo de pommes ou de poires à quatre: c'est un euro de plus qu'avant le cyclone.

La vendeuse de 27 ans, qui achète ses fruits et légumes à "des Africains" les faisant venir de l'extérieur de l'archipel, explique la hausse par la rareté nouvelle des cultures.

"On nous a donné des sacs de 20 kilos d'oignons. Avant Chido, c'était à 35 euros, et maintenant à 70 euros", explique-t-elle. Dans ses bacs, plus rien ne vient de Mayotte. Elle voit seulement de temps en temps des brèdes mafanes et des concombres locaux sur les stands de ses voisins.

Venu acheter des oignons, Archidine Velou arrive encore à trouver ce qu'il lui faut, sauf les bananes. "Nos aliments de base, c'est le manioc et les bananes, ça va être compliqué", dit l'homme de 32 ans en évoquant l'approche du ramadan, qui revient sur toutes les lèvres.

Un peu plus loin, Rouchoudata Boina s'inquiète surtout de ne plus trouver de brèdes mafanes, une plante très populaire dans la région.

Celles qui avaient survécu à Chido ont été éprouvées par la tempête tropicale Dikeledi, la semaine dernière, dit-elle. "Comment je vais faire avec mes enfants ?", questionne cette mère d'une fratrie de cinq dont l'alimentation, faute d'argent, se base désormais sur les féculents: pâtes le matin, pain l'après-midi, riz le soir.

Prévoyant la pénurie, la préfecture de Mayotte a pris le 23 décembre un arrêté assouplissant les règles d'importation de végétaux.

"Il y a un besoin important d'approvisionner Mayotte en produits frais", justifie auprès de l'AFP Patrick Garcia, chef du service alimentation à la Direction de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt (DAAF). L'arrêté a engendré le renouvellement automatique pour six mois des permis d'importation de fruits et légumes.