MONTREUIL: Une négociation européenne sur le télétravail s'ouvre mardi à Bruxelles, avec pour objectif la rédaction d'une directive, à l'heure où cette pratique s'est "accélérée" avec le Covid-19, a indiqué lundi Nayla Glaise, présidente d'Eurocadres, l'organisation syndicale européenne des cadres.
Autour de la table, les représentants du patronat européen et ceux de la Confédération européenne des syndicats (CES) à laquelle est associée Eurocadres, pilote de la négociation.
L'objectif est de remettre à jour l'accord européen de 2002 sur le sujet, pour aboutir en juin à la rédaction d'une directive qui devra être transposée dans le droit des États membres dans les deux ans, a affirmé Mme Glaise au cours d'une conférence de presse au siège de la CGT à Montreuil (région parisienne).
"Ce qui est important pour nous, c'est de ne pas perdre ce qui a été gagné en 2002", a dit Mme Glaise, citant le principe du "volontariat" des salariés, "l'obligation de négocier un accord avant la mise en place du télétravail", la "responsabilité des employeurs en matière de santé et sécurité", la "prise en charge des équipements", la "formation", la "question de la surveillance, la protection des données".
"C'est aussi l'occasion de gagner de nouveaux droits": un "réel droit à la déconnexion", le droit pour les représentants des travailleurs d'utiliser les messageries professionnelles, de meilleures garanties concernant la "prévention des risques" (sentiment d'isolement, violences conjugales), a-t-elle énuméré.
Un des points durs de la négociation sera la question de la prise en charge des frais liés au télétravail, à l'heure où les employeurs peuvent être tentés d'encourager cette pratique pour diminuer les coûts énergétiques des entreprises.
Cette conférence de presse était organisée à l'initiative de l'Ugict-CGT, le syndicat des cadres de la CGT, dont la secrétaire nationale Sophie Binet a rappelé qu'il avait été moteur dans la défense du droit à la déconnexion.
L'Ugict-CGT a publié récemment une enquête réalisée avec l'institut Viavoice, dont les résultats "confirment qu'il y a urgence à encadrer le télétravail", a-t-elle souligné.
Ainsi 69% des cadres interrogés estiment que les pratiques de télétravail ne protègent pas des durées excessives de travail, et autant souhaiteraient disposer d'un droit effectif à la déconnexion pour protéger leur vie privée et leur santé (+4 points par rapport à 2021).
En outre, 61% des cadres considèrent que les pratiques de télétravail sont insuffisamment encadrées (+5 points par rapport à 2021), selon cette enquête.